Fin de journée. Les alliés ont été fournis. Je n'ai plus qu'à attendre la nouvelle rentrée d'argent. Depuis ma prise de conscience quand à ma nature, j'ai l'impression de ne plus vraiment être un homme. Je ressens comme eux, je vois comme eux, je ris comme eux, je me saoule comme eux. Pourtant, je me suis rendu compte que je ne pensais pas comme eux. Par exemple, ce n'est pas qu'il faille que je sois d'accord avec eux, mais je n'arrive pas à comprendre les commandants qui se font la guerre. Comme si cela était impossible chez moi. J'ai l'impression de ne pas être juste. En fait j'ai l'impression de ne pas pouvoir comprendre les choses dans leur ensemble. Comme si mon esprit ne pouvait voir l'univers que d'une seule manière. Comme si je représentais une partie mais pas le tout. Comme si j'étais limité.

En fait, je pense surtout que ma prise de conscience me fait trop réfléchir. Il faut que je me change les idées. Je décide donc de voir qui de moi où mon poste de travail est le meilleur aux échecs. J'ai du mal à me concentrer ce qui a le dont de m'énerver au plus haut point. A peine suis-je rentré dans la partie que l'hologramme de l'IA s'allume.

Ces stupides IA... Elles ne peuvent pas comprendre.

Je n'en revient pas, il discute mes ordres ! Il a intérêt à avoir quelque chose de vraiment intéressant sinon c'est le sas de mon vaisseau qui l'attend ! S'allume alors l'hologramme du scientifique.

A travers l'hologramme apparaissent alors les bras des deux gorilles qui le surveillait. Puis l'image s'efface. Dès que je suis enfin seul, je sors la lettre de ma poche intérieure. Je la regarde attentivement. Rien ne ressemble à un programme...

Le temps de me torturer le cerveau cinq minutes puis un de mes gardes vient déposer un holo-disque sur mon bureau. Je l'insère dans mon poste de travail puis le programme se lance. Je reste alors scotché devant mon écran holographique.

Mais c'est quoi ce foutu bordel ? Voyant la liste de mots, je m'empresse de les lire à haute voix. Puis j'attends...

Rien. Merde alors ! Ça ne marche pas ! On dirait une énigme. J'ai comme le sentiment que quelque chose vient de se déclencher. Quelque chose que je ne contrôle pas.

Le prochain... Mon égal... Mais c'est moi qui dirige, personne d'autre ! Je regarde mon bureau.

Ça devrait suffire. Personne n'arrivera à m'atteindre comme ça. Si c'est une menace, c'est raté !!! Je ne me ferait pas avoir. J'éclate alors d'un rire monstrueux dans mon bureau. J'ai gagné ! Ils ne m'auront pas ! Je retourne m'assoir. Puis j'essaye de réfléchir.

Le contrecoup, c'est que maintenant, je suis bloqué ici... Je ne peux plus sortir tant que je ne change le niveau de sécurité... Dilemme. Si j'arrête tout, je risque le pire. Alors je décide d'attendre 24h. Après, je baisserai le niveau d'alerte si aucun des indicateurs ne passe au rouge.

Je sors de mon bureau pour aller m'allonger dans l'alcôve que je me suis fait construire pour dormir ici quand les soirées sont trop longues. Quel meilleur moyen de passer le temps qu'en dormant ? Mais je suis trop stressé. Incapable de m'endormir. Je tourne puis me retourne dans mon lit. Je n'arrive pas à arrêter de penser. Il faut que je me calme. Il faut que je me détende. Je me rappelle ce que ma mère me disais pour que je m'endorme. Ma mère... Quel concept étrange maintenant que je sais qui je suis. Ai-je jamais eu une mère ? Enfin peu importe, mauvais moment et mauvais endroit pour répondre à cette question.

Je suis dans mon lit, c'est le matin. Je viens de me réveiller. J'ouvre à peine les yeux quand je reconnais ma chambre. Ma chambre ? Quelle chose étonnante, comment est-ce possible ? Je me lève, me dirige vers le miroir. L'image que je vois me clou sur le sol un moment. Je suis un enfant... 10, 12 ans maximum. Mais c'est bien moi, je me reconnais. Comment une telle chose peut arriver ? Où suis-je ? Puis quand je regarde à nouveau, je suis dans le salon. Je me suis téléporté ! Je rêve !

Je m'arrête un instant, j'ai l'impression d'être stupide... Evidemment que je rêve... Je suis endormi sur mon lit. Où me mène ce rêve ?

Je me retourne et je vois une ancienne holovision comme celles d'avant le grand renouveau. Un speaker parle des nouvelles du jour.

Surpris, je fais un bond et je me retourne. Qui m'appelle comme cela ? Je reconnais cette voie.

C'est la voie de ma mère ! Je ne me rappelle plus de son visage, mais je crois que sa voie restera à jamais gravé dans ma mémoire ! Je m'avance prudemment vers le couloir puis je m'approche du bruit le plus possible. J'essaye d'être discret. Je crois que j'ai peur. Ce que je risque de voir m'effraie.

Qui ça Il ? Bon dieu, ce rêve est horrible ! Déjà que je suis un enfant et Dieu sait comme je les déteste, en plus, ma mère resurgit d'un passé troublé et lointain. Et en plus de ça, je vais devoir me coltiner quelqu'un que je ne connais pas ?

Je fais immédiatement demi tour et je repars en courant à travers le couloir. Je cherche désespérément la porte de sortie. J'arrive au bout du couloir. Rien, c'est un cul de sac. Alors je me retourne, bien décidé à trouver cette satanée sortie. Mais le couloir à disparu. Plus de portes. Seulement quatre murs. Je suis coincé !

Qu'est ce que c'est ce bordel ? Qui parle ? Puis je fais un bond sur mon lit, je suis en sueur. Je cours vers mon bar. Je me sers un verre d'alcool Ashgarien, on dit que c'est le meilleur. Hum c'est vrai qu'il est dél...

Je fais un demi tour en sursautant. Je lâche mon verre qui part éclater contre le mur d'en face. L'IA de traitement des affaires courantes me fait face. Je suis terrorisé. Réveillé mais terrorisé.

S'en est fini de moi, je suis mort. Ils sont là ! Aux portes de Tau Ceti Central !

Je suis pris de stupeur.

Mais l'hologramme de l'IA a déjà disparu. C'est la fin. Je m'assois dans mon fauteuil, un verre à la main et j'attends mon heure. Les dernières secondes de ma vie. Trop courte vie. Je ne veux pas mourir maintenant. C'est injuste.

Puis comme si le signal de ma mort avait été donné, la porte de mon bureau s'ouvre. J'essaye d'y voir quelque chose, mais rien ne bouge. Il n'y a personne de l'autre coté. Je lâche mon verre et m'accroche à mon fauteuil. Je recule au maximum jusqu'à buter sur le mur de derrière quand une Ombre apparait. Quelqu'un entre.

Alors j'arrête de parler. Je le regarde plus attentivement. Il me ressemble. On doit avoir à peu près le même âge. Mais ses traits son plus fins, plus tirés. Son visage plus dur. Son regard... Il me glace le sang. Son regard est vide. Il est habillé simplement mais je remarque quand même que ce sont de vielles affaires. On dirait un commercial pré-apocalyptique. Puis je regarde le message de l'holoprogramme toujours affiché sur mon bureau. Machinalement, je les lui montre. Il se baisse, les regarde.

Alaahr, terrifié cours dans son bureau se mettre à l'abri le temps que les gardes arrivent, mais il est trop tard. Zorhan a gagné, il le sent. Il le voit, d'abord souriant, puis sérieux et maintenant, son regard est complètement dément. Son sourire carnassier, son immense cicatrice et par dessus tout, cette impression qu'il ne reflète pas la lumière.

Puis soudain, Alaahr sent des picotements. Partout autour de la nuque. Puis dans son cerveau. Il sent ce corps étranger. Il sent que Zorhan est en train de le submerger. Il sent ses barrières tomber une à une. Puis, dans sa tête, Zorhan prend place. Une place qu'il ne quittera jamais.

"Maintenant, je serai à coté de toi tout le temps. Tu n'aura plus le choix que de m'écouter. Nous étions fait pour travailler ensemble. Quelle que soit ta réaction. Maintenant, je peux prendre le contrôle de toi à tout moment si tu ne prends pas compte de mes conseils. Tu dirigera depuis Tau Ceti Central, je te conseillerai depuis la prison. Maintenant, tu ne peux plus te retourner. Tu dois faire face à ta destinée. L'Heure est venue !"

C'est alors que les gardes entrent. Ils s'emparent de Zorhan qui regarde toujours vers Alaahr de son air terrifiant. Ils vont le conduire en prison. Il savait depuis le début.