Vers 5h du matin, à l'heure où le soleil se lève sur la foret Vivace, des oiseaux s'envolent à l'Est, jusqu'à couvrir le ciel.

Quelque chose se trame là-bas.

Wistyo, le Chef de la meute de la Nuit regarde à l'Est.

Il sait ce que cela signifie.

Il sait ce qui fait s'envoler les oiseaux, se terrer dans leurs terriers les lapins et les lièvres, ce qui fait courir à toutes jambes les cerfs et les biches.

Des bruits de pas et de trompettes se font entendre à l'Est et cela se rapproche, aussitôt il saute de son rocher et s'enfonce dans la tanière sous celui-ci.

Là, se trouvent une louve et deux petits, tous les trois dorment.

Les jeunes loups ne sont encore sortis que quelques fois de la tanière, ils ne connaissent que très peu le monde qui les entoure.

Wistyo poussa un cri ce qui réveilla les deux petits loups et la louve.

Wistyo leurs fit signe de les suivre.

Les jeunes loups commencèrent à téter la louve mais celle-ci se leva brusquement et suivit Wistyo qui sortait de la caverne.

Les deux petits qui avaient faim suivirent leur mère.

Lorsqu'ils atteignirent l'antre de la tanière, la plupart des loups de la meute était là, les louves léchaient la tète de leurs louveteaux et les mâles étaient tous ensemble.

Ils semblèrent se parler grâce à des grognements et des hurlements.

Puis Wistyo rejoignit le groupe et ils se remirent tous à grogner et hurler pendant que les deux louveteaux tétaient leur mère.

Soudain, Wistyo les rejoignit, il émit à nouveau quelques grognements et la louve se leva.

Wistyo poussa un long hurlement puis commença à marcher vers l'Est alors que les bruits de pas, les cris et les trompettes semblaient être à quelques centaines de mètres d'eux.

Toute la meute suivit Wistyo.

Après quelques minutes au pas, certains loups prirent à gauche en hurlent de toutes leurs forces afin d'attirer les chasseurs qui se rapprochaient d'eux.

Wistyo accéléra le rythme, les louveteaux avaient du mal à suive l'allure de leur mère, elle devait sans cesse les pousser avec le museau..

Des coups de feux se firent entendre derrière eux.

Les loups qui avaient tenté de faire diversion avaient été abattus.

Wistyo accéléra encore le pas.

Les loups les plus faibles finirent bientôt par être distancés par les plus forts.

Les louves veillaient sur leurs petits et prenaient elles aussi du retard.

Bientôt, ils arrivèrent au bord d'une grande rivière.

Les loups adultes la franchirent tout en nageant et en sautant de rochers en rochers.

Les louves firent de même en montrant à leurs petits comment faire mais ils restèrent sur la rive.

A chaque fois qu'un d'entre eux commençait à courir en direction de la rivière, il s'arrêtait à quelques pas de l'eau.

Ils n'avaient encore jamais nagé.

Les bruits se rapprochaient derrière eux puis un chien de chasse apparut entre deux buissons.

Il aboya puis se mit à courir en direction des louveteaux.

Les mâles avaient continué à marcher en direction de l'Est, les louves sautèrent toutes à l'eau pour rejoindre leurs louveteaux mais lorsqu'elles arrivèrent sur la rive, le chien tenait déjà entre ses crocs la gorge de l'un des louveteaux.

Lorsqu'il vit les louves foncer sur lui, il lâcha prise mais le louveteau était déjà mort.

Les louves l'encerclèrent mais avant qu'elles n'aient pu attaquer, les chasseurs étaient là avec des dizaines, des centaines de chiens.

Les chasseurs ouvrirent le feu sur les louves qui tombaient une par une pendant que les chiens courraient en direction des louveteaux.

Coincés entre la rive et les chiens, ils ne surent quoi faire.

L'un d'eux courut en direction de la rivière, il sauta à l'eau mais le courant l'emporta.

Les autres se mirent à courir eux aussi en direction de l'eau mais les chiens les attrapèrent.

Bientôt, il ne resta près de la rive que des corps de louves et de jeunes loups, leurs poils ensanglantés, déchiquetés par les morsures des chiens, troués par les balles des chasseurs qui n'étaient là que pour tuer.

Les mâles étaient déjà loin, les chasseurs installèrent leur bivouac près de la rive.

Le louveteau qui avait sauté à l'eau et qui avait été emporté par le courant était le seul survivant de cette boucherie.

Le courant l'emportait, il avait du mal à garder la tète hors de l'eau et il touchait souvent des rocs dans l'eau qui lui entaillaient la peau.

Le louveteau se cogna sur l'un d'eux et s'évanouit.

Son corps continua de flotter jusqu'à la lisière de la forêt ou il s'échoua sur la rive après plusieurs heures.

Lorsqu'il se réveilla, il avait mal partout, le sable de la berge s'était incrusté dans ses blessures.

Il se releva dans la souffrance et aperçut face à lui une prairie et une grande maison.

Des plantes étranges poussaient autour de la maison, sur certaines d'entres elles pendaient de gros fruits violet, rose et d'autres couleurs.

Le loup se rapprocha dans la douleur de la maison et là, il vit une belle femme portant dans ses bras un petit enfant.

Le loup qui avait vu les chasseurs tuer sa mère et sa sœur et toutes les autres louves et leurs louveteaux eut peur de la femme.

Il tenta de courir vers la rivière mais il tomba.

La femme qui l'avait vu posa le petit enfant devant un gros chat et courut en direction du loup.

Arrivée auprès de lui, elle s'assit et le prit sur dans ses bras.

Le loup la regarda dans les yeux, ces yeux ne reflétaient pas la haine comme ceux des chasseurs, mais plutôt la gentillesse.

Et sur cette image, le loup s'évanouit à nouveau.

Eléa surveillait son réveil avec appréhension.

Le jeune loup se réveilla sur une étrange étendue blanche et moelleuse.

Lorsqu'il se mit sur ses pattes, il constata que ses blessures avaient commencé à se refermer, et que ses os cassés s’étaient reformés.

Il ne savait pas qui avait fait cela, il n'avait aucun souvenir à part les chasseurs et les yeux remplis de gentillesse qu'il avait vus.

Il commença à avancer en s’enfonçant dans la matière blanche.

Après quelques pas, il arriva au bord de la matière blanche et quelques centimètres en dessous il y avait un sol fait de bois.

Le loup n'osa pas sauter, il était encore trop fragile.

Il s'assit alors au bord mais la matière s’enfonça sous son poids et le fit tomber sur le sol.

Il émit un léger couinement et se releva.

Il découvrit alors que sous la matière blanche il y avait encore le sol, il passa dessous en rampant.

La matière blanche semblait être maintenant au dessus de sa tète, tenue par quatre bouts de bois aux extrémités.

Il rampa jusqu’à sortir de dessous de la matière.

Il se releva et regarda une dernière fois la matière blanche et il découvrit sur celle-ci un gros chat qui le fixait et à côté de lui, était étendue la femme qui avait les yeux dont se souvenait le loup.

Le chat ouvrit plusieurs fois la bouche et émit de drôles de sons que le loup ne comprit pas.

Mais la femme à côté de lui se retourna, s'assit au bord du lit et regarda le loup.

Elle tendit vers lui sa main, ses yeux reflétaient la même gentillesse que la première fois que le loup les avaient vus.

Il s'approcha donc de la femme, lorsqu'il fut assez près, elle passa sa main dans la fourrure du loup.

Lorsqu'elle s’arrêta, le loup donna un petit coup de truffe dans sa main pour qu'elle recommence, cela lui faisait du bien.

Puis elle se leva et s’accroupit auprès du loup pour le caresser avec ses deux mains, celui si se coucha sur le dos.