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Médecine Magique

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Cdt. Alen
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25/10/1018 ETU 18:39
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Paradoxe sortait doucement d’une période d’agitation importante. Alen venait de céder la capitale au Royaume de Kasparov, qui s’était vu destitué rapidement par les troupes du mercenaire Sallisian.
Alen avait décidé de se retirer de la gouvernance suite à la montée de l’opposition politique. Mais suite à la prise du pouvoir du mercenaire et à la soudaine satisfaction politique de la galaxie, il avait décidé de mettre un terme à cette pseudo guerre en fermant ses secteurs et il se coupa purement et simplement de la politique galactique. Paradoxe avait décidé de prendre un chemin que le Roi des passeurs se refusait d’emprunter. C’est ainsi que commença leur exode.
Plus de sollicitations, plus de jeux politiques, le retour aux sources était finalement bien plus plaisant que prévu. C’est dans le silence et l’isolement qu’Alen réussi à n’entendre plus que l’essentiel.
La magie des passeurs avait beaucoup évoluée, et il était facile désormais pour les expérimentés d’intervenir sur l’âme d’un être vivant. C’était très pratique pour la guerre et les passeurs étaient devenus de redoutables adversaires. Leur réputation les précédait souvent car leur magie faisait peur. Ils étaient souvent qualifiés d’exorcistes, de nécromanciens, et autres sorciers vaudou… Après tout, beaucoup d’être vivant sont effrayés par la mort. Et bien souvent les passeurs gagnaient des batailles presque perdues d'avance, uniquement car leurs opposants avaient peur. On disait que le Roi Alen s’emparait de l’âme d’un être vivant en plongeant de très grands doigts griffus à l’intérieur du corps. Lorsqu’il ressortait sa main, le corps dans un dernier spasme s’immobilisait à terre et il ne restait plus de l'être vivant qu’une sorte de sphère au creux de sa main. L’âme qu’il matérialisait ainsi grâce à sa magie finissait généralement, en temps de guerre, pulvérisée entre ses griffes.
Pouvaient-ont leur en vouloir d’avoir peur ?
Si la mort était quelque chose de maîtrisée chez les passeurs, la vie était une montagne bien plus escarpée à escalader. Pour autant Alen décida de s’entêter. C’était la prochaine étape et il se devait de relever le défi. Tout comme l’âme possède deux pôles, pour trouver l’équilibre, les passeurs ne pouvaient maîtriser que la partie aval du cycle. Ils ne pouvaient pas avoir le contrôle que sur la mort sans maîtriser la vie.
Il décida de commencer ses expériences par un corps dépourvu d’âme, dans lequel il allait en insérer une.
Les résultats ne se firent pas attendre. Dès la première tentative dans son laboratoire, Le corps qui était une coquille vide s’anima peu après la transplantation. Ce corps avait de nouveau une âme, et l’âme semblait prendre ses marques dans cette nouvelle enveloppe. Le cobaye s’exprima dans le laboratoire après quelques minutes d'adaptation.
Où Suis-je ? Et où est Elisa ?
Alen murmura pour lui-même.
Magnifique…
La mémoire était donc liée à l’âme… Il était donc possible en changeant de corps de conserver ses souvenirs, son expérience et sa personnalité. Les opportunités fusèrent dans la tête d’Alen. Venait-il de toucher du doigt l’immortalité ? Son peuple allait pouvoir capitaliser leur savoir jusqu’à la nuit des temps, et eux seuls décideraient du jours de leur départ vers l’au-delà ? Un cri inhumain sortit violemment Alen de sa réflexion.
Le cobaye hurla de douleur.
Il tomba de la table située au milieu du laboratoire et il se recroquevilla par terre en se tenant la tête sans pour autant arrêter d’hurler. C’était un cri de pure souffrance.
Les trois assistants d’Alen se précipitèrent en direction du cobaye pour tenter de l’aider... Mais Alen leva la main pour leur ordonner de ne pas intervenir. Ils se retournèrent vers lui le regard plein d’incompréhension, mais obéirent.
Alen observa impassible le cobaye se tortiller de douleur par terre, jusqu’à ce qu’il s’immobilise et que le silence se fit dans le laboratoire. Un des assistants sortit. Il l’entendit vomir dans le couloir.
Le corps à fait un rejet…
Il avait la mine sombre et le visage fermé. Il s’adressa à ses assistants avant de sortir du laboratoire.
Réessayez sur une dizaine de cobayes, c’est peut-être un cas isolé.
Il ferma la porte et laissa l’homme et les deux femmes en pleine détresse dans le laboratoire.
Le résultat des autres tentatives fût le même que la première fois. Il semblait pourtant que plus l’âme synchronisée provenait d’un corps proche de celui du réceptacle, plus le rejet mettait du temps à arriver. L’âme d’une femme était rejetée plus vite dans un réceptacle masculin et inversement. Alen décida donc d’aller encore plus loin dans les expériences. Ils synchronisèrent l’âme d’une personne de même sexe et de
même famille…
Mais de nouveau l'expérience se solda de la même manière que les précédentes. Cependant, le rejet mis quelques heures à arriver… Mais il arriva.
Alen en tira la conclusion que donc d’une façon ou d’une autre l’âme était liée à un unique corps...
Cette conclusion mettait un terme définitif à ses travaux pour donner la vie. Avait-il était trop confiant ? Trop vaniteux ? Avait-il eu trop de prétention pour toucher un pouvoir qui est celui de Dieu ? Peut-être… Mais il refusa à nouveau de laisser tomber.
On va essayer avec des jumeaux… Il est possible que nous n’ayons pas de rejets.
Au fur et à mesure de l’avancée des travaux, les assistants d’Alen étaient de moins en moins motivés
à poursuivre les travaux du Roi. Il avait changé déjà plusieurs fois d’équipe, les expériences étaient profondément perturbantes. Ce jour-là, un des assistants éclata et invectiva son Roi.
NON !
Alen nous allons trop loin, c’est inhumain de synchroniser une âme dans le corps de son frère ! Même si nous réussissons et qu’il n’y a pas de rejet, tu imagines ce qu’il va ressentir ? Nous sommes en train de devenir des monstres Alen… Je re…
Son souffle fut coupé avant qu’il ne puisse terminer sa phrase. Visiblement agacé des nombreux échecs, Alen explosa tel un volcan en éruption.
Sa magie vibra dans tout son être. Son avant-bras s’était transformé, sa main désormais démesurément grande enveloppait tout le torse de son assistant. Il l’avait encastré dans le mur et le maintenait à environ un demi-mêtre de hauteur. Alen avança son visage à quelques centimètres de celui de son assistant.
Les yeux emplis de peur, celui-ci regarda son Roi.
Un masque de clown avait recouvert le visage d’Alen. On ne reconnaissait que ses yeux rouges.
Tu ne sais rien de ce qu’est un monstre…
Alen éloigna doucement son visage de celui de son assistant, une fois que celui-ci fut paralysé de peur.
Son masque de clown s’évapora dans une épaisse fumée grise et à mesure qu’il reculait son visage, sa main reprit des rondeurs aux extrémités à la place des griffes et reprenait une dimension normale, réduisant la pression sur le torse du malheureux et le laissant retomber à terre. L’homme se retrouva à quatre pattes par terre. Il toussait et respirait fort pour retrouver son souffle puis au bout de quelques instants, il leva les yeux en direction du Roi et murmura de façon presque imperceptible… Clown Couronné…
Alen soupira et s’adressa à ses assistants.
Il y a toujours un prix à payer… N’ayez pas la naïveté de croire que l’on pourra arriver à nos fins sans sacrifices. Acceptez de noircir vos âmes pour le bien de notre peuple. Si vous n’en êtes pas capables, je le ferais seul.
L’homme qu’il venait de chahuter sortit de la salle sans rien dire. Les deux autres ne lui emboîtèrent pas. Alen fit alors un signe de tête aux deux assistants restant. Ils lui répondirent de la même façon.
L’expérience se fit sur les jumeaux. Le résultat était prometteur. Enfin ils arrivaient à quelque chose de concret. Le premier jour, le cobaye se sentait bien. Perturbé psychologiquement, mais intact. Il ne fallait pas pour autant crier victoire trop vite. Ils savaient d'expérience maintenant qu’il y avait un facteur temps avec le rejet. Le cobaye fut mis sous surveillance jour et nuit.
Au bout de deux jours, les premiers rejets commencèrent. Ils ne furent pas violents comme sur les expériences précédentes. Des absences mentales furent mesurées. De plus en plus longues, jusqu’à ce que l’âme quitte le corps pour de bon…
C’était un échec. Impossible d’implanter une âme dans le corps d’un être ayant vécu auparavant avec une âme différente... Il était dans une impasse.
Alen réfléchissait, ça ne pouvait pas s’arrêter là… Peut-être que sa vision était trop étroite de ses connaissances propres et qu’il n’envisageait pas toutes les possibilités… Peut-être que le savoir d’un autre peuple pouvait le débloquer ? Il envisagea tout à coup de nouvelles choses…
Et si il était possible de créer un corps de toute pièce ? Peut-être que là un corps qui n’est pas lié ne sera pas sujet au rejet ? Il faut essayer.
Mais quel peuple pourrait bien être suffisamment avancé scientifiquement dans ce domaine ?
Il réfléchit pendant quelques instants, et puis, comme une évidence la solution apparut dans son esprit :
Les Galathéens et leur Reine… Lyra.
Cdte. Lyra
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29/10/1018 ETU 19:35
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En cette fin d'après-midi d'été, alors que le soleil commençait juste à descendre dans l'horizon, le palais royal galathéen tout entier s'était soudain animé comme une véritable fourmilière. Un code rouge venait d'être émis en provenance des radars de la Tour de Contrôle, après la détection d'un vaisseau très particulier dans le territoire spatial galathéen. Le roi des passeurs, ancien gouverneur de la galaxie, s'était annoncé et avait demandé l'autorisation d’atterrir sur leur capitale. D'après le protocole, étant donné la situation politique plus que tendue dans le secteur 9, seule la reine Lyra avait le pouvoir d'accorder une telle autorisation.
Et Lyra... était introuvable. Personne ne l'avait aperçue de la journée, ni n'avait la moindre idée de là où elle se trouvait. La reine était coutumière de ces "disparitions", qui mettaient le vieil Arthus - son précepteur - dans un état de rage mêlée d'une inquiétude sourde. Elle allait finir par le tuer...
Après presque une heure de recherches frénétiques dans tout le palais et ses alentours, Arthus, au bord de l'apoplexie, était lui-même entré dans la salle de contrôle. Les opérateurs, qui suivaient d'un air fiévreux sur les écrans les manœuvres des navettes militaires déployées en prévention, refusèrent d'abord d'écouter le vieil homme lorsqu'il leur demanda d'accorder l'autorisation d'atterrissage.
"Seule la reine..."
"Elle est pas là, la reine ! Là !
Et je ne sais pas quand elle sera de retour. Vous n'allez pas le faire poireauter des heures là haut ?"
"... non, je suppose que non..."
"Bon ! Vous n'allez quand même pas lui tirer dessus ?"
"..."
"Je vous laisserais expliquer à Lyra que vous avez donné l'ordre de tirer sur Alen en son absen..."
"Ok ! Ok." Dans un soupir, l'opérateur brancha son casque. "Autorisation accordée, je répète. Autorisation accordée."
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Bien sûr, toujours en l'absence de Lyra, Arthus avait vaillamment tenté d'assurer le démarrage de cette visite diplomatique. Il sentait bien que la situation semblait étrange au roi des passeurs, mais ce dernier sut faire preuve de suffisamment de savoir vivre pour ne pas le faire remarquer.
Complètement perdu et ne sachant pas quand Lyra leur ferait l'honneur de revenir à la surface, Arthus trimbala son invité dans tout le palais en prétextant lui faire visiter un véritable joyau architectural, bâti il y avait 11 générations. Les questions d'Alen, toujours polies, commençaient toutefois à se faire de plus en plus insistantes, et Arthus transpirait de plus en plus.
Lorsqu'il ne restât plus que les cuisines et les chambres à visiter, Arthus ne parvint pas à trouver de raison valable pour poursuivre cette visite complètement hallucinante et proposa simplement à Alen d'aller boire un verre dans son bureau. La reine ne va plus tarder, répéta-t-il machinalement, pour la 15ème fois en deux heures.
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Arthus ? ARTHUUUS ? La nuit commençait juste à tomber lorsque la voix de Lyra retentit dans le palais.
Où est-ce qu'il est encore fourré... Arthus ! C'est quoi ce bordel en bas ? Elle semblait chercher le vieil homme, remontant le couloir qui menait à son bureau. La garde est déployée partout et les accès depuis la ville sont verrouillés... on est encore attaqués, ou quoi ?
Tu pourrais... Lyra avait fait irruption dans le bureau d'un pas vif, mais elle stoppa net en les voyant. Elle les dévisagea tour à tour sans comprendre. ...Alen ?
A son entrée, Arthus ferma les yeux et soupira. Oh, il ne s'était pas vraiment attendu à ce qu'elle apparaisse devant eux comme une reine "normale" l'aurait fait. Avec un minimum de prestance, annoncée et escortée, bien apprêtée, et respectant le protocole. Déjà à la base, une reine normale aurait été sur place quand Alen était arrivé au Palais, et non envolée encore on-ne-sait-où. Non, sur tout ça, il avait plus ou moins tiré une croix. Mais là... là, elle leur servait du Lyra dans toute sa splendeur. Couverte de poussière, les cheveux vaguement assemblés dans ce qui avait du ressembler au départ à une longue natte, simplement vêtue d'un débardeur et d'un pantalon treillis déchiré par endroit. Sous une mèche de cheveux, il aperçut même une coupure au niveau de sa tempe. Son animus Ajay n'était pas mieux, haletant comme s'ils revenaient d'un marathon et les poils collés par la boue.
Face à n'importe qui d'autre, Lyra n'aurait éprouvé aucune gêne, ni aucune honte. Mais alors qu'Arthus semblait se décomposer sur place et affichait un air profondément scandalisé, Alen la fixait d'un air amusé - elle aurait même juré voir un petit sourire en coin. Elle se sentit rougir et se maudit intérieurement. Merde, il aurait pu prévenir...
Elle inspira un bon coup, essuya rapidement la paume de ses mains sur son pantalon et fit quelques pas vers Alen pour lui tendre la main.
Vous êtes là depuis longtemps ? Désolée, je... j'étais... en affaires. Arthus leva les yeux au ciel. Sérieusement ?
Enchantée de faire enfin votre connaissance... reprit Lyra, dans un sourire.
Elle écourta rapidement cette première entrevue, invitant Arthus à installer Alen dans ses propres bureaux. Elle se retira pour se changer et se laver, la tête bourdonnante de questions et le cœur battant - incapable de trancher si elle était réellement heureuse de le rencontrer, ou au bord de la panique. Il y avait tant de rumeurs, tant de récits sur le roi des passeurs... et la situation politique du Secteur 9 était loin d'être apaisée - son ouverture chaotique faisait toujours encore des vagues. Alen était d'ailleurs toujours activement recherché par le mercenaire Sallisian et le Seigneur Alderak, et elle ne put s'empêcher de sourire intérieurement en imaginant ce que dirait son ami Miroslav s'il savait qu'il était ici, à cet instant...
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Lyra prit son temps pour se changer. Après tout, elle était chez elle, il ne s'était pas annoncé - elle n'allait pas courir pour lui. Avec un peu de chance, il se lasserait d'attendre et il repartirait avant qu'elle n'ait fini, et tout serait réglé.
C'était mal connaitre Alen. Bien évidemment, il était toujours là lorsque Lyra rejoignit son bureau. Il semblait absorbé dans la contemplation d'un des nombreux terrariums qui garnissaient les étagères, et il ne l'entendit pas entrer.
Lyra sourit en voyant l'animal qui avait attiré son attention. Elle se rapprocha doucement d'Alen et se posta devant le terrarium.
C'est un spécimen d'argoussette femelle. Le petit animal, aux couleurs chatoyantes, dormait sur une feuille, sous les lampes du terrarium. Lyra croisa les bras, songeuse. Elle a l'air bien inoffensive comme ça, mais on aurait tort de la sous-estimer.
En principe, l'argoussette dévore le mâle juste après l'accouplement. Lyra regarda Alen droit dans les yeux. Pour éviter cette fin tragique, certains ont élaboré une parade : ils lui apportent une proie, soigneusement emballée dans un petit paquet. Le temps que la femelle déballe son cadeau, le mâle a donc tout le temps de faire ses petites affaires et peut repartir sans se faire croquer. Lyra reporta son regard sur le terrarium et sourit. Mais certains petits malins ne prennent pas la peine de chasser une proie, ils se contentent d'apporter un paquet vide. Le temps qu'elle se rende compte de la supercherie, ils sont déjà loin. Alors... maintenant, elle prend l'habitude de secouer le cadeau, pour vérifier qu'il contient bien quelque chose. Et gare à ceux qui ont osé tenter de la tromper... Le plus amusant, c'est que désormais, on observe des mâles emballer de petits cailloux, pour parfaire leur tromperie, et la femelle n'y voit que du feu. Lyra se tut quelques instants, pensive. Quand on étudie le monde animal, on se rend compte qu'en matière de perfidie, les hommes n'ont rien inventé...
Elle se retourna vers Alen.
Mais assez parlé de zoologie. Et si tu me disais ce que tu es venu faire ici, Alen ?
Cdt. Alen
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30/10/1018 ETU 18:37
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Le discours de la reine Galathéenne amusa le roi des passeurs. Il essaya de transposer son histoire sur l’argoussette à la situation présente… C’est vrai que c’était un peu cocasse d’imaginer Lyra manger Alen tout cru.
En effet, je ne suis pas venu discuter zoologie, mais ton histoire de femelle qui dévore son partenaire après l’accouplement m’a passionné, je ne voulais surtout pas te couper de peur de ne pas laisser libre cours à l’imagination…
Il la regarda à son tour droit dans les yeux. Elle semblait bien à l’aise et il était bien décidé de la faire un petit peu sortir de sa zone de confort et la mettre dans l’embarras. Chose qu’il sembla très bien réussir au vu de la tête que tira Lyra après sa réflexion.
Alen ricana et décida d'enchainer afin de ne pas laisser la jeune femme dans le malaise.
Tu as un très beau palais, que visiblement ce cher Arthus adore, vu qu’il est capable d’en parler pendant des heures… Je n’ai pas voulu le couper le pauvre homme semblait déjà suffisamment perturbé… par ton absence je suppose. Enfin, ce n’est pas grave, c’était une balade très intéressante. On en apprend beaucoup sur quelqu’un lorsque l’on découvre son lieu de vie tu sais ?
Il ne partagea pas ce qu’il avait pu voir et ce qui avait attiré son attention dans le domicile de la jeune reine et il poursuivit son monologue pour se présenter, enfin. Il se mit alors à faire le tour de la pièce, les mains dans le dos en commençant son histoire.
Moi c’est Alen. Enchanté petite argoussette…
Il ricana.
Il se dit pas mal de choses sur mon compte ces temps-ci. Je vais donc tacher de te dire la vérité et tu comprendras ensuite ce qui m’amène chez toi.
Comme tu le sais surement déjà, je me suis retiré de la vie politique. Cette galaxie fait des choix qui me dépassent. J’ai décidé de ne pas cautionner et de m’intéresser à des choses plus importantes. Pour ton information sur cette pseudo guerre, Sallisian m’a attaqué à de nombreux endroits mais actuellement je l’ai viré de chez moi et mes secteurs de vie sont fermés. Pour ce qui est des seigneurs, nous nous sommes battus en secteur 26. La bataille a été rude pour les deux camps, mais je dois le reconnaître, il a pris le meilleur sur ce champ de bataille. J’ai été négligeant et je l’ai sous-estimé, ça m’apprendra. Mais les seigneurs sont de véritables guerriers et à ce titre je suis persuadé que notre conflit ne s’étendra pas au secteur 26. Soit donc rassuré, ma venue ici n’amènera pas la guerre à tes portes.
Je ne suis donc plus le gouverneur de cette galaxie, je suis simplement le Roi des passeurs aujourd’hui.
Je ne sais pas si tu connais un peu l’histoire de mon peuple ? Je vais te la conter en quelques mots.
Pour faire simple, nous sommes un peuple de survivants. Seuls les plus forts ont survécus à la catastrophe qui a frappé notre planète. A force de recherche, j’ai réussi à maîtriser puis à enseigner une magie qui nous a permis de nous affranchir de notre statut de réfugiés à une époque où notre planète natale été entièrement peuplée d’être corrompus. Cette magie nous a permis de purifier leurs âmes afin qu’ils trouvent le repos. C’est à cette époque que naturellement compte tenu des événements notre magie fut nommée Innocence.
Nous avons fait du chemin depuis dans la maitrise de notre magie. Notre magie n’était au tout départ qu’efficace contre les êtres corrompus. Une âme entièrement noire était purifiée et détruite. Voilà quelle était la plus pure maitrise de l’Innocence.
Cependant, nous sommes allés plus loin dans la maitrise de notre magie. Si bien qu’aujourd’hui, nous ne nous contentons pas seulement de purifier la partie sombre, nous pouvons obliger une âme à quitter son enveloppe charnelle et en disposer à notre guise. Notre magie ne mérite plus de s’appelait Innocence aujourd’hui, puisqu’elle n’a absolument rien d’innocente. Je pense que tu commences à comprendre… Nous nous en servons pour donner la mort.
Il se retourna vers Lyra et s’adossa à un meuble.
Je cherche aujourd’hui l’équilibre. C’est l’essence même de notre magie, l’équilibre. Une âme est quelque chose de complexe et immatériel, mais si l’on devait se la représenté, c’est un équilibre entre une part de bien, de lumière et une part de mal, d’ombre.
Ces deux pôles sont en sans cesse opposition. A l’échelle de l’être vivant, c’est ce que l’on appelle communément « le combat intérieur ». L’un n’existe pas sans l’autre. Tout est une histoire d’équilibre.
Il regarda la jeune reine d’un air grave.
Aujourd’hui notre magie est en déséquilibre Lyra. Nous somme capable de donner la mort, mais nous sommes incapable de donner sur la vie. Et c’est pour ça que je suis ici… J’ai entendu dire que toi et ton peuple êtes très avancés dans le secteur du médical. C’est pourquoi…
Sa proposition tonna comme un coup de foudre dans le bureau.
Je veux donc travailler avec toi Lyra. Je pense que votre savoir-faire est la pièce manquante à mon puzzle pour arriver grâce à ma magie…
A donner la vie.
Cdte. Lyra
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05/11/1018 ETU 19:37
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En tant que - jeune - femme évoluant dans un monde d'hommes, Lyra avait l'habitude qu'on ne la prenne pas vraiment au sérieux. Elle cherchait donc généralement à affirmer son assurance d'entrée de jeu, mais sur Alen, sa petite manœuvre d'introduction n'avait pas vraiment produit l'effet attendu. Il avait décoché sa parade sans hésitation, la prenant au dépourvu.
Elle s'était finalement assise sur le bord de son bureau, après avoir distraitement décalé quelques dossiers pour se faire une petite place. Puis elle l'avait écouté, immobile et silencieuse. Elle n'avait aucune idée de ce qu'il avait appris sur elle grâce à la visite improvisée d'Arthus.
Mais pour sa part, au delà de son récit, elle venait d'en apprendre beaucoup sur lui. Elle ne l'avait pas quitté des yeux, alors qu'il arpentait la pièce, prenant possession des lieux avec une décontraction déconcertante. Elle commençait à cerner le personnage et il tentait manifestement de prendre l'ascendant en la déstabilisant. Ok, s'il voulait jouer à ça...
Donner... la vie ?
Lyra ne put s'empêcher de répéter les derniers mots d'Alen, comme pour pleinement en saisir le sens. Elle s'accorda quelques instants de réflexion.
Si je comprend bien, ce que tu cherches à faire, c'est donner vie à un corps inanimé en y insérant une âme - ou une partie d'âme - que tu auras extraite de quelqu'un d'autre auparavant. C'est bien ça ?
Tout en parlant, Lyra s'était levée et elle traversa la pièce, en direction d'un petit meuble en bois. Elle ouvrit les portes, sortit une bouteille et deux verres.
Non, parce que si c'est juste donner la vie qui t'intéresse, reprit-elle, il y a des méthodes plus simples, qui ne nécessitent ni ma science, ni ta magie... mais tu dois être au courant, déjà ?
Un sourire discret glissa sur ses lèvres, qu'elle effaça immédiatement pour se tourner vers lui, lui désignant un fauteuil. Je t'en prie, assied-toi. Tu bois quelque chose ?
Lyra se laissa ensuite tomber dans un fauteuil face à Alen, et s'absorba encore quelques instants dans la contemplation du liquide ambré qu'elle faisait doucement tourner dans son verre. Cette journée avait vraiment pris une tournure étrange... En y repensant, c'était déjà la deuxième fois que cet homme là surgissait par surprise dans sa vie, venant bousculer ses perspectives. La première fois, c'était sous une forme holographique... Plus exactement, il avait été à l'origine du tout premier message holographique provenant de l'espace, capté par les galathéens. C'était il y a une éternité, et pourtant comme si c'était hier. Un simple message, une image...un visage. Apportant la preuve qu'ils n'étaient pas seuls dans l'univers, il avait ouvert des perspectives vertigineuses dans l'esprit de Lyra. Et aujourd'hui... Autre contexte, autre situation, mais il revenait la cueillir chez elle, sans prévenir, lui parler d'un projet qui paraissait complètement fou.
D'après tout ce qui se racontait sur Alen, Lyra aurait pu légitimement craindre pour elle - ou au moins, se sentir intimidée. Pourtant, bizarrement, il ne lui faisait pas plus peur que ça. Elle ne commettrait toutefois pas l'erreur de le sous-estimer, et était bien décidée à rester sur ses gardes.
Elle était restée pensive un petit moment mais, percevant soudain le poids de son regard, elle sortit de sa bulle et revint au présent.
On ne t'a pas menti sur la portée des travaux de nos chercheurs, en particulier dans le domaine biomédical. Je ne vais pas jouer la fausse modestie, disons qu'on se débrouille pas mal sur un certain nombre de sujets. En revanche, la magie des passeurs nous est complètement inconnue. Enfin... on en a eu des récits, bien sûr. Mais ce serait la première fois qu'on essaie d'associer la science à la magie... ça ouvre sans aucune doute des perspectives intéressantes. Et un bon nombre de défis, aussi. Une petite étincelle s'était allumée dans les yeux de Lyra, comme à chaque fois qu'elle se trouvait face à une occasion de satisfaire sa curiosité.
Tu as entendu parler de nos scientifiques, mais je ne sais pas ce que tu connais de notre histoire et de notre culture. Alors puisqu'on en est aux présentations... Pour te la faire courte, les galathéens sont loin d'avoir enduré les mêmes catastrophes que ton peuple, notre histoire est bien plus paisible en comparaison. Nous avons tout de même traversé de longues périodes de querelles et de luttes intestines - jusqu'à ce que mes ancêtres parviennent enfin à fédérer tout ce petit monde. Il s'est avéré que l'unité était bien plus productive que la division, et à partir de là, notre civilisation a connu des progrès très rapides. Lyra déporta son regard vers les grandes baies vitrées de son bureau. Les dernières lueurs du jour disparaissaient petit à petit, teintant l'horizon d'une palette de tons rouge orangé.
Nous nous sommes construits en repoussant constamment les limites de nos connaissances, dans de nombreux domaines. Nous ne sommes pas un peuple guerrier, et nous sommes de piètres combattants. Mais le savoir est aussi une arme, et nous avons su préserver notre indépendance et notre autonomie grâce à lui.
La jeune femme resta silencieuse quelques instants, l'air soucieux.
Je vais être honnête avec toi, Alen, tu as une réputation qui t'as précédé. Tu l'as dit toi même, il se raconte pas mal de choses sur ton compte. Et c'est pas très joli joli, ce que j'ai entendu sur toi, pour l'instant.
Avec un petit sourire espiègle, Lyra leva les yeux, comme si elle cherchait à se remémorer quelque chose.
De ce qu'on m'a dit, le Roi des passeurs serait... arrogant, manipulateur, imprévisible et impulsif... mmmh... égoïste, aussi. Ah, et fâcheuse tendance à la tyrannie. Elle le regarda droit dans les yeux, avec un petit haussement de sourcil. Plutôt chargé, comme CV.
Lyra marqua une nouvelle pause, pensive. Elle vida la fin de son verre et le posa sur la petite table.
Pour autant, je n'ai pas l'habitude de juger trop hâtivement, surtout sur des rumeurs. J'aime bien me faire ma propre opinion. Et je ne m'en cache pas, c'est plutôt flatteur que tu te sois tourné vers nous, étant donné l'importance que doit avoir ce projet, pour toi et ton peuple. Elle soupira doucement. Je te mentirais si je te disais ne pas être à priori intéressée par toutes les perspectives que nous pourrions développer à partir de telles recherches...
Elle croisa les mains sur ses genoux et s'adossa confortablement contre le dossier de son fauteuil.
Alors d'accord, tu me dis chercher un équilibre. J'en déduis que les travaux que tu me propose, visent à augmenter la part de bien dans ta magie. Elle le regarda dans les yeux, d'un air grave. Mais il va me falloir un peu plus que ça pour me convaincre, ne crois pas que je vais ouvrir toutes grandes les portes de mes laboratoires simplement pour tes beaux yeux. Nos recherches sont encadrées par des règles morales, et je n'ai pas l'intention de faire plancher mes chercheurs sur un projet qui irait contre nos valeurs et nos convictions.
Alors dis-moi, pourquoi est-ce que te ferais confiance, sur le bien-fondé d'un projet comme celui là ?
Cdt. Alen
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11/11/1018 ETU 15:24
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Non je ne viens pas pour accroître la part de bien dans ma magie.
Il fit une brève pause avant de reprendre.
Je ne suis pas ici pour te convaincre que tu dois m'aider, parce que j'ai besoin de quelque chose que je ne peux pas réaliser seul.
Si tel était le cas, vu mon CV si chargé, on peut facilement imaginé que je serais venu avec ma flotte, que j'aurais ravagé tes défenses planétaires et que je t'aurais kidnappée toi et quelques uns de tes meilleurs scientifiques pour arriver à mes fins...
Il fit un grand sourire.
Je vais compléter un peu mon CV. Je suis quelqu'un qui aime les gens compétents. Tu sais, dans ce monde, seuls ceux qui s'adaptent à leur environnement suffisamment vite finissent par survivre et de fait dominer le monde... Qu'ils le veuillent ou non.
On peut dire que je suis cruel, c'est peut être vrai pour certains car c'est un fait, je crois profondément en le concept de sélection naturelle.
Dieu défini dans quel environnement nous vivons. Il nous met à disposition des ressources divers et variées et nous pousse à être confronté à des difficultés multiples.
Je suis Roi, et à ce titre, il est de mon devoir d'assurer l'avenir de mon peuple. En ce sens, ma cruauté se limite à laisser ceux qui ne peuvent pas nous permettre d'évoluer derrière nous, afin d'avancer avec ceux nous permettant d'être plus fort.
L'exposé était plutot élémentaire, mais le message avait le mérite d'être clair.
Je suis donc venu te demander de collaborer pour que l'on réalise quelque chose de grand. Pas pour moi, pas pour toi, ensemble. Ensemble pour nos peuples et pour l'avenir.
Si tu as des conditions de respect de limites morales à mettre dans le cadre de notre collaboration, fais donc. Je ne viens pas imposer, je viens collaborer.
Il s'approcha d'elle et plongea son regard dans celui de Lyra. Il s'approcha encore... De plus en plus près... Il s’arrêta juste avant d'avoir franchi la limite qui aurait mis son interlocutrice dans l'inconfort et juste assez pour pouvoir être parfaitement audible en murmurant...
Est-ce que respecter tes convictions en travaillant sur un projet révolutionnant l'avenir de nos deux peuples est suffisant pour te convaincre du bien fondé du projet ...
Il coupa sa question afin d'attraper une petite mèche de cheveux couleur d'or qui tombait sur la joue de Lyra. Il la remit d'un geste lent et plein de douceur derrière son oreille. Puis, après un instant, il fini sa question, plus proche de la reine galathèenne que jamais.
Lyra ?
Cdte. Lyra
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21/11/1018 ETU 21:02
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Lyra avait senti son cœur battre de plus en plus fort, à mesure qu'il s'approchait d'elle. Il était maintenant très près - dangereusement près. Noyée dans son regard, incapable d'esquisser le moindre geste, elle avait tressailli au contact de ses doigts sur sa joue. Il fallait qu'elle réagisse, il fallait qu'elle dise quelque chose, mais plus rien ne semblait répondre. Pendant quelques secondes, qui semblèrent une éternité, elle tenta... en vain...de reprendre...le contrôle...de son cerveau...
Aïe ! Lyra eut un sursaut et attrapa sa main, sous le coup d'une vive douleur. Ajay, son loup, s'était approché en silence et venait de la mordre. Elle pesta intérieurement mais cela eut le mérite de la faire redescendre brutalement sur terre et, tout en se massant la paume, elle s'éloigna prudemment d'Alen. Bon sang, qu'est-ce qu'il venait de se passer ?
Évitant de recroiser son regard, elle tenta de reprendre ses esprits et de remettre ses idées en place. Bon... bien qu'elle ne partage pas tout à fait son point de vue, elle comprenait où il venait en venir, avec sa loi du plus apte. Elle passa sa main dans ses cheveux d'un air soucieux et, prenant garde à rester à bonne distance, elle se retourna à nouveau vers lui.
J'imagine que je te remercie d'avoir choisi la voie de la coopération, et de ne pas t'être senti obligé de nous envahir, ou de me kidnapper pour arriver à tes fins. Son ton était un peu froid et sarcastique. Elle s'en voulait d'avoir ainsi perdu le contrôle d'elle-même, et voulait écourter au plus vite.
Je ne partage pas tout à fait ton point de vue sur le principe de sélection naturelle quand il est sorti de son contexte biologique. Mais à la limite... bon, on pourra toujours en reparler. C'est une question de nuance, je suppose. Je ne suis pas non plus complètement naïve sur la façon dont fonctionne le monde.
Lyra croisa les bras, l'air préoccupé. Une partie d'elle-même implorait de le flanquer immédiatement à la porte, et de le tenir le plus éloigné possible. Mais il était trop tard, et elle le savait. Elle aurait du le faire tout de suite, avant qu'il ne vienne semer ses idées dans sa tête. Sa curiosité était piquée, ils touchaient peut-être du doigt une des plus grande avancée scientifique de l'histoire galathéenne, et elle ne laisserait pas cette opportunité lui échapper. Leur motivation à la base n'était peut-être pas la même, et alors ? A elle de fixer les limites pour éviter les dérives.
Ok, je suis d'accord pour y réfléchir. J'ai dit "y réfléchir", précisa-t-elle en appuyant ses mots, voyant poindre un sourire chez Alen. Demain, je te ferais visiter notre centre de recherche, et on aura une petite discussion avec quelques uns de mes meilleurs chercheurs. Tu leur expliqueras ton projet, en détail. Il faut déjà qu'on détermine si, en théorie, quelque chose est envisageable.
Si jamais - je dis bien si jamais - nous entamons une collaboration, je demande deux choses. Je veux pouvoir mettre un terme à nos travaux, à tout moment, si j'estime que nous allons trop loin. Et je veux que les galathéens gardent le droit d'utiliser librement toute découverte, toute technologie, tout procédé qui découlerait de nos recherches.
Alen acquiesça de la tête. Entendu, si ce droit s'étend aussi aux passeurs.
Elle réfléchit encore quelques secondes puis enfin, se rapprocha de lui, et lui tendit doucement la main. Marché conclu.
======================
En réalité, la phase de réflexion fut rapidement dépassée. L'enthousiasme des chercheurs que Lyra avait mobilisé pour étudier la faisabilité du projet ne laissa pas beaucoup de doutes sur l'importance et la portée de ces travaux. On leur proposait ni plus ni moins de transcender les limites biologiques - bref, de revenir complètement sur leur conception de la mort comme une fatalité.
La question du rejet des âmes, telle que l'avaient expérimenté les passeurs, devint vite le point central des discussions. Le récit d'Alen laissait penser que chaque corps s'était façonné pour être le réceptacle d'une seule âme par le biais d'imbrications, connexions, enchevêtrements, peut-être même des liaisons neuro-anatomiques. Quand une nouvelle âme était introduite, elle n'était alors pas reconnue par l'organisme qui la rejetait, l'empêchant de s'y ancrer.
Très rapidement, il fallut passer de la théorie à la pratique. Et cette étape posa un problème de taille. Pour faire des recherches sur des corps et des âmes... il fallait des corps et des âmes. Or les galathéens ne disposaient d'aucun "cobayes" pouvant être utilisés à cet effet car leur civilisation ne comptait ni esclaves, ni prisonniers de guerre, ni condamnés à mort. Il fut donc décidé de se tourner vers des personnes mourantes, au crépuscule de leur vie pour une raison ou une autre. Uniquement des volontaires, bien évidemment, prêts à soutenir le progrès de la recherche et, peut-être, profiter des résultats s'ils s'avéraient positifs.
Lyra avait imposé cette condition de volontariat. La perspective d'arracher l'âme de mourants n'était déjà pas des plus réjouissantes, il ne manquait plus que ce soit contre leur gré...
La première extraction d'âme à laquelle Lyra assista fut un grand moment. Tout avait été préparé dans une petite salle d’hôpital ; en plus de Lyra, Alen et du sujet volontaire, quatre médecins et trois internes avaient insisté pour être présents. Alen les avait prévenus que l’expérience pouvait être traumatisante mais leur curiosité l'avait emporté. Lorsqu'Alen se métamorphosa sous l'impulsion de sa magie, tous eurent un violent sursaut et semblèrent se vider instantanément de leur sang, devenant plus blancs que leur blouses - sauf le cobaye, que l'on avait bien sûr pris soin d'endormir au préalable. Lorsque l'âme quitta son enveloppe charnelle sous les griffes du passeur, Lyra eut un haut-le-cœur. Les poils d'Ajay se hérissèrent sur son dos. Deux médecins quittèrent la pièce précipitamment et un interne vomit dans la sphère en verre qu'il tenait à la main, et qui était censée accueillir l'âme fraîchement extraite.
Flottant dans un état second, Lyra avait attrapé une nouvelle sphère sur le chariot et s'était approchée d'Alen afin qu'il puisse y déposer l'âme. Elle ferma ensuite l'opercule et, serrant la sphère de verre contre elle comme s'il s'était agit d'un animal blessé, elle trouva la force de murmurer...
Je pense qu'il vaut mieux que l'on continue tout seuls, Alen...
A la fin de la journée, ils avaient procédé à une quarantaine d'extractions. Le visage livide, les mâchoires serrées et les traits tirés, Lyra avait suivi le rythme sans prononcer un mot, recueillant une à une les âmes dans ses petites bulles de verre. La nausée l'avait abandonnée, au moins. Concentré, et peut-être conscient des efforts que faisait la jeune reine, Alen avait quitté son air taquin et il n'y avait eu aucune tension entre eux. Il avait bien émis de sérieux doutes sur le fait qu'il soit possible de conserver les âmes hors d'un corps, ne serait-ce que quelques jours - mais pour des raisons pratiques, Lyra tenait à essayer et il l'avait laissée faire.
C'était une bonne journée, souffla finalement Lyra alors qu'ils étaient de retour au laboratoire et qu'elle rangeait avec mille précautions la dernière sphère sur l'étagère. Les âmes luisaient faiblement dans la pénombre de la pièce, projetant une atmosphère paisible bienvenue après les émotions fortes de la journée. Elle trouva même la force de sourire à Alen. Maintenant, les choses sérieuses vont pouvoir commencer...
Une première tentative de ré-enveloppement d'âme fut tentée dès le lendemain, suivant une première méthode dite de "mnémosuppression". De la même façon que l’immunosuppression permettait de faciliter les greffes de tissu, les chercheurs galathéens appliquèrent des traitements mnémosuppresseurs sur un corps fraîchement récupéré à la morgue. Le résultat ne fut pourtant pas concluant, et l'âme fut rejetée. Un chercheur émis l'hypothèse que lorsque l'âme était arrachée du corps, cela pouvait créer des dommages irréversibles, détruisant les liaisons et les connexions entre le corps et l'âme. Pour tester cette théorie, il fut tenté de ré-envelopper une âme dans le propre corps duquel elle était issue. Ce fut un nouvel échec, mais qui semblait en soit confirmer que le chercheur avait vu juste. Ces premiers revers mirent un petit coup au moral de l'équipe.
Ce ne fut rien en comparaison de la nouvelle qui leur fut apportée un peu plus tard dans la journée, par un assistant paniqué. Parmi les âmes stockées dans leur bulle de verre, une dizaine semblait s'être purement et simplement volatilisées. Lyra ne put que constater, la gorge serrée, les sphères vides - dans lesquelles ne persistait plus qu'un petit volute de fumée blanchâtre.
Je t'avais dit que les âmes ne tiendraient pas longtemps, hors d'une enveloppe corporelle.
Elle regarda Alen d'un air inquiet et acquiesca, soucieuse. Ok, là il va falloir accélerer le mouvement...
Alors que les chercheurs reprenaient leurs débats sur la meilleure façon d'améliorer le protocole, Lyra eut soudain eut une étrange lueur dans le regard. Elle s'approcha d'Alen et lui attrapa discrètement le bras.
J'ai une idée, murmura-t-elle. Suis moi...
Elle l’entraîna dans un dédale de couloirs, traversant des zones du laboratoire où elle ne l'avait encore jamais emmené. Il était déjà tard et ils ne croisaient plus personne dans les allées, les bureaux étaient tous vides. Régulièrement, Lyra sortait un badge pour leur permettre de passer des sas de sécurité.
Où est-ce que tu... finit par demander Alen, mais il n'eut pas le temps d'achever sa phrase. Lyra venait de s'arrêter net devant la énième porte d'un sas et se retourna vers lui, le regard brillant et le sourire aux lèvres.
Ce que tu vas voir là, c'est ultra secret. Du genre... secret défense, tu vois ? Très peu de monde est au courant... Enfin, tu vas vite comprendre. Je compte sur toi pour ne rien dire de ce que tu vas voir. Pour le moment... ça devra rester entre nous.
Avec un sourire énigmatique, Lyra passa son badge sur le lecteur, et s'adossa à la porte pour l'ouvrir. Elle saisi Alen par la main et l’entraîna dans la pièce plongée dans l'obscurité. Des néons bleutés s'allumèrent les uns après les autres, révélant le contenu de la salle. D'énormes cuves s'alignaient les unes à côté des autres, contenant un liquide bleuté dans lequel flottaient d'étranges formes. Des formes humaines.
Ce sont des corps synthétiques. Création ex-nihilo 100% galathéenne, par culture de tissus dans un bain catalyseur. Lyra arpenta la salle, longeant les cuves. On travaille sur ce projet depuis plusieurs années. Ce sont des corps biologiquement semblables à n'importe quel humain mais ce sont des coquilles vides. Aucune conscience, aucune stimulation cérébrale. Elle regarda Alen. On cherche à développer des unités de terrain pilotables à distance, pour des interventions en zones sensibles : zones de guerre, contaminées, sinistrées, etc. Enfin bref... pour arriver à ça, on a encore un bon chemin à parcourir.
Elle plaça sa main sur une des cuves. En revanche... on dispose là d'enveloppes humanoïdes parfaitement vierges de toute mémoire, de toute expérience... de toute âme. Tu vois où je veux en venir ?
Je n'y ai pas pensé tout de suite, parce que c'est un projet classé. Il faudrait des dizaines d'autorisations, des comités et des débats interminables pour utiliser ces enveloppes sur un nouveau projet. On a pas ce temps là. Mais si on reste discrets... je pense que personne ne remarquera la disparition de certaines d'entre elles ?
======================
Toute reine qu'elle était, Lyra ne pouvait pas mener ce projet complètement seule avec Alen, et elle en avait conscience. Ils auraient besoin d'un appui scientifique et technique - et donc, de quelques chercheurs et assistants à mettre dans la combine. Par précaution, ils travaillaient souvent tard - voire de nuit, pour profiter des locaux vides. Les âmes se volatilisaient dans leurs bulles de verre à une rythme effrayant, et chaque jour qui passait réduisait le nombre de tentatives possibles avant de devoir procéder à de nouvelles extractions - ce que Lyra redoutait au plus haut point.
Pour leur tentative de ré-enveloppement 2.0, ils choisirent une enveloppe qui présentait le plus de similarités avec le corps originel de l'âme à introduire. L'enveloppe sélectionnée avait été sortie avec précaution de sa cuve, puis installée sur la table d'opération. Ils l'avaient ensuite reliée à tout un tas de capteurs et de machines de suivi biométriques, et avaient fixé des électrodes tout autour de sa tête. Les machines enregistreraient ainsi en temps réel toute modification de l'activité cérébrale - et tout signe clinique d'activité de manière générale.
Lyra suivait le déroulé des opérations avec nervosité, alors qu'Alen procédait au ré-enveloppement de l'âme. S'ils rencontraient encore un rejet, ce serait un échec compliqué à gérer.
Or, pour la première fois depuis le début des recherches, il n'y eu pas de rejet. Ce qui, en soit, était un progrès notable. Mais le résultat n'était toujours pas satisfaisant - en tout cas, pas viable. Le sujet présentait de nombreux troubles psychomoteurs, et passait par des phases de fortes perturbations et désynchronisations mentales. Après des heures d'observations, Lyra et Alen eurent la sensation que l'âme ne trouvait pas ses marques dans ce corps d'emprunt. Elle semblait "flotter" dans le corps, sans accroches. Ni rejetée, ni ancrée : coincée dans un entre-deux.
L'âme possédait donc certainement une forme de mémoire du corps précédemment habité. Ils lancèrent alors la synthèse d'enveloppes partageant différents degrés de similitude génétique avec les corps originaux, allant de 10% de similarité au clone parfait. Étonnamment, les résultats ne furent pas linéaires. En réalité, à partir de 40% de similarité, il n'y avait plus de différence notable dans la capacité de l'âme à s'adapter à son nouveau corps.
Chaque petit progrès était galvanisant, chaque obstacle un nouveau défi à relever. Il fut alors décidé de compléter la procédure de ré-enveloppement par un programme de rééducation psychomotrice, visant à faciliter l'ancrage de l'âme. Pendant de nombreuses nuits, Lyra et Alen suivirent les progrès des sujets testés. C'était globalement positif. Et très encourageant.
Mais pas encore parfait.
Cette nuit là, alors qu'ils suivaient d'un œil fatigué le déroulé d'un énième test sur l'un des sujets, ce dernier s'effondra sur le sol en tremblant, soumis à une crise d'angoisse. C'était l'effet secondaire rencontré le plus fréquemment, mais il n'en demeurait pas moins impressionnant.
Lyra eut un soupir. Quelque chose clochait décidément. Ils étaient passés à côté de quelque chose. Elle attrapa un gobelet de café sur le comptoir derrière lequel elle était assise, à côté d'Alen.
C'est comme si... on cherchait à faire rentrer un pied trop grand dans une chaussure trop petite. Tu peux essayer de marcher avec aussi longtemps que tu veux, ça continue de faire mal...
Il avait marmonné ces quelques mots pensivement, pendant qu'il regardait le corps tremblotant qui tentait de reprendre ses esprits, sous les encouragements d'une assistante un peu dépassée.
Lyra redressa la tête et reposa son gobelet de café d'un geste vif, faisant sursauter Alen.
Quoi ?
Mais c'est ça ! C'est exactement ça ! Elle semblait à nouveau parfaitement réveillée et ses yeux brillaient d'excitation. Depuis le début, on place les âmes dans des corps adultes ! Mais imagine que pour que l'âme puisse s'ajuster à son corps, elle doive accompagner le développement et la croissance de l'enveloppe ? Pour que tout soit bien ajusté, tu vois ? Bon sang... pourquoi je n'y ai pensé plus tôt...
La synthèse d'une nouvelle série d'enveloppes humanoïdes fut lancée, en prenant soin de toujours inclure une partie du code génétique des corps originels. Ils projetaient d'interrompre le développement du corps synthétique à un stade précoce, le temps de procéder au ré-enveloppement. Un retour dans la cuve catalytique permettrait ensuite d'achever la croissance jusqu'au stade souhaité - mais cette fois, l'âme serait déjà présente dans les enveloppes.
Il ne restait plus beaucoup d'âmes disponibles et certaines se volatilisèrent encore avant que les corps ne soient prêts à les accueillir, réduisant comme peau de chagrin l'effectif de sujets testables. Ils parvinrent tout de même à lancer l'expérience sur 5 duos âmes-enveloppes, ce qui était très peu en soit - mais largement suffisant pour Lyra, dont les nerfs furent mis à rude épreuve.
Car contrairement aux fois précédentes, c'était des corps de bébés qu'ils manipulaient. La nausée était de retour, et elle eut besoin de faire une pause à plusieurs reprises, pour prendre l'air. Mais elle était déterminée à aller au bout. Ils étaient sur la bonne voie cette fois, elle en était convaincue.
Au cours des nuits qui suivirent, ils observèrent le développement et la croissance des corps dans leur cuve. Un monitoring avait été installé sur chacun d'eux et tous les signaux vitaux étaient positifs. Les corps semblaient plongés dans une sorte de sommeil paradoxal permanent : inconscients, mais leur activité cérébrale était intense.
Le réveil des 5 sujets tests frôla la perfection. Aucun signe de désynchronisation, aucune panique, aucune crise. Ils semblaient tous se réveiller d'un long sommeil et étaient un peu hébétés, mais tout paraissait stable. Ils passèrent une batterie de tests sans rien révéler d'anormal.
Ce soir là, des semaines de tension, de doutes et de fatigue s'envolèrent d'un seul coup. Sortie prendre l'air à l’extérieur du laboratoire, Lyra ferma les yeux et inspira profondément. Adossée à la paroi vitrée du bâtiment, épuisée, elle se laissa glisser et s'assit par terre. Levant les yeux vers les étoiles, elle songea aux progrès qui venaient d'être accomplis - en si peu de temps. Ils n'avaient pas encore fini, mais un sacré cap venait d'être franchi.
Un léger bruit la sortit de sa rêverie. Alen l'avait rejointe et il s'assit à côté d'elle. Ils échangèrent un long regard - pas besoin de mots, le soulagement et la fierté d'en être arrivé là se lisaient dans leurs yeux. Lyra sourit. Finalement, contre toute attente, ils formaient un binôme plutôt efficace.
Elle se décida finalement à briser le silence et murmura...
Bon... si tu es prêt, je pense qu'on va pouvoir passer à la suite...
Cdt. Alen
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28/11/1018 ETU 23:57
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Alen était sorti du laboratoire quelques temps après Lyra. Il avait pris le temps d’aller faire un tour dehors pour profiter de la fraicheur de la nuit. Le crépuscule était déjà loin et les étoiles brillaient fort dans le ciel galathéen. C’était une belle nuit.
Il s’était adossé contre le mur de l’enceinte du bâtiment, les mains dans les poches et le regard perdu dans l’immensité. Son esprit était loin de là. Il repensait à ce qu’il avait réussi à entreprendre avec Lyra… Lyra. Quel surprenant petit bout de femme. Derrière des aspects frêles et sensibles se cachait une femme à la volonté d’acier.
Une étoile filante traversa le ciel et sortie Alen de sa réflexion. Le petit astre lumineux attrapa naturellement le regard du Roi des passeurs. Il suivit sa course jusqu’à ce qu’elle disparaisse dans l’infini de l’univers. Il aperçut alors la jeune femme devant les baies vitrées de l’aile du laboratoire du bâtiment. Il eut un petit sourire et murmura quelque chose pour lui-même.
Même les astres ?
Il inspira une dernière fois afin de laisser l’air frais emplir ses poumons, puis il se décolla doucement du mur afin de rejoindre la porte d’accès au bâtiment. Il badgea et pris la direction de l’aile du laboratoire.
Quelques minutes plus tard, il apparut au fond du couloir où était Lyra. Au fur et à mesure qu’il s’approchait, il se rendit compte qu’elle était perdue dans ses pensées. Il la sentie également fatiguée, tout comme Ajay son loup qui était lové à ses pieds. Il existait une relation étrange entre ces deux-là. Alen pouvait sentir ce lien, mais il ne se l’expliquait pas. Il avait décidé de laisser ça pour plus tard, mais il se promit de questionner la jeune reine sur le sujet.
Arrivé presque à son niveau, il fit volontairement un petit bruit en marchant afin qu’elle remarque sa présence sans l’effrayée. Elle leva la tête et lui offrit un sourire. Alen fut perturbé par ce geste pourtant d’une grande simplicité. Difficile de savoir pourquoi, mais elle avait un quelque chose dans sa façon d’être qui commençait peu à peu à le décontenancer. Il ne prit pas la peine de laisser transparaître sur son visage toutes ses interrogations et il se contenta plutôt de lui rendre son sourire. Il prit place à ses côtés et reprit l’activité qu’il avait commencée à l’extérieur. Il avait troqué l’air frais par une bien meilleure compagnie.
Après de longs regards emplis de fierté, la jeune femme finie par briser le silence.
Bon... si tu es prêt, je pense qu'on va pouvoir passer à la suite...
Alen l’observa avant de lui répondre, puis il rit.
Je crois surtout que dans l’immédiat tu as besoin d’une bonne nuit de sommeil. Tu es courageuse, mais ne te tue pas à la tâche, j’ai encore besoin de toi.
Il enjamba Lyra et se mit en tailleur devant Ajay qui avait relevé sa tête. Alen tendit doucement le bras la paume de la main ouverte en direction du loup, puis attendit que ce dernier daigne s’approcher. Le Roi respectait beaucoup cet animal et prit bien soin de ne pas l’offenser.
Tu acceptes que je l’aide à aller se coucher ?
Après quelques hésitations et des allers retours de regards vers Lyra, il avança sa tête massive pour laisser la main du Roi lui caresser l’encolure. Alen sourit satisfait, puis se redressa. Il offrit donc sa main à Lyra afin de la relever. La jeune femme n'accepta pas tout de suite la proposition. Il y avait eu un contact entre Ajay et Alen... Cet échange inattendu la pris un peu de court, puis finalement, au vue de la réaction du loup, elle accepta avec encore plus d'enclin le bras tendu. Ils cheminèrent à travers les couloirs et elle ne lui rendit son bras qu’une fois arrivée à ses appartements. Ils se séparèrent sur une brève discussion de bonne nuit sur le pas de la porte des appartements de la reine.
Demain on s’y remet. Soit en forme, on a du pain sur la planche. Bonne nuit Lyra.
Il commença à s’éloigner quand elle l’interpella… Alen … ?
Ils se regardèrent, puis après quelques instant, le roi des passeurs mit fin à cet échange silencieux avec un grand sourire.
Félicitations Lyra, tu as été extraordinaire.
Elle lui rendit son sourire et l’observa s’en aller. Elle ferma la porte de sa chambre qu’une fois qu’elle l’eu perdue de vue à l’angle du couloir.
Quelques heures plus tard
Alen s’était levé bien avant l’aurore. Il y avait en effet beaucoup de travail encore à accomplir. Ils avaient gagné une bataille, mais ils étaient loin d’avoir gagné la guerre. Mentalité culturellement répandue chez la plupart des peuples de la fédération dirigiste, Alen et les passeurs ne faisaient pas exception, il ne se reposait jamais sur ses lauriers.
Après avoir pris une bonne douche et un petit déjeuner copieux, il prit le chemin du laboratoire alors que la nuit commençait à peine à s’éclaircir. Une fois arrivé, il poussa les deux grandes portes battantes qui permettaient l’accès à un grand sas. Il écarta les rideaux de plastiques qui délimitaient et il se rendit alors compte, à sa plus grande surprise qu’il n’était pas le premier. Lyra était déjà là, en train de travailler à étalonner les différentes machines. Elle était concentrée et ne l’avait donc pas entendu arriver.
Bonjour Lyra.
Elle sursauta. Il avait fait exprès de ne pas s’annoncer et ayant réussi son coup, il semblait plutôt satisfait. Il s’approcha d’elle en souriant, et il se permit de lui mettre la main dans le dos. Le geste avait été naturel, il faisait le tour du caisson. Ce geste ne surpris pas Lyra, elle ne releva même pas le contact physique de proximité. Ils passaient tant de temps ensemble que le contact était devenu habituel entre eux.
Bonjour Alen. Répondit-elle. Tu as bien dormi ?
Non, je n’ai pas fermé l’œil. J’ai reçu un message hier soir de la part de Mia. Une déclaration à l’assemblée a été faite par Alderak. Je pensais en effet qu’un guildéen le soutenait sur le front du secteur 26, mais je m’étais trompé sur son identité. Il vient de révéler qu’il s’agissait de Louise. Notre relation était compliquée ces derniers temps, mais là c’est un aller sans retour. Elle a choisi d’emprunter un chemin différent du mien…
La nuit fut un petit peu agité, pour résumer.
La jeune femme était restée silencieuse. Elle ne savait pas trop quoi dire pour le réconforter.
Si tu as besoin, je suis là.
Cette phrase peut paraitre bateau, mais pourtant elle résumait bien ce que vivait réellement Alen ces derniers temps. Elle était là.
Elle se décida à poser une main sur sa joue pour le réconforter. Par ce geste simple et l’intensité de son regard, Alen sentit toute la sincérité et la bonté d’âme de la jeune femme. Elle dégageait quelque chose de vrai, de chaud et de rassurant. Son âme était belle, si belle.
Il restait planté là, plongé dans les yeux vert de la reine comme hypnotisé. Il finit après un temps qu’il ne saurait évaluer par réussir à articuler quelque chose.
Merci Lyra.
Elle retira sa main et il en profita pour se remettre au travail.
J’ai beaucoup réfléchie cette nuit… Faut dire que j’ai eu le temps… Nous avons réussi à implanter une âme dans un corps de nourrisson, mais je trouve dommage de mettre une âme entière déjà expérimenté dans une enveloppe si jeune et sans expérience. Je pense que l’esprit aura du mal à s’habituer à un corps différent du précédent. Je doute vraiment que l’on arrive à quelque chose d’homogène… Je sais que c’était la condition sinequanone, mais imagine que l’on n’implante pas toute l’âme, mais simplement une partie. Afin que l’autre partie puisse se développer en même temps que son enveloppe charnelle. Imagine que l’on parvienne ainsi à sélectionner ce que l’on veut conserver dans notre prochaine vie ? Ce serait fantastique…
Alen parlait avec tant de passion qu’il ne laissait pas la place à Lyra d’intervenir. Cela semblait lui convenir, elle écoutait avec attention.
Je pense que c’est une bonne idée. Mais tu penses que c’est faisable de verser qu’une partie de l’âme ?
Oui je pense que c’est faisable. Nous arrivons à détruire la part sombre uniquement de l’âme afin de la purifier, c’est une forme de sélection. Je pense que je parviendrais à implanter ce que je veux, mais c’est un procédé complexe qui nécessite une parfaite maîtrise de notre magie. Je pense que je suis le seul à pouvoir le faire aujourd’hui.
Penses-tu que nous pouvons faire des essais et simuler une croissance très accélérer pour constater rapidement les résultats ?
Pour le mode opératoire, oui c’est possible ! Mais nous sommes sur un terrain que nous ne maîtrisons pas… Je ne peux pas te garantir les résultats, mais il faut essayer !
Ils se mirent aussitôt au travail. Les premiers essais furent concluants. Les cobayes furent simulés pendant deux semaines sur différentes âges clef de la vie pour constater le développement et la synchronisation.
A l’âge d’un an, le cobaye mettait à peine quelques heures pour apprendre à marcher.
A l’âge de deux ans, il lui fallait une après-midi pour apprendre à parler.
A l’âge de 20 ans, le cobaye faisait preuve d’une maturité impressionnante et de facultés spécifiques correspondantes à l’âme d’origine. Son physique tirait énormément sur les traits du corps dont l’âme était originaire, et la structure de son esprit était sensiblement similaire.
Les résultats étaient si concluants, qu’un beau matin, Alen arriva dans le laboratoire avec une proposition.
Lyra, je voudrais tenter quelque chose.
Elle le regarda d’un air suspicieux. Elle sentait que la proposition n’était pas comme celles courantes, son ton n’était pas le même que d’ordinaire.
J’aimerais profiter de nos résultats pour fragmenter mon âme.
La proposition résonna comme un coup de tonnerre chez la jeune femme. Le silence se fit dans le laboratoire. Puis elle finit finalement par s’emballer.
Alen, nous n’avons jamais tenté d’ôter une parte de l’âme d’un vivant ! Et pourquoi la tienne par-dessus le marché ? Que cherches-tu à faire ? Non non, c’est trop de risques…
J’ai plusieurs théories que je voudrais vérifier. Et j’ai besoin de toi. dit-il d'un ton grave.
La jeune femme resta silencieuse.
Je voudrais incorporer un part de mon âme dans le corps d’une petite fille. C’est important que ce soit une petite fille. Tout comme il est très important que son éducation et ses premières expériences se fassent loin de moi et loin du peuple des passeurs. C’est primordial que ce soit mon âme car je la connais. Je sais exactement où j’en suis et je veux absolument voir comment se comporterait la part de mon âme si elle était complétée par une autre part, vierge et sans stigmates.
Laisse-moi être mon propre cobaye, après tout, je pense que c’est la moindre des choses vu ce que j’ai pu faire… Et promet moi d’élever et de t’occuper personnellement des expériences de cette petite. Arrête sa croissance à l’adolescence et laisse-la grandir.
Il la regarda droit dans les yeux et attendit sa réaction. Au bout d’un temps qui semblait infini pour le roi, elle se décida à lui répondre enfin.
Elle traversa le laboratoire, sélectionna le corps d’un nourrisson femelle puis le posa sur la table en inox au milieu de la salle.
Elle avait le visage fermé. Ce n’était pas parce qu’elle était fâché, au contraire elle était déterminée, elle croyait en lui.
Alen se mit à côté de la table en inox. Il prit une profonde inspiration afin de se concentrer. Puis une seconde, et ainsi commença son exercice respiratoire. Après quelques minutes, un flot d’énergie pourtant invisible empli la pièce. C’était une force oppressante bien réelle et pourtant elle était indescriptible, elle n'avait jamais ressentie ça.
La main d’Alen commença à se métamorphoser. Ses doigts s’allongèrent jusqu’à devenir démesurément grand. Le bout rond de ses doigts se changea en larges griffes effilées comme des lames de rasoir.
Il allait commencer. Il rouvrit les yeux, et se retrouva en face de ceux de Lyra. Ils ne savaient pas ce qui allait se passer. L’opération comportait des risques ? Peut-être. Ce peut-être était pire encore que de savoir à quoi il allait être exposé. Lui en avait une idée… théorique. Elle, pas la moindre.
Ce sentiment d’inconnu effrayait différemment les deux protagonistes, mais une chose était sûr, ils ne voulaient ni l’un ni l’autre que l’opération échoue et qu’ils se retrouvent séparés. Cet état de tension silencieux dura quelques instants, puis dans un élan de passion, ils s’avancèrent l’un vers l’autre d’un mouvement presque brusque, et ils s’embrassèrent passionnément.
Une fois que leurs lèvres se décollèrent, elle lui attrapa la tête de ses deux mains et elle lui murmura un mot.
Reviens.
Il acquiesça d’un mouvement de tête, se recula doucement alors que la fumée noire associée à la matérialisation de son masque de clown commençait à apparaître.
Sans plus attendre, il plongea son immense main à l’intérieur de son torse d’un geste brusque et déterminé.
Alen balança sa tête en arrière et hurla de douleur. L’opération semblait le déchirer de l’intérieur. Après de longues minutes de souffrance, sa main ressortie enfin de son corps, avec une petite sphère entre les griffes. Il déposa ce fragment d’âme dans le corps du nourrisson sur la table, et l’instant qui suivi, il perdit connaissance. Son masque partis en fumée et sa main redevint progressivement normale alors qu’il gisait sur le sol, inconscient.
Lyra se précipita vers lui.
Vivant… murmura-t-elle après avoir vérifié ses signes vitaux.
Elle le fit accompagner aussi vite que possible vers le département des soins intensifs.
Quelques heures passèrent avant qu’Alen sorte de son état d’inconscience. La jeune reine était bien évidemment à son chevet lorsqu’il ouvrit enfin les yeux.
Comment te sens-tu ? Mais… Tes yeux… dit-elle lorsque ses yeux furent complètement ouverts.
Je me sens… Étrange. Mais j’ai l’air d’aller bien… Qu’est-ce qu’ont mes yeux ? Je vois correctement.
Elle lui tendit un miroir. Il s’en saisit et se regarda dedans. Il avait désormais les yeux vairons. Un œil rouge, et un œil dorée. Il sourit.
Ma propre âme a été complétée on dirait. Et il semblerait que la dernière chose que j’ai observé avant l’opération était aussi doré que le soleil. La magie semble avoir fait le reste.
Il lui adressa un franc sourire, si marqué que ses yeux s'étiraient en forme d’amande. Sans masque, pour la première fois depuis bien longtemps, son âme semblait équilibrée, il semblait heureux.
Cdte. Lyra
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04/12/1018 ETU 23:01
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Une fois rassurée par l'état d'Alen, Lyra était retournée au laboratoire pour s'assurer que tout allait bien pour le nourrisson.
Ce dernier avait été replacé avec précaution dans sa cuve catalytique, immédiatement après l'opération et pendant qu'Alen était transféré aux soins intensifs. Après avoir vérifié que rien ne clochait, Lyra s'était adossé à la table en inox, face à la cuve en verre qui reflétait dans la pièce une lumière bleutée apaisante. Elle s'était accordée quelques minutes de calme. Maintenant que les fortes émotions commençaient à retomber, elle prenait vraiment conscience de l'énorme étape qu'ils venaient de franchir tous les deux, et la responsabilité qui serait la sienne vis-à-vis du petit être qu'ils venaient de "créer". Alen lui confiait littéralement une partie de son âme.
Alen... entre eux deux aussi, les choses avaient beaucoup évolué. A tel point qu'elle redoutait maintenant son départ... Depuis quelques temps, Alen avait commencé à parler de son départ, vers les affaires de son Royaume, vers la Capitale. Et avec l'étape qu'ils venaient de franchir sur leur projet, sa présence n'allait plus être nécessaire pendant quelques temps. Son départ était imminent, et elle le savait. Elle avait balayé la pièce du regard, tentant d'imaginer ce que serait la suite sans sa présence. En plus... Ils s'étaient embrassés. Moment de passion furtif ? Ou est-ce que quelque chose d'autre était en train de naître entre eux ?
Elle avait lentement secoué la tête et s'était relevée. On verra bien. Se retourner la tête avec ces questions n'avancerait à rien, et elle avait du travail. 
Deux jours plus tard, comme elle l'avait anticipé, Alen était prêt à repartir. Les test médicaux ne montraient rien d'anormal ou d'inquiétant, il se sentait bien... Lyra était à court d'arguments pour le retenir plus longtemps, elle s'était donc résignée. Il avait des affaires importantes à régler, il serait de nouveau confronté à ses opposants... et Louise...sans doute allait-il la revoir, elle aussi... Pour chasser toutes ces pensées, Lyra s'était réfugiée au laboratoire. Occuper ses mains, occuper sa tête, et rester concentrée. La croissance du nourrisson se poursuivait comme prévu, l'enveloppe avait à présent l'apparence d'une petite fille d'un an. Immergée dans le bain catalytique de la cuve, en position fœtale, elle semblait léviter dans un profond sommeil et cette vision dégageait une impression de grande sérénité.
Se tenant devant la cuve vitrée, éclairée de sa lumière bleutée, Lyra était occupée à relever les données biométriques du jour quand Alen entra dans la pièce. Comme souvent, elle ne l'entendit pas arriver, et sursauta. Il semblait prendre un malin plaisir à la surprendre à chaque fois - et plutôt fier d'y arriver. Elle lui répondit par un sourire complice et se replongea dans ses notes.
Je te cherchais... Je vais y aller, je voulais juste te dire au revoir.
Mmmh... Lui tournant toujours le dos, Lyra ne leva pas le nez de son bloc notes.
Elle avait horreur des adieux, et elle ne savait pas quelle attitude adopter. Ils n'avaient pas reparlé de ce qu'il s'était passé entre eux... Après tout ce qu'ils avaient vécu, est-ce qu'ils allaient se séparer sur une poignée de main ? Un simple "salut, bonne route, tu me com-x quand tu es arrivé" ?
Finalement, Alen réagit au mutisme de Lyra. Il s'approcha d'elle et, passant la main par dessus son épaule, il récupéra avec douceur le carnet de notes qu'il déposa sur la table à côté d'eux. Puis restant dans son dos, il entoura sa taille de ses bras et la serra doucement contre lui. Ils restèrent un moment enlacés, silencieux, puis il lui murmura...
Je te la confie. Prend bien soin d'elle.
Lyra se retourna, pour se retrouver face à lui et plongea ses yeux dans les siens. Elle lui sourit.
Je veillerai sur elle comme sur la prunelle de mes yeux. Et... fais surtout bien attention à toi. Elle sembla hésiter une fraction de seconde. Tu sais, on a pas reparlé, de l'autre jour, mais... Alen s'était mis à sourire. Il ne lui laissa pas finir sa phrase et l'embrassa. Elle lui rendit son baiser et ils se séparèrent sur un dernier regard. Il commençait à s'éloigner quand Lyra le rappela.
Alen... Tu sais quel nom on va lui donner ?
Quand elle s'éveillera... tu sauras.
Il lui fit un clin d’œil, et quitta la pièce sans un regard en arrière.
Lyra le regarda disparaître et, le cœur lourd, elle se retourna finalement vers la cuve. Dans un profond soupir, elle posa sa main contre la paroi en verre. Elle ne remarqua pas tout de suite le mouvement de la petite fille, puis ses yeux s’écarquillèrent de surprise lorsqu'elle la vit lentement étendre le bras et poser sa toute petite main à plat contre la paroi de la cuve. A l'endroit exact où Lyra avait toujours la sienne. Un large sourire illumina le visage de Lyra et elle tourna la tête vers la porte. 
Alen ! Tu as vu ça ?
C'était bien sûr trop tard, elle était seule dans la pièce. Lyra reporta son regard sur leurs deux mains, séparées par la mince paroi de verre, et elle éclata de rire alors que des larmes inondaient ses joues.
* * * * *
Après une dizaine de jours, le moment était enfin venu de mettre fin à la phase de croissance accélérée. Lyra avait carte blanche sur beaucoup de choses mais Alen avait tout de même laissé quelques instructions qu'elle suivait à la lettre - dont l'arrêt de la croissance à l'adolescence. Cette attente avait été interminable et elle était plus qu'impatiente de pouvoir enfin procéder au réveil. Lyra fut contrainte d'accepter l'aide de quelques assistants pour extraire la jeune fille de la cuve, et l'installer sur la table. Puis elle demanda à rester seule avec elle. Elle tenait à ce que rien ni personne ne vienne perturber cette première rencontre.
Avec des gestes plein de douceur, elle sécha et habilla la jeune fille afin qu'elle n'ai pas froid à son réveil. Un à un, elle retira les capteurs fixés au corps, retira l'assistant respiratoire avec mille précautions puis, prenant une profonde inspiration, elle coupa la machine qui maintenait l'enveloppe en état de sommeil profond. Elle avait déjà réalisée cette même procédure de nombreuses fois et pourtant, elle ne pouvait empêcher de son cœur de battre de plus en plus vite. Elle retira les dernières électrodes placées sur les tempes de la jeune fille. A présent, plus rien ne la maintenait artificiellement en vie. C'était à elle de s'éveiller.
Lyra lui saisi doucement la main et compta les secondes. Réveille toi... réveille toi..
La respiration fut la première à repartir. Une première inspiration, profonde et ample, vint soulever sa poitrine. Puis son souffle se fit régulier. Lyra sentit des tressaillements dans sa main, et les doigts de la jeune fille bougèrent doucement. Une longue minute, interminable, s'écoula avant que les paupières ne commencent enfin à s'animer. Elles papillonnèrent quelques secondes, puis lentement, elle ouvrit les yeux. Son regard plongea dans celui de Lyra, qui savoura ce premier contact avec un soulagement intense. Elle avait ses yeux, vairons. Elle avait son regard. Les paroles d'Alen lui revinrent en mémoire. Quand elle s'éveillera... tu sauras. Lyra eut un large sourire.
Bonjour... Nela.
* * * * *
Comme prévu, les premiers apprentissages de Nela furent très rapides. Elle sut marcher et se déplacer sans difficulté au bout de quelques heures, et à la fin de la journée, elle avait assez de vocabulaire pour exprimer des idées simples. Lyra était stupéfaite de la facilité avec laquelle elles parvenaient à se comprendre, même en se passant de mots. Entre elles, les gestes, les regards et les sourires semblaient suffire à faire passer une grande partie des intentions.
Lyra avait fait aménager une pièce au sein du laboratoire, où Nela serait installée pendant les premiers jours. Elle n'avait pas l'intention de la garder ici trop longtemps, mais il fallait d'abord attendre que la jeune fille soit autonome afin de ne pas trop attirer l'attention sur elle. Et surtout, pour la sortir du laboratoire, il y avait une étape critique à franchir : il fallait mettre Arthus au courant.
Lyra se décida au matin du troisième jour. Nela avait appris à lire la veille et Lyra profita qu'elle était absorbée par la lecture d'un énorme recueil imagé sur la faune galathéenne pour s'éclipser discrètement. De retour au palais, elle se mit en quête d'Arthus et le traîna jusqu'au laboratoire, malgré ses protestations et sans accepter de lui dévoiler les raisons de tant de mystères.
Lyra... Qu'est-ce que c'est que ces cachotteries ? Tu sais que je n'aime pas ça...
Chut, Arthus... Attend. Là, on y est.
Ils venaient d'arriver dans le couloir qui menait à la "chambre" de Nela. Il était tapissé sur toute sa longueur d'un large miroir sans tain permettant de voir l'intérieur de la pièce, et Lyra leva la main pour stopper Arthus. Nela était assise en tailleur, au centre de la pièce, le livre sur les genoux. Elle n'avait pas bougé depuis le départ de Lyra et semblait concentrée, ses seuls mouvements se résumant à remettre de temps à autre derrière son oreille une mèche des longs cheveux noirs qui lui tombait devant les yeux.
Prenant une brève inspiration, Lyra plaça son doigt sur la vitre, désignant la jeune fille.
Arthus, voici Nela.
Le vieil homme la fixa d'un air interrogateur. Lyra poursuivit, d'une traite.
Tu sais qu'on a fait quelques recherches avec Alen dernièrement... bon, ça portait sur la possibilité de transférer des âmes dans des corps inanimés. Pour ça, on a utilisé des enveloppes du projet Gala-TEC - non je ne t'en ai pas parlé je sais, mais attend, ce n'est pas uniquement de ça dont il s'agit. Arthus avait commencé à ouvrir la bouche et devenait pâle, Lyra savait qu'elle n'avait plus beaucoup de temps pour finir son explication. La jeune femme que tu vois là, c'est une de nos enveloppes dans laquelle il y a un fragment de l'âme d'Alen. Il me l'a confiée pour que je veille sur elle et m'occupe de son éducation pendant quelques temps. Puis elle partira avec lui.
Arthus resta muet, la bouche ouverte, son regard faisant des allers-retours de Lyra à Nela. Son silence dura longtemps, visiblement la quantité d'informations était un peu rude à avaler. Lyra se mordit la lèvre. Il allait probablement finir par exploser et elle s'y préparait. Sa réponse la prit donc totalement au dépourvu. Il leva des yeux fatigués vers Lyra, et la regarda quelques instants.
C'est sérieux, ce qu'il y a entre toi et Alen ?
Hein ?... Je sais pas, Arthus. Mais je crois, oui. En tout cas, pour moi, oui. Mais...
Tu lui fais confiance ?
Oui.
Bon. Arthus déporta son regard vers Nela, et resta à nouveau silencieux un long moment. Ramène-la au palais. C'est pas bon qu'elle reste enfermée trop longtemps, cette petite.
* * * * *
Comme ultime petite précaution, Lyra avait récupéré des lentilles de couleur sombre pour dissimuler la particularité des yeux vairons de Nela. Avant de la faire sortir du laboratoire, elle lui apprit à les mettre.
Sois toujours fière de tes yeux, Nel'. Tu n'auras pas besoin de les dissimuler longtemps. Mais parfois, il faut savoir cacher certaines choses... pour ne pas attirer l'attention. Lyra se recula et regarda Nela. Elle lui adressa un large sourire satisfait. Parfait !
Pendant les premiers jours, Nela suivit Lyra comme son ombre. Elle parlait peu, mais copiait tout. Tous ses apprentissages reposaient sur un mimétisme permanent, elle imitait et répétait inlassablement les gestes et les attitudes jusqu'à les maîtriser parfaitement. Cela lui attirait de temps à autre quelques regards étonnés, mais Lyra ne s'en inquiétait pas. Les progrès de la jeune fille étaient d'une rapidité stupéfiante et dans peu de temps, elle aurait complètement rattrapé son "retard" sur les jeunes gens de son âge.
C'est à partir de ce moment que commença à se révéler la curiosité insatiable de Nela. Tout semblait l'intéresser, et elle posait des questions sur tout à base de "pourquoi" et de "comment".
Cette phase de boulimie de connaissance dura quelques temps, puis s'atténua petit à petit. Nela restait curieuse, mais ce besoin dévorant de savoir cessa d'être omniprésent. Elle commençait également à développer sa personnalité, ce que Lyra guettait avec impatience.
Lyra consignait chaque jour les progrès et les évolutions de la jeune femme. Elle en rendait compte régulièrement à Alen, et en profitait pour demander de ses nouvelles. Tout allait pour le mieux entre eux... même si la distance commençait à lui peser. Heureusement, s'occuper de Nela était une occupation à temps plein qui ne laissait que peu de place à la mélancolie.
Lyra s'appliquait à répondre aux questions de façon neutre et objective, elle tentait de rester factuelle pour ne pas trop influencer la jeune fille dans son mode de pensée. Elle restait lucide et savait qu'un enseignement était toujours une forme de conditionnement, elle-même avait adhéré à un ensemble de valeurs et de convictions qui orientaient ses choix, et savait qu'elle en transmettrait une partie à Nela - même inconsciemment. Mais elle ne voulait pas l'empêcher de faire ses propres expériences et d'en tirer ses propres conclusions.
Hors de question de la bassiner avec des heures d'enseignements théoriques, Alen ne lui avait pas demandé d'en faire un singe savant. Lyra emmena donc très rapidement Nela sur son propre terrain de jeu, là où elle-même avait beaucoup appris : le monde extérieur.
Elles commencèrent par sillonner les rues de la Capitale mais assez vite, Lyra eut envie de la sortir de la ville et de partir un peu plus à l'aventure. Les galathéens avaient beau être une civilisation tournée vers la science et le progrès technologie, leur lien à la nature était resté très fort. Plus jeune, Lyra avait passé des jours entiers seule avec Ajay en pleine nature, et en plus d'en tirer de nombreux enseignements, elle en avait appris énormément sur elle-même et ses propres limites.
Lyra voulait voir ce que Nela avait dans le ventre, et comment elle se comporterait hors de ses repères habituels.
Un matin, alors que le jour commençait juste à poindre, Lyra était occupée à rassembler les cheveux noirs de Nela en une longue natte en prévision d'une nouvelle journée de marche. La jeune femme semblait plongée dans ses pensées et en général, cela voulait dire qu'une question n'allait pas tarder à arriver. Et en effet... 
Lyra... l'autre jour, au marché, quand on a vu des gens différents, tu m'as dit que c'était des enfants... Tu m'as dit que c'était de jeunes humains, et que tous les adultes que je voyais, avaient autrefois été des enfants...
Je m'en souviens, oui. Lyra sentit sa gorge se nouer. Elle savait où Nela voulait en venir.
Je n'ai pas souvenir d'avoir été enfant, moi. J'ai l'impression... d'être arrivée comme je suis, maintenant. Pourquoi ?
C'est vrai, Nel. Je t'ai toujours dit que tu étais différente, et unique. La façon dont tu es née est différente de celle des autres personnes. Lyra vint s'agenouiller devant Nela, et posa sa main sur son cœur. Tu portes en toi une partie de l'âme de quelqu'un... de très important, qui compte beaucoup pour moi. C'est un lien très fort qui vous unit, et que tu comprendras certainement quand vous serez à nouveau ensemble.
C'est quoi... l'âme ?
C'est quelque chose de compliqué à expliquer, et à comprendre. Il te faudra plusieurs années peut-être, pour bien en saisir le sens. Mais c'est ce qui t'anime, l’énergie qui est en toi, qui fait de toi quelqu'un d'unique. Il t'expliquera tout ça mieux que moi.
Qui ?
Alen. Vous partagez la même âme. Lyra sourit et écarta avec douceur une mèche de cheveux du visage de Nela. Et vous vous ressemblez beaucoup.
Il est gentil ?
Gentil ? Nela avait le don de poser des questions, en apparence innocente, et pourtant d'une complexité déconcertante. Lyra lui sourit.
Il ne te fera aucun mal, Nel'. Jamais. Vous pourrez compter l'un sur l'autre, plus que sur personne d'autre.
Lyra se releva et tendit la main à Nela. On y va ? 
Elles marchaient depuis de longues heures, à flanc de montagne. Pleine d'enthousiasme, Nela avait entamé l'ascension avec un empressement qui lui avait vite coupé les jambes. Lyra l'avais sermonnée, avec douceur.
Apprend à doser tes efforts, Nel. Aucune montagne, aucun objectif n'est hors de portée, si tu l'aborde de la bonne façon. Un pas après l'autre. Allez, trouve ton rythme et surtout, ne t'arrête jamais.
L'ascension s'était achevée sans qu'aucune ne prononce un mot. Enfin, elles arrivèrent au sommet et Nela s'écroula au sol, épuisée, mais l'air radieux. Lyra sourit intérieurement. Elle connaissait ce sentiment, mélange de fatigue et de fierté d'être allé au bout de soi.
Ne te laisse pas bercer par nos modes de vie à l'apparence si sophistiqués et modernes, Nel. Continue de travailler et de développer des bases solides. La patience, la persévérance... Soit débrouillarde. Soit inventive.
Ne te laisse pas endormir par le confort de nos sociétés évoluées. Le monde ne te fera pas de cadeau. Pour rester en vie, reste en mouvement. Avance, toujours. Évolue, adapte-toi.
Elles profitèrent un long moment du panorama qui s'étalait à portée de vue. Puis Nela brisa le silence.
Lyra... Je crois que je suis prête.
A quoi, Nel ?
A le rejoindre. Alen.
Lyra lui sourit, et la regarda longuement. Elle acquiesça en silence, se remit debout et tendit la main à Nela pour l'aider à se relever.
Pas après pas, elle avait accompagné la jeune femme dans ses premières expériences et son rôle touchait à sa fin.
Elle le pressentait depuis un petit moment, Nela venait de le confirmer. Le moment de les réunir à nouveau était arrivé.

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