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UPB : Intermède (1)

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Cdt. Havelock
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26/12/1012 ETU 13:40
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Havelock ne retrouva ses esprits que pour peu de temps. Ou pour une éternité: dans des cas pareils, le temps est élastique, il prend ses aises comme un gros chat qui joue avec une souris.
A la vue du sang, ses yeux étaient partis dans le vide, ils revinrent à la réalité.
La réalité c'était un mur de sable juste devant lui, qui venait d'avaler une série de silhouettes indistinctes ( amis? ennemis?) et qui maintenant s’apprêtait à l'envelopper.
La réalité changea donc encore. Un cocon de sable, de griffures microscopiques, de bruits indistincts.
Il plissa les yeux.
La réalité, ce fut une balle suspendue en l'air, droit devant lui. Droit vers lui.
Et donc là, le temps se mit à jouer.
Havelock vit défiler lentement tous ses acteurs, de ceux qui avaient été ses marionnettes d'un jour, à ceux qu'il avait possédé, hanté presque quotidiennement. Il revit les discussions, les batailles, les épreuves... tous avaient fait face à l'adversité, avaient repoussé leurs propres limites. Une fois habité par une cause, une mission, qu'il était facile de les canaliser dans la bonne direction. Tout ça pourquoi? L'univers ne changeait pas et toute cette agitation frénétique n'avait pas de but réel, sinon que de rassurer celui et celle qui y croyait. Le serpent se mordait la queue, encore, encore encore....
Les discussions avec l'ordre humain n'étaient pas différentes. Il avait fait l'erreur de venir, mais tout était arrangé, l'issue était cadenassée... à part peut être le choix détaillé de ceux à sacrifier. Le réel enjeu n'était déjà plus ici, mais bien dans l'organisation de la prochaine guerre... avec encore une fois, le choix des vaincus à faire.
Depuis toujours, Havelock ressentait un mélange de pitié et de mépris pour tout ces dirigeants et leurs peuples: ils croyaient qu'ils pouvaient changer les choses. Mais non. Mais non. Mais non. Ils allaient disparaitre. ils disparaissaient. Ils ont déjà disparu, et ils ne le savent pas encore. Ils refusent de le comprendre.
Il y en a UN que ça amuse. Quel gâchis.
Et brusquement, la perception du monde d'Havelock changea. Ce n'était pas le fruit d'un raisonnement, pas une démarche volontaire, ni même un réflexe: toutes ces choses prennent trop de temps, lorsqu'une balle se dirige vers votre oeil.
Brusquement, il savait.
Il savait qui était responsable, et ce qu'il était possible de faire. Il savait comment se battre. Il ne savait pas encore comment gagner, mais il savait qu'il y avait de l'espoir. Il savait que tout ce qu'il avait fait était à la fois la meilleure préparation possible, et à la fois complètement inutile.
Il savait, il savait, il savait. Et il allait s'en servir.
Le temps, disais je, était élastique. Havelock avait eu une révélation: cela lui avait pris une éternité, juste entre deux instants. Une fois que cette éternité fut achevée, le temps repris tranquillement sa course.
La réalité, c'est le gout de sable dans la bouche, la peau et les yeux qui brulent, agressés par le vent et la poussière. La réalité, ce sont les cris d'agonie, les détonations, les ordres fusant dans plusieurs dialectes.
La réalité, c'est une balle dans la tête.
C'est un homme, une carcasse, qui tombe doucement à terre, sans fracas.
La réalité, c'est le silence.

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