Pages : 1
Cdt. Pavel Janíček
Respect diplomatique : 74 14/10/1017 ETU 21:23 |
Message édité -
Score : 7
Détails
- On a une autre recharge d'huile ? Deux hommes transis de froid sous leurs volumineux manteaux de fourrure contemplaient les derniers vacillements d’une flamme mourante. - On ne fera pas escale probablement avant plusieurs jours, il faut en conserver. La pièce était une espèce de minuscule couloir vertical délimité par deux trappes d’accès, meublé uniquement par une échelle et deux strapontins fixés à la paroi. Les deux hommes avaient momentanément délaissé ces derniers pour s’assoir à même le sol, non par confort mais par sécurité, si quelqu'un venait la trappe serait obstruée assez longtemps pour cacher le bruleur interdit sous l'épaisseur de leur veste. Tandis que la lumière de la flamme disparaissait lentement pour laisser place au noir absolu, un petit rayon de lumière émergea du hublot du plafond. Bien loin de réconforter les deux hommes, ils prièrent pour que l’obscurité se fasse de nouveau, sans succès. Le soleil étant devenu clairement visible, il fallait monter l’échelle, ouvrir la trappe et retourner à leur poste. La sortie au grand air était un martyre par la température qui régnait à cette altitude et amplifiée par les vents, il ne faisait aucun doute que la tâche de vigie était l’une des plus abominables du vaisseau, mais cela restait néanmoins considéré comme un immense privilège sur Nový-Praha que de pouvoir voir quotidiennement le soleil. Une bonne rasade de tord-boyaux et la pensée qu’il valait mieux être ici que de vivre sur la terre ferme redonnant un regain de courage momentané, il ne restait plus qu’à attendre un petit peu que la prise d’altitude soit finie. Pour le moment, un brouillard noir obstruait toute vue au-delà d’une trentaine de mètres. Quelques minutes et enfin le paysage apparaissait. Loin de ressembler à une vue aérienne, il s’agissait plutôt d’un océan constitué de nuages noirs à perte de vue, et avec pour seul point distinctif l’enveloppe gigantesque du dirigeable sous leurs pieds, comme une île assaillie par les flots. Les vigies sortirent leurs longues vues, scrutèrent en tout sens l’horizon avant de se figer sur un point à l'horizon. L’un d’entre eux se pencha sur un tuyau directement relié à la passerelle de l’aéronef pour s’y époumoner dedans. - ECLAIREUR EN VUE ! 15 A 20 KILOMETRES DE DISTANCE NORD-NORD-EST ! Les nacelles des moteurs pivotèrent aussitôt pour renvoyer le dirigeable dans les profondeurs nuageuses de la planète. * * * Alors que le grand exil commençait à peine depuis quelques décennies sous la préhistoire de l'Humanité, la colonisation d'un monde restait une entreprise titanesque et seule une petite élite pouvait profiter des meilleurs mondes disponibles. La planète Damona, selon les registres spatiaux préhistoriques, avait été explorée et malgré une atmosphère demandant une terraformation minimale, n'avait pas été retenue pour la colonisation en raison de ressources réduites et d'un climat varié mais avec des changements de saisons extrêmes, avec pour conséquence une faune inexistante et une flore éparse et inexploitable. Si le monde était très loin d'être acceptable pour les projets sérieux, des colons désœuvrés d'une région appauvrie de l'antique Unité Européenne tentèrent leur chance sur le monde, désormais renommée Nový-Praha. Si la regression technologique fut le lot de presque toutes les colonies humaines distantes, les moyens sommaires emportés sur Nový-Praha avaient rapidement fait défaut, renvoyant en une vingtaine de générations la planète vers un obscurantisme technologique total. Des millénaires furent nécessaires pour obtenir une population convenable et sur les trois derniers siècles des standards technologiques propres au balbutiement de l'industrie avaient même réapparu. Si l'ancienne Damona et sa déficience en ressources pouvait avec des technologies adaptées permettre de prospérer convenablement, la nouvelle Nový-Praha et son absence de technologie dû se contenter laborieusement du peu que pouvait fournir la planète. L'aspect le plus visible de nos jours reste l'emploi quasi-exclusif du charbon faute de mieux, ayant recouvert après plusieurs siècles d'utilisation intensive le monde d'une couche nuageuse à la limite de l'opacité.
|
Pages : 1