Vous me fatiguez Kara Khaan à vous cacher derrière votre "faiblesse" pour insinuer les pires choses à mon encontre. Votre comportement est stupide, c'est exact. Je le dis et je le maintiens.

Vous avez même osé prétendre avoir une place au sein de l'Empire Libre d'Espoir ! Comme si être libre pouvait impliquer que l'on s'encombre de commandants aussi peu libres que vous. Vous êtes, pour être exacte, bouffie d'idées reçues !

Vous m'accusez de vous manquer de respect ? Pour cela, vous avez été jusqu'à me prêter les paroles de cher Akab. Pour être respectée, il faut faire plus que s'agiter en tout sens.

Je n'ai aucune envie de museler qui que se soit même si j'avoue que vos provocations répétées ont attiré mon attention toute particulière vous concernant. Oui, douce petite, à force de me provoquer je vous confirme que je vous trouverai. Je suis Sage mais rien ne m'oblige à accueillir vos sous-entendus mesquins à mon égard bêtement et benoitement. Je suis parfaitement apte à soutenir un débat d'idées (oui avec un "s") parce que cela nourrit mon âme et parce que c'est une obligation imposée par le Prophète Ultrèmis.

Vous voulez être respectée ? Méritez-le d'abord au lieu d'exiger avec des cris et des piaillements incessants.

Kara se tenait droite et fière.

Qu'importait ce qu'on lui reprochait. Elle était là pour apprendre de ses compagnons et non pour s'opposer à eux à tout prix.

Les injures injustifiées coulaient sur elle comme les gouttes de pluie.

Se tournant vers Katelyne, elle ajouta :

Kara était lasse de la politique et de l'Assemblée.

Elle savait pourquoi.

Sa main était libre de toute emprise. Son voisin l'avait lâchée, lui aussi déçu de ce qu'elle était. Il fallait se rendre à l'évidence. Espoir n'était pas aussi prometteuse qu'il y paraissait.

Cher Hammond,

Il se trouve que je suis fatigué de prendre connaissance de longues tirades où je suis décrit comme l'assassin attitré de l'Aryakis d'Espoir ou comme incapable de changer d'avis ... comme d'uniforme donc plusieurs fois par jour.

Je ne fais la guerre que parce qu'elle est un outil diplomatique et, pour le moment, ceux à qui j'ai fait la guerre en Espoir ont eu le bon goût de se suicider avant que je ne lance les derniers assauts sur leurs derniers bastions. Je ne suis pas là pour dorloter quelques individualités qui souhaitent mon affection. J'aime par delà les adversités. J'aime les esprits pas les corps ou les marques de flatterie. C'est pourquoi j'aime le Commandant Phloïos, par exemple ou Akab ou Johndoe avec qui j'ai combattu le Triumvirat.

Entendre dire que je veillerai à imposer au gouvernement ce qu'il doit penser ou faire m'exaspère et me plonge dans le pessimisme concernant l'avenir d'Espoir. Entendre dire que je ferai barrage à une candidature relève de la bouffonnerie : il reste plus simple d'empêcher des élections que d'empêcher des candidatures. Quant à empêcher des Commandants de voter pour celui ou celle qu'ils choisissent ... Je ne suis pas Dieu ni l'Aryakis d'Espoir !

Je suis donc le Sage d'Espoir. Pour l'instant même je suis le seul. Je vais donc donner une parole liée à ma fonction. C'est maintenant que se joue l'avenir. Présenter sa candidature est déjà une preuve de courage, avoir des idées est déjà une preuve de force et de puissance. Les défendre en public, les argumenter et les mettre en place relève de façon indubitable de la démonstration de puissance. Beaucoup, en Espoir, sont persuadés que la Puissance réside dans la taille des vaisseaux et des flottes, d'autres estiment que la force réside dans le fait de se cacher au fond de leurs secteurs.

La Puissance est dans l'esprit et dans le contrôle des choses matériels. C'est une quête qui fait de nous autre chose que ce que nous étions quand nos radars primitifs ont découvert que la Vie était ailleurs et qu'elle avait d'autres formes.

Il faut des candidats, il faut même beaucoup de candidats pour qu'Espoir puisse bénéficier des apports de tous. Mais présenter sa candidature n'est pas une facétie, une blague ou une histoire marrante qu'on se raconte ensuite dans les tavernes. On se présente parce que l'on a des idées et la volonté de les mettre en oeuvre tout en gardant la capacité d'y renoncer si l'adversité est trop importante. Se présenter pour s'opposer à une autre candidature relève de la pignouferie.

Actuellement, le poste de médiateur est proposé. J'ai ouï dire que de nombreux candidats ont mis en place, dans une taverne secrète interdite aux membre d'Evène, des discussions concernant ce qui était nécessaire pour le bien d'Espoir. Ils ont beaucoup glosé sur des idées sur l'avenir de la gouvernance d'Espoir. Là, on les voit peu, même pas du tout. Ils sont silencieux, muets, partis, invisibles. Leurs idées n'avaient d'autres buts que de les servir eux d'abord. En aucun cas, ils ne semblent vouloir travailler publiquement et à visages découverts : leur force réside encore dans l'ombre des alcôves propices aux complots, propices aux ententes délictueuses. Ils se partagent, par avance, un gâteau en faisant croire qu'ils travaillent à la Liberté d'Espoir.

Qu'ils sortent donc de l'ombre et qu'ils viennent présenter leurs "idées" ! Qu'Espoir profite enfin de cette "Union" ! Il est tellement plus simple de comploter dans l'ombre que de se mettre au service d'une communauté.

Il reste encore un nombre important de commandants qui craignent de s'exprimer. Cette majorité molle ne sait pas ce qu'elle rate mais nous ne doutons pas que leur trouille ne les empêchera pas de venir voter.

Si tant est qu'un vote soit nécessaire pour départager le candidat actuel de lui-même. Que le Commandant Phloïos prépare ses dossiers. J'ai hâte de le voir à l’œuvre : Espoir tient un bon gaillard avec lui. S'il se plante, il aura au moins eu le cran d'avoir essayé. C'est déjà mieux que certains planqués dans leur taverne.

Se tournant vers le reste de l’hémicycle.

Ce n'est peut-être pas la sagesse qu'attendait cette Assemblée. Beaucoup d'entre vous aimeraient un peu plus de pommades, de ronds de jambes et de flatteries oiseuses. Je ne suis pas là pour ça et, surtout, je ne sais pas faire.

Un Sage a autre chose à faire et plus à dire qu'à flatter quelques croupes de bovins pour satisfaire la ménagère de plus de 10 ans. Participer à une élection est une décision importante. Elle permet aux candidats de progresser et de s'affûter pour les prochains exercices.

D'un autre côté, l'univers est fait ainsi : Dieu n'impose ni d'être courageux ni d'être intelligent. Il revient à chacun de rester dans le troupeau à ruminer ses bilans de cycles ou à venir sous la lumière et à marquer l'Histoire.