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Discussions sur Salinor

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Cdt. Nahil Pellaré
Respect diplomatique : 272

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26/10/307 ETU 20:55
Score : 10 Détails Prévenir Dieu
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Une planète. Quelconque. Un caillou dans l’espace. Mais qui abrite des milliards de soleil. Les distances étaient tellement déshumanisantes. Dès qu’on quitte l’échelle de l’individu, les priorités changent. Mais le doivent-elles vraiment ?
Une ville. Très contrastée. Des bâtiments à l’architecture simple, visiblement construites avec peu de techniques et des matériaux primitifs : torchis, bois. Et parmi ces constructions de style moyenâgeux tranchaient des constructions « hi-tech » : design moderne, construction avec des matériaux artificiels de meilleure qualité. La modernité s’invitait avant l’heure. Cette hétérogénéité venait de la révolution qui caractérisait la culture salinorienne : une assimilation très rapide des connaissances scientifiques des civilisations fort développées par une civilisation très en retard, relativement. Cela se retrouvait dans les mœurs aussi : hospitalité et hédonisme mélangé à progrès et connaissance.
Une habitation. Un beau manoir. Il avait conservé le style passé. On entrait par la porte principale. Un escalier. Un couloir. Puis, une porte. Il y a des voix de l’autre côté.
Un feu crépite au centre du mur qui fait face à la porte. Il est la seule lumière de la pièce, faisant danser les ombres. Une baie vitrée donne sur la ville endormie. Il fait nuit. Et on n’a pas encore répandu les étoiles qui la feront scintiller même la nuit.
Trois silhouettes dans la pièce. Le premier est assis confortablement dans un grand fauteuil bordeaux. Il tient un verre à la main, le liquide qu’il contient est rouge aussi. On reconnait le visage de Nahil.
Le deuxième est d’une pâleur qui fait frissonner, malgré la pénombre. Ses longs cheveux rouges partent dans tous les sens, et des clochettes sont accrochées aux extrémités. Ses yeux sont blancs aussi, d’une profondeur insondable. Il porte un costume moulant et élastique, d’une couleur orange unie, avec des coutures originales au col et aux extrémités des manches. Il fait penser à…un bouffon.
Le troisième, enfin, est dissimulé dans l’ombre. Le feu n’éclaire pas le coin de la pièce où il se cache. Seuls ses yeux donnent un léger reflet. Inquiétant.
La conversation avait déjà commencée. Essayons de la suivre. C’est au « bouffon » de parler.
- Tu as toujours été trop sensible à ces choses-là, Nahil… Pourtant, on pourrait croire que ta vie aurait usé cette sensibilité, elle aurait même pu t’immuniser.
Nahil répondu, perdu dans sa contemplation des mouvements aqueux dans son verre.
- Ce ne fut pas le cas, car la paix et l’amour pansent la plupart de mes plaies à chaque fois. Avant que je ne sois à nouveau blessé…
Il tourna son regard vers la baie vitrée. Son regard se fit infiniment tendre.
- Je suis blessé à leur place. Je l’ai accepté. Mais comme j’envie leur ignorance de cet océan bourbeux qui nous entoure ! Partout, ça bout, ça éclate, ça éclabousse. Quel triste panorama, un marais puant et bouillonnant… Le soupir d’agonie du secteur 3 s’éteint déjà, la capitale devient le jouet des tempéraments et la sournoiserie menace entre-temps d’avaler certains secteurs si vite que personne n’aurait rien remarqué. Et puis, tant de complots, tant d’intentions cachées, tant de secrets. Mon ignorance et mon impuissance sont bien lourdes à porter. Devant, je ne vois que du noir, mais je dois continuer à avancer pour les sourires qui sont dans mon dos. Les débuts de cette aventure des civilisations semblaient si prometteurs…mais je me rends maintenant compte de ma naïveté. Ils jouaient le jeu ! La sincérité est en fait une valeur bien peu partagée.
Le drôle de personnage répondit, peiné.
- Cesse donc de t’affliger ainsi. C’est ainsi et il faut faire avec. Avec la fatalité, c’est toujours pareil, mieux vaut en rire qu’en pleurer ! Quand ton ego est confronté à l’impuissance, il peut soit se morfondre sur lui-même, soit partir en quête de cette puissance qui lui manque, soit se prendre une bonne tranche de rigolade ! La vie humble passe par l’humour.
- Quand ce sont les vies des Salinoriens qui sont sur la balance, peut-on vraiment se permettre cette légèreté ?
- Être un bon dirigeant ne veut pas dire porter toute la souffrance du monde sur ces épaules. Que tu en ries ou en pleures, cela ne va pas changer leur destin. On te demande protection, pas compassion. Si ton âme se noircit, tu seras moins efficace. Et puis, ce n’est pas parce que l’horizon est bien sombre qu’il faut se décourager, tu sais bien que rien n’est jamais figé.
- Oui, je le sais. Je ne reste d’ailleurs pas passif, spectateur morbide d’une lente décadence. Je maintiens l’opposition diplomatique et économique contre les Ultrèmes et veille à dénoncer les autres comportements douteux.
C’est ce moment que choisit le dernier personnage pour intervenir. Sa voix était dure, mais respectueuse.
- Justement, à ce propos, les accusations sans réelles preuves matérielles adressées à Visari et à sa bande n’étaient-elles pas risquées ? Ce sont des ego-maniaques rancuniers et qui ne rateraient pas une occasion de flatter leur ego par une nouvelle guerre qu’ils enroberaient d’une couverture fallacieuse pour la faire digérée par l’opinion publique. Cela pourrait nous apporter des ennuis.
Contrarié, Nahil répondit tout de même avec douceur.
- Je ne suis pas là pour me faire aimer. Mais c’est vrai que je dois éviter d’amener la menace sur Salinor, j’en ai diablement conscience et tu le sais. Ais-je été trop loin ? J’ai plutôt tendance à croire que défendre la vérité au sein de l’Assemblée aura plus de retombées positives que négatives ; même si évidemment cette attitude génère beaucoup d’ennemis. De plus, à quoi ressemblerions-nous si nous étions prêts à tous les compromis au nom de notre sécurité, alors qu’autour de nous tout s’écroulerait ? Un comportement aussi craintif et égoïste pourrait venir corrompre notre culture. La sauvegarde de la vie et la fuite de la violence, mais sans vendre notre dignité. Un minimum d’engagement qui dépasse notre unique sécurité est nécessaire, même si à chaque instant je ressens le poids de mes responsabilités. Je n’oublie pas la déraison de la guerre et donc les sacrifices auxquels il faut humblement consentir pour préserver la paix. Car trop de fois ne s’inquiètent de la mort des autres.
- Tu as raison, comme d’habitude. Je ne peux t’obliger à adopter un comportement inhumain alors que c’est justement ton humanité qui est au fondement de tout ce que tu fais.
On frappa à la porte. Un jeune homme passa la tête.
- Le repas est prêt, messieurs.
Nahil se retourna.
- Bien, nous arrivons !
Mes amis, laissons un moment de côté ces ténèbres, de bons mets attendent de nous contenter.

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