Je m'adresse à vous depuis mon nouveau bureau, installé dans le centre de commandement de la capitale de notre bonne vieille galaxie frappa-dingue. Les moins perspicaces d'entre vous auront donc maintenant compris que Le Temple m'a confié la gestion de la Capitale et que de fait, j'assume la responsabilité de toutes les infrastructures administratives et fiscales du gouvernement. Waouh ! La super-éclate !

Clarifions les choses : si notre déesse adorée m'a confié les rennes du hochet gouvernemental, c'est parce qu'elle estime que je suis capable d'en faire quelque chose de mieux que mes prédécesseurs. Nous verrons maintenant si cela s'avère possible. Très honnêtement, je n'en sais rien. Je suis un bon critique, et pas forcément un bon politicien. Qu'est-ce qu'un bon politicien, d'ailleurs ?

Bref. Soyons réalistes et pragmatiques : je ne détiens pas réellement le pouvoir. Certes, je suis libre de mes actes, pensées et paroles, mais disons la vérité ! Je n'ai aucun poids géopolitique : pas d'armée, une trentaine de planètes exploitées de manière durable, et bien peu de liquidités. Un moustique qui pique là où il faut, mais rien de comparable face à la puissance du Temple et de ses alliés. Cette capitale, ils peuvent me la reprendre comme ils me l'ont donnée et m'écraser comme un insecte si tel est leur désir !

N'attendez donc pas de moi que je vous assomme avec des lois et des règles qui ne seront pas appliquées. Il faut avoir les moyens de sa gouvernance, et je suis bien trop pragmatique que pour organiser des croisades en chargeant des moulins à vent. Ce que j'ai à vous proposer, c'est du bon sens, de l'humour, et de l'esprit. Je n'ai rien à perdre, dans cette aventure, si ce n'est la vie, et comme je suis maniaco-dépressif à tendance suicidaire, c'est plutôt peinard.

Les plus malins d'entre vous auront donc compris que ma gouvernance ne sera ni démocratique ni autoritaire. J'estime que ma mission consistera à gouverner la capitale, diriger l'administration de l'assemblée galactique et animer la vie politique de notre galaxie. De fait, ce gouvernement ne sera pas centralisé, et adoptera une structure souple et fédérale. Chaque secteur s'occupera de sa popote tranquillement. Cela ne veut pas dire que ce gouvernement restera en retrait, que du contraire. Nous solliciterons les différents talents de notre galaxie pour aborder différents domaines nécessitant d'agir dans l'intérêt général !

L'économie

La démographie

Les affaires extragalactiques

Les affaires médiatiques

La théologie et les relations avec Dieu

Les blagues salaces, les cigares et les poules de luxe

Les débats et les suggestions portant sur ces domaines n'aboutiront pas à des textes de Loi. Ils aboutiront à des traités que chaque commandant sera libre ou non de ratifier. Idéalement, ce seront les secteurs qui se prononceront pour l'adoption de telles ou telles initiatives. De toute façon, moi, je n'interviendrai pas pour vous forcer la main. Vous êtes de grands garçons, non ?

Et puis, il ne m'est pas insupportable d'imaginer que des conflits puissent déboucher de ces débats. Fidèle à mes principes de real politic, la Loi du plus fort imposera de fait telle ou telle réforme aux réfractaires. En gros, si vous n'êtes pas capables de vous mettre d'accord, vous pouvez fermer votre gueule ou vous la défoncez réciproquement, il en restera bien quelque chose ! Je n'ai de toute façon pas les moyens physiques d'arbitrer. Au mieux, je peux assurer le rôle de médiateur dans le règlement diplomatique d'un conflit. On peut aussi demander à Dieu de trancher : si il s'emmerde, il se fera peut-être un plaisir d'en expédier un en colonie de vacances dans une autre dimension.

Bon, j'ai déjà été trop long. Ce n'est qu'une première approche, une déclaration d'intentions. L'administration galactique organisera les premiers débats dans les prochains jours. Quant à moi, je vais établir un agenda gouvernemental qui vous sera proposé sous peu.

Denior écouta l'allocution de son "ennemi" préféré avec beaucoup d'intérêt, de surprise et de satisfaction. C'était clair, limpide, pertinent, un retour vers Espérance....

"Monsieur le Président,

je tiens, une fois n'est pas coutume, mais cela confèrera à mes propos toute la force requise, je tiens à vous adresser tous mes compliments pour la qualité de votre intervention et la pertinence de vos propos.

Bien sur, vous êtes conscient de vos moyens et des limites de votre action mais vous employez les mots justes, système fédéral, discussion, débat,accord...

Un Hologramme de Gritche apparut au centre de l'hémicycle:

Dans sa haute tour d'ivoire, le commandant Pym-sageharts, avec ces cernes grosses comme des baudruches, confiné dans sa robe de chambre usée par le temps, le vent du nord et le quotidien, regardait l'horizon d'un regard absent. Les nouvelles lui parvint par l'intermédiaire de son tout nouveau majordome.

"Mince, il était pas mort celui-là !"

"Tout semblait organiser à cet effet, monsieur. Il était prévu d'envoyer des couronnes de fleurs à son notaire."

"Ah ben, heureusement, il réapparait juste à temps."

"Je dirais trop tard, monsieur, les couronnes sont parties avant hier. Le départ de la commande était réglé sur le compte à rebours apparut sur les transcripteurs."

"Ah il faut faire une communication diplomatique d'excuse alors.."

"C'est déjà fait monsieur."

"Ah, brave homme que voilà...et qu'a t'il répondu ?"

"Qu'il vous croyait mort, monsieur."

Ainsi un hologramme grésillant mais frais rasé et habillé, réapparaît à l'assemblée.

"Bonjour chère assemblée, la nouvelle bien que surprenante ressemble à une nouvelle jeunesse, un souffle dynamique. Ou à une vaste blague médiatique, mais c'est plus par force habitude des anciennes frasques de notre nouveau gouvernant, que par raison que j'énonce cette hypothèse. Pour ma part, cher Alexandre VI, vous m'avez toujours semblait sincère dans vos démarches bien que cynique. Mais c'est l'époque qui veut ça. N'ayant pas montré signe de vie depuis quelques lunes, je ne jugerais pas à l'emporte pièce. Seuls les résultats compteront et vous pouvez avoir foi en ma disponibilité. Félicitations pour cette nouvelle responsabilité."

A l'entrée de l'assemblée, la porte s'ouvrit légèrement, laissant apparaitre une silhouette maintenant familière à ce lieu diplomatique. Périclès s'avance à pas léger, examinant les membres présents. Il vit quelques commandants qu'il n'avait jamais rencontré, visiblement attirés par la nouvelle gouvernance. Ces yeux, derrière son masque semblaient s’accorder avec son sourire, un sourire moqueur en voyant certains d'entre eux se faire pouponner et maquiller pour leur futurs discours en assemblée. Avant de regagner son siège et son pupitre, il passa devant celui du Cdt Pavlovitch, et s’arrêta nette. Ces yeux exprimaient maintenant de la colère à la vue d'un petit portrait de sa personne, derrière le pupitre de Pavlovitch. Son portrait était criblé de petites fléchettes. Une fléchette était resté planté sur son œil droit, et d'innombrables petits trous étaient visibles partout sur son visage... A cette vue il ne pu s’empêcher de lancer un : "Salauds de communistes!" dans l'assemblée, ce qui surpris quelques diplomates présents autour de lui...

Il décolla l'affiche violemment puis il l'a déchira en petits bouts, laissant entendre quelques : "Tiens!, tiens! et tiens!..." et des : "Ils vont voir! Ils vont voir!..."