Pages : 1
Cdte. Miyuki Nakamura
Respect diplomatique : 17 09/04/1017 ETU 01:30 |
Message édité -
Score : 8
Détails
Une jeune femme en tenue de deuil s'avançait le long de la coursive qui menait au trône. D'un pas lent, précédée par trois petits drones qui filmaient la procession, elle prit position sur le banc en bois précieux qui symbolisait le pouvoir des seigneurs du clan Nakamura depuis des générations. Elle essuya les larmes qui grossissaient au coin de ses yeux à l'aide d'un foulard en soie et, entourée de chaque cotée de son siège par un byobu à 6 volets d'une valeur artistique et historique inestimable, elle prit la parole d'une voix envoûtante. "Mes chers sujets, Mon nom est Miyuki Nakamura. En ce triste jour, je vous annonce le décès de plusieurs des membres du clan et par conséquence mon ascension au trône." Après un court moment de silence pour faire son effet, elle reprit la parole. "Voici la liste des défunts : - Seigneur du clan, Keisuke Nakamura, 54 ans, mort dans son sommeil d'une coupure superficielle de la gorge jusqu'à l'aine. - Dame du clan, Akane Nakamura, 56 ans, morte d'une crise cardiaque suite à la pose par inadvertance d'un linge imprégné de plusieurs solutions létales sur ses voies respiratoires. - Sa soeur, Toya Nakamura, 50 ans, morte suite à l'ingestion inopinée de foulards en soie 100% biologiques. - Mon frère et héritier du clan, Shoichi Nakamura, 29 ans, mort d'une allergie alimentaire au mercure. - Sa femme, Riku Nakamura, 27 ans, morte d'une allergie alimentaire au mercure. - Mon frère, Hisashi Nakamura, 18 ans, mort par suicide en se poussant dans un état post-mortem du haut du 11ème étage." Le visage de la jeune femme était décomposé, creusé par la peine et le chagrin. Elle poursuivit. "Suite à ces malheureux décès accidentels, et en tant qu'unique héritière du clan, je vous annonce mon élection avec 103,1415% des voix de l'Assemblée." Le son fut coupé quelques instants alors que la nouvelle dirigeante actionnait un communicateur situé sous son oreille. La jeune femme continua ensuite comme si rien ne s'était passé. "Je viens également d'apprendre qu'une personne non identifiée, mais de la maintenance, s'est trompée de location et a malencontreusement soudé les portes de l'Assemblée du clan où les officiels se sont rassemblés pour voter. Il semblerait qu'un feu se soit déclaré à l'intérieur. Pas d'inquiétude cependant, la garde du palais cherche activement un moyen de les empêcher de sortir pour éviter que le feu ne se propage au reste de la cité. Nos pensées vont à ces braves gens qui luttent pour leur survie." Une nouvelle pause, la camera zoome sur les yeux de la jeune femme alors qu'elle essuie à nouveau ses larmes avec son foulard, en soie, probablement biologique. "A la lumière de ces évènements, je déclare donc un deuil national pour les six prochains mois. En conséquence, durant cette période, les jours et semaines de repos seront transformés en heures de travail supplémentaire afin d'aider à la reconstruction. Merci de votre diligence volontaire." Alors que le flux vidéo se dissipait, les filtres de traitement furent coupés et les regards alertes purent, l'espace d'un instant, apercevoir une toute autre scène. Leur nouvelle maitresse arborait alors un sourire carnassier, ses vêtements étaient gorgés de sang et des goûtes de ce même liquide vital coulaient encore de la lame d'un naginata adossé contre le trône. Cependant, à l'échelle de la nation, aucun commentaire ne transparut.
|
||
Cdte. Miyuki Nakamura
Respect diplomatique : 17 11/04/1017 ETU 00:21 |
Message édité -
Score : 7
Détails
Quelques jours après l'intronisation, Miyuki était dans un bureau, plusieurs dossiers papiers étalés devant elle. Deux officiers civils et un militaire entrèrent dans la salle. Leurs visages étaient blêmes. La nouvelle chef de clan tenait une kiseru (pipe traditionnelle japonaise) allumée dans une main et un dossier dans l'autre. Elle prit la parole. "Bien, merci d'avoir répondu si vite à mon invitation. J'ai terminé la lecture de vos rapports. J'ai quelques questions." Les visages des officiels se creusèrent un peu plus, leur peur était palpable. Miyuki reposa puis ouvrit le dossier qu'elle tenait jusqu'alors. On pouvait lire département scientifique sur la couverture. Sa voix cristalline rompit le silence pesant qui s'était installé. "Quand je pense à toutes ces années perdues à cause de ces traditions... Enfin, je vois que nous pouvons entamer un travail convenable. Directeur Tanaka, mettez la priorité sur les recherches en communication, nous avons besoin de contacter cette assemblée galactique maintenant que nous l'avons sur les radars. Comment se passe la mise en place des systèmes d'armement longue distance sur la flotte ?" Le directeur en question s'avança, les mains jointes et posées sur le ventre. Il était manifestement très mal à l'aise. "B-Bien M-Madame, mais nous avons encore besoin de temps comme ces recherches étaient prohibés. Nous manquons de spécialistes et de main d'oeuvre qualifiée. Les plans et les manuels digitaux ont bien été distribués au personnel pour faciliter la mise à niveau et je pense que les progrès seront rapides. Les équipes sont... correctement... hum... motivées par la sécurité." Miyuki sembla satisfaite. Elle congédia le responsable scientifique, rangea le dossier sur une pile, et se saisit de celui qui s'intitulait secret défense alors que le directeur sortait de la pièce. Le responsable militaire, un homme d'une soixantaine d'année, s'avança et prit la parole. Il semblait résigné et une certaine candeur semblait porter ses propos. "Ma dame, par pitié, écoutez moi... Votre père et vos ancêtres ont banni les armes à feu et les voyages spaciaux depuis des générations, cela n'amène que malheurs et désastres ! N'ignorez pas les enseignements des anciens ! Si nous respectons ces traditions, nous pouvons contrôler et limiter la population et par la même occasion, les besoins en ressources. La planète peut nourrir notre peuple indéfiniment, nul besoin de s'aventurer dans les étoiles et de risquer la fureur des Dieux en foulant leurs territoires, vous risquez de les offenser !" Le vieil homme se mit à genoux et prit grand soin de fixer le sol. "S'il vous plait, reconsidérez vos actions !" Miyuki regardait fixement l'homme qui venait de s'exprimer. L'officiel civil qui restait dans la pièce avait reculé jusqu'au mur derrière lui durant le discours. Il semblait maintenant vouer un intérêt particulier à la teinture murale qui ornait celui ci. Son regard se posait tour à tour sur sa commandante puis sur l'homme agenouillé, pendant que le reste de son corps cherchait un moyen de fusionner avec le mur pour disparaitre. La jeune femme posa sa pipe, se leva puis s'approcha du vieil homme avant de s'agenouiller à son tour pour se mettre à son niveau. Elle regarda autour d'elle comme si elle cherchait quelque chose puis se pencha pour chuchoter. "Dites moi, je peux vous faire confiance hein ? Vous êtes un ancien général de mon père non ?" Le vieil homme, étonné d'une telle réaction, hocha la tête pour acquiescer. "On me surveille vous savez, j'ai pas le choix, ils me laissent en vie seulement si je coopère. Vous croyez vraiment que j'ai massacré toute ma famille ?!" Miyuki éclata en sanglots. Sa voix était maintenant suffisamment forte pour que les deux hommes l'entendent distinctement. "Tout était prévu, le clan entier a été décimé en une nuit, pas seulement mes parents, mais tous les gardes, les serviteurs, le personnel... même les chiens du palais ! Aucune alarme n'a été déclenchée, les systèmes et les caméras de surveillance ont été désactivés ! Qu'est-ce que j'étais sensée faire toute seule ?!" Les larmes roulaient sur ses joues en torrent, et elle ne s'arrêtait plus de parler, comme si elle pouvait enfin étancher sa peine. "Ils allaient me tuer alors j'ai dit oui. Ils veulent me faire porter le chapeau. Mais comment j'aurais pu organiser tout ça moi ?! J'avais à peine l'autorisation de sortir du palais, comment j'aurais pu lever une armée ? Ils veulent affréter des vaisseaux ? Et bien laissez les faire, je trouverais bien un allié quelque part pour m'aider à venger ma famille ! Au pire, les Dieux s'abattront sur nous. Qu'est-ce que je m'en fiche maintenant, tout le monde est mort et je suis toute seule. J'ai personne à qui faire confiance." Les deux hommes s'étaient rapprochés, comme pour la réconforter, mais sans vraiment oser la toucher. Ils se regardèrent et le vieux militaire prit la parole. "Ne vous inquiétez pas ma Dame, on va vous protéger. J'ai encore quelques contacts dans l'armée en qui j'ai confiance, on va trouver une solution !" L'officier civil, toute frayeur oubliée et touché par ce petit brin de femme, assise au sol, les genoux contre la poitrine, les bras croisés et la tête enfouie à l'intérieur, secouée par les sanglots et dont les larmes semblaient ne jamais pouvoir s'arrêter, rajouta : "On va vous mettre en lieu sûr, laissez nous faire." Soudain, les sanglots s'arrêtèrent. Miyuki releva la tête, un sourire cruel ornait son visage encore remplit de larmes. Et elle se mit à rire, d'un rire atroce, glaçant et inhumain...
|
||
Cdte. Miyuki Nakamura
Respect diplomatique : 17 12/04/1017 ETU 01:09 |
Score : 2
Détails
Miyuki était assise au sommet d'un tronc d'arbre coupé par la foudre. La carcasse du chêne vénérable donnait l'impression qu'elle siégeait sur un trône végétal. Les yeux dans le vague, elle avait les pieds nus qui se balançaient lentement dans les airs et seule une simple robe légère la recouvrait. Une larme coulait lentement le long de son visage et elle ne fit rien pour la chasser. Sa tristesse semblait profonde et sincère. Seule au fond des bois, les animaux sauvages sentirent sa détresse et quelques oiseaux vinrent se poser sur une des rares branches qui avait survécu à la fureur des éclairs. La dame des Nakamura, d'un sourire las, remercia de petites caresses le rouge-gorge et le couple de mésanges qui tentaient de la réconforter par leurs gazouillis. Cette brève distraction ne l'empêcha pas de replonger dans sa mémoire, jusqu'à cette nuit où tout avait basculé. Elle ne descendait jamais de sa montagne, sa mère le lui avait interdit. Son rôle était de veiller sur le temple. Et pourtant bien des années plus tard, sa mère n'était plus là. La solitude finit par avoir raison d'elle. Pourquoi protéger un temple où jamais personne ne venait après tout. Elle finit par s'aventurer de plus en plus loin, jusqu'au jour où elle entendit des exclamations joyeuses. Ignorant ses instincts, emportée par la curiosité, elle s'approcha de la source des cris, un village humain. Son coeur chavira devant le spectacle qui s'offrit à elle. Son regard se posa sur des dizaines et des dizaines de renards, sans considérations d'âge, dépecés, leurs peaux étendues sans ménagement sur un fil. Certaines dégoulinaient encore de sang. Et puis elle vit enfin, l'image qui restera gravée dans sa mémoire, hantant ses nuits depuis lors. Des soldats s'amusaient à piquer de la pointe de leur lance un petit renardeau, prisonnier dans une cage de bambou. Il glapissait de douleur sous les ricanements amusés de ses tortionnaires. Elle voulu se porter à son secours mais n'en fit rien car elle se rappelait des avertissements de sa mère. "Ne montre jamais ton apparence aux humains". C'était la raison même de son isolement dans le temple. Et pourtant, lorsque ses yeux croisèrent ceux remplis de larmes et de souffrance de ce petit être sans défense, sa rage l'emporta. Même après des années à refouler ses pulsions, la transformation fut rapide. D'abord ses yeux virèrent à un jaune ambré luisant. Ses pupilles s'allongèrent, jusqu'à devenir ovales et verticales. Puis une fumée épaisse se déversa de sa bouche, de son nez et en quelques instants le reste de son corps n'était plus que volutes et condensés de plusieurs nuances de gris. A la place d'une jeune femme, se tenait maintenant un renard à la forme changeante, pourvu d'une queue immense qui fouettait l'air derrière elle. Il était bien difficile de percevoir un corps physique dans ces formes opaques et en mouvement perpétuel. La lueur de ses yeux était le seul repère tangible et toute raison semblait les avoir désertés. La bête grogna de rage en s'élançant. Le rugissement se répercuta dans toute la vallée et un silence pesant s'abattit dans le village. Le rugissement se répercuta dans toute la vallée. Les soldats humains eurent à peine le temps de se retourner que Miyuki était déjà sur eux. Des griffes de fumées surgirent et applatirent les deux premiers qu'elle rencontra sur son chemin. Avant même qu'ils touchent le sol, le simple contact avec les volutes sembla les avoir vidés de toute énergie vitale. Véritable avalanche de crocs et de griffes, le nuage fonça jusqu'à la cage du renardeau, déchiquetant tout sur chemin. Lorsqu'elle l'atteignit enfin, elle fit barrage de son corps en l'entourant et utilisa ce qui semblait être son museau pour mettre de petits coups dans la cage et essayer de libérer la victime sans la blesser. Les habitants coururent se mettre à l'abri dans leurs demeures mais il s'agissait en grande partie de chasseurs et beaucoup revinrent armés pour soutenir les soldats qui tentaient de contenir la bête. Les premières flèches tombèrent et même si elles semblaient sans effet sur Miyuki, l'une d'entre elle parvint à toucher grièvement le renardeau. La bête se figea. Un hurlement strident retentit. Les volutes de fumée se rétractèrent et se condensèrent jusqu'à former une sphère parfaite. Les flèches se désintégrèrent à son contact et bientôt les humains comprirent qu'il fallait fuir. Certains parvinrent à franchir l'entrée du village lorsque la détonation retentit. Une onde de choc se propagea et la fumée suivit, englobant tout le village tout en montant haut dans le ciel. Lorsqu'elle se résorba, tout avait disparu, pas un bâtiment, pas un corps, pas un brin d'herbe ne subsistait dans la zone. Au milieu du cercle de terre et de poussière, une jeune femme se tenait droite, le visage fou, empreint de chagrin. Elle fit un pas en avant et tomba de tout son long sur le sol.
|
Pages : 1