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Cdte. Zaida Stalazar
Respect diplomatique : 117 ![]() 11/11/1017 ETU 00:58 |
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La grande salle où se rassemblait le cabinet gouvernemental Stalazar était, des mots même de cette dernière, d'une tristesse assez affligeante. Une grande pièce style internationale, avec une immense table de verre, des chaises noires, des baies vitrées et quelques décorations vaguement patriotiques mais d'une sobriété quelque-peu ennuyante. Le tout baignait dans des nuances de gris et de bleu et était éclairé par une lumière diffuse ne laissant pas la moindre ombre sur son passage. En bref, la salle de réunion aurait put être celle d'une grande méga-corps, et donnait un aperçu clair de l'état d'esprit de ses concepteurs : A l'époque, on considérait l'O.N.A.C.C comme une organisation falote servant tout juste de couverture pour les différents consortiums tirants réellement les ficèles du gouvernement. Puis la grande guerre civile avait eut lieu, le général victorieux Soïl Horner avait été élu président et, après plusieurs débâcles avec les communistes et face au chaos social allant croissant, avait fait appeler au pouvoir Zaida Stalazar, la nationale-progressiste, qui ne partageait avec le militaire que deux points communs : Une haine profonde du capitalisme débridé et un amour sincère pour le peuple. Depuis ce jour, Stalazar rêvait de faire raser le bâtiment et de le remplacer par un palais gouvernement fort, quelque-chose s'accordant mieux avec sa politique souverainiste. En règle générale elle était une personne plutôt austère et ascétique mais elle tenait cependant aux symboles forts. Mais dans l'état elle avait des choses plus importantes à faire. Comme, par exemple, réformer l'O.N.A.C.C et gouverner son Commonwealth Colonial. ... Comme à son habitude, la chancelière fut la dernière à pénétrer en salle de réunion. Face à elle, douzes ministres dont trois seulement étaient issus de son mouvement. Lors de son arrivée au pouvoir, sa position tenait sur un équilibre instable et elle n'avait depuis pas jugée nécessaire de réformer son gouvernement -bien qu'elle en avait le pouvoir en tant que chancelière- notamment parce ses fidèles étaient aux postes qu'elle considérait comme clé. A l'origine seul le ministre des Affaires étrangères, Édouard Cyan, était à sa disposition. Ce ministre lui avait permit d'effacer le président à l'international. Puis avec l'expansion du Commonwealth Colonial, elle avait créé le poste de Ministre aux affaires Commonwealth, qu'elle avait donnée à un fidèle ami, Youri Norodov, architecte de génie et un gestionnaire exceptionnel. Enfin, elle avait fait créer un ministère à l’Éducation Populaire et à la Communication Officielle, qu'elle avait fait donner à une personnalité très étrange, une jeune femme nommée Hel Opsal, l'une des principale idéologue du mouvement. Les autres étaient au choix des ultra-nationalistes réactionnaires (et donc par essences opposés au programme révolutionnaire des nationaux-progressistes) ou des centristes timorés issus de l'alliance politique qui gouvernait l'état. Les centristes avaient aussi réussi à sous-tirer le poste de vice-chancelier mais celui-là ne servait, en fait, à rien. Zaida s'avança jusqu'à ça chaise, s'appuyant légèrement sur sa canne de verre bleu. Elle rayonnait d'une joie qui lui était peu commune. "Messieurs, mesdames. Je ne vous cache pas l'immense plaisir que j'ai de vous voir tous réunis en ce jour de décision historique et de grand progrès pour notre civilisation." Elle s'installa sur la large siège noire lui étant réservée, laissant sa canne posée contre son accoudoir, et joignit les mains dans un rare geste de contentement qu'elle souligna d'un sourire jovial. "Il est amusant de constater que notre gouvernement n'a pas changé depuis le premier jour où nous nous sommes installés à cette table. Chaque ministre, qu'il soit sans portefeuille ou doté d'un rôle précis était déjà là, installé la même place qu’aujourd’hui et je crois sincèrement qu'à quelques rares exceptions, les avis des uns et des autres me concernant n'ont pas évolués. Les nationaux-socialistes me sont fidèles et croient en la révolution nationale d'Astore, ceux installés par monsieur le président pour maîtriser mon influence continuent de me considérer comme une femme dangereuse et ceux installés en ces lieux suite à notre alliance de circonstance avec le Centre-démocratiques sont fidèles à eux-même : Indécis. Pourtant, si le constat est que ce gouvernement stagne, il faut aussi noter que grâce à notre gouvernement, Astore a bien changée. Bien changée car changée massivement, mais aussi bien changée car changée en bien." La ministre de la communication salua la phrase d'un large sourire tandis que les autres ministres ne bougèrent pas. Tous anticipaient à leur manière ce qui allait suivre. "Inutile de faire durer l'attente plus longtemps. Le sujet de cette réunion quelque-peu intempestive, je l'admet, est le suivant: Monsieur le président a, après de longues négociations, décidé de dissoudre le parlement. Des élections vont avoir lieu à travers tout le Commonwealth. Il l'annoncera ce soir." La nouvelle sembla assommer les ministres. Un nationaliste se leva et cria au mensonge avant de quitter la pièce, furieux. En parrallèle, le ministre de l'intérieur, qui allait être en charge de gérer tout ça, blêmis et sembla se s'écraser sur son fauteuil. De leurs côtés, Cyans, Opsal et Norodov restèrent silencieux mais les regards en coin qu'ils s'échangèrent indiquaient clairement leur excitation. "Il va sans dire que nous allons sortir grands vainqueurs de ces élections. Le national-progressisme a restauré l'ordre sur Astore, protégé les intérêts sociaux et économiques des classes moyennes et populaires, étendu le Commonwealth colonial, mis en place toute la politique sectorielle, a le contrôle de l'armée et des forces de l'ordre, notre popularité est à son paroxysme et le moment est donc venu d'entamer la grande révolution administrative. Jusque-là, ce gouvernement était bien malgré-moi un gouvernement de réactionnaire -à défaut d'un gouvernement de corrompu- que je m'échinais à faire progresser vers le sens du progrès malgré les chambres opposantes et les puissants lobbys. Ce chemin de croix politique, je l'effectuais grâce au peuple, à sa confiance et à la réussite diplomatique et coloniale de la politique nationale-progressiste Maintenant, nous allons devenir le premier état national-progressiste accomplit. Une nation organique, totaliste, plus juste, plus forte, protégeant les libertés individuelles, économiques et politiques tout en favorisant l'union, la cohésion sociale, l'efficacité administrative, le progrès et la juste méritocratie. " Tandis que la Stalazar parlait, des petits formulaires holographiques apparurent face aux ministres. Ils servaient à signer les lois proposées par la chancelière. "Aussi je vous propose donc, messieurs, mesdames, d'entrer dans l'histoire. Les lois nationales-progressistes de réorganisation de l'état n'ayant aucune chance d'être rejetée au parlement, il ne me manque dans l'idée que votre signature à tous, puisque ce texte touche à notre constitution." Et ce fut à ce moment précis que la salle se vida à moitié. Les premiers à se lever furent, bizarrement, les ministres centristes. Les nationalistes hésitèrent un moment, puis suivirent. Tout se fit sans un mot, dans un silence total et pesant. Au final, seuls les nationaux-progressistes, deux centristes et un nationalistes demeurèrent. Les ministres encore présent signèrent sans cérémonie le corpus de lois et Zaida, en ses qualités de Chancelière, révoqua les officiels ayant préférés quitter les lieux. Elle n'avait plus rien à craindre du président maintenant que son pouvoir allait être soutenu par le parlement. Ainsi, techniquement, les lois nationales-progressistes de réorganisation de l'état furent votée par la majorité des ministres et n'attendaient plus qu'un vote parlementaire pour être actée. Le progrès était en marche.
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Cdte. Zaida Stalazar
Respect diplomatique : 117 ![]() 17/11/1017 ETU 12:15 |
Score : 5
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Ostkeren, capitale de l’Organisation des Nations d’Astore et de son Commonwealth Colonial, heure avancée de la soirée. Le soleil s’était couché depuis longtemps et désormais seules les lumières grises des tours d’habitations et des sièges sociaux illuminaient la nuit d’une lumière blanche, sans charme. Les rues et avenues étaient encore couvertes de voitures, mais les trottoirs étaient presque vides. Installée à l’arrière d’une limousine noire, Zaida Stalazar fixait les tours. Elle détestait cette ville et tout ce qu’elle représentait. Une capitale se devait d’être comme l’âme de la nation. Cette plaque de béton et de fer sans charme ne pouvait pas être le cœur du pays qu’elle aimait tant. Cela-dit c’était une belle image de la situation actuelle du pays. Le Parti National-progressiste régnait en maître sur tout le Commonwealth, profitant d’être au pouvoir pour s’arroger de nombreux droits, et tandis que son modèle s’installait durablement dans les colonies, la capitale, Astore, restait désespérément vieux jeu. Les nations refusaient d’abandonner leur pouvoir administratif et une frange de plus en plus minoritaire de la population s’attachait encore à des valeurs de nationalisme régional contre-productives. En conséquence de quoi la capitale planétaire n’était pas tant une ville monument superbe, qu’un lieu dominé par les industries, les lobbys et les partis politiques planétaires. Fort heureusement tout cela allait bientôt changer. Il faisait un peu froid dans la voiture. Zaida frissonna et résista à l’envie de rentrer la tête dans les épaules pour cacher le haut de son cou dans le col de son uniforme caractéristique. Oui, elle avait habilement jouée. La population l’adorait, sa politique avait été un succès total. Le Commonwealth était prêt la transition du pouvoir vers sa forme absolue, national-progressiste, et au final, les dernières bulles de résistances seraient balayées aux prochaines élections. Bien entendu il y avait un risque non-négligeable que celles-là ne se soldent que par une victoire partielle. Les chambres de l’O.N.A étaient divers mais les seules qui pouvaient réellement influer sur le pouvoir et, dans le cas présent, le bloquer étaient réservées aux grands groupes économiques et aux nations Astoriennes. Ce système était une relique du passé pré-voyage supraluminique qui avait réussi à se maintenir là par un infect jeu du sort, et ni les états, ni les mégacorporations ne pouvaient accepter que l’on y mette fin, puisque cela signifierait aussi leur disparition. Mais Stalazar était joueuse, et il ne serait pas dit que sa monté au pouvoir s’était faite de manière illégale. Le national-progressisme était une doctrine digne, et elle s’érigerait dignement. Et puis elle était surtout arrivée à un stade d’influence tel où il aurait été difficile de bloquer ses projets sans provoquer une véritable colère populaire échappant même à son contrôle. La limousine se stoppa devant le centre gouvernemental de l’O.N.A.C.C, où se trouvaient les bureaux principaux de l’administration ainsi que celui du président, Soïl Horner. Si Zaida avait fait installer son bureau à l’autre-bout de la ville, c’était précisément parce qu’elle détestait ce building. C’était une structure démente ; une tour incroyable dépassant tous les autres bâtiments de la ville tant en hauteur qu’en largeur. Des projecteurs cachés dans les gratte-ciels avoisinants ou sur l’énorme esplanade qui l’entouraient mettaient en valeur d’immenses affiches dont certaines glorifiaient l’O.N.A.C.C et d’autres (la majorité en fait) étaient de simples images publicitaires. Souvenir douloureux d’une période pas si lointaine où le gouvernement était installé dans les étages intermédiaires du bâtiment et où toute la partie supérieure de la tour était en fait destinée à des sièges d’entreprises et à des conseils para-gouvernementaux de lobby. La première décision du président à son arrivé avait été d’inverser l’ordre des choses. Pour cela, Zaida Stalazar le respectait malgré tout. Cependant elle allait bientôt faire beaucoup mieux. Elle avait réussi à totalement détruire l’influence des consortiums au sein du Commonwealth, et dès que ses lois de restructuration du gouvernement seraient entreraient en vigueur... « Madame ? » La chancelière cligna des yeux et se retourna. Son chauffeur, qui était habitué à la voir ainsi enfermée dans ses pensés et réflexions, eut un sourire poli. Dehors, il commençait à pleuvoir. — Je n’en aurai pas pour longtemps. Au cas échéant je vous préviendrais. Il inclina la tête, la portière de la voiture s’ouvrit dans un bruit pneumatique et Zaida traversa l’esplanade pour rejoindre la tour. Le bureau du président était à la décoration intérieure ce que le monstre de Frenkenstein était à l’être vivant : Un patchwork artificiel d’éléments divers qui, par un miracle que seuls les auteurs romantiques savent expliquer sans sourciller, tenait debout. On devinait que la pièce était à l’origine destinée à un grand patron mégalomane : Deux grands escaliers comparables dans la forme à ceux d’un palais classique montaient de l’étage précédent et amenaient jusqu’à une pièce bien plus longue que large parée de chaque côté de colonnes et dont le plan aurait pu, en fait, être comparé à celui d’une église : Une longue nef d’acier froid et gris amenant jusqu’à un cœur où se trouvait le bureau du président. Dans son dos, en lieu et place d’Abside, se trouvait une titanesque baie vitrée donnant sur un balcon. Le côté Frankenstein de la chose émanait du fait que le président était un vieil homme aux gouts tranchés et qui, détestant le style vaniteux et froid des mégacorp, avait tenté tant bien que mal d’égayer le tout à grand renfort de portraits historiques, de meubles de bois massif, de globes terrestres... Le bureau, cinq fois trop grand, était ainsi couvert de bibelots divers. Le tout formait un ensemble remarquablement incohérent dont émanait tout de même une forte aura. On devinait quel genre d’homme était le président et, plus encore, quel genre d’homme il avait été dans sa jeunesse, lorsque jeune officier il était devenu un héros de guerre et lorsque plus tard, lors de la guerre civile, accompagné de deux autres grands leaders, il s’était élevé au rang de général victorieux. Habituée à ce décors particulier, la première chose que remarqua Zaida en entrant, c’était que le président n’était pas installé à son fauteuil. En fait elle devinait sa silhouette, un peu grasse mais toujours droite, sur le balcon. Il observait sa capitale. Elle alla le rejoindre, s’appuyant toujours sur sa canne de verre. A eux deux ils formaient vraiment un duo président-chancelier particulier, pour ne pas dire assez unique (et proprement dysfonctionnel). L’éclopée et le vieux sénile. Bientôt on parlerait plutôt de la Chancelière Stalazar. Et lui, il appartiendrait à l’histoire, par la force des choses. — Alors ? Il ne s’était pas retourné lorsqu’elle avait poussé les portes du balcon. Devant eux s’étendaient les lumières blafardes de la capitale. Une légère pluie s’abattait sur le champ de force de protection. — Je vous demande pardon, monsieur le président ? — J’ai entendue que vous aviez renvoyés une grande partie des ministres que j’avais fait placer à vos côtés. — En tant que chancelière je suis autorisée à le faire. Elle jeta un bref regard en coin au président. Le vieillard fixait l’horizon, menton levé. Il portait son képi, bien vissé sur le crâne, ainsi que certaines de ses médailles. Horner n’avait jamais apprécié les tenues civiles. — Ils refusaient de signer les lois de restructuration du gouvernement et ont quittés le cabinet en pleine séance. Si ces gens ne désirent pas participer à ce pourquoi j’ai été appelée au pouvoir, je ne vois pas de raison de m’en encombrer. — Gardez ça pour la presse, Stalazar. Enfin il la regardait. — Nous savons tout deux ce que cela signifie. — C’est vrai, oui. Avant je craignais d'être révoquée. Mais maintenant le processus est trop avancé, je suis virtuellement intouchable. Si vous me faites démettre de mes fonctions le peuple vous renversera. Et s'il m'arrive quoi que ce soit de fâcheux... Un silence inconfortable s’installa et le militaire porta à nouveau son regard sur la ville. Ses traits de granites furent secoués d’une moue étrange qu’il réprima aussitôt. — Il y a dix jours de ça, je suis allé sur la tombe du général Güddfernell, au monument de Manhheim. J’y vais trois fois par ans. Une fois pour commémorer le jour de notre rencontre, une fois pour commémorer la fin de la guerre civile et une dernière fois pour l’anniversaire de sa mort. Chaque fois je fleuri sa tombe. Il porta une main à son col d’uniforme, qu’il lissa d’un geste lent. — La tombe est toujours couverte de bouquets. Les gens n’ont pas encore oublié les trois généraux victorieux. Ils se souviennent de ce pourquoi nous nous sommes battus. Lorsque je j’y suis allé, il y a dix jours de ça, j’ai rencontré François Niviot, mon aide de camp durant le grand conflit. Nous avons parlé. Depuis mon arrivée au pouvoir nous ne nous sommes vus qu’une fois, alors nous avions des choses à dire. J’étais en uniforme, les gens me reconnaissaient. Ils comprenaient bien la situation alors ils me laissaient en paix. Étrangement, c’était peut-être à cause du lieu, mais ils ne semblaient pas hostiles. Ils ne m’en veulent pas de vous avoir placée au pouvoir. Nouveau silence, il se tourna vers Stalazar. La chancelière ne disait rien. Appuyée sur sa canne, elle faisait de son mieux pour garder un air impassible. — Lorsque nous nous sommes quittés, Niviot est-moi, il m’a attrapé par l’épaule et m’a dit quelque-chose. Il a dit « Mon général, quand comptez-vous officiellement rejoindre le mouvement national-progressiste ? Pour beaucoup d’entre nous », je crois qu’il parlait des autres officiers ayant servis sous mes ordres, « ce serait une joie immense d’enfin vous compter dans nos rangs. » L’homme se tut et fixa sa chancelière droit dans les yeux. Cela dura cinq secondes puis il se détourna et quitta le balcon. Ce fut la dernière fois que Zaida Stalazar parla en personne à Soïl Horner, dernier président de l’O.N.A.C.C et général victorieux de la Guerre Civile.
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