Le Soleil encore étincelant, rouge, règne en maître sur le ciel embrasé, alors qu'il décline irrémédiablement, témoins des eaux déchainées de l'océan. La falaise blanche se teint à l'étreinte des rayons larmoyants, tel un colosse saigné par l'astre conquérant. L'écume fraîche lèche la roche de sang, pénétrant dans l'abîme sinistre de la mer.

Au sommet de la falaise, bravant le vent, deux guillotines surplombent la falaise. Deux lames s'illuminent, comme un affront au disque solaire, elles rejettent sa lumière chaleureuse. Les deux condamnés attendent leur heure : Leroux et Cérèscamba. Leur haine vibre dans leurs yeux, le destin fouette leur visage masqué par la colère sans fin. Il ne parlent pas, il ne bougent plus soumis à l'enlacement maladif de l'arme fatale, à l'effroi des larmes mortelles. Les hommes restent de pierre et les éléments révoltés se déchainent.

Sirius, impassible, suivi par une sombre femme, d'un geste, les condamne. Les lames délivrées commencent leur descente vers l'enfer. L'ombre tient fermement un manche, magnifique, sculpté d'ivoire, d'un blanc pur, éclatant, la gravure fine représente une divinité, déesse amoureuse au cœur perdu. Elle en transperce un autre, profondément enfouie. Le temps de la terreur est venu. La course des lames s'achève. Deux têtes tombent, une couronne vacillent, trois corps s'effondrent.

Ses cheveux flottent au vent, les fantômes s'envolent. Elle reste seule sous la lueur bleue du spectre lunaire. Son sourire macabre accapare son visage de glace, ses yeux injectés de sang s'illuminent. Elle est le nouveau Sirius, l'astre de la nuit guidant les âmes errantes dans les ténèbres perfides.

La porte majestueuse grince, le bois massif craque, elle se met en mouvement. La femme du démon regarde déterminée son trophé. Il siège, gardé par des armures infaillibles et soumises, elles s'agenouillent devant leur reine : le nouveau Sirius. L'objet qu'elle convoitait : un trône taillé à même le tronc de ce qui fut un séquoia géant. Le siège de l'empereur n'est qu'une vieille souche, mais façonnée avec la précision de mains d'orfèvres. Il est l'Empire, sa dualité. Un ange à gauche, un démon à droite, il s'enlacent, s'embrassent, de leur corps tortueux semblent couler la vie à travers les veines mouvantes du bois millénaire. Ils forment le dossier sur lequel repose le Sirius, sa ligne de conduite et son destin, la liberté enracinée, la folie raisonnée, les pleurs riant. Le bien et le mal n'existe pas pour le Sirius, ses outils sont les deux enfants que forment les accoudoirs, l'un aux yeux noircis par les flammes de l'enfer tend une flèche à son arc, l'autre tend un coffret rempli en permanence de bijoux, de diamants et de rubis.

Avec un silence de mort, elle s'assoie, replie ses jambes et les enrobent dans ses bras. Telle une enfant timide elle enfouit sa tête dans ce cocon improvisé. Les gardes silencieux allument l'hologramme.

Elle relève légèrement la tête.

« Le Sirius que vous avez connu n'est plus, et je prends la tête de l'empire Sirien. Ce vieil homme était un pauvre fou qui allait d'échec en échec.

Je prends donc la relève et redéfinit complètement la stratégie de l'Empire.

Vous n'êtes tous qu'une bande de mous... pire que ce vieux fou. J'ai été longtemps à ses côtés... j'ai analysé ses réactions et les vôtres. Si vous menez un peuple comme vous menez le débat ici-même je crains pour les milliards d'âmes qui vivent dans cette galaxie. Aucune vision à long terme, vous vous occupez de vos affaires au jour le jour, vous comptez tous les jours vos possessions, vos planètes, vos vaisseaux, votre fortune et ne cherchez qu'à les accroître.

Vous n'êtes pas digne de votre rang et vous êtes plus pitoyables que le plus pauvre de mes sujets !

Je délivrerai les peuples de cette galaxie de la torpeur dans laquelle ses dirigeant la mène. Le Songe n'est pas dormir, le Songe est voir au-delà du réel, voir plus loin que quiconque, entrevoir l'imaginaire et le prendre comme destination. Le Songe est l'utopie réalisée dans votre esprit.

Alors, commandants êtes-vous des moutons ou des dirigeants ? »

Sheeps rit d'un rire franc en entendant la remplaçante de Sirius s'exprimer.

faites vous de l'humour très chère ? Bien sur que je suis un commandant, un dirigeant. mais je suis aussi un Sheepien...

vous parlez d'avoir des projets a long termes... mais a quoi cela sert il ? avoir des projets c'est bien... les réaliser c'est mieux. agissez plutôt que de palabrer...

la menace Legion est trop présente pour qu'on la laisse de côté !

ne sera reconnu comme mon chef que celui qui décide enfin de s'occuper du mal qui règne dans notre galaxie...

a quoi cela sert il de gouverner sur une galaxie morte ? vide de vie ?

alors sauvez déjà vos "futurs" sujets... nous verrons les formules administratives après...