- Quel est l'état de la situation, général ? Toutes les dispositions ont été prises ?

- Oui, Régent. L'intégralité de la population a reçu les pilules Oméga. Les rapports en provenance de nos différents mondes font état de débordements plutôt limités. Globalement, la population attend l'issue finale avec un calme surprenant. Les cas de suicides collectifs sont toutefois très nombreux.

On note aussi d'importantes concentrations de populations sur les plages et dans les sites remarquables des différents mondes, ils y font la fête et chantent.

Les bâtiments religieux ont également été pris d'assaut et les liturgies se déroulent de façon permanente.

Les circuits d'approvisionnement ont en revanche été totalement désorganisés. Les abris publics ou privés ont été pris d'assaut et les différents stocks mis au pillage par les gens réfugiés dans les abris souterrains publics ou privés qui ont été pris d'assaut.

- Nous savons très bien que ça ne servira à rien puisque les rapports indiquent un niveau de destruction très au-dessus des plus fortes catastrophes atomiques que nous ayons connu, aucun abri ne résistera.

- A ce sujet, Régent, le complexe souterrain fortifié gouvernemental est prêt à vous recevoir, ainsi que l'ensemble des autorités. Situé à plusieurs kilomètres sous la surface, Il est suffisamment profond pour avoir une chance raisonnable de résister à l'impact. Le temps presse, votre vaisseau attend pour que nous le rallions sans délai et nous avons tout juste le temps de le faire.

-Alors embarquez, général. Et avant de partir apportez-moi mon sabre d'honneur, celui que je reçus il y a bien des années lors de mon accession à la tête de notre peuple.

- Mais enfin..

- Faites ce que je vous demande. j'ai trop vécu pour souhaiter voir la naissance d'un monde nouveau, je me contenterai de voir finir celui que j'ai connu. Adieu, général, ça a été un honneur de vous commander.

Son aide-de-camp parti, il s'installa à son vaste bureau dont l'immense baie vitrée révélait à l'infini le panorama de sa capitale, désormais figée et silencieuse.

Il disposa près de lui son sabre dégainé de son fourreau, se versa un verre de cognac et contempla silencieusement l'horizon, un énigmatique sourire éclairant son visage.