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Sur Salinor...

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Cdt. Nahil Pellaré
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23/02/308 ETU 13:07
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L’Oblat
Oblat, tel est le titre donné au dirigeant de Salinor. La signification de ce titre, si évidente pour les Salinoriens, est pourtant difficile à saisir pour les cultures étrangères, où la méfiance vis-à-vis des politiciens règne. Sur Salinor, la conception de la politique est totalement différente, l’Oblat est la dernière personne dont on se méfierait.
La place d’Oblat n’est pas une position avantageuse, ceux qui cherchent gloire, honneurs, richesse ou pouvoir ne se tourneraient jamais vers ce trône empoisonné. Il est vrai qu’un Oblat bénéficie de tout cela, mais c’est une maigre compensation du sacrifice de son dévouement. Il faut comprendre la terrible aura qui entoure le nom d’Oblat. La tradition et la culture confèrent un poids si important à cette position que j’oserais la qualifier de transcendante, mais sans connotation divine. L’Oblat est l’héritier de tous les grands hommes qui le précèdent, il est au sommet de la culture et doit porter tout son poids sur ses épaules. L’Oblat n’est pas une personne, elle est l’image sacrée, désincarnée, du dévouement total au bien-être de Salinor. Les Oblats portent bien des noms personnels, mais ils servent seulement à les différencier dans l’histoire. Au final, tous les Oblats sont identiques, leurs individualités s’effacent derrière le symbole de l’Oblat. Les Oblats sacrifient leurs désirs, leurs aspirations personnelles au nom d’un seul désir, d’une seule aspiration, d’un seul amour : Salinor.
Cependant, ils restent humains et ainsi maintiennent tout de même une identité personnelle, mais elle est écrasée sous l’importance de leur mission. Ainsi, l’Oblat qui précéda Nahil Pellaré, Angror Sancru, bien qu’il entreprit des campagnes de désolation, brutales et barbares (ce qui amena Nahil à lui refuser le titre d’Oblat et à le vaincre, devant alors obligatoirement prendre sa place), maintenu tout de même le respect de son peuple, même de ceux dont il avait fait tué des proches. Car ce n’est pas le peuple qui prête allégeance à un chef, mais l’Oblat qui prête allégeance à Salinor.
On devine déjà la particularité de Nahil Pellaré, qui dut se rendre compte par la brutalité des choses qu’Angror Sancur ne pouvait être un Oblat, car il nuisait à Salinor. Imaginer qu’un Oblat put faillir à sa mission était inconcevable, alors Nahil prit un chemin de pensée détourné pour dire que c’était l’histoire qui avait failli, qui avait interrompu le cycle des Oblats et il s’engagea donc à le rétablir, sans que l’image de l’Oblat fut remise en cause (la question de comment cela avait pu se produire et si cela pourrait se reproduire à nouveau est une question que Nahil ne résolut jamais). Sans Nahil, cela n’aurait peut-être jamais changé, il fit preuve d’un esprit très fin.
Car la question de la légitimité n’existe pas sur Salinor, l’Oblat est toujours le meilleur. D’ailleurs, la transmission du titre n’a pas été formalisée et se fait généralement vers le plus proche de l’ancien Oblat, ou vers celui qui a renversé l’ancien Oblat les très rares fois où cela a eu lieu. Mais ce n’est pas une question qui tracasse le peuple, le simple fait de porter le titre suffit à toute légitimation, d’ailleurs peu de personnes sont au courant lors d’un changement d’Oblat, il y a même une croyance populaire qui dit que c’est un même être éternel qui ne fait que changer de visage.
Mais nul ne se destine à être Oblat, ce n’est envié par personne. En principe, il ne faut même pas penser à la possibilité d’être Oblat, car la décision revient au flux du temps et de la vie. Mais en pratique, un Oblat a toujours du mal à s’entourer de personnes compétentes et d’établir des relations de confiance car ceux-ci craignent de devoir lui succéder. Mais quand des relations s’établissent, elles donnent souvent lieues à de grandes amitiés (car c’est comme partager un même fardeau). C’est le hasard qui décide au final, mais ceux choisit ne se dérobent jamais. Et il faut avouer que cette conception de la politique a donné de très bons résultats (par exemple, les grands progrès technologiques au début du règne de Nahil). Il vaut sans doute mieux se fier sans condition au dirigeant, même si quelques très rares déviances se produisent, plutôt que de le gêner dans sa mission par un doute constant et une exigence de transparence, qui n’amène que les plus ambitieux au sommet.
Le talent de Nahil causa aussi sa malédiction, pour le bonheur de Salinor. Nahil eu l’audace de douter, mais d’un doute non subversif. Il fut amené à s’opposer à celui qu’on disait l’Oblat mais sans jamais penser aux conséquences, car l’idée de devenir Oblat est une idée à laquelle on n’est pas censé pensé. Il fut ainsi propulsé sur un trône par nature inconfortable, mais en plus en situation de crise.
En effet, il dut s’atteler à réparer les immenses dégâts qu’avait causés son prédécesseur et en plus faire face à une découverte radicale : la vie à l’échelle galactique. Alors que Salinor avait toujours vécue en autarcie, unie, elle devait maintenant coexister avec des voisins jusqu’alors invisibles. Et ainsi se posa une question qui hanta Nahil très souvent : comment concilier les intérêts de Salinor avec ceux de la galaxie ? L’autarcie était désormais une faiblesse, Nahil devait jongler avec une situation géopolitique très fragile, où la violence s’abattit très tôt. Cela pesa de plus en plus sur Nahil, jusqu’à le rendre fort sombre. On dit que c’est cela qui causa sa maladie, et qu’il aurait pu en réchapper si il avait encore eu le désir de vivre…
Tom Bergson, historien des civilisations et ethnologue, au service du Gouvernement Galactique d’Espoir.
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Un être étrange, au teint très pâle, gagnât l’Assemblée Générale. Ses longs cheveux noirs formaient de pics sur sa tête, comme un hérisson. Chacun de ces pics était recouvert d’un tissu d’une couleur différente, prenant la forme d’un cône. Ses vêtements étaient aussi bariolés de couleurs, sans harmonie apparente, sans symétrie. Pourtant, cela semblait former un ensemble uni. Bref, il en sortait une impression forte…d’étrangeté. Son visage trop lisse était d’un blanc parfait, couleur qui ne se trouvait jamais dans ses vêtements, mais ses yeux suffisaient à ce qu’on lui sourit. Pourtant, aujourd’hui, son visage était d’un sérieux qu’on aurait dit incompatible avec tout le reste de sa personne. Il s’adressa à l’Assemblée.
Au nom de Salinor, je vous salue. Peut-être certains parmi vous se souviennent-ils de ce nom, ou encore de celui de Nahil Pellaré.
Son visage se durcit d’avantage, témoignant de l’épreuve que consistait cette prise de parole, et la souffrance à évoquer ce nom.
Ces derniers mois, Nahil fut sous l’emprise d’une grave maladie, dont tout Salinor souffrit. Il en est décédé il y a quelques jours.
J’ai été nommé, contre ma volonté, intérimaire durant la période de transition, jusqu’à la lecture testamentaire. Je me nomme Bouffon. Je n’ai pas l’habitude de la parole de politicien, veillez m’excuser d’avance si je venais à vous offusquer.
Durant cette maladie, Salinor a pris un grand retard, tout son développement se mit en pause, alors que dehors la vie battait son plein. Nous souhaitons rétablir les contacts perdus et construire de nouvelles relations avec les nations d’aujourd’hui. Peut-être le savez-vous déjà, nous avons rejoint l’équipe gouvernementale, ce qui constitue une possibilité exceptionnelle à notre réinvestissement politique, nous en remercions chaleureusement la nouvelle élue.
Merci à ceux qui ont maintenu un contact sporadique avec notre nation, et veillez accepter nos excuses du peu de participation que nous avons pu fournir pendant cette sombre période.
C’est une grande joie que de pouvoir retourner en ces lieux, même si elle est due à la perte d’un grand homme. La vie est ainsi faite.
Il se retourna un peu trop brusquement vers une place assise. Ceux qui l’observèrent attentivement purent voir que ces yeux étaient humides et son visage contrit.
Cdt. Nahil Pellaré
Respect diplomatique : 272

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24/02/308 ETU 15:29
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Il y a quatre jours.
Soupir.
Ténèbres blanches.
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Aujourd’hui.
- Maître Asur Rencard, c’est l’heure.
Devant un feu de bois, seule lumière de la pièce en pierre, une main portant un verre de vin sortit de derrière le dossier d’un fauteuil luxueux et fit signe que son propriétaire avait compris.
Enfin. Je n’en pouvais plus d’attendre. Mon destin et celui de Salinor allaient se jouer dans les prochaines heures. C’était écrit. De la main de Nahil. Son testament.
Ha, Nahil. Il sera resté lui-même jusqu’au bout. Un testament, quelle idée ! Un Oblat mort n’est plus rien, sa volonté ne doit pas intervenir dans ce qui vient après lui. C’est le rôle de la vie, du temps, du hasard de choisir un nouvel Oblat. Les testaments sont faits pour ceux qui possédaient des choses. Un Oblat ne possède rien, mais l’Oblat possède tout. Un mort n’est plus Oblat. C’est le titre qui est le véritable être, c’est un nom qui est plus que tous les hommes qui l’ont porté.
Mais Nahil a toujours été un original. Efficace, je le reconnais, mais trop hanté par des questions. Il réfléchissait au-delà de son devoir. C’est une faiblesse. Il oubliait son titre, il avait trop de personnalité. Il voulait servir Salinor au-delà de ses moyens, et il souffrait de son insuffisance. Quelle vanité inutile… Son testament sera sa dernière ingérence, la mort n’a pas suffit à le faire renoncer, mais il faudra tout de même que ça s’arrête.
Nahil, tu demandais trop. En tant que proche conseiller, je t’aidais à être plus pragmatique, à mettre des limites à tes divagations éternelles pour que tu agisses vraiment. Il ne faut pas exiger le meilleur, il faut faire le mieux.
Je me demande ce que ce testament contient. Tu sais bien que je suis celui qui doit te succéder, et je le sais aussi. Je me suis fait à cette finalité depuis longtemps déjà, tu l’as senti.
Et ce Bouffon. Il t’a toujours nui. Il attisait ton désespoir, il forçait ton esprit à s’enfoncer dans des limbes d’où tu sortais désemparé. Tu le disais ton meilleur ami, mais c’était la cause de ton malheur. Cet étranger prétendait t’apporter la sagesse des autres, mais, n’étant pas Salinorien, il ne comprenait rien à ton rôle. Il t’encourageait à réfléchir à des questions sans solution, à affiner ta perception de l’incompréhensible. Il te faisait fuit l’action. Il suffit de voir la difficulté qu’il rencontre en tant que représentant provisoire de Salinor, l’action concrète n’est pas pour lui. Mais je vais bientôt le soulager de cette tâche, et jamais plus il ne gênera la mission de l’Oblat.
Je vais maintenant vers mon destin. Pour Salinor.
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Bouffon déambulait dans les couloirs. La lecture du testament se ferait dans la salle du trône. Au bout des longs pics de ses cheveux étaient accrochées des petites clochettes, qui faisaient tinter sa démarche souple et habile. Et bien que son pas fût léger, ses pensées étaient lourdes.
Nahil, mon ami… T’ais-je aider à sombrer ? Ais-je trop fais porter sur tes épaules ?
T’ais-je tué ? Voilà ce qui me ronge.
Ton esprit se portait de lui-même à comprendre, je le sais. Je t’ai apporté ce que je savais pour t’aider sur ce chemin. Mais peut-être était-ce trop pour un homme d’aborder ces chemins ardus avec tant de responsabilités sur ses épaules. Tu as voulu grimper une montagne avec tout Salinor dans ton sac-à-dos. Et je t’encourageais à persévérer, aveugle à ta peine, trop heureux de tes avancées.
Mais à quoi bon tout cela, maintenant que la mort t’a ravi ? Je te faisais tellement fixer le sommet de la montagne que tu n’as pas su éviter le gouffre qui s’offrait à tes pieds. Nous demandions beaucoup, était-ce trop pour ta position ? J’avais facile, moi, sans responsabilités, et je t’ai emmené sur des chemins qui n’étaient peut-être pas fait pour toi.
Mais mes souvenirs seront éternels. Nos soirées passées à discuter de la galaxie, de Salinor, de nous… Deux esprits main dans la main, en quête de la sagesse. C’était dur, mais c’était bien, non ?
Maintenant, le chagrin me pèse. J’ai perdu un frère. C’est une blessure qui jamais ne sera guérie.
Quelle est cette dernière surprise que tu nous réserve ?
***************
Un testament d’Oblat étant une nouveauté exceptionnelle, une procédure exceptionnelle avait été mise en œuvre : on avait choisi le premier lettré qui passait par là pour lire le testament.
Devant lui, une maigre assemblée s’impatientait. Il se mit à lire.
Testament de Nahil Pellaré.
Ainsi donc, je suis mort ? Que c’est drôle.
La maladie ne me laissant que de rares instants de lucidité, je les ai utilisés principalement à la rédaction de ce document, en prévision du pire.
Voici mes derniers mots.
Bouffon, je sais que ta tendance à tout dramatiser va réussir à trouver une raison de culpabiliser. Cela me peinerait, bien que je ne sois plus en état de ressentir quoi que ce soit. Je ne regretterai jamais ce que nous avons partagé, alors ne le regrette pas non plus. Je suis seul responsable de tout ce que j’accomplis. Ne me fais pas la honte de me considérer comme un enfant influençable. Sois heureux de ce que nous avons accompli, et ne te désole pas que cela soit terminé. Que ma mort ne te retire pas cette légèreté d’esprit qui faisait tout ton charme, sinon ce serait une double perte. J’ai beaucoup appris à tes côtés, et cela méritait tous les sacrifices. Que l’être que j’ai aimé me survive.
Asur Rencard, fidèle conseiller, tu as toujours su me soutenir en les temps troublés qui ont été les nôtres. Tu es d’une droiture exceptionnelle, et je sais que tu considère Salinor comme un joyau pour lequel tu te donnes entièrement. Je sais que tu n’as jamais aimé mes « réflexions sordides et inutiles » comme tu les appelais, mais j’espère que tu comprendras un jour qu’il y a moyen de mieux servir Salinor qu’en se comportant comme une machine implacable, bien que cela soit nettement plus délicat.
Ainsi, voici mes dernières volontés.
Asur Rencard, tu es évidemment le nouvel Oblat.
Mais je te demande une faveur…
…que Bouffon garde un droit inaliénable d’expression à l’Assemblée Galactique, en son nom propre, car sa sagesse n’est pas à perdre, quoi que tu en penses.
Je suis très fier de vous avoir eu comme conseillers, tous les deux. L’un m’aidait à penser, l’autre à agir, vous fûtes tous deux d’un grand secours à Salinor. Ce fût un honneur d’être Oblat à vos côtés.
Je m’excuse des complications que ce document doit apporter, j’espère que vous pardonnerez la folie d’un condamné à mort qui tient encore à veiller à sa nation, à sa chérie.
Nahil Pellaré.
***************
La lecture était terminée.
Asur Rencard fronçait les sourcils.
Le visage de Bouffon était strié de chaudes larmes, ses lèves tremblotantes murmurant un « merci » muet.
***************
Assemblée Galactique
Asur Rencard, homme élancé à la mine sévère, les vêtements d’une noble sobriété, salua poliment les représentants qui lui faisaient face.
Au nom de Salinor, je vous salue. Je me nomme Asur Rencard, et je suis le nouvel Oblat de Salinor. Notre politique reste inchangée : garantir des relations durables et pacifiques avec les autres nations, afin que tous puissent jouir de la paix.
Cependant, il y a aussi quelque chose de particulier dont je dois vous faire part. Au nom de respect des dernières volontés de mon prédécesseur, j’ai promis de permettre à Bouffon, le jeune homme à l’apparence étrange qui avait jusqu’ici servit de représentant provisoire, de conserver un droit de parole dans cette assemblée. Mais sa parole n’engage désormais plus Salinor, elle se fera en son nom propre.
Je comprends que cela puisse vous scandaliser d’autoriser à un être quelconque l’expression dans ce lieu réservé aux dirigeants et représentants de grandes nations. Croyez-moi bien, je n’ai nulle volonté de vous offusquer, et c’est à contrecœur que j’ai cédé. Si jamais certains d’entre vous avaient à s’en plaindre, qu’ils n’hésitent pas à m’en faire part pour que je règle ce problème.
Mes hommages.
L’attitude altière et droite, il s’en alla à sa nouvelle place.

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