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Cdte. Kiera du Darshan
Respect diplomatique : 1201 12/03/308 ETU 17:27 |
Score : 7
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RP privé, merci de ne pas poster. Requiem se prélassait dans un grand fauteuil en cuir. Le salon privé de Kiera était largement décoré. La petite fille s'amusait sur le canapé. Elle torturait paisiblement une poupée avec des aiguilles. Requiem ouvrit les yeux. Sur sa gauche, une grande bibliothèque masquait le mur. Le vampire tendit le bras pour en saisir un ouvrage. "Utopie et Révolution" Il le feuilleta. Ce n'était pas un livre construit par thème ou par chapitre. Il regorgeait d'une multitude d'anecdotes. Il prit une page au hazard. Utopie de Rabelais : En 1532 dans l'ancien temps, François Rabelais proposa sa vision personnelle de la cité utopique idéale en décrivant, dans Garantua, l'abbaye de thélème. Pas de gouvernement, car, pense Rabelais "Comment pourrait-on gouverner autrui quand on ne sait pas se gouverner soi-même ?". Sans gouvernement, les Thélémites agissent donc "selon leur bon vouloir" avec, pour devise "Fais ce que tu voudras". Pour que l'utopie réussisse, les hôtes de l'abbaye de Thélème sont triés sur le volet. N'y sont admis que des hommes et des femmes bien nés, libres d'esprit, instruits, vertueux, beaux et "bien naturés". On y entre à 10 ans pour les femmes, à 12 pour les hommes. Dans la journée, chacun fait donc ce qu'il veut, travaille si cela lui chante et, sinon, se repose, boit, s'amuse, fait l'amour. Les horloges ont été supprimées, ce qui évite toute notion du temps qui passe. On se réveille à son gré, mange quand on a faim. L'agitation, la violence, les querelles sont bannies. Des domestiques et des artisans installés à l'exterieur de l'abbaye sont chargés des travaux pénibles. Rabelais décrit son utopie. Il y avait plusieurs gravures représentant le lieu. L'abbaye devra être construite en bord de fleuve, dans la forêt. Elle comprendra 9332 chambres. Pas de murs d'enceinte car "les murailles entretiennent les conspirations". Six tours rondes de 60 pas de diamètre. Chaque bâtiments sera haut de 10 étages. Un tout-à-l'égout débouchera dans le fleuve. De nombreuses bibliothèques, un parc enrichi d'un délabyrinthe et une fontaine au centre. Rabelais n'était pas dupe. Il savait que son abbaye idéale serait forcément détruite par la démagogie, les doctrines absurdes et la discorde, ou tout simplement par des broutilles, mais il était convaincu que cela valait quand même la peine d'essayer. Requiem resta perplexe. Il feuilleta à nouveau les pages...
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Cdte. Kiera du Darshan
Respect diplomatique : 1201 13/03/308 ETU 23:37 |
Score : 4
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Requiem parcourait lentement le papier du bout des doigts. Certaines pages étaient très vieille, d'autres plus jeune. Certaines n'étaient même pas du papier... Requiem referma d'un coup le grand livre poussiéreux. Kiera ne réagit pas. Requiem se demandait qui avait écrit ce livre. Il n'y trouva aucun nom, aucun inscription sur le cuir, à part le titre. Il rouvrit une page au hazard. La révolution des enfants de Chengdu. Jusqu'en 1967, Chengdu, Capitale de la province chinoise du Sichuan, était une ville tranquille. A 1000 mètres d'altitude sur le flanc de la chaîne himalayenne, cette cité fortifiée comptait 3Mo d'habitants qui, pour la plupart, étaient dans l'ignorance de ce qui se passait à Pékin ou à Shanghai. Or, à l'époque, ces grandes métropoles commençaient à être surpeuplées et Mao Tsé-Toung avait décidé de les vider. On sépara les familles, envoyant les parents s'échiner à la campagne dans les champs et les enfants dans des centres de formation de Gardes rouges afin d'en faire de bons communistes. ces centres étaient de véritable camps de travail. Les conditions de vie étaient très pénibles. Les enfants y étaient mal nourris. On expérimentait sur eux des aliments cellulosiques à base de sciure de bois et ils mourraient comme des mouches. Cependant, Pékin était agité par des disputes de palais ; il advint que Lin Piao, dauphin officiel de Mao et responsable des gardes rouges, tomba en disgrâce. Les cadres du Parti incitèrent alors les enfants Gardes rouges à se révolter contre leurs geôliers. Subtilité toute chinoise : c'était au nom du maoïsme que les enfants avaient dorénavant le devoir de s'évader de camps maoïstes et de rouer de coup leurs instructeurs. Libérés, les enfants Gardes rouges se répandirent à travers le pays sous prétexte de prêcher la bonne parole maoïste contre l'Etat corrompu. en fait, la plupart cherchaient surtout à s'évader de Chine. Ils prirent d'assaut les gares et partirent vers l'ouest où les rumeurs assuraient qu'il existait une filière permettant aux enfants de traverser clandestinement la frontière et de passer en territoire Indien. Or, tous les trains se dirigeant se dirigeant vers l'ouest avaient pour terminus Chengdu. C'est donc dans cette ville montagneuse que débarquèrent des milliers de "scouts" âgés de 13 à 15ans. Au début, cela ne se passa pas trop mal. Les enfants racontèrent comment ils avaient souffert dans les camps de Gardes rouges et t la population de Chengdu les prit en pitié. On leur offrit des friandises, on les nourrit, on leur donna des tentes où dormir, des couvertures pour se réchauffer. Mais le flot continuait à se déverser dans la gare de Chengdu. De 1000 qu'ils étaient d'abord, il y eut bientôt 200 000 fugitifs. Dès lors, la bonne volonté des citoyens du lieu ne suffit plus à les satisfaire. Le chapardage se généralisa. Les commerçants qui refusaient d'être volés se faisaient tabasser. Ils se plaignirent au Maire de la ville, lequel n'eut pas le temps de réagir car les enfants vinrent le chercher pour l'obliger à se livrer à une autocritique publique. A la suite de quoi, il fut rossé et contraint de déguerpir. Les enfants organisèrent alors une élection d'un nouveau maire et présentèrent "leur" candidat., un gamin joufflu de 13ans paraissant un peu plus que son âge, qui disposait d'un charisme certains pour que les autres Gardes rouges le respectent. La ville se couvrit d'affiches incitant les électeurs à voter pour lui. Comme il n'était pas bon orateur, des dazibaos firent connaître ses projets. Il fut élu sans difficulté, et instaura un gouvernement d'enfants dont le doyen était un conseiller municipal de 15ans. Le chapardage n'était plus un délit. Tous les commerçants furent astreints à un impôt de l'invention du nouveau maire. Chaque habitant se devait d'offrir un logement aux Gardes rouges. Comme la ville était très isolée, nul fut informé de la victoire électorale des enfants. Les bourgeois du lieu s'en inquiétèrent cependant et envoyèrent une délégation avertir le préfet de la région. Ce dernier prit l'affaire très au sérieux et demanda à Pekin de faire donner l'armée pour réduire les insurgés. Contre 200 000 enfants la Capitale envoya des centaines de chars et des milliers de soldats surarmés. Leur consigne : "Tuez tous les moins de 15ans." Les enfants tentèrent de résister dans cette cité fortifiée de cinq murailles d'enceinte, mais la population de Chengdu ne les retint pas. Elle était surtout soucieuse de protéger ses propres jeunes en leur cherchant des refuges dans la montagne. Deux jours durant, ce fut la guerre des adultes contre les enfants. L'Armée rouge dut faire appel au final à des bombardements aériens pour réduire les dernières poches de résistance. Tous les gamins furent tués. L'affaire ne se sera pas ébruitée car, peu de temps après, le président américain Richard Nixon rencontrait Mao Tsé-Toung et l'heure n'était plus à critiquer la Chine. Requiem releva la tête, pensif. Elle regarda en fin de page, toujours pas de nom. Que penser d'un ouvrage qui n'a pas d'auteur ? Est-il est une source fiable ? Requiem se leva. La Chine. Qu'est ce que c'était ? Quel nom ridicule pour un empire ! Le vampire prit un livre sur les anciens mondes. Il tomba sur l'une des dernière carte de la très ancienne Terra. La carte de la planète. Type : Tempéré. Nombre d'habitant : Inconnu Type de Gouvernement : Anarchie Il vit les continents, les pays. La Chine. La Chine avait vraiment existé. Requiem considéra le vieil ouvrage du coin de l'œil. Après tout, qu'avait-il à perdre ? Même son temps lui était infini...
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Cdte. Kiera du Darshan
Respect diplomatique : 1201 16/03/308 ETU 22:47 |
Score : 4
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Requiem retourna dans son fauteuil. Cette bibliothèque est fascinante... Kiera releva la tête. Oui, cette bibliothèque est l'une des très rares choses que l'on a pu sauver lorsque nous avons fuit notre planète natale. Vraiment ? ... Le vampire faisait tourné machinalement le livre entre ses mains, pensif. Kiera se leva et s'approcha de Requiem. Que lis-tu ? Un livre... Utopie et Révolution... Mais il n'y a pas d'auteur. C'est pas étonnant. La plupart de ces livres ont été écrit dans la clandestinité. Lorsque nous avons été envahit, les syphriates ne voulaient pas que l'on s'instruise. L'instruction rend les esprits difficiles à manipuler. Les Syphriates ? Oui, ce sont eux qui envahit notre planète. Notre culture était transmise oralement, ou par des livres clandestins. Ils ne portent pas d'auteur, car sinon ceux ci auraient été hors-la-loi. Il y a là l'histoire et les experiences de mes ancêtres... Kiera repartit torturer sa poupée. Finalement, les humains n'étaient peut être pas si stupide ? Requiem rouvrit une page au hazard. Censure Autrefois, afin que certaines idées jugées subversives par le pouvoir en place n'atteignent pas le grand public, une instance policière avait été instaurée : la censure d'Etat, chargée d'interdire purement et simplement la propagation des œuvres trop "subversives". Aujourd'hui, la censure a changé de visage. Ce n'est plus le manque qui agit mais l'abondance. Sous l'avalanche ininterrompue d'informations insignifiantes, plus personne ne sait où puiser les informations intéressantes. en diffusant à la tonne toutes sortes de musiques similaires, les producteurs de disques empêchent l'émergence de nouveaux courants musicaux. En sortant des milliers de livres par mois, les éditeurs empêchent l'émergence de nouveaux courants littéraires. ceux-ci seraient de toute façon bien enfouis sous la masse de la production. La profusion d'insipidités similaires bloque la création originale, et même les critiques qui devraient filtrer cette masse n'ont plus le temps de tout lire, tout voir, tout écouter... Si bien qu'on en arrive à se paradoxe : Plus il y a de chaînes de télévision, de radios, de journaux, de supports médiatiques, moins il y a diversité de création. La grisaille se répand. Cela fait partie de la même logique ancienne : il faut qu'il n'apparaisse rien "d'original" qui puisse remettre en cause le système. Tant d'énergie est dépensée pour que tout soit bien immobile. Requiem, comme à chaque fin de page, resta perplexe. Le temps où vivait cet auteur n'avait rien à envier...
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Cdte. Witch
Respect diplomatique : 2607 16/03/308 ETU 23:00 |
Score : 0
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C'est ainsi que les poètes furent massacrés...
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Cdte. Kiera du Darshan
Respect diplomatique : 1201 29/03/308 ETU 17:26 |
Message édité -
Score : 2
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Requiem recommença l'opération : Il ferma le livre et le rouvrit à une page au hazard. Utopie des Adamites En 1420, s'est produite en Bohême la révolte des Hussites. Précurseurs du protestantisme, ils réclamaient la réforme du clergé et le départ des seigneurs allemands. Un groupe plus radical se détacha du mouvement : Les Adamites. Eu remettaient en cause non seulement l'église mais la société tout entière. Ils estimaient que la meilleure manière de se rapprocher de Dieu serait de vivre dans les mêmes conditions qu'Adam, le premier homme avant le péché originel. D'où leur appellation. Ils s'installèrent sur une île du fleuve Moldau, non loin de Prague. Ils y vécurent nus, en communauté, mettant tous leurs biens en commun et faisant de leur mieux pour recréer les conditions de vie du Paradis terrestre, avant la "Faute". Toutes les structures sociales étaient bannies. Ils avaient supprimé l'argent, le travail, la noblesse, la bourgeoisie, l'administration, l'armée. Ils s'interdisaient de cultiver la terre et se nourrissaient de fruits et de légumes sauvages. Ils étaient végétariens et pratiquaient le culte direct de Dieu, sans église et sans clergé intermédiaires. Ils irritaient évidemment leurs voisins hussites qui ne prisaient guère tant de radicalisme. Certes, on pouvait simplifier le culte de Dieu, mais pas à ce point. Les Seigneurs hussites et leurs armées encerclèrent les Adamites sur leur île et massacrèrent, jusqu'au dernier, ces hippies avant l'heure...
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