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[RP] En première ligne

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Cdt. Heredetor Faial
Respect diplomatique : 33

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05/07/1012 ETU 03:14
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RP privé. Bonne lecture!
Journal personnel du légionnaire Royan "Rico" Ricci
Première unité tactique vactare, escouade 5.
Le jour où les Vactars arrivèrent, j'étais de permanence à la station orbitale. Notre peuple savait, grâce aux légendes et à l'archéologie, que les humains avaient autrefois voyagé entre les soleils. Les astronomes avaient établi la présence de vie, probablement humaine, sur d'autres planètes du système. Tout cela avait poussé les gouvernements successifs à investir dans la recherche spatiale, et nous disposions ainsi d'un semblant de défense planétaire, consistant en une station orbitale de la taille d'un immeuble avec un équipage d'observateurs. Observateurs qui passaient l'essentiel de leur temps à calibrer les instruments de spatiométrie et à essayer de réparer le générateur de gravité. Aussi, lorsque la Flotte Vactare apparut sur les scopes, le moins que l'on puisse dire est que nous n'avons pas été très réactifs.
Les enregistrements révèlèrent plus tard qu'une perturbation gravitationnelle avait été détectée à 0,2 UA de la station une minute avant l'arrivée des Vactars. Puis leur Flotte émergea en ce point précis. Il fallut une demi-heure aux systèmes informatiques de la station pour établir un premier rapport sur les envahisseurs et conclure à un haut-niveau de dangerosité. Les alarmes se déclenchèrent, me réveillant brusquement. La dernière fois que j'avais entendu ce son insupportable, c'était pendant mes classes, et l'idée qu'il se passait enfin quelque chose mit encore quelques secondes pour diffuser jusqu'à mon cerveau.
Alerte. Appareils spatiaux inconnus détectés.
La situation semblait mal engagée. L'ordinateur indiqua que les vaisseaux ennemis se dirigeaient vers notre planète. A vitesse subluminique, ils seraient là dans une journée. Le temps manquait. Mon supérieur informa l'état-major de surface, qui prit immédiatement des mesures drastiques. En quelques heures, toutes les armes nucléaires que mon peuple et les nations voisines les plus avancées avaient fabriquées avec l'idée de se les envoyer mutuellement sur la pomme au moindre pépin furent braquées vers le ciel. Les armées qui affrontaient les tribus pré-technologiques dans les contrées reculées furent réaffectées à la protection des principales villes.
Personne n'avait jamais vraiment pris au sérieux la perspective d'une invasion. Maintenant que celle-ci risquait de se concrétiser, les dirigeants des nations industrielles avaient mis leurs désaccords de côté, de manière aussi rapide que surprenante. Peut-être faut-il préciser, néanmoins, que la station orbitale était un projet international.
Il fut convenu de lancer une première salve de missiles. Les politiques donnèrent l'ordre, les militaires le transmirent, les scientifiques firent leurs calculs. Un vingtième de l'arsenal atomique planétaire fut envoyé pour éliminer l'envahisseur. Les huit heures suivantes furent stressantes. A la station orbitale, nous étions chargés de suivre la trajectoire des missiles et de rendre compte des conséquences de l'impact. Lorsqu'il eut lieu, nous étions déjà au taquet sur les ordinateurs, et un petit malin fit remarquer que l'explosion avait eu lieu trois minutes trop tôt par rapport à l'heure prévue. Trois minutes, vous allez me dire, ce n'est pas grand-chose. Certes, mais la mécanique céleste est un domaine précis. Et aucun changement de vitesse n'avait été détecté chez la flotte ciblée. Dont nous constatâmes immédiatement qu'elle était intacte.
L'information fut relayée en haut-lieu. Les envahisseurs sont vivants, probablement énervés. On met le paquet. Telle fut, en substance, la réaction de nos dirigeants. Les dix-neuf vingtièmes restants de l'arsenal initial prirent leur envol. Le feu d'artifice fut visible depuis la planète. Mais alors que certains commençaient déjà à faire la fête, nous dûmes les faire déchanter. La flotte ennemie était toujours sur les écrans et accélérait .
L'abordage de la station se passa en douceur. Les guerriers Vactars nous rassemblèrent dans le hangar. Sacrément impressionnants. Je sais pas s'il faut attribuer ça aux armures intégrales, ou à leur assortiment de haches et d'épées. En tous cas, ils avaient l'air humain. Ils nous tenaient en respect dans un coin du hangar quand leur boss arriva. Pas la peine de le préciser, on sentait tout de suite que le patron, c'était lui. Un type vieux mais massif, longue barbe grise, air méchant. Et une hache quasiment aussi haute qu'un homme qu'il maniait à une main. Il nous parla dans une langue étrange, et un dispositif invisible - sans doute intégré à son armure - traduisit.
"Humains, vous avez ignoré nos messages de présentation et ouvert le feu sur la Flotte Vactare. Vous avez considéré notre Flotte comme une menace, et vous n'aviez pas tort. Nous ne vous tenons pas rigueur de vos tentatives pour vous défendre. Toutefois, nous punissons habituellement de mort un tel comportement. Mais une chose vous sauve. Vous nous ressemblez. En plusieurs siècles d'errance dans l'espace, jamais la Flotte Vactare n'a rencontré d'autres humains. Vous êtes les premiers de nos frères et soeurs que nous retrouvons et en cela, vous serez épargnés."
A la bonne heure. Pas tout compris à son histoire, mais l'essentiel était limpide.
"Mais sachez que désormais votre domaine planétaire passe sous notre contrôle. Nous maintiendrons vos structures de gouvernement mais elles nous seront subordonnées. Nos combattants ont déjà neutralisé vos centres de contrôle.
Moi, Heredetor Faial, Guide de la Flotte Vactare, établit la domination de l'Amirauté sur cette planète, qui sera dès lors connue sous le nom de Qectar."
Rien que ça. Changer le nom de la planète.
"Certaines et certains d'entre vous auront envie de résister. Nous respectons le courage et l'ennemi qui en fait preuve. Mais la pitié et le respect ne sont pas compatibles. Si vous choisissez de nous défier, soyez sûr de n'avoir à frapper qu'une seule fois. Car notre risposte sera fatale."
Je devais apprendre plus tard que ses propos étaient retransmis par hologramme sur toute la planète.
"Mais de même, si vous coopérez dans la dignité, notre peuple et le vôtre pourront échanger. Vous pourrez profiter de notre supériorité technologique et atteindre les étoiles.
Et dans vingt années, nous serons partis."
Les choses n'allèrent pas trop mal. Les dirigeants politiques et militaires qui refusaient de se soumettre furent rapidement capturés. Les Vactars leur offrirent de renoncer à leurs convictions ou de mourir. Puis ils exécutèrent les parjures, et incorporèrent ceux qui étaient prêts à se sacrifier dans leur Flotte. La piétaille, comme moi, se trouva également enrôlée.
Les Vactars avaient soumis l'ensemble de la planète. Il devint commun de croiser des représentants de tous les peuples de Qectar dans les unités combattantes. Les frontières étaient tombées. Quelques idéalistes s'insurgeaient encore contre l'oppression, mais dans les faits, les Vactars n'intervenaient pas trop dans nos vies. Les religions et coutumes restèrent en place. Les conditions de vie s'améliorèrent un peu.
L'entraînement militaire qu'ils nous imposèrent fut inhumain, mais à la fin, ils avaient fait de nous des soldats. L'opérateur de surveillance spatiale fainéant et incompétent que j'étais avant leur arrivée a été remplacé par un combattant des troupes de choc. J'ai une armure et une lame, et je sais m'en servir.
Et lorsque, huit mois après l'invasion, les Vactars décidèrent qu'il était temps de tourner leur regard vers les autres planètes du système, j'étais en première ligne.
J'espère que ça vous a plu. La suite bientôt!
Cdt. Heredetor Faial
Respect diplomatique : 33

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26/07/1012 ETU 11:54
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Sans doute pas aussi passionnant que le conflit sectoriel, mais j'espère que vous aimerez quand même! Bonne lecture...
Journal personnel du légionnaire Royan "Rico" Ricci
Première unité tactique vactare, escouade 5.
Ça a commencé par les planètes proches de Qectar (fini par s'habituer à ce nouveau nom). Une planète désertique et deux planètes glaciaires. Ils décidèrent en haut-lieu qu'il valait mieux se les geler d'abord, et nous nous retrouvâmes à embarquer des tenues polaires en surplus de l'équipement habituel. J'avais été affecté, à l'issue de six mois d'entraînement, aux unités tactiques - ce qui était un grand honneur, à ce que j'avais compris. Je savais surtout que la paye était bonne. Hormis quelques escarmouches avec les derniers sauvages encore insoumis qui attaquaient les installations minières, loin dans les montagnes, le boulot avait été plutôt pépère pendant les deux premiers mois d'affectation. Mais tout ça changea dès qu'on posa les pieds sur ce foutu glaçon. Nom choisi par l'Amirauté: Krida. La population humaine était réduite, et pas spécialement contente de nous voir, mais pas au point d'être un problème. Ce qui ne fut pas le cas des autochtones.
Des saloperies toutes en griffes et fourrure, hautes comme deux hommes et capables de vous arracher la tête d'un coup de patte. On eut tôt fait de les surnommer les Grizzlis. Ils infestaient toute la putain de planète, hormis un périmètre de sécurité tant bien que mal délimité autour de la colonie humaine (à base de clôtures électriques, de tours de garde et de prières). Bien entendu, l'Amirauté donna l'ordre de nettoyer la surface planétaire pour que les ressources minières puissent en être exploitées. C'est à cette occasion que je connus mon vrai baptême du feu. Et de la glace, comme dit la chanson.
Les chasseurs bombardiers avaient du mal à voler à cause des tempêtes de neige. A une vitesse pareille, en visibilité nulle et avec les instruments qui déconnent à cause des interférences, le taux de perte des appareils découragea l'Amirauté d'exterminer les bestioles avec un tapis de bombes. D'où le déploiement des unités tactiques.
Du coup, il n'était plus question de nettoyer toute la planète. Les relevés satellitaires avaient mis en évidence quelques formations géologiques intéressantes pour les opérations minières. C'est là qu'ils envoyèrent nos fesses.
Fin d'entrée.
Je secouai la tête pour me remettre les idées en place. L'atterrissage du module d'assaut orbital avait été plutôt rude.
"Rico? Toujours entier mon vieux?"
Ce tocard de Noyoda me regardait d'un air goguenard.
-Si je m'en sors, j'irai exploser la gueule de ces planqués du contrôle orbital, grommelai-je en réponse. Noyoda ricana.
Autour de nous, les autres membres de l'escouade 5 de la première unité tactique vactare se rassemblèrent. Le jour se levait et le vent soufflait. Un mauvais vent glacé qui perçait les couches de vêtements thermorégulés.
La boss, le Major Nayma Valtokÿr, prit la parole d'une voix sèche.
-Le scan indique que nous avons atterri à douze kilomètres de l'objectif initial. La mission ne change pas. On arrive sur zone, on sécurise le bordel et on place la balise de guidage pour les renforts. Aucun signe d'activité Grizzli, les écologues nous disent qu'ils ont tendance à dormir le jour, allez savoir pourquoi. Espérons que nos grosses têtes auront raison.
En avant, à marche forcée! Noyoda, vous fermez la marche. Et tout le monde reste sur ses gardes.
Douze kilomètres de marche forcée dans un environnement hostile. De la neige, partout, au milieu d'une putain de chaîne de montagnes. Avec les Grizzlis qui peuvent nous tomber sur la trogne à tout moment.
Avec un frisson, je raffermis ma prise sur mon fusil d'assaut.
Rien ne ressemble plus à une montagne qu'une autre montagne. Sauf que d'après les satellites, celle qui se trouvait devant nous avait des entrailles gorgées de métal. Le boulot était simple. On trouve un espace dégagé et à peu près plat. On pose la balise. On l'active. On pose un cul en attendant l'arrivée des troupes régulières et des ingénieurs miniers.
Les unités tactiques sont souvent utilisées pour ce genre de missions sans soutien. Nous sommes efficaces, et sacrifiables.
L'inconnue était aujourd'hui la présence des Grizzlis sur la montagne. Le raisonnement de l'Amirauté était que l'unité tactique pourrait faire face à quasiment n'importe quoi, et qu'il valait mieux perdre une escouade de dix soldats plutôt qu'un bataillon dans le cas contraire. D'où le nom que j'avais décerné à ce type de missions: reconnaissance/suicide. Aujourd'hui, on était plutôt dans l'aspect "reconnaissance" du truc, et j'allais foutrement pas m'en plaindre.
Il nous fallut six heures pour rallier l'objectif et nous eûmes de la chance. Pas d'attaque.
"Major, la nuit tombera dans six heures."
-Noté, Kagnir. Le scan signale-t-il une activité biologique?
-Non, Major. Mais les instruments ne sont pas fiables sur cette planète.
Notre escouade comportait sept natifs de Qectar et trois Vactars "d'origine", dont le Major Valtokÿr. C'étaient des monstres. Un jour, à l'entraînement, j'avais vu Kagnir déboîter cinq aspirants armés de lames, à mains nues. Et c'était pas du flan, je le sais, j'étais parmi les attaquants. Les Vactars, pour la plupart, s'entraînaient au combat depuis leur naissance.
Au départ, quand on avait commencé, ils dormaient à part, mangeaient entre eux, et on ne les voyait que pour se prendre des raclées pendant les exercices de combat réel. Mais à mesure que les recrues les moins solides étaient éliminées, ils avaient commencé à se mêler à nous. A présent, dans les unités tactiques, ils nous traitaient en frères d'armes -petits frères, certes, mais c'était quand même la classe. Et l'agréable certitude de se trouver du bon côté du fusil.
"Major, vous devriez venir voir."
Noyoda avait trouvé quelque chose. Ca ressemblait à un monticule neigeux, mais n'en était pas un. Oh non. C'était un Grizzli endormi dans la neige. Ce truc foutait vraiment les jetons. Il devait peser dans les deux tonnes. Des griffes de la taille de mon avant-bras. Il avait l'air de pioncer sec. Heureusement pour nous.
"Pas de gestes brusques. Les biologistes disent que le métabolisme des Grizzlis est ralenti pendant la journée. Berener, ramenez votre mitrailleuse lourde et tenez la bête en joue."
Berener était le troisième Vactar de l'escouade. Sa musculature impressionnante faisait de lui le candidat idéal pour être le servant d'arme lourde, et il trimballait avec lui une mitrailleuse de chasseur bombardier.
Les biologistes de la colonie avaient étudié les Grizzlis pendant plusieurs années. Pas mal d'entre eux s'étaient fait bouffer. Ils avaient quand même récupéré quelques infos. Ces bestioles étaient nocturnes. C'est pour ça que nous devions remplir la mission avant la tombée de la nuit. Elles étaient sensibles aux infrarouges? Nos combinaisons polaires étaient équipées de systèmes de rétention de chaleur sensés nous rendre invisibles dans cette gamme de fréquences. Elles étaient très difficiles à tuer? Nous étions armés jusqu'aux dents.
"On se retire en douceur, les enfants. Et on continue."
- Putain, mais est-ce que ces bestioles sont sourdes?
Nous étions reliés par radio et nos casques assuraient une isolation phonique avec l'environnement. Le Grizzli ne risquait donc pas de nous entendre parler, même si nous nous étions mis à chuchoter, inconsciemment. N'empêche que le lascar pouvait très bien être sensible aux vibrations du sol ou de la couverture neigeuse, et qu'en plus on avait pas été spécialement silencieux pendant la marche.
-Ne restons pas là pour le découvrir. Il nous reste peu de temps.
Nous reprîmes la route, non sans jeter de fréquents coups d'oeil en arrière.
Les emmerdes commencèrent deux heures plus tard. Nous avions exploré tous les endroits accessibles et aucun ne correspondait aux spécifications du commandement. Après tout, c'était pas notre faute. Le plus endurci des soldats ne peut pas construire une piste d'atterrissage au milieu d'une montagne en quelques heures. Le problème, c'est que du coup, l'extraction était impossible sur place. On pouvait rebrousser chemin mais le premier terrain pratiquable pour les transports de troupes se trouvait à cinq heures de marche. La nuit serait tombée depuis longtemps au moment où nous déclencherions la balise, et les renforts mettraient encore quelques dizaines de minutes à arriver. Le Major savait cela, mais elle avait décidé de prolonger les recherches. Les Vactars ont un genre de devise pour ça. Je Romprai Mais Jamais Ne Plierai. Une manière de dire qu'ils préfèrent crever que de renoncer à leur tâche.
"Un terrain adapté se trouve peut-être de l'autre côté de cet épaulement. Il va falloir le passer."
Voilà qu'il lui prenait l'envie de faire de la varape. L'épaulement en question était une surface abrupte de bien cent mètres de haut.
Je fixai la fléchette-grappin sur le canon de mon arme et visai le haut de la falaise. Je tirai et suivis du regard le projectile déroulant sa corde. Le grappin heurta la surface de roche noire et ricocha pour aller s'écraser à quelques mètres de nous. Ceux de mes camarades subirent le même sort.
Oh bordel.
"J'ai une idée. Escouade, encordement. Kagnir en premier, Berener en fermeture."
Nous nous exécutâmes.
-On utilise les torches-laser pour faire fondre la roche et insérer les pitons. Et on grimpe à la force des bras. Exécution!
L'idée était bonne. Mais épuisante. Et lorsque nous arrivâmes au sommet, la nuit était tombée. Et les Grizzlis réveillés.
Deux d'entre eux nous tombèrent dessus alors que j'aidais Berener à parcourir le dernier mètre.
"Contact", annonça la boss d'un ton clinique en épaulant son arme. A quelques mètres, un Grizzli se dressait de toute sa hauteur en rugissant. Flippant. Sans chercher plus loin, je mis en joue et vidai mon chargeur sur la bête. La majorité de mes camarades m'imita. Le pelage de la bête se grêla de taches rouges, mais ça ne l'arrêta pas. Pourtant, ce qu'on lui avait mis aurait dérouillé un gars comme Berener, et même plutôt deux fois qu'une. Berener, d'ailleurs, avait armé sa mitrailleuse. Il ouvrit le feu. Ce truc crachait des bastos de la taille de ma main, conçus pour perforer les blindages. La bestiole eut l'air de prendre cher. En tout cas, elle s'arrêta de rugir -mais ne s'écroula pas. Oh non.
Au lieu de ça, elle se précipita sur nous, en décochant de monstrueux coups de pattes aux deux premiers gars qu'elle rencontra. On continuait de l'arroser, et les blessés hurlaient.
"Hommes à terre!"
"Second contact, cinquante mètres à l'est!"
Bordel de merde!
"Berener, en couverture des blessés. Kagnir, Ricci et Noyoda, allez accueillir notre second visiteur.
En bon petit soldat vactar, Kagnir s'élança immédiatement, et nous dûmes le suivre. Noyoda et lui ouvrirent le feu. Quant à moi, je saisis une grenade à concussion et la projetai en direction de la créature.
"Grenade!" ,hurlai-je. L'explosion fut violente. En toute modestie, j'avais bien ajusté mon coup, et notre ami des montagnes perdit un des ses bras. Ce qui eut l'air de l'énerver encore plus.
"Visez la tête.", déclara Kagnir en joignant le geste à la parole. Je pris le temps d'ajuster mon tir et dérouillai l'enfoiré en pleine poire. Et ça marcha, si ce n'est qu'il eût le temps d'embrocher Noyoda avant d'y passer. Tous deux morts sur le coup.
Je n'eus pas le temps de penser à tout ça, l'autre Grizzli était toujours debout. La vache, il était plus coriace que son pote. Berener lui mettait le tarif avec sa mitrailleuse, mais cela ne semblait pas le déranger. Il était en train d'éparpiller les membres de l'escouade -au sens propre du terme.
"Berener, diversion."
-A vos ordres, Major! hurla le gaillard. Soulevant sa mitrailleuse, il avança droit vers la bête pendant que Valtokÿr la contournait. Les munitions de très gros calibres lui ravageaient l'abdomen mais elle continuait à avancer. Elle décocha un coup de griffe monstrueusement violent dans la tête de Berener au moment où la boss s'accrochait à son dos pour lui enfoncer sa lame dans la nuque. Le monstre s'écroula, et Berener aussi.
"Rapport!"
Je le jure, la voix de Valtokÿr tremblait un peu. Quant à moi, je tremblais carrément.
- Six soldats à terre, Major. Dont au moins quatre qui ne se relèveront pas.
Je frissonnai, et pas à cause du froid. Mais où avions-nous foutu les pieds? Reprenant mes esprits, je courus vers le corps de Noyoda. Mort, comme je m'y attendais. Comme c'est la coutume, je récupérai son couteau. Puis je m'approchai de Berener. Kagnir était déjà là, et se marrait comme un bossu.
Berener avait perdu son casque et l'essentiel de la moitié droite de son visage. Les griffes avaient labouré sa joue, déchiqueté son arcade et son front en épargnant miraculeusement l'oeil, et emporté un bon morceau d'oreille. Le sang avait coulé en abondance mais le froid avait semble-t-il stoppé l'hémorragie. N'empêche que le gonze devait sacrément dérouiller. Et pourtant, je l'aidai à se remettre debout, assisté de Kagnir. Berener fit quelques pas mal assurés vers le cadavre du Grizzli. Il tomba à genoux près de lui, tira son couteau et lui arracha ses griffes. Kagnir fit de même avec l'autre patte. Puis il s'approcha de moi.
"Ces griffes sont plus tranchantes que des rasoirs moléculaires", me dit-il en m'en tendant une. "Elles feront d'excellents poignards."
La griffe de Grizzli est depuis cet instant l'emblème de notre unité.
Nous prîmes les lames des morts et laissâmes les corps. Ils constituaient une source de bouffe gratuite pour les Grizzlis, et leurs propriétaires n'en avaient plus besoin...
"En route, vers le nord. Ricci et Moussafir, vous portez Dalish."
Dalish était le second blessé et il était touché au ventre. C'était vraiment dégueulasse. Son bide dégorgeait une bouillie à moitié gelée de viscères et de caillots. Il allait crever, mais les Vactars n'abandonnent personne. Alors Moussafir et moi dépliâmes la civière et y installâmes Dalish, avant de le soulever, lui arrachant un gémissement faiblard.
Et de fait, le bougre y passa une dizaine de minutes plus tard, presque sans bruits. Moussafir prit sa lame et on continua. On savait tous que la prochaine attaque serait fatale. Mais la chance revint.
"Major", déclara Kagnir, "ce terrain correspond aux spécifications de l'ordre de mission."
Je n'osai pas y croire. Un espace dégagé et à peu près plat. Mais oui, bordel! On avait sous le nez une espèce de plateau de bien cinq cent mètres de côté. Le paradis.
-Activation de la balise! Mise en place d'un périmètre sécurisé.
Je choisis un coin légèrement surélevé pour placer la balise et entrai le code d'activation. Les autres faisaient cercle autour de moi, couvrant toutes les directions.
-Balise activée, dis-je. La fatigue me submergea d'un seul coup. On allait s'en sortir.
Je vous la fais courte. Il s'avera que la balise activée devenait une sorte de phare, dans l'infrarouge. Les Grizzlis ont rappliqué dans la minute suivante. On en a chié, jusqu'à ce que les renforts se pointent et allument tout le petit monde depuis le ciel. Mais ça, je l'ai pas vu. J'étais occupé à me battre au corps à corps avec un Grizzli, et l'enfoiré a gagné ce round. Mais bon, ils ont fait repartir mon coeur dans la navette.
Et mon nouveau bras bionique arrive à battre Berener au bras de fer.

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