Bonsoir à tous,

Si je suis ici, maintenant, ce n'est pas pour vous annoncer de réjouissantes nouvelles. Je crois d'ailleurs que ces nouvelles ne vous seront pas non plus affligeantes. Ne souhaitant pas vous faire perdre votre temps plus longuement, je vais aller droit au but. Je tire ma révérence. Mon aventure ici n'aura pas été de longue durée, mais riche en rencontres.

En effet, et ce grâce à vous tous, j'ai appris tant de choses : j'ai tout simplement découvert la vie. Mon parcours a été une succession d'échecs, plus navrants les uns que les autres. Vous m'avez donné une chance ; celle de tout recommencer à zéro. Malheureusement, pour moi il est déjà trop tard. Je suis malade. Mortellement malade.

Durant ma jeunesse je n'accordais pas tellement d'importance à la vie. Et pour cause : nous ne sommes que poussière dans cet Univers démesuré. De plus, tout ce que les Hommes ont fait prouve bien que je n'étais pas l'unique à penser de la sorte. Nous sommes tous conditionnés pour ne penser qu'à son propre avenir, notre bonté ne se réduisant qu'à notre cercle de proches. Pour tous les autres, pas un geste. Bien sûr, vous m'avez prouvé le contraire.

Il est vrai que la mort n'est qu'un passage de la vie, passage que tous nous devrons emprunter un jour. Nous sommes limités dans le temps et sommes amenés à disparaître. Seuls perdureront alors nos choix et nos actes. Et les souvenirs que nous laissons. La mort est un mystère encore jamais percé... et celui qui le perce n'a pas l'occasion de dévoiler ses secrets !

Je pense que chaque existence a un rôle précis. Il est évidemment difficile de croire cela quand on voit des milliers de gens mourir sous le joug de tyrans, mais j'aime à le penser. Cela redonne espoir. Cela donne envie de vivre, car on ne sait pas de quoi demain sera fait. Nous ne sommes peut-être que poussière dans ce monde mais nous sommes doués de pensée. En cela je suis heureux de n'être qu'une personne insignifiante de cette Univers.

Tout cela pour dire que c'est aujourd'hui à moi de marcher aux côtés de la Mort. Ce n'est pas tant la peur qui me tenaille le ventre... Mais plutôt une incommensurable curiosité. Quelqu'un, dans une époque lointaine, a dit un jour : « Quand la mort vous sourit, tout ce qu'on peut faire c'est sourire à la mort ». Alors je lui sourirai. Et nous avancerons en égaux vers des sentiers inconnus.