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Cdte. Den-na
Respect diplomatique : 10 ![]() 25/01/1018 ETU 12:28 |
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Détails
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Sur les pavés détrempés qui recouvraient inégalement le sol du long couloir, un bruit appuyé de fins talons ferrés se précisa en intensité. Son rythme, jusqu'alors régulier et déterminé, finit par ralentir progressivement puis s'arrêter lorsque la faible lumière d'une torche s'immobilisa face à une grille. Den-na, la maîtresse de maison, venait d'arriver aux cages de son chenil. Tout le long du couloir de la mort, elle n'avait cessé de marcher, habitée par un sentiment de bien-être, presque heureuse de retrouver une des annexes favorites de son bureau. Ici, à travers l'obscurité ténébreuse des bas-fonds du Palais du Peuple en d'Hara, la jeune femme se sentait revivre et parfaitement comme chez elle. Pourtant, le niveau de vitalité y était volontairement maintenu à son strict niveau minimum. Les sols glissants et les murs ruisselants d'humidité participaient activement à la création d'une ambiance fidèle à toute bonne antichambre de la mort. Respirer et se déplacer convenablement demandaient souvent d'impossibles efforts. Mais, pour la Mord-Sith, tout cela lui était devenu aisé depuis son enfance. En effet, la puanteur des excréments, de l'urine, de la transpiration ou encore du sang faisait partie depuis longtemps de son quotiden et du décor naturel d'un tel lieu. Cette fois-ci encore, sa descente avait été accompagnée d'une multitude de plaintes et de gémissements. Cette fois-ci encore, elle les interpréta comme des signes de progrès et d'encouragements. Perfectionniste à la tâche, Den-na faisait montre en toutes circonstances de beaucoup d'exigences. Tout le monde le savait. Elle était la meilleure dans son champ de compétences. Sa réputation n'était plus à prouver. Arrivée désormais face à la grille qui condamnait la sortie de l'un de ses cachots, elle tenta de jeter un premier bref coup d'oeil à travers les barreaux. La noirceur absolue des lieux l'empêcha de voir à trois pas. Elle s'enquerra alors d'un trousseau clipsé à la ceinture de son pantalon rouge en cuir. Il ne lui fallut qu'une moitié de seconde pour mettre la main sur la clé dont elle avait besoin. Cette dernière l'inséra dans la serrure rouillée puis tira fermement sur la porte. Celle-ci s'ouvrit en grand accompagnée d'un fort grincement qui tua définitivement le silence des lieux. La jeune blonde arpenta rapidement les quelques mètres qui la séparait du centre de la pièce. Grâce à la lumière de sa torche qui se reflétait sur sa tenue moulante et luisante, elle pu découvrir que sa chose se trouvait toujours suspendue. Elle posa d'abord un instant son regard sur le sol jonché de paille souillée. Visiblement surpris mais surtout terrorisé, un énorme rat s'échappa d'une gamelle puis partit se dissimuler au delà d'une chaine en métal à gros maillons reliée à un gros anneau. Face à elle, une carcasse pendait dans le vide, à environ une vingtaine de centimètres du sol. Elle était maintenue en l'air au niveau des poignets par une sorte de paire de menottes en fer rouillé. Celle-ci avait été fixée solidement par une corde jusqu'au plafond par le biais d'une poulie. Ce qui restait de l'homme à moitié écartelé au niveau des épaules tombait comme un vulgaire jambon dans une chambre froide. Nu, livide et très amaigri, le corps de ce dernier était recouvert de crasse, de sueur ainsi que de sang. L'ensemble semblait sortir inlassablement de tout son être comme pour s'en échapper, comme si la vie le fuyait peu à peu. Son visage, barbu et très marqué par d'horribles souffrances, se redressa difficilement pour désormais faire face à celui de sa tortionnaire. Cette dernière s'approcha et s'avisa de le fixer d'un peu plus près à l'aide de sa torche. L'homme, visiblement aveuglé par la lueur, dévia légèrement son regard vers la droite en plissant des yeux devenus gonflés par le sang. Involontairement, Den-na laissa échapper son habituel sourire sadique de satisfaction tandis qu'elle continuait de le fixer. Alors, d'une main mais surtout d'un geste sec, elle s'amusa à tirer l'extrémité de ses longs cheveux bruns et broussailleux. La tête du malheureux se renversa brusquement vers l'arrière. Den-na venait de manquer de lui briser définitivement la nuque. Puis, le quarantenaire poussa un puissant cri de douleur lorsqu'une violente décharge électrique le transperça des pieds à la tête. La Mord-Sith venait de lui plaquer sournoisement sur l'oreille gauche son instrument de jeu favori. La douleur engendrée par l'Agiel était telle que ses yeux se révulsèrent pendant de longues secondes et que du sang se mit à s'échapper de son orifice auditif. Finalement sa tête rebascula lourdement vers l'avant, inconsciente l'espace d'un court instant. Den-na la redressa à nouveau, et, constatant quelques mouvements de paupières au niveau de ses yeux fermés, finalement se décida à la laisser retomber, rassurée. Le savoir toujours en vie, ou du moins dans une situation d'équilibre entre la vie et la mort, lui était primordial. Le voir ainsi aujourd'hui la comblait pleinement tant la leçon de la veille avait été délicate. Le dressage ne devait comporter aucune erreur. - Bonjour, p'tit chien ! Elle lui infligea un nouveau coup d'Agiel, dans le ventre cette fois, plus bref. Dans sa souffrance, l'homme redressa instinctivement la tête et hurla à nouveau, pleurant du sang. Den-na sortit un mouchoir de sa poche et entreprit alors de lui nettoyer le visage comme pour s'assurer qu'il s'agissait du même individu. Tandis que les cris sans écho de sa victime continuaient de s'éparpiller dans toutes les directions autour d'eux, elle s'avisa de lui introduire le mouchoir dans la bouche. Finalement, après quelques minutes, les plaintes finirent par s'étouffer. Le silence revint. - Comment va ce qui reste du commandant Mandarok aujourd'hui ? Tu as bien progressé en trois semaines ! C'est bien. Elle fit un pas en arrière pour le regarder de manière plus générale. Grâce à son travail acharné, l'individu avait perdu toute dignité humaine. Son corps, exposé ainsi, tel un morceau de viande, ressemblait désormais à celui d'une bête capturée lors d'une vulgaire chasse tel un trophée. Bien qu'insensible à ses gémissements, Den-na s'adressa à lui cette fois en employant un ton moins directif. - Petit chien ! Laisse-moi t'aider. Je peux le faire. Tu le sais, tout ne dépend plus que de toi maintenant. Elle alla poser sa torche contre le mur à sa gauche dans le socle prévu à cet effet puis revint au niveau de sa victime. La bourelle tourna un court instant autour de lui avant de lui faire à nouveau face. Cette fois-ci l'homme parvint à redresser la tête lorqu'elle l'appela. - Petit chien...? Il tenta de parler tout en ne cessant pas de pleurer comme une fillette. Ses efforts furent vite limités par la présence du chiffon dans sa bouche. - Tu sais, le Peuple d'Hara et moi-même te sommes très reconnaissants. Comment te remercier toi et ton peuple pour votre gracieuse hospitalité sur votre noble planète ? Nous avons été très touchés par votre élan de générosité. Mais il faut dire que malgré cela, la situation n'est pas non plus excellente. Il faut regarder les choses en face et admettre que ton peuple était trop livré à lui-même. N'est-ce pas ? Nous nous devions d'intervenir ! Cherchant du regard son interlocuteur, elle soupira puis poursuivit. - A l'image de ce qui se passe ici dans cette galaxie à vrai dire ! Corruption n'est pas ce qu'il y a de mieux dans ce trou perdu de l'univers. Mais il va falloir que je m'en contente, hélas. La présence de nombreuses coalitions montre que la division et l'individualisme y rêgnent en force. Les travaux des représentants des peuples à l'Assemblée sont vides et nués que de mauvais sens. Rien ne se construit, hormis la guerre, les massacres, les pillages et la corruption. Certes, d'ordinaire, la chose n'est pas pour me déplaire mais ici, elle domine et divise trop. Elle empêche le développement harmonieux des civilisations. Cela doit changer ! Elle riva un bref instant les yeux sur la poulie au plafond puis se mit à caresser presque tendrement les cheveux du supplicié. - Les peuples de cette galaxie ont besoin d'une lumière qui les guide et les rassemble. Une vraie. Voilà pourquoi le Seigneur Rahl souhaite incarner cette lumière. Cette galaxie manque tant de sagesse et d'unité. Tu comprends ? Où est le mal dans toute cette abonimable vérité ? Elle écarta les bras et recula d'un pas. Puis, elle changea de sujet. - Tu sais pourquoi la Mord-Sith est ainsi vêtue, p'tit chiot ? Dans le plus grand des efforts, l'homme fit un signe de la tête de la gauche vers la droite. - Eh bien, c'est simple. Tu vois, la tenue rouge indique que la Mord-Sith possède un animal à dresser. Quand elle n'en a pas (ce qui est temporaire en général), elle porte une tenue marron. Et quand elle a terminé son dressage, elle revêt la même tenue mais de couleur blanche cette fois. Et ainsi de suite. Alors, tu me demandes pas pourquoi une tenue de couleur rouge pendant le dressage ? Tu ne le devines pas ? Le sang, mon bel ami ! Les yeux de l'homme exprimèrent quelques battements de cils réflexes sur un visage qui sembla montrer une indifférence totale. Den-na ne s'en offusqua pas cette fois, bizarrement. Sans le quitter des yeux, elle se reprit et adopta un ton plus formel. - Moi, Den-na, Mord-Sith, t'annonce officiellement qu'au nom de mon Maître, le seigneur Rahl, j'ai pris possession de ton peuple, de tes terres et de tes planètes, y compris toutes celles appartenant à ton point de coordonnées. Cela a été plutôt facile ma foi. Je m'attendais à plus de résistance. L'homme afficha un air dévasté. Elle lui passa une main sur le visage, le caressant presque comme pour le consoler. Celle-ci amorça ensuite une descente qui la conduisit lentement jusqu'en bas de son ventre. - J'ai le regret aussi de t'annoncer que le commandant Mandarok que tu étais est décédé ce jour. Tu n'existes plus. Pour personne. Ton peuple est déjà passé à autre chose. Ta famille aussi. D'une fermeté exceptionnelle, elle lui serra les testicules de sa main droite et le fixa dans les yeux. Ce dernier hurla alors de toutes ses forces. - Désormais, tu m'appartiens, tu comprends ? Tu m'appartiens ! Elle le lâcha, recula d'un pas puis se mit à tourner autour de lui mais cette fois comme un aigle qui plane autour de sa proie. - Autorise moi à abréger tes souffrances. Implore moi le port du Rada-Han et soumets toi à la sagesse de Maître Rahl ! Je t'accorderai alors peut-être ma clémence. L'amas de muscles, au visage d'apparence sans vie, avait dorénavant cessé de pleurniché. Il finit par faire un signe approbateur de la tête. Alors, Den-na lui ouvrit la bouche puis, de ses deux mains gantées de cuir rouge, retira le mouchoir trempé de sang qui se laissa tomber au sol. Puis, l'individu tenta d'émettre des sons. D'abord inaudibles, ces derniers finirent par devenir mots. - Pi..pitié, Maîtresse Denna, je vous en supplie...Délivrez-moi de toute cette souffrance. Achevez-moi ! - Me promets-tu qu'enfin tu vas te tenir sage et obéissant ? - Oui, Maitresse Denna, je vous donne ma parole. - Me promets-tu de servir dorénavant les intérêts du seigneur Rahl...ainsi que les miens ? - Oui, Maîtresse Denna, je vous le promets ! Sans plus attendre, la jeune femme se déplaca vers le mur se tenant à sa droite. Elle défit le noeud de la corde qui provenait de la poulie. La victime s'écroula lourdement sur le sol. Den-na poursuivit la délivrance de sa bête. Pour ce faire, elle libéra ses poignets des menottes reliées à la corde qui l'avait suspendu en l'air durant ces trois dernières semaines. Immédiatement, elle recula d'un bon mètre et brandissant l'Agiel de sa main droite, ordonna : - Accroupis ! Son souffre-douleur se massa un court instant les poignets ensanglés puis, les yeux rivés sur l'Agiel, s'exécuta. Brisé physiquement et psychologiquement, Den-na jugea que l'ancien puissant commandant était maintenant devenu un animal correctement dressé. Son travail allait enfin se terminer pour cette fois. - Désormais, tu ne répondras qu'au seul nom de "petit chien". Je suis ta seule maîtresse et tu n'obéiras qu'à moi, au doigt et à l'oeil ! Si tu fais un écart de conduite, nous reprendrons les leçons de dressage à zéro, c'est clair ? Petit chien répondit d'un signe de tête approbateur. Sa maîtresse s'en contenta. - A présent, en gage de ta bonne foi, enfile le Rada-han ! - Oui, Maîtresse Denna ! Pitié Maitresse Denna ! D'un geste de la main en direction du sol, elle lui montra le collier qui l'attendait déjà depuis plusieurs jours mais qu'il avait refusé. - Prends ce Rada-Han et mets le autour de ton cou, signe de ton nouvel engagement envers moi ! De ses mains tremblantes et sanguinolantes, il obéit sans réfléchir. Il prit le collier et se le mit autour du cou. Ce dernier se referma instantatément sur lui par une magie qui venait de sceller définitivement son sort. Pour le remercier, Den-na lui adressa un sourire presque vrai. - Te voilà maintenant volontairement adopté, p'tit chien ! Elle se pencha un peu puis ramassa l'extrémité de la solide chaîne du collier. Elle tira fermement dessus. Sa victime s'écroula vers l'avant brusquement. Fière du travail accompli, Den-na constata que sa chose ne lui opposait désormais plus aucune résistance. - En avant bon chien ! Il est l'heure pour nous d'aller rendre nos dévotions au seigneur Rahl. Beaucoup de travail nous attend après ! Nous devons nous rendre à l'Assemblée Galactique afin d'aller y prêcher la sainte parole de notre Seigneur. Il est aussi grand temps de commencer de faire du ménage dans cette galaxie qui en a bien besoin. - Oui, Maitresse Denna ! Pitié Maitresse Denna ! Elle se retourna pour faire face à la porte puis tirant à nouveau fermement sur la chaine, dirigea son animal vers la sortie. - Passe devant, petit chien ! Sans quitter la position accroupie et dans un sursaut d'excitation, la bête se mit alors en marche. Véritablement heureuse de pouvoir enfin quitter ce lieu qui l'avait tant brisée jusqu'aux os, elle poussa des cris de joie de pouvoir en ce jour enfin renaître.
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