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Les devoirs du Chef d'Etat Major

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Cdt. Thrawn
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15/10/1012 ETU 01:21
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A l'heure prévue, la navette intercontinentale se pose sur le terrain attenant la demeure du Chef d'Etat-Major. Elle porte les codes d'identification du Synode des Croyances. Les fonctionnaires religieux sont toujours à l'heure ...
Une fois les portes automatiques ouvertes, le passager tente de s'extraire de l'habitacle. Si l'arrière-train semble accepter la rotation vectorielle demandée, il semble que l'imposant ventre refuse de se mouvoir et reste collé au dossier du siège avant. Le visage rougi par l'effort, l'Hyperspatio-Diacre Fridolin bataille ferme pour sortir de l'engin atmosphérique. Voyant la bataille perdue, l'un des agents du Synode des Religions se penche pour aider le vieil homme : il en profite, délicatement, pour déclencher l'ouverture de la ceinture de sécurité. Libéré, le passager tente de terminer son mouvement de sortie : fesses en avant, il fait son entrée dans l'Histoire de Ker Mernac'h. Son mouvement avait impressionné les analystes politiques en rassemblant 23% des voix aux dernières élections religieuses. Lancé dans une vieille grange abandonnée, la Chapelle des Hommes Dieux s'est répandue dans la société à la vitesse d'un feu de prairie. l'Hyperspatio-Diacre disposait de représentants au sein du Synode et la Tradition imposait qu'il fût reçu par le Chef d'Etat-Major en personne pour accorder les différentes branches du pouvoir.
L'Hyperspatio-Diacre convertissait en masse avec des sermons passionés mais il "enfilait" en masse aussi que l'indiquaient les rapports des renseignements intérieurs. Filles ou garçons, jeunes, moins jeunes, il semble que l'appétit de l'homme pour la chaire est pantagruélique. "Plusieurs fois par jour" ... Grand (2.0m), assez enveloppé (environ 120 kg), Fridolin avait une longue tignasse des cheveux blancs et portait une éternelle robe bleue délavée. A 60 ans, il avait encore une carrure solide et sportive malgré les bourrelets bedonnants de son ventre.
Mais l'homme est moins impressionnant avec les fesses en avant tout en les secouant pour quitter cette carlingue.
Au bout de quelques secondes, il est dehors. Visage tourné vers le soleil, il sourit. La contemplation de l'astre fut perturbée par un petit bruit qui va en s'amplifiant : l'Hyperspatio-Diacre pête ! Quand le vent sorti de ses entrailles est terminé, il assouplit ses genoux par quelques flexions empotées mais énergiques. Puis il assouplit ses poignets par quelques moulinets de ses mains. A moins qu'il ne dissipe le nuage puant qui devait l'entourer. Il prend ensuite le petit chemin qui mène au jardin extérieur et décide de sauter par-dessus le petit muret délimitant l'entrée. Le mouvement athlétique est emprunté, balançant sa jambe plusieurs fois, les personnes présentes entendent le vieil homme prononcer quelques mots guillerets :
"Et hop !"
Le corps s'envole sous l'effet d'une énergique pulsion. Le ventre tremble, la sueur coule maintenant le long de ses tempes.
Miracle ! Hosanna ! Alleluia ! Sonnez buccins ! l'Hyperspatio-Diacre est passé ! Le geste n'avait rien d'académique et tout indiquait un joli écrabouillement du nez sur le gravier pourtant ... Après quelques pas, il se baisse, faisant craquer ses genoux, et observe une petite fleur rose. Il la cueille et la mange conscienceusement. Il la mâchouille lentement, l'engloutit puis rôte, indiquant son contentement gustatif.
Et il a 17 sièges au Synode des Croyances ...
Avec un air béat, l'Hyperspatio-Diacre Fridolin finit les quelques pas qui le séparent du Chef d'Etat-Major.
"Hyperspatio-Diacre Fridolin, soyez le bienvenu !"
Les mains croisées dans le dos, le vieil homme regardait le Chef d'Etat-Major.
"Général, j'attends cette entrevue avec impatience."
La longue aube bleue de l'Hyperspatio-Diacre était loin d'être immaculée : quelques traces de repas sur les manches, un tissu élimé dans son ensemble, des auréoles sous les bras. Incontestablement, l'homme ne courait pas après la fortune ou alors il avait des goûts frisant le ridicule voire le sabotage. La Tradition imposait que les nouveaux cultes soient reçus par le Chef d’État Major afin de lever d'éventuels doutes ou incompréhensions. L'entrevue pouvait-elle déboucher sur quelque chose de sérieux ? Ou alors allons-nous nous diriger vers l'une de ses soirées coincées que la bourgeoisie et la noblesse aimait tellement ? Les petits fours seraient-ils cuits parfaitement ? L'eau serait-elle assez fraîche ? Le vin bien rouge ?
Cdt. Thrawn
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22/10/1012 ETU 12:00
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http://www.youtube.com/watch?v=bJ9r8LMU9bQ
Dans le salon, un soldat de l'Armée Planétaire avait été réquisitionné pour faire le service : impeccable dans sa tenue de parade, il se tenait droit comme un "i", attendant d'être interpelé. Le Général Thrawn mena l'Hyperspatio-Diacre vers un buffet regorgeant de différents mets, boissons, couverts, serviettes aux armes de l'Armée Planétaire, bouteilles ... L'intendance avait suivi les recommandations des services de renseignements intérieurs concernant les goût de l'invité. Sauf qu'en l'occurence, il ne pourrait tenter une activité sexuelle qu'avec le planton ou avec le Chef d'Etat Major. Le rapport avait prévenu que cela risquait d'être un problème s'il venait au religieux de vouloir. Pour l'occasion, le Général Thrawn avait revêtu un uniforme assez quelconque, craignant d'une part d'exciter le religieux mais répugnant toujours aux fastes de l'exercice du pouvoir. Le soldat avait été choisi parce qu'il aimait autant les hommes. "On ne sait jamais" avait dit le responsable du protocole, "évitons un scandale politique dès le premier entretien".
L'Hyperspatio Diacre se dirigea d'un pas guilleret et attrapa une pleine poignée de cacahuètes qu'il engouffra d'un seul coup. Mâchant pensivement mais rapidement, il se servit rapidement une verre de vin rouge qu'il avala aussi sec. Pendant quelques secondes, il prit le temps de découvrir le buffet qui était servi devant lui. Il décide alors de goûter quelques olives vertes faisant de nombreux bruits de succion en les avalant. Le Général Thrawn resta quelques pas derrière lui, attendant que le vieil homme se fut empiffré un minimum. Tour à tour, l'opération de destruction systématique atteint les petits cubes de charcuterie, les poissons grillés, quelques fruits, une demi boule de pain parfumée, une cruche de vin complète et une bonne partie d'une magnifique bouteille d'alcool fort qu'une des colonies du Secteur 10 produisait selon une méthode gardée farouchement secrète.
L'aube bleue ne cessait de se salir au fur et à mesure que le vieil homme s'empiffrait. A force de s'essuyer sur ses manches, celles-ci prenaient une teinte aussi coupable que pas très nette. Le silence semblait peser sur le soldat qui ne cessait de lancer des regards au Général puis au religieux mais Thrawn se força à garder le silence tandis que l'extermination complète du buffet avançait rapidement. La barbe blanche gardait maintes preuves du génocide alimentaire et l'horloge ne cessait d'égréner les longues minutes qui passaient.
Au bout de quelques temps, le vieil homme se tourna vers le Général, l'air coupable de l'enfant qui avait oublié quelque chose d'important.
"Au fait, Général, vous ne vous êtes rien servi ? J'ai bientôt fini mon buffet mais je ne vois rien pour vous ?"
Le sourire du Général Thrawn vint tout naturellement.
"C'était pour nous deux."
Essayant ses mains grasses sur son aube, Fridolin sourit à son tour.
"J'espère ne pas remettre en cause l'efficacité de l'Armée Planétaire en vous privant d'un repas aussi délicieux ?"
Le Chef d'Etat Major alla s'assoir dans un fauteuil près du buffet avant de répondre.
"Le pire est à craindre, vous me trouvez au seuil de l'inanition biologique."
La crinière blanche s'ébroua alors qu'un rire caverneux emplit la pièce.
"Je ne savais pas que vous aviez un quelconque sens de l'humour. Vos interventions publiques laissent apparaître un homme froid et distant. Alors, Général, les Traditions imposent de parler de Ker Menac'h. Parlons. Quels sujets doit-on aborder ?"
La main du Général vint gratter son menton, comme à chaque fois qu'il devait être sérieux.
"Développement économique ?"
Fridolin eut un nouveau rire tonitruant.
"Aucune importance, j'y connais rien. Ma Chapelle vit des dons des fidèles."
"Politique Galactique ?"
"Cela se mange ?"
"Développement technologique ?"
"Tuer avec de nouvelles armes encore plus propres que les anciennes ? Commençons par nous sauver de nous-mêmes, Général !"
Fridolin prit une profonde respiration avant de répondre.
"Vous êtes désespérant, Général. Quittez donc le monde matériel, explorez les idées, la folie, la joie, la jouissance, la pénitence, l'ambition, le luxe, la pauvreté extrême, l'amour, la luxure. Combien de femmes ou d'hommes avez-vous aimés, tant physiquement que spirituellement ? Vous maîtrisez les techniques de commandement de notre belle Armée Planétaire mais vous semblez vous fermer aux sentiments qui peuvent agiter chacun de vos soldats ! Que savez-vous de leurs interrogations, de leurs délits ou crimes, de leurs bonnes actions, de leurs tourments, de leurs rêves ? Les artisans maitrisent la matière pour en faire des objets utiles, les ouvriers maitrisent les machines pour construire d'autres machineries plus complexes et plus développés, les scientifiques maitrisent l'inconnu pour faire le futur, vous maitrisez les différentes chambres traditionnelles pour guider une nation vers demain, je maitrise les espoirs et les peines pour rendre l'homme meilleur. Un plombier n'aura jamais les mêmes opportunités que vous pour avancer vers une nouvelle lumière, quel que soit le nombre de tuyaux percés qu'il remplace.
Pour emmener l'Homme vers un nouvel âge, vous devez, Général, tout connaître de l'Homme. Votre dossier disciplinaire est désespérant : aucun délit, aucune punition, aucune erreur. Vous relevez de l'ordinateur à ce niveau, pas de l'Homme. Vous devez connaître la vie des travailleurs comme celle des criminels, vous devez connaître la vie du prolétaire comme celle du banquier ou du commerçant. Vous devez connaître les sentiments de la prostituée comme celle de la bonne mère de famille.
Vous devez faire abstraction de la Morale parce qu'elle nuit à la compréhension complète de l'Oeuvre de Dieu qui, dans sa Grande Bonté, a tenu à produire le Bien comme le Mal.
Comprenez-vous, Général, ce qu'est un Homme Dieu ?"
Se grattant le menton, Thrawn analysait les idées derrière les mots.
"Prisonnier de la Morale, prisonnier d'une version de la réalité ?"
Fridolin finit son verre de vin avant de se servir un mélange de vin blanc et de vin rouge ...
"Naître d'en bas, renaître par En Haut, Général. C'est la clef que je viens vous offrir. Dépasser la condition d'Homme, maitriser la réalité que Dieu nous a donnée pour en créer une nouvelle, glorifier Dieu en dépassant son Oeuvre car c'est tout ce qu'Il attend. Dieu n'est pas une fin en soi, Dieu n'a fait que nous proposer un challenge pour tester sa Création. Sommes-nous dignes de Lui en ployant l'échine et en reproduisant ce qu'il a fait ? Ou sommes-nous dignes de Lui en faisant de Sa Création le départ vers un Avenir plus grand ? Nos mains façonnent des outils, ces outils façonnent nos vies, nos vies façonnent le monde, les mondes façonnent l'Histoire. Si vous restez bloqué sur des niveaux subalternes de la pensée et de la morale, vous ne ferez que perpétuer l'état bestial de la Civilisation. Nous parcourons l'espace, certes, mais nous ne progressons pas moralement ni spirituellement."
Accoudé à la cheminée éteinte, Thrawn pensait. Depuis son plus jeune âge, il s'était contenté d'assumer ce qui lui était enseigné. Ni plus ni moins. Juste assumer, même quand il refaisait les Constitutions de son Peuple, il reproduisait des besoins matériels : ceux de son Peuple, ceux de la Tradition, ceux de l'Armée Planétaire, ceux des commerçants, ceux des industriels, ceux des peuples ...
Un coup d'oeil vers l'Hyperspatio-Diacre lui permit de regarder une nouvelle fois la pauvreté matérielle de son aube, son allure massive, les tâches de gras sur son aube, le tissu fatigué de son habit bleu, son air béat tandis qu'il s'amusait à envoyer des olives en l'air pour les rattrapper avec la bouche. Une olive récalcitrante venait de tomber sur le canapé où était assis le religieux. Rageusement, Fridolin décida de poser son arrière-train dessus. Au vu de la masse projetée dessus, l'olive était maintenant écrabouillée sur le tissu du meuble.
"Hyperspatio-Diacre, vous resterez bien quelques jours dans ma maison ? Nous avons beaucoup à discuter."
Cdt. Thrawn
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15/11/1012 ETU 23:25
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Les cycles passaient, épuisants, nourrissants, sombres, magiques, colorisés, fracturés, lents, fastueux … La tête tournait parfois à Thrawn, alcools aidant ou non. Une Vie avait tant de formes, tant de couleurs. 24 heures dans la peau d’un plombier valaient d’autres n’ayant consisté qu’à lancer un hameçon dans une rivière pour ramener quelques poissons. La soirée de cette journée de pêche avait été particulière : Thrawn avait cuit le poisson et Fridolin l’avait mangé bruyamment. Ce soir, Fridolin avait abordé un nouveau sujet qui avait occupé la majeure partie de la nuit. Thrawn s’en rappelait encore.
Le Bien et le Mal n’était, selon Fridolin, que les deux mêmes facettes de ce qui constituait la Morale. La Morale se nourrissait également des deux, menant un bal spirituel dont l’objectif était d’enfermer l’individu pour l’empêcher d’accéder à un nouveau niveau d’existence. La Morale aimait le Bien parce qu’elle flattait l’idée même qu’elle existe. Elle aimait le Mal parce que la Morale aimait quand l’esprit d’un homme en venait à se réfugier auprès d’elle pour se rassurer. En l’espèce, la Morale disposait d’un attirail de menaces, de récompenses qu’elle utilisait indifféremment pour manipuler l’esprit d’un homme. Les expériences avaient mené le Général à faire la connaissance plus intime du Bien et du Mal. Les sensations avaient été différentes dans chaque cas. Fridolin dit cependant qu’à terme la Morale avait des limites dans les deux cas : tant les notions du Bien que du Mal finissaient par s’affadir. Deux raisons pour cela : les sensations répétées s’émoussent avec le temps comme si l’Esprit se blindait contre les deux parties de la Morale mais aussi parce que l’attirance des stimulus du Bien ou du Mal diminuait dès lors que l’on dépassait les niveaux de la Conscience. Si voler une pomme permet de sentir une satisfaction plus ou moins grande sur le moment, en voler une seconde avait moins d’attrait quelques cycles plus tard. Donner une pièce à un mendiant se raréfiait aussi avec le temps, surtout pour peu que ce fût la même personne qui tenait le pavé pendant de longues années. Expliquer le contrôle qu’exerçait la Morale sur l’Esprit est aussi simple qu’expliquer la multiplicité des formes de vie ou des ballades aériennes des papillons. La Morale avait besoin de contrôler tout ce qui se passait dans l’Esprit ou alors Elle était mue par une espèce de déterminisme. Dompter la Morale ne permettait pas toutefois de la comprendre.
Le regard de Fridolin ne cessait de devenir plus profond et plus dense quand il expliquait son combat contre sa propre Morale. La sienne avait été puissante, elle avait résisté pendant de long cycles, le combat avait été compliqué et Fridolin avait été forcé de recourir à de terribles expédients : il avait distribué la fortune familiale à la mort de son père tandis qu’il suivait les cours du Séminaire. Tout avait été donné et Fridolin connut la pauvreté et la faim tandis qu’il lisait les Livres Saints. Jeune Prêtre, il dut voler les matériaux nécessaires à la construction de sa propre chapelle. Il connut alors la Prison et la Déchéance ultime des drogues les plus durs. Il tua aussi des prisonniers trop menaçants de ses propres mains. Sorti de prison, il exerça la profession de tireur de charrue pour payer la reconstruction de sa chapelle. Très demandé, il put bâtir un grand bâtiment pour accueillir une grande foule. Il prêcha d’abord dans le vide. Chaque jour, il venait parler aux passants en les interpelant. Il fut tyran, amant, général, destructeur mais toujours penseur et philosophe.
Fridolin aimait discuter des sentiments de Thrawn après chaque exercice ou après chaque cycle passé à mener le long chemin menant à de nouveaux niveaux de conscience. Il rejoignait son église régulièrement pour livrer de nouveaux sermons à ces fidèles. Lors de ces moments de solitude, le Général Thrawn en profitait pour appliquer ses nouveaux schémas d’analyse aux événements galactiques. Il était intéressant de pouvoir revoir certains éléments ou événements avec ce recul offert par la philosophie du vieil homme.
L’État-major avait d’ailleurs pris connaissance des derniers ordres et avait entériné les nouveaux programmes civils. Un vide se comblait en Thrawn : si voler avait été plutôt drôle, il était plus intéressant de profiter des enseignements pour analyser les affaires de l’Etat. Des décisions avaient été prises pour améliorer les structures défensives, d’autres pour améliorer les processus de commandements ou de communications.
Se détacher de la Morale permettait effectivement d’appréhender la seule Vérité que Dieu avait plantée dans la Galaxie. Renaître par En Haut impliquait de découvrir cette Vérité et cette Croisade ne pouvait se mener qu’en se séparant des manœuvres de la Morale. La Vérité semblait encore inatteignable pour l’esprit de Thrawn mais il sentait que Dieu lui-même ne se déroberait pas de cette joute amicale.
Les idées se bousculaient dans le cerveau de Thrawn tandis qu’il s’interrogeait sur ce qu’était cette Vérité. Transcender sa propre Morale pour l'atteindre était un prix lourd à payer ...
Cdt. Thrawn
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18/12/1012 ETU 20:25
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http://www.youtube.com/watch?v=svWINSRhQU0
Une bonne trentaine de cycles avaient été nécessaires pour se dépouiller de la Morale héritée des anciens temps et la déstructuration de son Moi avait été un combat digne des meilleures histoires de la Tradition et des Anciens Temps.
Après avoir brûlé ce qui faisait de lui un homme de Ker Mernac'h, Thrawn s'était retrouvé en face de lui-même. En se jugeant lui-même et sans retenue, il devenait à même de propager la Libération qui s'était emparée de son âme immatérielle.
Que restait-il donc de cet homme étrange à la peau bleue après que les leçons de Fridolin furent assimilées ? Le plus important : "Thrawn" avait été le fruit de sentiments étrangers à sa propre personnalité. Thrawn contrôlait maintenant parfaitement ce qu'il pensait et ce qu'il était. Force est de constater que le nouveau Thrawn plaisait aussi à l'Hyperspatio Diacre. Pas comme Thrawn le voulait et Fridolin dut se contenter d'observer le Général et de le toucher avec ses "yeux" uniquement. Certes, Fridolin insista pour recommander l'expérience de l'amour charnel comme outil de libération mais Thrawn savait qu'Elle l'attendait quelque part que ce corps, sculpté par des heures d'efforts physiques, serait le cadeau qu'il donnerait à Celle qui serait sa compagne pour l'éternité. Fridolin avait grommelé dans sa barbe blanche.
"Vous refusez mes leçons, Général ?"
Thrawn le foudroya du regard.
"Non, j'étais Né d'En Bas d'une mère et d'un père inconnus. Aujourd'hui, je suis Né d'En Haut. Aujourd'hui, vos leçons ont porté leurs fruits : je vous dépasse quand bien même nous sommes devenus des Compagnons, des Frères. Vous êtes mon égal mais je vous domine parce que j'ai des rêves qui dépassent votre entendement et parce que j'ai les moyens de les réaliser. Vous continuerez à rêver alors que je vais créer.
Hyperspatio Diacre Fridolin, vous avez rendez un grand service à Ceux de Ker Mernac'h en bâtissant votre et en sermonnant nos compatriotes. Vous m'avez rendu service en me libérant de mes démons, de mes craintes et de mes limitations. Aujourd'hui, je vais vous offrir ce qu'il vous manque : votre Destin. Une navette vous attend : elle vous permettra de partir en mission d'évangélisation dans toute la Galaxie, de contacter de nouveaux peuples de leur porter votre parole, vos idées et votre dynamisme.
Ne me remerciez pas, c'est tout naturel. Quand on renait d'En Haut, la coutume sera maintenant pour le Nouveau Re-Né d'offrir des cadeaux à ses proches."
Fridolin avait souri : il savait, parce qu'il était aussi libre que Thrawn, que cela finirait ainsi. Rester en vie était le cadeau le plus précieux que Thrawn lui faisait en cette minute même. Lui intimer l'ordre de convertir dans toute la Galaxie était le second cadeau le plus précieux. Il savait que la conclusion logique de ces cycles passés ensemble était la mise à mort de Fridolin qui s'était contenté de végéter dans son rôle de prédicateur et de jouisseur invétéré.
Le Général Thrawn lui offrait même une chance de pouvoir se rattraper pour avoir offert le flanc aux tentations les plus infâmes et les plus basses. Fridolin et Thrawn s'enlacèrent pendant de longues secondes avant que l'homme en aube bleue ne prenne le chemin de sa nouvelle fonction dans l'Ordre des Choses. Sa Punition était aussi sa Rédemption. Il avait enseigné au Général les fondements d'une vraie vie et le disciple avait dépassé le maître, renvoyant le maître aux éléments clés de la doctrine qu'il avait professée aussi longtemps.
Cdt. Thrawn
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22/12/1012 ETU 17:24
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http://www.youtube.com/watch?gl=FR&hl=fr&v=W2QEYNMIem4
Dans la caverne, Thrawn avançait avec moultes précautions afin de ne pas se bananer lamentablement devant les invités de la cérémonie. Libre ou pas, le ridicule pouvait assombrir n'importe quel astre vivant ou ... céleste. Quand les chuchotements se furent tus et que l'assemblée était concentrée sur l'événement de la journée, l'Hyperspatio Diacre Fridolin sortit des ténèbres et marcha à la rencontre du Général. Il venait du couloir qui s'enfonçait plus profondément dans les entrailles de la masse montagneuse de Verk'Ors. Ses yeux étaient rougis par les longues heures de méditation auxquelles il avait dû se plier avant de remplir l'office de la Naissance d'En Haut du Général Thrawn.
D'une main, il réclama le silence à la foule, pourtant déjà bien silencieuse.
"Aujourd'hui, Amis de la Chapelle des Hommes Dieux, nous célébrons la Naissance d'En Haut de notre frère. C'est un grand moment pour nous tous car nous aurons enfin le loisir de travailler, avec lui, à la réalisation de nos vœux.
Nous sommes assemblés pour admettre notre Frère en notre communauté, notre amour, notre flamme et notre croyance. Nous savons, parce qu'il est Né d'En Haut sans nul doute possible, que cet homme guidera nos pas vers l'Avenir et vers l'objectif dont rêvent nos cœurs.
Parce qu'Il est l'un des nôtres, il nous commandera. Parce que qu'Il nous commandera, il sera notre Serviteur à tous. Parce qu'il est serviteur, il saura écouter nos besoins. Il a vu, comme nous, le fantôme de ses fantasmes étrangler la Valse de nos Peurs Intérieures. Il est le Premier des Nôtres, il est notre frère, notre ami notre compagnon.
La Caverne du Passé a livré son verdict et j'ai reçu des Mânes de nos ancêtres le Don que l'Histoire des pionniers de notre Eglise lui confient maintenant pour le représenter et le décrire à la face même de ceux qui nous rejoindront dans les prochains cycles.
Oui, mes amis, les Mânes ont pris un soin particulier à choisir comment déterminer notre frère au regard de l'Histoire, passée comme future."
Fridolin plonge la main dans un vieux sac en toile de jute et en sortit un objet parfaitement incroyable. Un long bâton terminé par une plaque ronde en ivoire et frappé d'une longue croix pattée bleue.
"Ce bâton appartenait à un ordre vieux de centaines de siècles qui combattait entre les étoiles pour dévoiler la Vérité et apporter la Liberté à leurs ennemis. Cet abacus a vu des milliers d'hommes mourir, il a dirigé des légions sur des planètes, il a partagé les pensées des premiers hommes libres qui mangent paupiettes et lentilles quand le vin est tiré. Cet abacus a traversé les frontières des consciences à la vitesse des Croiseurs Amiraux. Il appartenait aussi aux Premiers des Hommes Dieux, les serviteurs qui commandaient à leurs maîtres pour le bien de tous. Il a servi à prononcer des arrêts de mort et des arrêts de vie contre les ennemis de la Liberté.
Aujourd'hui, l'Abacus est remis par les ancêtres à notre Frère Thrawn. Quiconque des nôtres qui le voit, doit le Sel et l'Eau à Thrawn, notre Frère."
http://www.youtube.com/watch?v=0LEH5CoaAMw
Les paroles de Fridolin se changèrent en douces notes de musique. La foule reprit à l'unisson et certains racontent même que, dans les bois les plus sombres, le loup et l'agneau devinrent amis le temps des festivités. L'Histoire retiendra que ce jour là, la liesse fut générale et qu'elle gagna aussi la Corporation des Secrétaires Super Bonnasses. Elles décrétèrent une semaine de grève du zèle et 6128 chefs d'entreprises privées mourrurent d'épuisement lors de la Semaine de la Liesse. Chacun se mit à aimer avec ferveur tandis que la nouvelle de la Naissance d'En Haut fut proclamée officiellement.
Quelques pauvres artisans décidèrent même de se faire une dinde pour l'occasion. D'autres optèrent pour le saumon. Certains récalcitrants poussèrent le bouchon un peu loin en nappant généreusement le tout de champignons tout grands et tout mous.
Thrawn se vit offrir aussi un camion. Un gros. Rutilant.
Il fut peint un abacus sur ses flancs et le Général décida de l'essayer aussi vite que possible. La plaque d'immatriculation portait la phrase fétiche de Thrawn : "Mort Aux Cons".

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