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Cdt. Hans Stuckart
Respect diplomatique : 896 06/05/1017 ETU 22:44 |
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24 mois plus tôt... La grande flotte avançait dans le sub-espace, les étoiles dérivant doucement de chaque côté alors que les vaisseaux filaient en avant à des vitesses dépassant l'imagination. Mais dit-on, l'espace lui-même est au delà de l'imagination... De celui des hommes à tout le moins. Même à cette vitesse, il leur faudrait plusieurs années pour atteindre la galaxie la plus proche... Derrière eux, à deux semaines de voyage, Utopie s'éteignait doucement. Par les hublots des différents vaisseaux, on pouvait assister au ballet presque paisible des ondes énergétiques qui continuaient à ravager ses différents secteurs. Quand on avait vu cela, on prenait conscience de la place qui était la sienne dans l'univers. Au cœur de la flotte se trouvait le croiseur républicain Tristania. Vaisseau amiral de la flotte librianne et bâtiment de commandement du gouvernement librian autonome de l'ambassadeur Stuckart. Le vaisseau possédait deux ponts de lancement de chasseurs sur ses flancs. Celui de bâbord avait été fermé sur ses ordres et les chasseurs déplacés à tribord. Sur le pont couvert désaffecté, plusieurs centaines d'hommes et de femmes étaient rassemblés. Ils formaient deux lignes face à face, sur trois rangées, laissant un grand corridor entre eux, des portes de la soute au centre jusqu'à l'arrière gauche du vaisseau. À cet endroit, s'étaient rassemblé les hommes et les femmes de la garde librianne. Ceux qui restait... À l'exception de quelques uns. Ils étaient 72. Au bout de l'espace laissé par les hommes et les femmes alignés, pour la plupart des membres des forces armées et de la flotte librianne, se tenaient quelques civils, peu nombreux. Et à leur côté, le capitaine Kreps qui se tenait en retrait, accompagnant les officiers du Tristania. L'ambassadeur Stuckart occupait une place centrale dans la délégation civile, les traits tirés, le visage fermé. À ses côtés se tenaient Marcus Hollander et Alexander Ironhart. Albert Siemens avait également demandé à être présent. Il se serait senti un peu déplacé au milieu d'une telle compagnie, si sa tristesse ne le lui avait pas fait oublier. Ingénieur de son état, plutôt doué d'ailleurs, il avait servi longtemps sous les ordres du capitaine Kreps à bord de l'Olympius. Puis, quand il avait été détruit, bien peu ayant survécu, il était resté avec le capitaine et les quelques survivants en compagnie de l'ambassadeur Stuckart en secteur XIV d'Utopie. Quand on avait donné le commandement du Tristania à ce dernier, Siemens s'était vu confier à bord le poste d'ingénieur en chef. Un honneur dont il se sentait bien indigne. Derrière eux, assis en retrait sur des chaises apportées pour eux se trouvaient Adrian Veidt et Jessika Mengsk. Amaigris, usés, encore sous le choc de ce qu'ils avaient vécus. Mais le personnel médical du Tristania avait pris soin d'eux. Ils survivraient. Mais leur convalescence serait longue. Veidt s'était remis plus vite que la ministre Mengsk et était demeuré près de cette dernière depuis, passant beaucoup de temps en sa compagnie, veillant sur elle. Cette dernière, si elle se remettait au fil du temps, avait un long parcours à faire. La jeune femme jadis si enthousiaste et volontaire n'était plus que l'ombre d'elle-même. Mais quand elle avait appris la nature de la cérémonie qui allait se dérouler ici, elle avait fait savoir qu'elle viendrait. Et elle était venue comme les autres pour faire ses adieux... Enfin, au bout de la longue haie d'honneur formée par les centaines de librians rassemblés, parurent six hommes solides portant un cercueil de métal noir. Parmi eux, le lieutenant Hans Kruger marchait, silencieux et digne, mais les épaules lasses et le regard vague. Beaucoup s'attendaient à ce qu'il soit promu capitaine par l'ambassadeur Stuckart dans les jours qui suivraient... Cela lui était pourtant égal... Trois des six hommes étaient blessés, dont lui-même... Tous étaient vêtus de l'uniforme noir de la garde librianne et leurs bottes cirées frappaient le sol du pas de leur allure lente et solennelle. Sur leurs uniformes scintillaient les runes d'argent et les décorations que leurs combats et leurs sacrifices leur avaient mérités et à leur taille, pendu à leur ceinture noire se trouvait un poignard cérémonial. Sur son manche était inscrit la devise simple de la garde librianne. ''Fidélité, Loyauté, Libria''. Entre eux, ils portaient sur leurs épaules le lourd cercueil. Leurs gants blancs traditionnels se détachant sur le métal noir et froid de ce dernier. Ils menaient leur capitaine, Éric Strump, à l'endroit où il reposerait pour les prochaines années... Éric Strump avait été le capitaine officiel de la garde librianne. Il était né sur Libria en 3.5.3.4.2, 31 ans avant l'apocalypse de Sagesse. Il était mort sur Alexandria Nova, dans la galaxie d'Utopie, trois ans plus tard. C'était quinze jours plus tôt... Il avait servi fidèlement l'ambassadeur Stuckart et son gouvernement en exil du secteur XIV d'Utopie... Il avait servi le chancelier Hoepner et l'avait protégé lui et les membres du gouvernement librian de la Neue Librian Kanzlei du secteur III lors de leur arrivée en Utopie, un ans plus tôt... Et avant cela, il avait été durant quatre longues années aux côtés du chancelier Stephen Wurzel presque chaque jour, le servant, le protégeant, le conseillant... Lorsque Sagesse avait connu ses ultimes instants, il avait demandé à rester à ses côtés mais ce dernier le lui avait refusé. Arguant que sa tâche n'était pas encore accomplie et que ce qui resterait de Libria aurait besoin de lui dans les jours qui suivraient. Ce fut le cas. Et il avait fait honneur à son serment, jusqu'à la fin. Parmi les proches du chancelier Wurzel, il avait été parmi les derniers à le voir en vie... De ceux-là, il n'en restait plus beaucoup... Le cortège s'avança lentement au milieu des librians, hommes et femmes, qui se tenaient assemblés là pour faire leurs adieux au meilleur d'entre-eux. Au meilleur des enfants de Libria... De ceux-ci non plus, il n'en restait plus beaucoup... À propos de Hans Frédéric Stuckart... --> http://www.cjoint.com/doc/17_05/GEgujfNec2p_Portrait---Hans-Fr%C3%A9d%C3%A9ric-Stuckart-1-.pdf
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Cdt. Hans Stuckart
Respect diplomatique : 896 11/05/1017 ETU 07:33 |
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TSS: (en boucle jusqu'à la seconde) https://www.youtube.com/watch?v=NWxuuAbvVfg&list=PLO6ZTa4uSeBg_WSVnBrywkSeqbPsSyN-r On avait transporté le cercueil d'Éric Strump jusqu'à la zone aménagée à l'arrière du hangar bâbord du Tristania où les officiels librians s'étaient rassemblés pour lui faire leurs adieux. Éric Strump n'avait pas été un homme qu'on abandonnait derrière soi, à flotter dans l'espace. Son corps reposerait là, au milieu des drapeaux librians et des honneurs qui lui étaient dû, jusqu'au jour où on pourrait l'ensevelir dans un lieu à sa mesure. De la même manière que jadis, les hommes de la garde librianne tombés au combat reposaient dans l'aile sud du Panthéon librian, sur un des côté de la Place de la Victoire, au centre du peuple de Libria, il resterait aujourd'hui avec la flotte et voyagerait avec elle. L'ambassadeur Stuckart avait parlé longtemps, ne tarissant pas d'éloges sur l'homme et ses faits d'armes. Sur la responsabilité qu'il prenait de sa mort pour avoir décidé de l'envoyer sur Alexandra Nova plusieurs semaines auparavant. Hans Kruger avait ensuite été appelé et avait parlé plus simplement de l'homme qu'Éric Strump avait été, du compagnon d'armes et de quel grand chef lui et les hommes de la garde librianne avaient perdus. Lui aussi endossa la responsabilité de sa mort, se blâmant de ne pas s'être mieux battu et de ne pas avoir pu l'empêcher... Puis, sous l'hymne national républicain, lent et solennel, tous les hommes et les femmes présents étaient passé devant le cercueil pour rendre hommage à cet homme tombé qu'ils avaient jurés de ne pas oublier. Le pont s'était vidé doucement à mesure que les soldats et les civils présents étaient repartis un à un. Les bruits de leurs pas s'étaient éloignés au loin et les murmures s’étaient espacés, puis s'étaient éteints, jusqu'à ce que le silence eût à nouveau emplit l'air, rompu uniquement par les bruits du Tristania dont les moteurs continuaient inlassablement de tourner. Dans l'immense hangar plongé maintenant dans la pénombre, à l'endroit du dernier repos du défunt, ne restait plus que Jessika Mengsk, seule. L'ambassadeur Stuckart s'était tourné vers elle à un moment de la cérémonie, l'avait invité sans un mot à prendre la parole si elle l'avait souhaité. Adrian Veidt s'était penché vers elle et l'avait supporté en ce sens, lui murmurant que cela pourrait lui faire du bien. Mais elle ne s'était pas levé. Le simple fait d'être de nouveau en public lui était dur, de sentir les regards se tourner vers elle. De sentir sa honte... La honte d'être tombée sur Alexandra Nova un an plus tôt quand les confédérés avaient pris la planète. La honte qui lui était resté après des mois et des mois d'emprisonnement et de tortures. La honte de ne pas avoir fait plus... D'avoir si peu honoré le serment prêté au chancelier Wurzel jadis sur Libria... Et enfin la honte d'être encore en vie, elle dont la vie avait été payée par le sang de tous ces hommes qui avaient donné la leur pour la sortir de là, elle, et la ramener. Et depuis son retour, la pensée que si elle était morte un an plus tôt, cela aurait été préférable pour tous la hantait sans relâche. Et tous ces hommes seraient encore en vie... Cette pensée la maintenait éveillée la nuit, et se glissait dans ses rêves quand elle s'assoupissait enfin d'épuisement après des heures à fixer le plafond de sa cabine. Éric Strump serait encore en vie... Le visage amaigri, les doigts fins et presque squelettiques, elle se tenait sans un bruit près du cercueil fermé, le fixant intensément sans le voir, plongée dans ses propres ténèbres intérieures. Adrian avait voulu qu'elle l'accompagne après la cérémonie mais elle avait secouée la tête et n'avait pas bougée. L'ambassadeur Stuckart l'avait regardé et avait donné l'ordre qu'on la laisse seule, ordonnant aux hommes de la garde de se retirer eux aussi. Éric Strump aurait eu 36 ans s'il avait vécu. De trois ans son aîné, Jessika Mengsk l'avait mal connu et pourtant longtemps côtoyé. Sur Libria, il était souvent de garde auprès du chancelier Wurzel quand elle avait à faire avec lui. Les hommes de la garde librianne étaient tous sévères et durs dans leur attitude et froids dans leurs rapports, se consacrant entièrement à leur devoir. Et pourtant lui avait été différend. Peut-être par sa plus grande proximité avec le chancelier, qui le faisait osciller entre deux mondes. Quand il la voyait, il ne manquait jamais de la saluer et quand il n'était pas de garde, un sourire sincère illuminait souvent ses traits quand il la croisait. Il leur était arrivé de parler un peu. Il était alors très gentil, s'inquiétant d'elle et s'informant de sa vie. Ils avaient parlés de leur jeunesse, pendant la guerre, qu'ils avaient vécue différemment, elle dans un collège privé alors que lui, issu d'un milieu très modeste était déjà engagé dans les rues et avait participé à la révolution. Elle s'était un moment dit que peut-être il était attiré par elle, un peu. Elle l'avait trouvé très beau, lui, et elle avait pu à un moment, ressentir quelque chose à son endroit. Mais il faisait partie de la garde librianne et toute possibilité de relation était exclue. Mais outre cela, au fil du temps, leur rapports s'étaient mués en quelque chose d'à la fois plus distant et de plus profond en même temps. Il avait en quelque sorte été un grand-frère pour elle au sein de la chancellerie librianne, veillant un peu sur elle, rare femme dans un monde d'hommes. Quand elle avait été nommée ministre à 28 ans, leurs rapports étaient devenus plus distants encore. D'une certaine manière, tous deux gravitaient auparavant autour du chancelier Wurzel et quand ils quittèrent Sagesse avec Hoepner, ils n'eurent plus beaucoup d'occasions de se voir. Mais durant les fois où ils s'étaient croisés, elle avait tenté de conserver un peu du lien qui jadis les maintenait proches. Ses manières à lui étaient plus protocolaires et les siennes s'étaient habituées de même. Mais derrière les échanges froids et anodins perçaient une sympathie mutuelle. Il parlait peu et semblait souvent perdu dans ses pensées, ses sourcils froncés marquant l'inquiétude. Mais plus que tout, ses yeux étaient tristes. Comme s'il avait toute sa vie porté un deuil en silence. Et quand il parlait et que les coins de sa bouche se plissaient d'un sourire presque volé, c'était un peu comme s'il souriait de regret. Alors que les souvenirs affluaient, Jessika réalisa que son visage s'estompait dans son esprit. La mémoire qu'elle avait de lui était marquée du son de sa voix et de sa gentillesse, mais un voile d'ombre était tombé entre eux. Elle tressaillit et la peur la gagna soudain de l'oublier. De se retrouver seule. Comme elle l'avait été dans cette cellule, si seule. Jusqu'au jour où il était arrivé et y était entré au milieu grondements qui secouaient l'endroit. Tremblante, elle s'approcha du cercueil et entreprit fébrilement de détacher les fermoirs d'argent qui le liait à son lourd couvercle décoré des runes de la garde librianne. Les attaches étaient dures et froides et ses mains manquaient de force. Mais enfin, une lâcha, puis deux. Et enfin les quatre tintèrent d'un bruit métallique en tombant sur le côté alors qu'elle trébuchait presque sur le socle dans son empressement. La respiration devenue rapide, elle saisit le couvercle de ses mains fines se détachant, pâles, contre le métal noir de celui-ci et poussa dessus en le levant avec difficulté. Les pentures rigides le maintinrent en l'air. Dans son uniforme noir de la garde librianne, Éric Strump reposait sur un matelas argenté, sa tête posée sur un oreiller de satin. Ses mains gantées de blanc appuyées à côté de ses cuisses. Son visage... Son visage était livide et ses yeux étaient fermés. Même dans la mort, ses traits étaient marqués d'une inquiétude souffrante. Un des plus grands héros de Libria gisait là, tombé en protégeant ceux dont il avait juré de sauvegarder les vies. Et il avait honoré son serment de la sienne. Jessika resta un long moment à le regarder, la bouche légèrement entrouverte. Ses yeux bruns se mirent à briller et s'embrouillèrent doucement. Elle fut prise d'un sursaut qui l'envahit et qui s'empara d'elle. Elle ferma les yeux et deux larmes roulèrent sur ses joues. Elle gémit et tomba à genoux à côté du cercueil froid et pleura longtemps, sans bruit. Et dans les ombres du hangar, Hans Kruger veilla en silence sur elle comme l'ambassadeur Stuckart le lui avait demandé, pour que dans sa solitude elle ne commette pas l'irréparable. Et lui aussi, en silence, porta avec culpabilité et tristesse le deuil de son ami. Portrait - Éric Strump: http://www.cjoint.com/doc/17_05/GElenm2S0ap_Portrait---%C3%89ric-Strump.pdf
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