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AK-46-STY-Cdt.AH

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Cdt. AngelofHell
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20/02/311 ETU 01:14
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"Les maladies furent si mortelles et si contagieuses que bientôt le virus se propagea aux autres étoiles. En l’espace de quelques jours, les quelques dizaines de morts initiaux devinrent millions, sauf qu’aucune avancée ne fut faite dans la lutte contre le fléau qui semblait s’en prendre directement aux gènes, de telle sorte à ce que les cellules se combattaient elles-mêmes, jusqu’à s’auto-détruire…
Cette mort douloureuse et horrible ne connut de fin que grâce aux recherches acharnées du Pr. Earnest, qui mourut d’ailleurs des suites de l’expérimentation successive et massive de ses vaccins. La dernière synthèse permis de confiner les survivants n’étant pas encore en phase critique, et de leur administrer le sérum. A tout bien compté, il ne devait se trouver dans ce groupe que quelques centaines de milliers de personnes. Plus de 97,8% de la population avait succombé à ce fléau dont l’origine demeure toujours inconnue.
La propagation exponentielle de cette épidémie par voie inconnue devint sujette de discussion parmi les scientifiques survivants. Selon eux, il valait mieux ne prendre aucun risque et quitter immédiatement les Terres Sacrées. Ainsi débuta, l’Exode…
L’enfant était plongé assidument dans cette lecture qu’il devait trouver passionnante.
Jeune, taille moyenne, fin, les cheveux couleur argentée, les yeux indiscernables dans la pénombre, il lisait à la lueur blafarde d’une bougie de fortune, adossé contre un meuble encrassé de poussière, au beau milieu d’un bric-à-brac sans nom qui n’était pas moins poussiéreux que le vestige de bois. Il tourna la page avec avidité pour entamer le chapitre suivant.
Xénus, ce fut le nom donné à la planète d’accueil pour la reconstruction. C’était une planète morte, sans vie. Pas de lune, pas de soleil. Rien qu’une coquille vide mais propice à accueillir la vie en raison d’un fort taux en dioxygène dans l’air présent sur toute la surface. Il était urgent de « déménager », Xénus se trouvait seulement à quelques dizaines d’années-lumière des Terres Sacrées, et Elle possédait le nécessaire à la survie de ceux qui, en tant que pionniers du nouveau monde, se rebaptisèrent les Xénaviens.
Les tâches furent organisées, les plans dressés, les constructions commencées. Les transports avaient été vérifiés minutieusement en ce qui concernait l’import matériel pour la reconstruction totale de la planète Xénus. Tout fut fait : logements, moyens de transport, commerces, services divers… Tout jusqu’aux sources d’eau potable et un Astre artificiel pour leur donner la lumière nécessaire à la vie d’une faune et d’une flore réimplantée avec soin.
La reconstruction avait été brusque : tout le monde s’y était mis, sans répit, en commencement par des champs de production. Xénus fut bâtie par des mains, pour chaque vitre, chaque poutre d’acier, chaque parcelle de bois. Le tout n’avait pas duré plus de dix ans pour que les quelques centaines de milliers de survivants possède un foyer, un Astre et de quoi vivre.
Aagon ! Le repas est prêt. Viens à table mon petit.
J’arrive tout de suite grand-mère !
L’enfant tourna à nouveau la page en parcourant rapidement les dernières lignes écrites par une main différente de celle du survivant qui avait écrit les lignes précédentes. Une sorte de mise à jour.
Le temps fit le reste… L’évolution de l’espèce avec un Soleil artificiel, l’évolution de la faune et de la flore, l’expansion progressive de cette planète-ville, les progrès technologiques, et les réaménagements, tout cela fut un long processus de quelques milliers d’années encore. Aujourd’hui encore, la page de l’Histoire Xénavienne continue d’être frappée de nouvelles inventions, découvertes ou avancées. Notre avenir, si chaotique et sombre fut-il jadis, est devenu par la force de quelques survivants ayant travaillés ensemble un futur radieux et solide, promis à un destin incroyable.
Aagon referma le lourd ouvrage sur les quelques extraits recueillis, trésor inestimable de toute une civilisation. Il le reposa avec soin dans le tiroir ouvert du meuble de bois, le laissant dans les traces dessinées par la poussière accumulée depuis tout ce temps.
Te voilà enfin ! C’est malpoli de faire attendre pour le repas sais-tu mon petit ?
Pardon grand-mère. Je lisais encore ce livre que grand-père m’a permis de lire.
L’enfant s’excusait platement mais ne paraissait sûrement pas honteux de sa curiosité. Il s’attabla sagement, préparant son robot-essuyant sur lui avant de commander numériquement la ration du plat préparé par une femme ridée, visiblement aussi fatiguée d’extérieur que dynamique et vive à l’intérieur d’un corps plutôt petit, maigre, surmontée d’une tête bien trop grosse pour un corps dont les os ressortaient, ornée d’un chignon sévère de ses cheveux gris.
Ton grand-père te mettrait l’enfer dans les mains ! Ne lui fais jamais confiance !
Ah ah ! Et tu peux la croire petit : regarde quelle grand-mère j’ai mis entre tes mains !
L’homme qui venait de s’exprimer d’une voix grave et rauque était celle d’un homme âgé lui aussi. Ses traits étaient plus fermes et plus jeunes, mais n’y avait de vrai là-dedans que la pâleur cadavérique de son visage, signe de la résistance perpétuelle qu’il tenait contre lui-même. Il fut prit d’une quinte de toux monumentale en faisant un clin d’œil au jeune garçon.
Vieux grincheux ! Tiens donc tes discours honteux pour toi ou tu t’en iras bien avant l’heure.
Oh mais je sais bien que tu me provoques uniquement pour te débarrasser de moi ma mie.
Fossile aigri !
Et moi, moi je réponds parce qu’après toutes ces années passées ensemble, je comprends que tu veuilles que je te laisse un peu tranquille.
Quelle sympathie ! La première en vingt ans.
Et bien, sois donc heureuse ! Le fossile vient de te rajeunir de 20 piges. Et tu grondes encore ?
Oh, suffit vous deux !
La voix, ferme et douce à la fois, appartenait à une femme que ces deux qualificatifs décrivaient fort bien. Jolie femme, blonde, visiblement pas épargnée par la dureté d’une vie qu’on imaginait loin d’être simple, elle s’approcha d’Aagon pour l’embrasser sur la joue en le prenant dans ses bras. C’était une mère exquise. Le grand-père se tourna vers elle à ce moment.
Tu sais, il y a 20 ans en arrière, elle avait encore une sacrée libido ta mère !
Papa ! N’écoutes pas mon chéri, ton grand-père divague.
Vague.
Papa…
Je me demande bien ce qui m’a prit d’épouser un truc pareil !
Oh j’ai bien mon idée sur la question.
La mère lança un regard noir à son paternel, le faisant taire immédiatement. La grand-mère haussa les épaules dans un « tssss » expressif tandis que la jeune femme radoucissait son regard vers son enfant, lui commandant à nouveau de ne pas écouter les sarcasmes de la troisième génération.
A table alors !
On ne l’attend pas ?
Une place restait vacante. Les couverts, la commande digitale, le robot-essuyant, tout était prêt pour ce fantôme invétéré : le père manque. Le père manque toujours.
Aagon ne comprenait pas pourquoi on posait encore le couvert pour lui. Il ne venait jamais aux repas de famille, et sa présence à la maison était plus qu’anecdotique. Sans doute une exigence de sa mère, de la même façon qu’elle posait toujours la question, ouvrant le feu sur un sujet aussi sensible que récurrent.
Tu sais ma petite fille, tu devrais…
Maman ! Nous en avons déjà parlé des centaines de fois et tu sais très bien ce que j’en pense !
Mais il n’y a pas que toi ma chérie.
Un coup d’œil en biais vers le rejeton. Aagon détestait ces règlements de compte. Ils déchiraient la famille pour quelque chose d’inutile. La vérité était aussi simple que difficile pour eux à admettre : il n’avait pas de père. Pas pour lui. Il n’existait pas. N’existait plus.
Il n’a jamais rien fait contre lui !
Ni pour…
Maman ! Je t’interdis de…
Ma chérie. Tu devrais vraiment considérer la question.
C’est hors de question, tu m'entends !
Les deux femmes campèrent farouchement sur leurs positions visiblement diamétralement opposées, si bien que la tension était indéniablement montée d’un cran, à tel point que l’air lui-même était devenu lourd et chargé d’étincelles menaçant de tout faire exploser dans la seconde suivante.
Hm… Quelqu’un pourrait me passer le sel ? " <<-
Cdt. AngelofHell
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21/02/311 ETU 15:38
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"Le repas s’était ainsi poursuivi, comme tous les autres, dans la tristesse de sa mère qui n’en laissait rien paraître, la colère sourde de la grand-mère qui ne comprenait pas la décision de sa fille, et les tentatives vaines du grand-père de dérider la situation. Aagon ne disait rien. Il n’en pensait pas moins. Ressassais les mêmes pensées.
De retour à la maison, Aagon monta directement dans ce qui lui servait de chambre. Ce n’était en réalité qu’une pièce aménagée par quelques tapis suspendus la séparant de celle de ses parents.
Sa mère était encore en bas, seule. A coup sûr, elle devait encore pleurer. C’était une raison de plus pour lui en vouloir… Il y en avait tellement ! Enervé au possible, le petit aux cheveux d’argent ne put trouver le sommeil et entendit son père rentrer. Par curiosité, il descendit donc les quelques marches de l’escalier suffisamment pour le voir, tout sourire, prendre sa femme dans ses bras. Quelle ordure !
Comment vas-tu Shana ?
Oh, bien ! Enfin… C’était le repas de famille ce soir tu sais, et…
Ta harpie de mère m’a encore traité de tous les noms j’imagine ! Ce n’est pas grave, ne t’en préoccupes pas. Laisse-la dire, c’est tout. Regardes plutôt ça ! Trois billets pour la course de demain ! Alors ? Qu’en dis-tu ?!
C’est… fantastique !
Vrai ! Je connais un petit bonhomme qui va être content demain au réveil !
Et bien non, il ne l’était pas. Pas du tout.
Laissez-moi vous expliquer. La course en question est une course de speeders, des vaisseaux customisés personnellement par les coureurs pour défier toute sorte de record. Aagon adorait ces courses, et surtout voulait devenir pilote de speeder. Alors un billet pour la course de demain… C’était une chance inouïe ! Tout le monde voulait y assister, c’était l’événement local à ne pas rater ! Du coup les places étaient… résolument hors de prix. Et c’était là tout le problème.
Peu après ses deux ans, le père d’Aagon fut licencié. La robotique supplanta à sa bonne volonté. Ce fut alors l’argent de la grand-mère qui finança entièrement les dépenses du jeune foyer. Mais lorsque le grand-père tomba rudement malade, les médicaments coûteux réduisirent d’autant les rentes mensuelles pour le foyer… Alors le père prit la décision de reprendre la direction de son foyer, financièrement, et s’engagea dans un nouveau travail : voleur…
Ces places étaient volées. Piquées à il ne savait quelle honnête personne. Et cela désespérait le petit Aagon, qui du même coup les considérait comme souillées, et préférait ne pas assister au spectacle plutôt que d’y aller à la place d’un honnête gens.
Ce qui l’énervait davantage, c’est que ce n’était pas la première fois que cela arrivait. La première fois il avait fait une comédie titanesque pour ne pas y aller. La seconde il avait fugué à l’entrée pour regarder de l’extérieur, depuis les arbres. Mais il se rendit compte que cela faisait beaucoup de peine à sa mère. Les raisons étaient floues à ses yeux d’enfant rageur contre son père, mais il ne voulait pas que la seule personne qui lui témoignait affection soit désobligée par son comportement. Alors, demain comme les autres fois, il prendrait sur lui, serait d’humeur massacrante, puis oublierait tout dès que le show commencera…
Aagon remonta dans sa chambre tandis que ses parents discutaient encore, dans une étreinte qu’il trouvait insupportable. Fâché comme pas un, il frappa son oreiller à de nombreuses reprises avant de se ressaisir et de se laisser tomber sur son matelas, haletant. Il le détestait !!!!!
Voleur… C’était non seulement ignoble de vivre de ce que les autres ont acquis chèrement, mais en plus, cet idiot de père en carton ne se rendait même pas compte qu’en agissant comme il essayait de le justifier –« il m’est insupportable de ne pas pouvoir gâter ma femme et mon enfant à la hauteur de ce qu’ils méritent tous deux »- il faisait finalement plus de peine que de bonheur. Combien de fois déjà sa mère devait-elle avoir pensé qu’elle préférait mille fois avoir un mari à ses côtés dans une misère commune qu’un conjoint absent risquant la mort à chaque fois qu’il partait et n’améliorait leur condition que de quelques denrées par mois ! Il était complètement irresponsable ! Tellement irresponsable que lorsque le petit garçon qu’il était se jetait sur lui pour le frapper il prenait cela pour du jeu et l’encourageait à frapper plus fort encore pour développer ses aptitudes. Idiot idiot idiot idiot d’abruti !
Vous me demanderez peut-être, en quoi était-ce si irresponsable ? Quel danger de mort pouvait bien guetter ce père à la vison des choses si particulière ? Oh, sûrement pas ce que vous croyez…
Sur Xénus, il n’existe aucune loi, aucun règlement. Les Anciens dirigent le peuple mais c’est juste pour le plaisir de mettre quelqu’un à la tête de quelque chose, rien de plus. Ces Anciens ne sont en vérité rien de plus que de vieux croûtons sages qui attendent l’heure de vérité, comme les autres. Ils n’abusent d’aucun pouvoir ni d’aucun privilèges : ils n’ont ni l’un ni l’autre.
Tout sur Xénus fonctionne sur la moralité. Mais puisqu’on ne peut exclure l’éventualité qu’il puisse un jour y avoir quelqu’un qui agirait de façon immoral, les Gardiens Publics étaient toujours en fonction. Des patrouilles qui passaient le plus clair de leur temps à rigoler avec les Xénaviens et à partager des bons moments avec eux qu’à chasser des voleurs qui n’étaient que très rares. Aux yeux d’Aagon, il n’en n’existait qu’un d’ailleurs… Vous commencez à comprendre maintenant ? Etre le seul enfant de la planète dont le père se conduit mal vis-à-vis de tous les autres, respectueux ? Vous croyez que c’est facile à encaisser ? Pas du tout… Et vous ne voyez là que le début du cauchemar.
Car ma mère elle, a pardonné à mon père d’être ce qu’il est, et l’a même épousé. Pourquoi ? Je ne comprends toujours pas. Mais elle l’a fait. Et faisant cela, elle a épousé le seul homme sur Xénus qui risque de mourir chaque fois qu’il sort de chez lui.
Il n’existe aucune loi sauf une : toute action immorale est passible de l’exécution publique. Alors… cela en valait-il finalement la peine ? Laisser une veuve derrière lui… Pour des places aux courses et de la bonne nourriture qu’il aurait plus vite fait de demander gentiment à un tiers. Jusqu’à présent c’était un sans faute pour lui. Tout le monde savait qu’il était coupable d’enfreindre la moralité, mais aucun ne se serait permis de l’enfreindre lui-même pour le prouver. Et justement c’était de preuves qu’il manquait.
Voilà ce qu’a été mon enfance : haïr éternellement mon père pour être seul contre la planète, le Roi des Voleurs, et pour avoir traîné de son côté ma si bonne mère, ne pouvant lui faire d’autre cadeau que de la peine et du veuvage. Alors maintenant, qu’en pensez-vous ? N’est-ce pas un clair irresponsable détestable ?
Allez prépare-toi vite mon cœur, tu seras en retard sinon.
Oui maman. Dis, il est rentré hier ?
Oui ! Regarde, il a même laissé un cadeau pour nous, tu as vu ?
Rentré… Déjà reparti… Aagon n’avait pas dit « papa », mais « il ». Ce n’était pas son père. Depuis 5 années il n’en n’avait plus, et le petit garçon n’en n’avait que dix à ce jour… Peu importe. Il grandirait sans père. Pas tant qu’il aurait ce même comportement avec sa propre famille.
Sa mère survint derrière elle, prête à partir et l’enlaçant tendrement en l’embrassant derrière la tête.
Tu es content ?
Hm… C’est super…
Les courses de speeders tu adores n’est-ce pas ? Tu diras merci à ton père d’accord ?
Quel père ?
Non Aagon ! Ne recommence pas !
Quel père maman ?! Le voisin est plus souvent à la maison que lui !
Suffit ! Je t’interdis de médire sur ton père ! Tu n’en n’as qu’un et tu n’en n’auras qu’un pour toute ta vie !
Autant ne pas en avoir alors.
Ma mère me prit sévèrement par la main et ne pipa mot dans le vaisseau civil qui nous conduisit à l’école. L’autre question que vous vous posez peut-être, c’est à propos de cette drôle de façon de diriger les choses. Pas de règle, juste une conscience morale. Et tout le fonctionnement de cette planète-ville fonctionnait là-dessus. Comment pouvait-elle tenir debout sans sombrer dans le chaos ?
L’éducation.
Bonjour les enfants !
Bonjour Maîtresse !
Bien, alors pour commencer, nous allons faire un peu de numérologie. Mettez-vous en groupe de trois et aidez-vous si vous n’y arrivez pas !
Entraide. Solidarité. Moralité. Justice. Egalité. Responsabilité. C’était les six maîtres-mots de Xénus. Tout enfant venant au monde avait des parents qui obéissaient à ces mots. Il apprenait à les prononcer et à connaître leur sens avant même d’appeler sa mère « maman », était éduqué à l’école et à la maison dans le suivi scrupuleux du sens de ces mots. Et chaque enfant y mettait du sien, car la démonstration de l’exécution d’un fautif était toujours très choquante pour un jeune enfant. C’était peut-être la meilleure façon de nous motiver pour ne montrer aucun esprit rebelle. C’est la seule chose que j’ai bien voulu accepter d’apprendre en cours. Mais je ne l’appliquais pas.
A quoi pouvait bien me servir d’être doué pour les équations, le cryptage ou les langues supposées d’autres civilisations ? Je voulais être pilote ! Rien en comptait sinon le doigté des commandes. A quoi servait-il de courir vite ou de s’entraîner à développer une bonne endurance ? On ne court pas derrière le speeder lorsqu’on est pilote !
Résultat, j’étais toujours le dernier de la classe, et de loin. Je faisais le strict nécessaire pour qu’on ne me punisse pas, et je m’investissais à fond dans les courses" <<-
Cdt. AngelofHell
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22/02/311 ETU 11:59
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"Je connaissais tout. Toutes les pièces, tous les modèles, tous les prototypes et même ceux qui allaient sortir, je les avais déjà disséqué en vue éclaté sur un simulateur deux mois avant qu’ils ne soient en vente. J’étais imbattable en mécanique du speeder, et imbattable pour les paris. C’était la seule fois de l’année où je contribuais à ramener de l’argent à la maison. Ma mère était si fière de moi ! J’adorais lui faire plaisir comme cela !
Quant à la pratique… J’étais inscrit dans une école de formation. La meilleure de toute la planète. C’est mon père qui m’y a fait entrer. Il n’avait absolument pas les moyens de le faire, et je ne l’aimais déjà pas. Mais pas assez encore pour refuser un tel cadeau : la possibilité de réaliser mon rêve.
Ce rêve, je l’ai depuis mes cinq ans. Mon père avait à peine commencé ses vols, je ne savais pas encore. Il nous avait emmenés, ma mère, mon grand-père, ma grand-mère et moi dans un parc à manèges. J’étais heureux comme tout, et ce fut à cet endroit que tout commença pour moi, pour mon rêve de devenir pilote.
Maman regardes ! Des speeders !
Je n’avais jamais conduit mais je savais ce que c’était. J’avais déjà regardé le dernier show sur la télévision 3D, et je trouvais les cascades époustouflantes.
C’est un peu comme un super-héros lorsqu’on est enfant : on se plait à avoir des pouvoirs, et tuer des méchants. L’imagination fonctionnait de même avec les speeders : on s’imaginait aux commandes et faire des figures ou des records que personne avant vous n’aurait même rêvé faire un jour. L’imagination prit une forme réelle d’un objectif dès que j’eus les poignées de l’engin dans mes petites mains d’enfant.
Oui mon chéri, mais ce ne sont pas les vrais de la télé tu sais ?
Bah, il peut essayer quand même.
Mon père. C’était lui qui avait parlé. Il était grand, très grand. Robuste, l’air dur, mais à cette époque je lui trouvais un cœur d’or et un sourire rayonnant. C’est peut-être ce sourire que ma mère ne pouvait pas combattre.
C’est ça ! Tuez notre petit-fils sur un de ces engins de la mort.
Ma mie, sois donc un peu plus ouverte ! Même si Aagon mourrait je fais assez confiance à mon gendre pour qu’il lui en fasse un deuxième.
Papa ! [Resnold !]
C’était toujours ainsi avec mon grand-père. Je n’avais pas comprit sa blague mais pour que ma grand-père l’appelle par son prénom, ce devait être une grosse bêtise.
A moins que ma fille ne soit plus assez bien pour vous…
Il prit un air menaçant. J’adorais mon grand-père ! Il me faisait rire !
Je vous rassure, je lui ferais une armée de petits Aagon !
Pfff.
Si mon grand-père et mon père semblaient bien s’entendre, ce n’était pas du tout pareil avec ma grand-mère. La plupart du temps elle l’ignorait ou se contentait de hausser les épaules, ce qui agaçait profondément ma mère, et l’attristait à la fois. Je ne savais pas encore quel drame familial déchirait ma famille et dont ils me tenaient tous à l’écart.
Alors bonhomme, tu veux essayer ?
Oui !!!
Ce n’est pas trop dangereux ?
N’vous en faites pas mam’zelle , on lui donnera un speed’ pas trop costaud.
Bon alors…
Ouaiss !!!!
Ni une ni deux je sautais derrière la barrière et fonçais avec le monsieur qui me donna tout, comme si j’étais un vrai pilote : combinaison, casque, gants. C’était le plus beau moment de ma vie, sous les commentaires de ma famille qui applaudissait, souriait.
Les derniers instants de mon petit-fils. Paix à son âme. Je me souviendrai que vous l’avez tué !
Qui n’essaie pas, ne sait pas.
Vous appliquez le même adage pour tout beau-père ?
Oui, pour tout !
Vraiment tout ? Héhé.
Chériii, arrête.
Oui, vraiment tout ! Et vous ne vous en souvenez pas parce que vous étiez trop soûl pour cela. Ah ah !
Mon petit-fils va mourir et vous vous n’avez que des stupidités douteuses à raconter…
Ohhhhh, ma mie ! Arrêtes de râler, regardes plutôt comme il a de l’allure ton petit-fils ! Avec un peu de chance il ira assez vite pour t’envoyer sur une autre lune et me débarrasser de toi, allez gamin !!!
Ils riaient. Encore une blague du grand-père je suppose. Il disait tant de bêtises qu’on ne le prenait jamais au sérieux.
Le monsieur m’installa et me donna les commandes de direction. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à m’intéresser aux speeders dans leur intégralité.
Il m’expliqua les deux leviers, le turbo-accélérateur, les aérofreins, les stabilisateurs extérieurs, et me conseilla de ne pas aller trop vite au premier tour pour avoir connaissance du circuit. Il n’avait rien d’extraordinaire : plat, des grands virages sans difficulté, quelques courbes et une longue ligne droite. Je filais dessus comme une étoile. J’adorais cela, c’était comme une révélation. J’avais de don, j’étais fait pour conduire ces engins, et pour rien d ‘autre. Parce que je n’avais pas envie d’autre chose.
J’accélérais progressivement jusqu’à faire un tour complet à la plus grande vitesse possible, c’est-à-dire celle que le monsieur avait paramétré pour ma sécurité. Il me fit signe du dernier tour et j’étais déçu. Déçu que ce fut si court, si lent, si plat… A peine entrevoyais-je ce qui me plaisais que je voulais déjà plus. Infiniment plus.
En rentrant à la maison, j’avais demandé à mes parents de m’amener à la salle de conservation numérique et avait rapporté une copie de ce que j’avais trouvé sur les speeders. C’est ainsi que j’appris tout, et mes parents mon rêve. Deux ans plus tard, j’entrais à l’école de formation la plus cotée. Mais tout avait bien changé entre temps au sein de la famille…
La course de speeders, c’est l’événement le plus attendu de l’année. Il n’y a pas une seule personne qui ne le regarde pas au moins à la télé, à la maison ou avec des amis dans un endroit bourré de monde et de boissons abrutissantes qu’on appelait des comptoirs.
Depuis le temps que je vous parle de ces engins, vous devriez avoir un peu de curiosité pour savoir de quoi il s’agit exactement ? Car ce n’est pas un vaisseau comme les autres ! Le design est particulier et propre à chaque pilote. Seuls les speed’ de base, comme à l’école ou aux manèges ont un profilé commun : une sorte de caisse rectangulaire blanche, avec quatre réacteurs à l’arrière pour une meilleure stabilité, les stabilisateurs extérieurs sur les surfaces inférieurs latérales. Le front du speeder était en triangle à 120° et l’arrière avec deux tiges montantes pour l’aspect aérodynamique. Les voyants de sécurité se trouvaient là pour la conduite.
A l’intérieur, la cabine du pilote, évidemment. Un levier de direction et un levier de stabilisation. La manette régulant l’épaisseur en sorti de la tuyère après la compression des réactifs dans les turbocompresseurs permettaient d’accélérer ou décélérer à souhait. Ensuite, sur le tableau de bord, il y avait une foultitude de voyants et de jauges. La plus importante était celle de la température des turbo et des tuyères. Si elle devenait trop importante, mieux valait actionner le siège éjectable !
Il y avait aussi tous les accessoires : les feux de prévention, les alarmes sonores, et surtout, l’indispensable pour conduire, l’écran de visualisation. Vu la vitesse de ces engins (près de 500km/h pour un speeder de base à vitesse maximale, et pas loin de 1200 pour les vraiment pros), les yeux n’étaient pas assez réactifs pour prendre de bons virages si le circuit était inconnu. Alors il y avait toujours l’écran pour donner l’approche des trajectoires.
Les speeders pros eux pouvaient être aussi différents de cela qu’y ressembler en tout point. Les pilotes pouvaient mettre un, deux, trois, quatre, cinq réacteurs… Généralement pas plus de cinq sinon la machine devenait trop lourde et l’inertie les envoyait dans le décor à chaque virage.
La forme aussi, était examinée en fonction des performances souhaitées. Ah, oui ! J’ai oublié de vous dire qu’il existait plusieurs sortes d’épreuves !
D’abord, et c’est la plus répandue, il y a les courses de vitesse. Un circuit, et le plus rapide l’emporte. La difficulté des circuits varient selon l’année et le lieu.
Ensuite, il existe l’épreuve de saut de speeder : parcourir le plus de distance possible depuis la dernière plateforme d’anti-adhérence. Pour cette épreuve, mieux vaut donc allier puissance et légèreté.
Une troisième épreuve consistait en une accélération verticale : il fallait aller le plus haut possible droit vers le ciel et retomber dans une série de figures impressionnantes. Le temps de montée, la distance maximale parcourue à la verticale, les figures effectuées et l’atterrissage étaient quatre notes déterminant le gagnant. Cette épreuve était toujours assez impressionnante vu le nombre de pilotes qui redressaient la barre à la toute dernière micro seconde ! Le plus souvent, ces speed’ étaient sans cockpit, disposaient d’une accélération surpuissante et continue, et étaient aussi très légers mais en même temps assez robustes pour résister à la pression de l’air et l’accélération de l’engin.
La toute dernière épreuve enfin, était la plus cotée. Il s’agissait d’un circuit étudié pour être trèèèès complexe. Le but du jeu : passer la ligne avec un speeder intact. Les règles : une vitesse minimale augmentant à chaque tour, et si vous êtes en-dessous pendant le contrôle dans les lignes droites, vous êtes disqualifié ; il ne doit rester qu’un seul speeder en course, ce qui autorise de fait les attaques et les coups bas.
Il y avait donc beaucoup de casse sur ces courses, et parfois même des morts, mais les pilotes étaient assez bons pour s’éjecter à tant. Les speed’ de cette épreuve étaient la plupart du temps lourds et blindés, disposant d’armes assez étranges. C’étaient les seules armes qu’un Xénavien voyait dans sa vie, et elles faisaient l’objet d’un marché très juteux pour les collectionneurs.
Toutes ces épreuves me plaisaient beaucoup, sauf peut-être la dernière qui me terrorisait un peu… Mais celle qui ressortait du lot, c’était la première : la vitesse. Voilà ce qui me faisait m’évader en conduisant. Aller plus vite, toujours plus vite, jusqu’à sentir votre cœur battre la chamade à chaque virage et les stabilisateurs crier à la mort" <<-
Cdt. AngelofHell
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23/02/311 ETU 14:08
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"Ca devient bon Aagon ! Encore 35 centièmes de moins sur ton dernier tour, tu approches !
J’ai 15 ans aujourd’hui. Voilà environ 8 ans que je suis inscrit dans cette école de formation de pilote. C’est mon entraîneur qui vient de me parler. Je l’aime bien. Il m’encourage sans cesse à donner encore plus, et ça marche.
Ah, bonjour Monsieur le Président.
Bonjour. Vous savez pourquoi je viens n’est-ce pas ?
Le Président c’est le gros plein d’blé qui possède l’école de formation. Rien ne peut être fait sans son aval. Or aujourd’hui, c’est le jour de la sélection du pilote qui représentera l’école lors du Gala de la semaine suivante. Le gagnant permet de faire un coup de pub et d’apporter des subventions à son école. Mais aussi, c’est un excellent coup de pub pour devenir pilote professionnel, car le gagnant a droit à un mois d’apprentissage avec les pros catégorie jeune, c’est-à-dire l’ultime sélection avant d’être un vrai pilote. Tous sont passés par cette catégorie, et je comptais bien en faire partie. C’est la seule raison pour laquelle je voulais à tout prix être sélectionné.
Oui, je sais Monsieur le Président, et si je puis me permettre, je recommanderais Aagon pour cette année.
Aagon ?
Le Président tourna un œil vers moi. Je n’entendais pas ce qu’ils disaient mais le Président ne sortait que pour deux raisons : donner un coup de pouce à un apprenti-pilote, ou le faire virer. Restait à savoir où je me trouvais dans leur discussion.
Il a des résultats très corrects et fais preuve d’une véritable persévérance.
Seulement pour la course à ce que je vois. La distance n’est pas prometteuse et le mur pas très spectaculaire.
C’est parce qu’il a choisi sa voie Monsieur le Président.
J’ai un rival dans cette école. Puisqu’elle est la meilleure, ce sont les meilleurs qu’on y retrouve. Moi ce qui me plais c’est la course, alors je donne tout ce que j’ai pour être le meilleur sur cette épreuve, mais c’est difficile d’être toujours le premier. Le fils du Président est lui-même inscrit ici, et une fois sur trois, c’est lui qui m’arrache la victoire. Quant aux épreuves du mur et du saut, il est constamment le premier. Moi je m’en fiche, mais du coup c’est lui qu’on regarde, et moi je ne suis qu’un challenger.
Vous n’êtes pas sans savoir que nous souhaitons au maximum des pilotes polyvalents.
Oui… Monsieur
Bien. Voyons alors ce que le rejeton de l’audacieux Ray a dans le ventre.
Oh Monsieur ! Si vous savez comme il va être content de savoir que vous lui laissez sa chance !
Je n’ai rien dit de tel ! J’ai simplement exprimé le désir de voir ce qu’il valait. Vous allez donc procéder à la terminale.
La… Vous voulez donc tant que cela casser la meilleure motivation du monde ?
Quelque chose à redire sur mes injonctions ?
Non… Monsieur.
Bien, alors préparez votre apprenti, il aura une dure journée demain.
Deylan, voilà le nom du fils du Président. Le nom de celui que toutes les filles s’arrachaient. Le nom de celui qui était le plus jeune apprenti à en arrivé au stade final : chaque année il y a un examen de compétence et s’il est réussi, alors l’année suivante se fait avec un autre speeder aux capacités plus élevées, et c’est seulement arrivé au plus élevé qu’on peut prétendre à être candidat pour le gala. Lui y était parvenu à l’âge de 12 ans, ce qui était très jeune et très rare. Bien sûr le speeder n’a encore rien à voir avec un speed pro, mais cela s’en approchait tout de même pas mal. Moi je n’y suis arrivé que cette année. Alors pour la première fois depuis quatre ans, quelqu’un pouvait rivaliser avec Deylan et lui voler la place au gala. Cela avait déjà failli avoir lieu deux ans auparavant, mais après une course à huit-clos, le challenger s’est retrouvé en soins intensifs. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais je n’allais pas tarder à le savoir.
Aagon, le Président n’est pas très sûr de tes compétences. Ta suprématie à la course est indéniable mais pour le reste… Il préfère son fils.
Mais au Gala il n’y a que la course ! Ca veut dire que je n’irai pas ?
J’ai insisté, et avant d’aller plus loin, je tiens à te dire que si tu ne le sens pas, tu n’es pas obligé de le faire. D’accord ? Bon… Alors j’ai insisté, et le Président a décidé de te donner ta chance. Il a proposé une terminale entre Deylan et toi.
C’est quoi ça ? Une épreuve décisive ?
Oui… En quelque sorte. Tu connais la quatrième épreuve des jeux annuels de speeders n’est-ce pas ? C’est cela qu’il propose. Seulement entre vous deux.
Je fis des yeux ronds. Un death circuit ? Mais jamais on n’en faisait avant d’être en espoir !
L’école n’est pas équipée pour cela, donc il n’y aura pas d’armement et ce sera sur le circuit habituel, mais tout de même, si tu acceptes, tu pourrais ne jamais t’en remettre. Ce ne sera pas la première fois pour lui, et il y a deux ans il a déjà remporté la terminale.
Alors c’était cela. J’avais vu mon ami de course aux soins, et il était dans un triste état. Sans arme en plus… C’était vraiment flippant. A coup sûr il ne serait jamais pilote, alors est-ce que cela valait le coup de risquer une carrière pour un an qu’on pourrait passer à perfectionner deux épreuves ridicules ? Tout à fait !
C’est bon je le prends quand je veux.
Je connaissais le circuit autant que lui, alors il n’y avait pas de raison que je perde. Je n’aurais qu’à pousser un peu son engin dans un virage et ce serait bon.
Ainsi le lendemain, j’allais à l’école avec ma mère et mon grand-père. Mon père était aussi venu. C’était étrange… Il ne venait jamais rien voir de ce que je faisais, ne se préoccupait jamais de ce que je faisais (peut-être aussi parce ce que je l’envoyais paître à chaque fois) mais en revanche il était assez souvent là pour les entraînements, et ne ratait aucune de mes courses. Finalement, il n’y avait que ma grand-mère qui n’était pas là. Maman m’a dit que c’était pour aller chercher les médicaments à papy avant que ce ne soit trop tard et qu’elle me faisait une grosse bise. Tu parles ! J’aurai préféré cent fois qu’elle soit là, elle aurait donné autant de perches à mon grand-père pour qu’il me fasse rire avant d’y aller. Car vrai, j’appréhendais un peu. C’était ma première alors… le stress montait peu à peu.
J’allais m’habiller sous les encouragements de ma famille tandis que Deylan venait déjà habillé, aux côtés de son père. Il m’adressa un signe de tête que je lui rendis ironiquement. Il allait bouffer du mur ce merdeux ! Première découverte, le stress me rendait grossier et nerveux.
Une fois habillé, je rejoignis la piste. Ma mère me fis des coucous, mon père un simple signe de tête que j’ignorai complètement, tandis que mon grand-père s’emportait avec des « vas-y gamin ! Fais-lui voir ton arrière-train tout le long ! » Dernière plaisanterie avant le début de la terminale…
J’armais tous les dispositifs les uns après les autres et refermais le cockpit. A présent j’étais dans ma bulle, et cela m’apportait un peu de calme je dois dire.
Le départ fut donné. Je me lançais plein pot pour lui mettre le plus de distance dès le début. Je n’aurai plus qu’à l’attendre et à la gêner dans un virage. Curieusement, lui ne démarra pas tout de suite. Je me marrais bien en pensant qu’il avait grillé ses circuits ou quelque chose du genre ! J’étais loin de penser qu’il me préparait un sale coup !
Le circuit était constitué d’un large virage juste après le départ, puis quelques autres plus serrés en alternance avant un autre en épingle où j’avais habitude de griller tout le monde grâce à ma technique secrète, puis c’était toujours des semi lignes droites avec une chicane ou un virage sans grande vélocité avant de déboucher sur la grande ligne droite amenant à la ligne de départ.
Le premier tour se fit sans encombre, Deylan était loin derrière. J’aboutissais à la ligne droite avec quelques longueurs d’avance, mais l’écart se réduisait considérablement ! Comment ? Alors que nos speeders avaient la même vitesse de pointe ? Je ne savais pas. Ou plutôt si je savais : il avait modifié la constitution réactive de ses turbos en ajoutant un additif qui boostait l’explosion dans le compresseur en l’injectant. L’effet d’un booster si vous préférez. Résultat : il fut sur moi à moitié de la ligne droite. Et lorsque je dis sur, c’était vraiment que le nez de son engin collait le cul du mien ! Si bien que j’en perdis les commandes : il me poussait carrément, à près de 100km/h au-dessus de la vitesse de pointe. Je ne pouvais rien faire sauf me laisser faire jusqu’à ce qu’il lâche, et c’est là que j’ai compris pourquoi il avait agit comme cela au départ, parce que c’était son plan dès le début : enclencher ses boosters et me conduire droit dans le mur du virage. Ni une ni deux, je m’éjectais" <<-
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Le Gala… J’y étais ! Il eut lieu un an plus tard à cause de circonstances exceptionnelles. Mais pour cela je dois vous expliquer quelques petites choses.
Pendant que je donnais le maximum à l’école de formation et que je continuais à ne pas faire plus que le nécessaire en cours, les choses avaient bien changées sur Xénus.
Depuis peu, les chercheurs avaient inventé une sorte de radar qui détectait la vie près de notre planète. Enfin près… c’était à l’échelle universelle que nous parlions.
En quelques jours de recherche, le satellite détecta une vingtaine de forme de vie proche de nous. Et d’autres encore au fur et à mesure qu’on l’envoya loin. Dès lors, le domaine scientifique embaucha plein pot et les avancées furent considérables pendant que je soufflais inconsciemment mes douzièmes, treizièmes, quatorzièmes et quinzièmes bougies. Je ne m’intéressais pas à toutes ces conneries. Seule la course m’intéressait. Tout ce que je savais c’est que des vaisseaux conçus pour rester longtemps dans l’espace et de l’équipement spécial pour survivre dans l’atmosphère des autres planètes abritant de la vie avait été créé. Ce que je savais encore c’est que les Anciens prirent un véritable rôle. Ils étaient comme des espèces d’Ambassadeurs.
Si je vous raconte cela c’est juste pour vous dire que le marché du matin était plein de nouvelles choses super bonnes à manger que nous ne connaissions pas. Que nous pouvions voir des « délégations étrangères » à longueur de journée, et des millions de transporteurs dans le ciel, dans un commerce dont j’ignorais tout. C’était le sujet de conversation favori de tout le monde, et comme les premières transactions eurent lieu la semaine du Gala de l’année dernière, il fut repoussé exceptionnellement, afin de convier les « étrangers » à cet événement, qui serait immédiatement suivi des véritables jeux, eux-aussi repoussés. Un régal se spectacle sur deux générations, en somme.
Voilà donc où je me trouvais : dans un stadium bourré de Xénaviens, et les loges de la tribune latérale droite pleine d’êtres que je ne connaissais pas, à l’apparence parfois très bizarre.
Je ne savais pas si quelqu’un de ma famille était là ou non. J’étais dans le couloir où se préparaient à entrer les pilotes qui feraient la course pour le Gala inter-école. Le Président en personne vint me voir, impassible comme à son habitude.
Aagon, il n’est pas trop tard si tu veux renoncer. C’est le gratin ici, tu n’es pas encore prêt.
Sale con.
Bien sur que je suis prêt Monsieur !
Tant mieux, car Deylan aussi. Tu es bien sûr ?
Parfaitement !
Nan mais ! J’allais pas laisser ce trou d’cul me prendre MON Gala !
Très bien. Alors bonne chance…
Ne vous inquiétez pas, le trophée sera pour l’école, comme les quatre ans auparavant !
Et il partit. Je ne savais pas pourquoi, mais il avait l’air du méchant type qui s’en va faire une connerie. C’est vrai que la légitimité de ma présence ici était un peu floue, mais tout de même !
*************
Je voyais le virage se rapprocher de moi à une vitesse que je n’aurai jamais pu imaginer atteindre pour l’instant ! Ni une ni deux, je m’éjectais. Mon voile se prit dans le cockpit et je retombais lourdement sur l’acier traité du speeder de mon rival. Quelle fut ma réaction ? Devinez ! Non, pas la défaite, mais la volonté d’en découdre avec ce chien qui m’avait pris en traître !
Je détachais mon éjecteur et restait cramponné à ce que je pouvais pour ne pas tomber. A cette vitesse, c’était la mort assurée ! J’attendis donc en me cramponnant de toutes mes forces et en poussant avec mes pieds sur les tiges arrière qu’on arrive au virage en épingle. Je le connaissais bien à force, et je savais qu’il freinait toujours comme une brute. Ce serait ma chance. Ma seule chance. Je résistai donc aux virages qui manquaient de me désarçonner, prenant bien conscience qu’être dans la speeder ce n’était pas du tout pareil qu’être dessus… Lorsqu’enfin il arriva !
Deylan freina comme je l’avais prévu, ce qui me fit m’avancer presque jusqu’au nez de l’appareil. J’en profitai pour activer le bouton extérieur d’ouverture du cockpit et me hissais dedans. Il avait une tête paniquée… Un coup de pied plein pif et déjà je la trouvais plus sympathique à regarder. Je me dépêchai alors de manœuvrer pour redresser l’appareil. Juste à temps.
Je n’eus alors qu’à filer à une vitesse ridicule pour faire glisser le corps inconscient de mon camarade hors du cockpit. Rappel des règles : tous les coups sont permis. Je revenais de loin, mais j’avais gagné. C’était tout ce qui comptait. Je sortais de l’appareil et ma mère se jeta sur moi en larmes. Je n’avais pas regardé leur réaction depuis que j’étais entré dans mon speed. J’imagine donc quel choc se devait être pour eux !
Elle ne me lâchait pas, pleurant sur mes épaules en balbutiant des choses qui n’avaient aucun sens mises bout à bout. Mon père voulut me féliciter mais je me tournais aussitôt de l’autre côté. Manque de bol je ne gagnais rien au change puisque c’était le Président qui venait…
Tu as gagné ta place Aagon, félicitations. Tu es bien le digne fils de ton père.
J’avais envie de le tuer pour ce qu’il venait de dire. Pour moi c’était tout sauf un compliment. Mais je n’en fis rien paraître, pour une simple et bonne raison : j’avais plus l’impression que c’était lui qui allait me tuer.
Il n’a pas froid aux yeux ton fils, Ray. Pas besoin de savoir de qui il tient cela, pas vrai ? Ce sera un excellent pilote, s’il reste en vie à chaque fois qu’il tente la mort…
Mon père accepta le compliment avec un sourire. La paire des enflures réunies dans une poignée de main… Beurk ! Ils me faisaient gerber !
Pas de soucis qu’il y reste s’il tatane tous ses rivaux le gamin ! Ahah, t’as un sacré punch petit !
Voilà, je préférais largement mon grand-père, et me jetait vers lui en riant.
Papa, ne l’encourage pas à la violence, c’est très mal !
Ca ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd ma fille ! Rappelles-toi d’en toucher un mot à ta mère, depuis le temps qu’elle me martyrise !
*************
Je me retrouvais donc seul dans ce couloir. Bientôt je fus rejoint par un, puis deux, puis toi concurrents et encore d’autres. Il n’y avait pas moins d’une douzaine d’écoles de formation à travers la planète alors, il y avait autant d’apprentis sélectionnés pour aujourd’hui.
J’entrais dans l’arène avec tous les autres. Le Stadium était immense lorsqu’on ne s’y trouvait pas en tant que spectateur. Je m’arrêtais même net pour regarder tout cela, voir les gens applaudir. Je ne serais que trop peu vous décrire mon état à ce moment-là. C’était… euphorisant, au moins. J’avais vraiment envie d’en découdre avec mes adversaires !
Je montais dans mon speeder. Pour les Galas, c’est presque comme chez les pros : on a un speed’ personnalisé, le meilleur de l’école, mis à notre service pour une course. Un peu comme si en plus de montrer le pilote on montrait la suprématie de la machine.
Je connaissais bien celle de mon école. Elle avait une vitesse maximale moyenne mais ce qui faisait son fort c’était le temps d’accélération très bref, l’idéal pour griller tout le monde dans les virages ! Ma spécialité, soit dit en passant.
Dans le cockpit je me familiarisais donc avec un tableau de bord légèrement plus complexe que les speed’ auxquels j’avais eu droit jusque là. Mais rien de sorcier quand même. J’attendais le départ avec impatience, tandis que tout le Stadium était en effervescence.
Je regardais vers la tribune officielle pour voir tous ces étrangers présents, et la tête des Anciens. Je trouvais curieux qu’il n’y en ait que deux, mais n’y accordais aucune espèce d’importance : le départ était imminent.
J’armais tous les systèmes de mise en route, et me familiarisais avec le circuit sur l’écran tandis que le juge-arbitre s’apprêta à signaler le départ. Je préchauffais alors la machine en prévoyant mon parcours. Aussitôt fait, je me lançais ! J’avais pris une bonne longueur d’avance grâce au préchauffage parfait ! Je vous l’ai dit, je connais toutes les machines par cœur. Le problème c’est que dans mes souvenirs, la vitesse de ce speeder n’était pas si… traînante ! Ma bonne longueur se transforma en une longueur de retard à peine arrivé au premier virage, et j’arrivais bon dernier au premier tour, ne devant un retard plus conséquent qu’à ma bonne conduite et mes virages parfaits. Le problème c’était que même en conduite parfait, face à la crème de toutes les écoles, il n’y avait pas d’autre issue que la défaite ! Alors je réfléchissais et me dis qu’il y avait un problème de paramétrage, comme un blocage des commandes ou une sécurité active. J’enclenchais donc rapidement le pilote automatique selon les trajectoires que je décidai moi-même en quelques secondes en fonction de la vitesse actuelle, c’est-à-dire une tortue montée sur des turbos. Une fois cela fait, nous en étions déjà au deuxième tour… Le temps de contrôler tous les paramètres, je ne vis rien d’anormal. Alors quoi ? Il y avait un problème dans les réacteurs ? Très improbable… Pourtant c’était la seule explication logique <<-
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"Aucun de nous n’était habilité à réparer sa machine en-dehors des courses, et encore moins pendant… Mais la victoire était en jeu, et je m’y connaissais, alors je me lançais vite derrière le siège, sachant bien tout le danger que cela occasionnait : pas de ceinture, des bringuebalements et des accélérations subites qui vous envoient dans tous les sens, et surtout, pas de siège éjectable ! Mais j’avais toute confiance en mes paramètres de pilotage automatique. Il avait maintenant fait un tour sans encombre, donc rien ne pourrait arriver sauf… sauf peut-être si les autres me rattrapaient ! A cette pensée je me dépêchais encore plus d’atteindre la soute des turbocompresseurs. Il y avait toujours une caisse à outils sur le côté alors je pris le bon tournevis et prit un coup de chaud monumental à l’ouverture de la soute ! J’avais préalablement mis les lunettes de sécurité et renforcé la protection de mes bras avec les gants et les tissus de la boîte, voyant immédiatement ce qui n’allait pas : deux des turbos, les deux du milieu c’est-à-dire les principaux pour la propulsion, avaient une sorte de fil électrifié sur tout le contour de la tuyère d’éjection, ce qui empêchait donc de l’ouvrir au maximum et limitait ainsi la vitesse. Je fis un court-circuit pour griller le fil avec un objet métallique, et me précipitais aussitôt vers ma cabine en revissant à la hâte la soute.
J’arrivais juste à temps, car mes écrans indiquaient trois pilotes justes derrière moi, et nous étions déjà à près de quatre tours ! Autrement dit, il m’en restait six pour rattraper un retard d’un tour !
Je pressais la manette d’accélération au maximum en arrivant dans la ligne droite et ressentais aussitôt une grande vague de plaisir ! Ca c’était l’engin que je connaissais ! Nul doute que les commentaires à l’extérieur, inaudibles pour nous pilotes, devaient changer du tout au tout après cette mésaventure.
J’enclenchais la sortie de mes stabilisateurs à chaque fois que l’engin commençait à glisser, rétablissant l’équilibre instantanément, donnant parfois un petit coup de frein pour ne pas prendre trop large pour le virage suivant. Je filais déjà beaucoup plus vite, c’était enivrant mais je devais rester concentré.
A la fin du cinquième tour la dernière file était en vue. Ce n’était qu’une course mais les étincelles provoquées par les carcasses métalliques en contact les unes sur les autres étaient bien présentes. Chacun voulait gagner et n’hésitait pas à le faire savoir. Les contacts étaient autorisés du moment qu’on ne poussait pas dans les murs.
Je remontais jusqu’à eux assez rapidement et entreprit de les dépasser un par un. Le problème c’est qu’ils étaient vraiment très proches alors l’un de nous risquait d’y laisser un stabilisateur ou deux, chose qui n’était vraiment pas souhaitable. J’attendis donc le virage serré pour tous les griller d’un coup dans un hurlement de joie ! See ya !
J’accélérais comme un fou pour rattraper les autres. Ils n’étaient pas bien loin : deux, en train de se coller au train comme s’ils se le reniflaient. Je profitais d’un virage où je pris la corde pour en dévier un sur l’extérieur, le nez de mon appareil venant rejoindre le cul de l’autre pour quelques millimètres seulement. Au prochain virage, c’était bon ! Et ce fut bon !
Cinq derrière, puis moi, il en restait six devant et encore quatre tours. Le doute n’était pas permis, j’étais le meilleur ! Ce qui me taraudait l’esprit était plutôt ces fils sur les tuyères. Qui les avaient posé et pourquoi ? Enfin, le pourquoi était évident, mais restait qui ? Immanquablement une personne du club sans quoi il n’aurait jamais pu approcher de la machine… Deylan ? Par jalousie… Peut-être…
Woahh !
Je redressais le levier vite fait ! Perdu dans mes pensées j’avais presque failli m’envoyer dans le mur ! Quel idiot ! Je secouais la tête pour me remettre dans la course et fonçait pour rattraper mes concurrents. Deux encore n’étaient pas très loin. J’adoptais la même méthode pour les dépasser, mais le dernier me donna plus de fil à retordre. Cet idiot-là avait décidé de ne pas me laisser passer… nan mais j’vous jure ! Yen a des abrutis au levier ! Je freinai donc vite avant de lui rentrer dedans et lui colla littéralement au cul en attendant le prochain virage. Je calquais ma vitesse sur la sienne, ce qui pouvait être très dangereux s’il freinait d’un coup comme il allait bientôt le faire pour négocier son virage. Je décélérai donc avant puis rembrayais d’un coup, mon nez allant titiller le côté de son speeder. Une petite accélération pour lui dire que je ne déconnais pas et que s’il continuait comme ça il ramasserait ses stabs’ latéraux au robot-nettoyant, puis il s’écarta enfin !
Les règles étaient très strictes : personne ne devait faire obstruction à un concurrent qui vous avertis d’un dépassement lors d’une course. Seule la Death Trial n’avait pas cette règle en haut lieu. C’était une des premières choses qu’on vous apprenait à l’école, ou même pour la conduite dans les manèges.
J’avais donc reprit deux places et il me fallu encore près d’un demi-tour pour rattraper les quatre premiers, tous dans un mouchoir de poche, pour mieux me faciliter les choses ! Et je n’avais plus que deux tour et demi avant que la course soit finie.
Je pris parti d’aller au fond dans le tas pour combler d’abord le maximum de retard et leur coller au train, puis de réfléchir après. De toute façon il n’y avait pas trop de réflexion à formuler pour le coup : ça passe, et si ça passe pas, arranges-toi pour que ça passe quand même !
Le problème c’est que ces cons-là étaient bien conscients de se chamailler pour une victoire alors les étincelles inondaient la vitre de mon cockpit comme jamais ! Et ça commençait sérieusement à me taper sur le système ! Cette fois, j’entamais donc le dépassement dans la grande ligne droite menant à la fin du huitième tour : j’avais la manette d’accélération à fond et ne la baissa pas avant d’arriver DANS le virage. J’en avais grillé un en vitesse pure et me trouvait juste à côté de l’autre. Je coupai subitement toute propulsion en enclenchant tous les stabilisateurs extérieurs et latéraux gauches, ce qui, vu la vitesse, ne permit qu’un dérapage qui obligea l’autre à freiner net sans quoi s’il suivait ma trajectoire il s’enverrait dans le mur que j’étais bien parti pour bouffer. Mais je réactionnais mes trubos à fond d’un coup, et surtout, tirait sur cette manette en-dessous du tableau de bord. J’avais remarqué qu’elle avait un peu changé de position avec le court-circuit des fils, et j’en avais déduit, d’après ma connaissance des speed’ pros, que c’était la manette de régulation de l’angle des œillères des tuyères des turbos principaux. Je la tirai au maximum, ce qui eut pour effet de diminuer l’amplitude de ma propulsion au profit d’une accélération démentielle ! L’effet de cette manœuvre me donna l’impression de me prendre une dizaine de tonnes sur le corps. Je ne sais pas combien de g je venais d’encaisser, mais sans la combinaison je suis certain que j’y serais resté !
Mais voyons le bon côté des choses : grâce à cela j’avais pu griller celui que j’avais obligé à freiner et qui avait profité de mon dérapage pour se remettre à hauteur. J’étais donc en troisième position avec un tour et demi et un bon retard à rattraper ! Car évidemment, pendant que je faisais ma petite manip’ j’avais perdu du terrain. J’aurai pu le rattraper facilement en jouant avec la tirette des tuyères mais je savais bien que bon nombre de pilotes avaient du s’éjecter pour avoir trop compté là-dessus. C’était vraiment à double-tranchant, et mieux valait ne s’en servir qu’occasionnellement, ce qui signifiait jamais pour des apprentis. Car à force de la manipuler en alternance avec les leviers et la manette, on en vient vite à faire une erreur qui ralentissait assez à ce niveau pour perdre une course, ou la vie dans un Death Circuit.
Un demi-tour plus tard et j’y étais. Les deux côte à côte, ils se livraient un jeu du chat et de la souris absolument exquis pour les spectateurs, chacun dépassant l’autre tout à tour. Dans ces cas-là c’est toujours très chiant de cibler ! Car il est bien souvent impossible ou très suicidaire d’essayer de doubler les deux d’un coup, mais il faut aussi tomber super bien pour arriver à passer devant l’un directement après le premier. C’est ce que j’essayais de faire pourtant, et il fallait que je réussisse !
J’attendis donc le prochain virage ou forcément il serait tenté quelque chose, mais je me fis avoir dans la chicane : finalement ce n’est pas celui que je pensais des deux qui prendrait le pas, ce qui me laissait bon troisième en amorçant la ligne droite du dernier tour.
J’allais à fond, restant néanmoins juste derrière mon concurrent immédiatement précédent, et profitais de cela pour lui embrayer le pas lorsqu’il dépassa l’autre au premier virage. A présent je me retrouvais second mais dans la pire des configurations possibles : en sandwich entre deux fous qui voulaient à tout prix passer premier. Et comme moi aussi, et bien… les étincelles inondaient la piste !
Je manœuvrais comme je pouvais avec l’autre qui me collait au train et celui de devant qui se trainait comme une bouteille à la bouche d’un Sans Logement Officiel. Je m’impatientais vraiment et étais bien décidé à le pousser un peu avec son pot de yaourt s’il ne se décidait pas à pousser un peu sa manette ! Finalement, je crus l’avoir dans la chicane mais l’autre derrière me colla un taquet dans le coin droit de mon engin ce qui m’envoya un peu plus sur le côté et lui permit de me passer devant. Ah ! Salop ! Tu vas voir un peu ! Cette fois pas question de faire la mouille avec la tirette ! Aucun de ces petzouilles n’osaient tirait dessus, et bien moi si ! Nan mais franchement ! Quand on me cherche…
Le virage était là, je fis comme tout à l’heure en coupant les gaz un peu avant pour ne pas trop dévier car le virage était plus étroit, ce qui eut le double avantage de me mettre directement bien droit grâce aux stabilisateurs. Je la renfonçais au maximum et bingo, je les laissais tous les deux sur le cul, mais l’un juste à côté de moi quand même, ce qui était pas vraiment du meilleur effet alors qu’il ne restait plus qu’un angle avant la ligne. Nos surfaces latérales se frittaient bien comme il fallait dans l’angle et encore plus dans la ligne droite, mais ma machine était de toute façon la plus rapide.
J’avais gagné, et franchement c’était pas loin d’être le plus beau jour de ma vie ! Car en gagnant cette course j’avais fais le prestige de mon école, et surtout je m’étais lancé pour être pilote ! Je ne savais pas encore que je n’en n’aurais jamais l’occasion…
Je sautais à bas de mon speed en entendant les commentaires des présentateurs résonner dans le Stadium, ainsi que tous les applaudissements. J’étais vraiment dans un état d’allégresse intense ! J’attendais le Président, mon entraîneur, ma mère et le reste de ma famille, mais personne ne vint. Je rentrais donc un peu déçu dans les vestiaires avec l’équipe technique du speed’ et me déshabillais tranquillement, puis ressortais du Stadium en espérant bien y revenir pour le lendemain, pour le véritable Gala des pros.
Une fois dehors, ce fut la surprise totale ! Bien loin de voir ma famille ou un entraîneur radieux, je voyais l’un des Anciens s’avancer vers moi tranquillement, avec toute une suite de bonhommes à l’air sérieux derrière lui et bon nombre de médias. Il venait me féliciter et m’accorder les droits au stage chez les pros juniors. Si j’en revenais ! Bien sûr que non ! C’était absolument incroyable ! Si j’avais su !
Il me convia également le lendemain dans la tribune officielle pour regarder d’un œil neuf le show des professionnels, et là je ne sais pas ce qu’il me prit mais je pris ce bon vieux dans mes bras en lui disant merci un nombre incalculable de fois… Quel gamin idiot ! Bah oui mais j’étais heureux !" <<-

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