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Cdt. Darkmil
Respect diplomatique : 73 26/06/1012 ETU 12:16 |
Score : 13
Détails
La planète Sapientia voyait son horizon baigné de sang lorsque l’un de ses soleils venait déchirer l’aube d’une lueur rubiconde. Les bureaux ministériels de la planète étaient en émoi. Darkmil même, d’habitude flegmatique, laissait néanmoins poindre quelques crispations, à l’image de ces grands déserts de sable qui se contorsionnaient sous la pression invisible du vent. Tous courraient, on s’affairait, les commissions n’en finissaient plus de quémander leurs ordres. Las de ce chaos, Darkmil commanda un vaisseau. « Très sage, vous n’avez pas la force de faire un tel voyage … » « En voilà assez », rétorqua-t-il, « seuls les insensés rejettent sur la vieillesse leurs défauts et leurs vices. A présent que l’on me mène à l’Assemblée … » A peine le vaisseau venait-il de se poser que leur vénéré maître pénétrait par une entrée discrète de l’Assemblée. Aucun des membres ne l’avait jamais vu en personne, ni même entendu … Tous demeureraient transi d’effroi face à ce visage glacé, et le terne éclat de son regard. Le silence venait de s’enfuir dans un grand fracas lorsqu’il éleva la voix: « Commandantes, Commandants, Il n’est pas dans mes habitudes de venir troubler le calme bruyant qui sied à cette Assemblée. Mais ce n’est pas en commandant, ni en militaire, ni encore en dirigeant galactique que je viens à vous, mais davantage en émissaire, en citoyen d’un univers perturbé, en spectateur impuissant et contraint auquel on fait contempler la face de l’injustice et du désordre. J’avais un ami il y a peu. Un ami respectable et respecté. Cet ami, nous le connaissions tous pour son amour de la paix, pour sa recherche de la justice sans tomber dans les errements d’un utopisme opportuniste. Aujourd’hui, cet ami n’est plus : Parangon a rejoint le silence des sphères. Et c’est le cœur endeuillé par le chagrin de sa disparition que je viens ici pleurer mon opprobre et ma bile. J’ai bien peur que sa mort ne soit pas la cause d’une infortune. A si peu de cycles, constater la disparition de l’un des nôtres est et doit être insupportable pour nous tous. L’ubiquité malheureusement n’est pas dans mes compétences. Aussi ne parlerai-je que du système 7. Et que puis-je voir ici bas ? L’angoisse, la terreur, le désarroi, et ce à chaque nouvelle aurore que Dieu fait. D’entre les étoiles de cet espace, ce sont des passagers inconnus, des corps indiscernables, des prévaricateurs à l’ambition inextinguible qui circulent, passent, s’arrêtent, s’emparent sans la moindre considération pour quelque diplomatie. » Des larmes de sueur parcouraient les larges crevasses de son visage. Au sortir d’une profonde inspiration, il reprit : « Je ne peux à présent qu’en appeler à votre raison. Les troubles ont trop duré. A mon arrivée dans ce système, je ne voyais depuis ma fenêtre qu’un équilibre sain et durable. Aujourd’hui, je n’y vois que colère et déraisons engendrées par les turpitudes de cet univers devenu bien trop sombre. L’heure n’est pas à la démolition, ni à la destruction. La gloire n’a pas être acquise en se hissant sur les épaules d’un plus grand que soi. Chacun doit faire grandir son nom par soi-même, et surtout en collaboration. Nous sommes tous ici des êtres doués de raison. Au langage des armes, celui de la plume et de la négociation apparaissent bien plus appropriés en cette heure. Que sera demain si aujourd’hui déjà certains doivent disparaître pour des motifs pour le moins injustifiés. J’en appelle donc à un repliement sur la base des quatre gouvernements originaux du système 7, trop éploré à ce jour pour se reconstruire dans son état d’accablement avec des exogènes du système. Il s’agit pour le moment de la situation la moins désavantageuse, le reste ne devant être dévolu qu’à la discussion. » Epuisé, Darkmil se retira sans autre parole que celle-ci : « songez à cela, je vous en prie ».
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