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Cdt. Ferranor
Respect diplomatique : 4 ![]() 09/02/1018 ETU 00:10 |
Score : 4
Détails
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Une lueur rougeâtre, dansante, embrasait la pièce plongée dans le silence. Un homme, seul, tourné vers la fenêtre, était assis en tailleur au bord d’une grande table oblongue. Une table autour de laquelle on imaginait aisément d’âpres discussions entre chefs d’états, ou autres grands de ce monde. Une petite tasse fumante était posée à côté de lui. Il observait pensivement l’extérieur, comme absorbé par l’étrange scène qui s’offrait à lui. Il fallait reconnaître que l’apparent calme de la pièce dénotait singulièrement avec son environnement infernal. Cette pièce semblait avoir été construite au cœur du cratère d’un volcan actif. On apercevait des cascades et des lacs de lave. Les parois du cratère, au loin, montaient si haut qu’elles disparaissaient dans les fumerolles noires s’élevant çà et là. Mais dans ce décor terrifiant, l’homme semblait avoir trouvé sa place, et domestiqué la bête grondante. De grands bâtiments desquels partaient et arrivaient d’innombrables câbles, tuyaux, et cheminées occupaient l’espace proche alentour, comme des flèches montant à l’assaut de ce ciel caché par les panaches. En un cycle infini, des bras mécaniques titanesques déposaient dans la lave et repêchaient des pièces métalliques portées au rouge de la taille de petites maisons, puis les emportaient lentement vers des marteaux pilons et des presses encore plus démesurés. Ce n’était plus le volcan qui grondait le plus fort, désormais, c’était l’Industrie qui s’était emparée de son corps, et de sa toute-puissance géologique. L’homme décroisât les jambes et descendit de la table. Arquant le dos, il s’étira en un long soupir. La journée avait été longue. En fait, toutes ses récentes journées avaient été longues depuis qu’il avait obtenu le pouvoir. Mais ça y était. Enfin, sa nation avait réussi à développer une Industrie spatiale digne de ce nom et pérenne. Il avait fallu du temps à cette planète pour voir sa progéniture s’émanciper depuis les balbutiements technologiques qui lui avait permis d’envoyer quelques objets, au début guère plus gros que des ballons, vers l’orbite basse. Il lui avait fallu des guerres. Il lui avait fallu des catastrophes. Il lui avait fallu la fédération en un unique gouvernement. Et enfin, il lui avait fallu découvrir ses voisins. L’effet avait été immédiat. L’opinion publique, soudain devenue consciente de son absence d’unicité, s’était tournée corps et âme vers ce qui pouvait être la plus grande rencontre, ou la plus grande menace connue à ce jour … C’est de cette époque, des grands chantiers qui en découlèrent, et du courage ou de la folie de quelques-uns, que la décision fut prise d’installer d’abord l’Industrie, puis la capitale planétaire au centre du volcan le plus tumultueux d’Enclume. Tout un symbole : l’Homme avait fini de dompter son monde. Il lui fallait désormais dresser les étoiles … Observer le volcan depuis son bureau l’apaisait toujours. Soudain, un haut-parleur grésillant rompit le silence brûlant de la pièce. " Gouverneur Ferranor, pardon de vous interrompre, mais votre discours à l’Académie des Sciences et de l’Industrie débute dans 53 minutes. Et avec le temps nécessaire pour s’y rendre, nous craignons que- PPRRZZRRTTKKR " D’un geste précis, Ferranor, agacé, avait envoyé sa tasse pleine de café sur le terminal de communication trublion. Tandis que quelques étincelles et une petite fumée poisseuse s’élevait des reste de l’appareil, il murmura dans sa barbe : " Grblmblm … Je sais, ça. " Puis, non sans en claquer la porte, il quitta la pièce.
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