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Réminiscence d'un Retour aux Sources

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Cdt. Olorìn...
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03/04/1019 ETU 19:18
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La mort et la destruction. Encore. Et toujours. La rousse n’en pouvait plus. Elle venait de subir une nouvelle apocalypse, tentait de s’implanter pacifiquement dans une galaxie qui lui ouvrait les bras. Qui leur ouvrait les bras. Elle n’aspirait qu’à la tranquillité. Et pourtant…
Des massacres encore. Ajoutant à la désolation un peu plus de désolation. Elle se retrouvait à présent sur une planète inconnue, hostile, à contempler les cadavres d’une civilisation qui n’était pas la sienne, frappés par la même Apocalypse anéantissant toute forme de vie sans se soucier des bannières et des idéaux. Colonisant une planète morte pour… Quoi, au fond ? La justice ? La vengeance ? Des mots que tout cela. Des mots perdant tous sens quand l’horreur les surpasse.
Peut-être juste pour éviter que le passé ne se répète. Du moins, qu’il ne le fasse trop tôt. Car l’horreur est toujours devant. Jamais derrière. Les actes passés ne sont que des entraînements pour les horreurs à venir. Toujours.
Et dans ce chaos ambiant, une phrase lui revint en mémoire, une voix amie et aimée.
« Vous pouvez laisser vos vêtements là... »
Une silhouette se plaça à côté de la rouquine. Lui enlaça la taille. Olorìn n’eut aucun sursaut de surprise. Elle ne se retira pas. Elle avait besoin de ce contact. Elle avait besoin d’amour. Elle pivota sur elle-même et enfouit son cou dans celui de la jeune femme. Ses épaules tressautèrent. Juste une fois. Les mains de sa compagne du moment lui caressèrent la tête, les cheveux, comme on le ferait pour consoler un enfant.
Puis la rouquine releva la tête et sans faire face à celle qui la réconfortait, se détacha et fit quelques pas. Elle s’arrêta, et toujours de dos, adressa quelques mots à la jeune femme.
« J’ai un pèlerinage à faire. Je vous laisse. Mes hommes seront là pour les derniers détails. »
Puis elle reprit sa route et se dirigea vers son furtif. Elle ne vit jamais le salut et le baiser que lui envoya Harley Quinn.
*     *
*
Le vaisseau se posa dans une plaine désolée. Les stabilisateurs eurent du mal à maintenir le vaisseau en équilibre, le sol étant éventré, mais cela fut fait à force de persévérance. Olorìn déploya les échelons latéraux et descendit au sol. Son premier regard fut pour la forêt. Enfin, ce qu’il en restait. Des mains décharnées, blanchies ou carbonisées, tentant de lacérer le ciel dans une ultime tentative de vengeance. On avait peine à reconnaître dans cette étendue de griffes les arbres majestueux qui se dressaient auparavant.
L’estomac de la jeune femme se tordit, mais elle n’en prit pas moins la route. La montée de la falaise lui prit plusieurs heures d’une escalade franchement éprouvante, contrastant avec ce qui avait paru n’être qu’une petite randonnée jadis. Il y avait une éternité de cela. C’était juste avant l’Apocalypse en Paradoxe.
Elle finit par arriver sur la petite plate-forme et constata d’un œil désolé l’étendue des dégâts. Les bassins étaient asséchés. Les pontons éventrés. Le flanc de la colline déchiré. La rousse fit quelques pas dans l’espace clos, remuant du bout du pied les nombreux débris jonchant le sol. Deux galets plats attirèrent son attention. Elle chercha des yeux le troisième. Peine perdue. Elle se pencha, en ramassa un, l’épousseta, puis se releva. Son regard embrassa encore une fois les lieux, puis elle se dirigea vers le bord de la falaise et s’assit sur un rocher en surplomb. Elle regarda la désolation s’étendant à ses pieds, serra le galet dans sa main et ferma les yeux, la voix résonnant à nouveau dans sa tête.
*     *
*
« Vous pouvez laisser vos vêtements là » ajouta-t-elle en désignant un banc en bois. « On aura qu'à mettre mon sac dessus pour que le vent ne fasse pas tout envoler. »
Et la jeune femme s’était dévêtue, tournant le dos à Olorìn. Comme si cela était la chose la plus naturelle au monde pour elle. Et sans doute était-ce le cas. Mais la rouquine resta interdite, ne sachant où poser son regard, et ne pouvant l’empêcher de revenir se lover au creux des reins de la jeune Reine. La boule revint dans son bas-ventre, mais celle-ci était légèrement différente. Un peu plus légère, beaucoup plus chaude.
Elle finit par s’ébrouer tandis que Lyra s’étendait sur un bord du bassin, le corps dans l’eau. L’eau faisant loupe et ne cachant rien de son intimité. Fort heureusement, quelques vaguelettes venaient troubler la surface, et quelques volutes de vapeur dissimulaient légèrement ses formes aux yeux de la magicienne. Elle n’arrivait pas à se décider si c’était une bonne chose ou pas. Si elle en voyait désormais encore trop, ou plus assez.
Elle finit par lui tourner le dos, et enleva ses tennis du bout du pied. D’un mouvement souple des épaules, elle laissa tomber au sol sa fine robe blanche, se retrouvant nue, parfaitement consciente d’offrir à la baigneuse le spectacle de sa chute de reins. Elle resta quelques instants ainsi, feignant de fouiller le sol du pied pour une raison connue d’elle seule, espérant ainsi retarder le moment où elle devrait se retourner.
Elle avait beau savoir que personne ne la regardait encore, elle ne pouvait s’empêcher de s’imaginer dévisagée et jugée. Même le grand loup blanc avait détourné la tête, et semblait préférer le spectacle de la cascade alimentant le bassin naturel.
Elle finit par se tourner, les mains devant elle juste au-dessous du nombril. Se trouva trop chaste. Décida de remonter les bras pour les croiser sur sa poitrine. Se trouva ridicule. Les laissa pendre de chaque côté de son corps. Se trouva malhabile. Les croisa dans le dos. Constata que cela gonflait sa poitrine. Les ramena bien vite vers l’avant.
Puis elle en arriva à se dire qu’il fallait qu’elle arrête de faire la gamine. Il ne s’agissait que d’un bain, après tout. Un bain avec Lyra, certes, mais juste un bain. Bon, un bain nues, aussi, alors qu’il faisait encore jour.
Mais. Juste. Un. Bain.
Elle se plongea dans l’eau, doucement, profitant de la sensation de l’élément liquide qui entourait son corps. Elle ressentait la chaleur de l’eau sans pour autant pouvoir en apprécier toute la saveur. Le froid ne mordait pas ses chairs. Elle ne connaissait donc pas le plaisir de se réchauffer. Le changement de température n’était pour elle qu’une donnée supplémentaire. Et là, debout dans le bassin, de l’eau jusqu’aux hanches, elle contempla le visage radieux de Lyra, baignée par les derniers rayons de soleil, profitant pleinement de cette sensation de réchauffement qu’elle ne connaissait pas, ne pouvait pas connaître. Elle la trouva belle. Magnifique, même. Et elle l’envia pendant une seconde.
Puis elle prit conscience de sa nudité, de sa position également, et se dit que le pire pourrait être que Lyra ouvre les yeux à ce moment précis. Elle s’empressa donc de se baisser, dérobant son corps à l’air ambiant et le confiant à l'eau tiède du bassin. Elle se rapprocha doucement de la jeune femme et s’assit à ses côtés, les jambes allongées à côté des siennes, prenant bien soin de ne pas l’effleurer afin de ne pas affoler encore plus ses sens déjà mis à mal.
Ne sachant que faire, et trouvant que c’était une bonne idée pour se donner une constance, elle joua avec la clé toujours pendue à son cou, la fit courir d’un bout à l’autre de la chaînette, avant de la laisser reposer entre ses seins. Elle lui paraissait tellement légère, qu’elle s’étonnait presque de ne pas la voir flotter.
« C’est agréable, hein ? »
La voix de son amie la sortit de sa rêverie. Olorìn leva la tête et vit les yeux verts de la jeune femme sur elle. Elle avait ce petit sourire qui lui relevait les pommettes et la rendait craquante selon son invitée. Cette dernière fit un effort pour ne pas paraître troublée, et lui rendit son sourire. Ça, ce fut facile.
« Sans doute. »
Le sourire s’effrita un peu.
« Vous n’aimez pas ?...
- Si, si. Bien sûr que si. Je suis désolée si je vous ai laissée penser le contraire. C’est juste que... » La rouquine se mordilla la lèvre inférieure. Elle se demandait si elle n’allait pas passer pour un monstre étrange. « Je ne ressens pas la chaleur telle que vous. Je sais que l’eau est à une température idéale, et je me doute du plaisir qu’elle doit vous procurer. Mais c’est un processus intellectuel, plus que sensitif. Je ne ressens ni la morsure du froid, ni la brûlure du feu. » Elle offrit un sourire radieux à la jeune Reine. « Ce qui ne m’empêche pas de profiter pleinement de la situation. Le lieu est magnifique. Je suis certaine également que vous m’avez fait venir ici au meilleur moment de la journée. »
La rouquine se détacha du bord, et fit un mouvement de brasse en direction du bord opposé. Elle ne pouvait pas vraiment se permettre de nager dans un endroit aussi exigu, mais cela lui permit de se déplacer sans avoir à se lever. Lyra la suivit presque aussitôt. A plat ventre, les jambes flottant doucement derrière elles, les mains croisées sur le bord et le menton posé sur celles-ci, les deux amies contemplaient la plaine. La forêt par laquelle la rouquine était venue paraissait toute petite en bas. Mais les couleurs étaient tout simplement indescriptibles. Les feux rasant du soleil couchant donnaient à tout le paysage un petit air surréaliste qui donna aux deux jeunes femmes l’impression de vivre hors du temps.
« C’est tout simplement merveilleux... » La rouquine avait parlé presque pour elle-même, et Lyra se demanda durant un instant si elle ne faisait allusion qu’au paysage.
Elles restèrent sans parler pendant un bon moment, allongées nues dans les vaguelettes du bassin, côte à côte, les yeux voletant d’un endroit à l’autre en contrebas.
Puis le soleil finit par se coucher, et la lumière baissa. Les ténèbres montèrent lentement sur le flanc de la colline, et Lyra réprima un petit frisson, qui n’avait rien à voir avec le froid. Elle baissa les yeux et n’osa regarder Olorìn.
« Pardonnez-moi de ne pas avoir su vous protéger plus tôt d’Alderak. Je suis désolée pour tout ce que vous avez eu à subir. J’aurai…
- Ce n’est rien. » La jeune femme l’avait interrompue, sans la regarder pour ne pas la mettre mal à l’aise. « Vous avez fait ce que vous avez pu. Vous êtes là. Et c’est tout ce qui compte. »
Et le sujet fut ainsi clos entre les deux femmes. Rien ne valait d’être ajouté à ça. Elles contemplèrent donc la nuit s’installer doucement en bas, les détails se brouiller, les formes se modifier pour créer une nouvelle réalité. Elles échangèrent quelques mots. Peu. De peu d’importance. Laissèrent leurs corps flotter. Leurs épaules se frôler.
Puis la nuit fut là, le ciel déchiré par de nombreux éclats argentés, et la lumière fut toute autre. La conversation aussi.
Elles en étaient progressivement venues à parler de l’Apocalypse et de la façon dont Olorìn y avait survécu. Pas mal de chances, a priori. Et l’avantage d’être immortelle. Dans un cataclysme pareil, c’était un atout indéniable. Elle lui décrivit de manière superficielle les morts et les cataclysmes galactiques, déployant des trésors d’ingéniosité pour minimiser les horreurs qu’elle avait pu voir face aux questions toujours plus précises de la jeune Reine. Et ne faisant que confirmer les craintes qu’avaient fait naître en elle Ludmila.
« Et tout ce que vous me décrivez, c’est ce qui va arriver prochainement ici aussi, c’est bien cela ? »
Olorìn resta silencieuse quelques secondes. Puis elle sourit.
« C’est une conversation bien trop sérieuse pour une soirée comme celle-là, ne croyez-vous pas ? Et il fait bien trop sombre pour s’inquiéter des ténèbres à venir.
- C’est vrai. Attendez... »
Lyra se leva et se dirigea naturellement vers le bord, tandis que la rouquine admirait l’éclairage du ciel étoilé sur les courbes de la commandante. Puis elle attrapa son sac, le ramena vers le bord et se replongea dans l’eau du bassin. Olorìn la rejoignit et s’adossa près d’elle.
Tandis que la jeune femme s’évertuait à retrouver quelque chose dans sa besace, la rouquine profitait du spectacle offert à ses yeux. Les rochers formant le bassin naturel, l’eau scintillante, la peau laiteuse de son hôte, ses épaules, un oiseau de nuit fendant le ciel, la petite chute alimentant en eau leur havre temporaire, une belle chute de rein offerte à son regard, les galets au fond de l’eau…
« C’est pas vrai… Me dit pas que je l’ai oublié…
- Quoi donc ? Peut-être puis-je vous aider ? »
La rousse était revenue à la réalité.
« Ben… Normalement, j’ai des petites bougies à disposer sur le bord. Ça fait joli comme tout. Mais je suis partie trop vite du palais et il semble que je les ai oubliées. Je voulais que tout soit parfait pour notre rencontre, et j’ai oublié ça...
- Certes, mais nous pouvons nous en passer, non ? Le ciel étoilé et la lune devraient suffire…
- Oui… »
Olorìn préférait, et de loin, se passer d’éclairage. Mais devant la mine dépitée de son amie, s’en voulant visiblement d’avoir oublié ce détail qui semblait important pour elle, la rouquine se décida à l’aider. Elle fit signe à Lyra de patienter une seconde, fit le tour du bassin, ramassant des choses que Lyra ne pouvait distinguer et prenant bien soin que son corps n’émergea pas de l’eau. Puis elle revint vers son amie, et déposa un gros paquet de feuilles mortes et de brindilles sèches à côté du sac de Lyra.
« C’est une bonne idée, mais j’ai aussi oublié mes allumettes.
- Patientez encore une petite seconde… »
La rouquine s’en fut vers le centre du bassin, ramassa trois gros galets plats dans le fond et revint au bord du bassin. Elle disposa les feuilles et les brindilles sur ces supports improvisés, ferma les yeux et posa une main tout près d’un des galets. Il ne se passa tout d’abord rien, puis une légère brise sembla passer sur les végétaux secs. Elle recommença l’opération sur les deux autres galets, puis ses doigts s’animèrent et semblèrent effectuer une courte danse qu’ils connaissaient depuis des temps immémoriaux. Puis s’immobilisèrent aussi vite qu’ils s’étaient animés. Olorìn ressemblait à une statue antique dans la pénombre du soir. De légères volutes de fumée commencèrent à s’élever des bûchers miniatures, puis des flammèches, et enfin de vraies flammes qui illuminèrent les lieux d’une douce lumière chaude. Olorìn rouvrit enfin les yeux, un sourire éclatant au visage. Elle se tourna vers Lyra.
« C’est toujours plus long lorsqu’on veut faire ça à petite échelle. Quand il s’agit de détruire tout un quartier, cela peut quasiment être fait en un claquement de doigts, mais allumer trois galets me prend de longues minutes… Le prix de la minutie. » Elle adressa un clin d’œil à la Reine et s’occupa à nouveau de ses flambeaux improvisés. « Je les ai enchantés pour qu’ils ne se consument pas. Donc, ils brûleront indéfiniment et ne s’éteindront pas tant que nous ne le voudront pas. Ils pourront peut-être même survivre à l’Apocalypse, qui sait ?… »
Tout en parlant, la jeune femme effectuait de nouvelles arabesques de ses mains et les galets s’élevèrent dans les airs, se plaçant à différents endroits du bassin et flottant dans l’espace, diffusant une lumière dansante sur les parois de la falaise.
Olorìn se rapprocha alors de Lyra, contemplant toutes deux les lampions improvisés. Et ses doigts effleurèrent ceux de la Reine.
Cdte. Lyra
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17/04/1019 ETU 12:02
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Incroyable... 
Lyra avait regardé, fascinée, la magicienne allumer les petits tas de brindilles sèches. Elle contemplait désormais, avec des étoiles dans les yeux, les galets sur lesquels reposaient les petits brasiers.
Olorìn les fit se placer autour du bassin, chaque galet répandant autour de lui une aura de lumière, chaude et vacillante.
L'ambiance des lieux changea complètement. La simple présence de ces lampions improvisés avait fait reculer les ténèbres et les maintenait désormais à distance. 
Ajay, le grand loup blanc, se rapprocha timidement d'un des galets, les oreilles en avant, le nez frémissant. Ces flammes éternelles ne ressemblaient à rien de ce qu'ils avaient pu voir jusqu'à présent. Amusée, Lyra le regardait faire, partageant simultanément sa surprise et son ravissement. 
L'esprit entièrement tourné vers l'oeuvre d'Olorìn, c'est tout juste si Lyra remarqua son rapprochement. 
Et alors qu'elles se retrouvaient à nouveau côte à côte, leurs doigts s'effleurèrent.
Ce fut un contact fugace et très discret, d'ailleurs sans doute pas intentionnel, mais par réflexe, Lyra tourna la tête et son regard accrocha celui d'Olorìn. Elles échangèrent un sourire, sans se quitter des yeux. Cet échange silencieux dura de longues secondes, sans qu'aucune ne cherche à détourner le regard. C'était apaisant, bienveillant. Réconfortant...
Mais anormalement long.
Happée par ce regard magnétisant, Lyra avait la sensation confuse qu'un message silencieux était transmis, sans qu'elle parvienne à en deviner le sens. Très légèrement, presque imperceptiblement, la main d'Olorìn affirma son contact sur celle de Lyra. Elle osa même, timidement, pensivement, une caresse du bout du doigt. 
Ce fut comme un déclic et Lyra sembla se réveiller brutalement. Elle détourna les yeux, pestant intérieurement contre elle-même. Oh, Lyra, tu fais quoi là ? Tu débloques ou quoi ?
Au sursaut de Lyra, Olorìn avait retiré sa main et un petit silence gêné s'installa entre elles. Lyra s'efforça de reprendre un air détaché et s'affaira à remettre quelques affaires dans son sac, avant de le repousser un peu plus loin. Maintenant qu'elle avait repris un peu de distance, ses idées se remettaient peu à peu en place. Tout allait bien. Juste un peu trop de stress en ce moment, trop de pression. Trop de distance avec Alen. Elle avait juste besoin d'un peu de tendresse, d'un peu d'écoute. Voilà. Il n'y avait rien de plus, et ça n'irait pas plus loin.
En tout cas, elle n'allait surtout pas laisser se gâcher ce moment qu'elle attendait depuis si longtemps.
Silencieusement, Ajay s'était rapproché du bord du bassin et vint s'allonger tout près de Lyra. La jeune femme posa machinalement la main contre lui.
Ça a l'air très particulier, cette relation que vous avez, tous les deux. 
Lyra répondit dans un sourire, soulagée qu'Olorìn reprenne naturellement la conversation.
Ça l'est. Enfin... je n'en ai pris conscience que lorsque nous nous sommes ouverts à d'autres civilisations. Ajay et moi, on partage tout. Tout le temps, en permanence. Toutes nos émotions, nos pensées, tout ce que ressent l'un est instantanément vécu par l'autre. 
Pendant que Lyra parlait, le loup blanc avait posé ses grands yeux jaunes sur Olorìn.
Et à quoi pense-t-il, là ?
Il pense... Lyra eut un sourire amusé en jetant un regard en biais vers Ajay. Il pense que vous êtes quelqu'un de bien. Et qu'il vous apprécie beaucoup. 
Lyra regarda brièvement Olorìn et poursuivit avant de laisser un nouveau silence s'installer.
Vous aussi, votre lien avec Ruby a l'air... particulier. Dans un de vos messages, vous m'avez dit que c'était votre... Alter-ego ? 
Lyra n'avait aperçu Ruby qu'en de brèves occasions, à l'Assemblée de Paradoxe. La jeune femme aux cheveux rouges et au tempérament de feu semblait très différente d'Olorìn, mais une forme de complicité était évidente entre elles. 
A la question de Lyra, la rouquine resta pourtant pensive quelques secondes. Puis elle eut un petit rire sans joie.
Ruby... Je ne suis même pas certaine moi-même de savoir qui elle est.
Disons que si je veux vous donner une réponse rapide, Ruby est une part de moi-même qui a pris son indépendance lors de mon meurtre par le Joker. Elle... 
Attendez, votre... quoi ? 
Olorìn s'interrompit, et sourit légèrement face à l'air perdu de Lyra. Elle baissa les yeux dans un demi soupir, avant de répondre.
Le Joker. C'est une longue histoire. Il avait pris d'assaut une réunion diplomatique, je l'ai poursuivi et il m'a... il m'a tendu un piège dans lequel j'ai foncé tête baissée. Comme une conne. Olorìn avait parlé vite, avec nervosité. Bref, il a fini par me tirer une balle dans la poitrine, avant de se suicider. Voilà. Autres temps, autre Galaxie. Je vous raconterais en détail un jour, si cela vous intéresse.
Lyra continuait de la regarder, bouche bée, incrédule. Ce n'était pas tous les jours qu'on pouvait entendre quelqu'un vous parler de son propre meurtre, et elle avait visiblement du mal à s'en faire une idée. Olorìn profita du silence de la jeune reine pour poursuivre.
Pour en revenir à Ruby, à ce moment là elle symbolisait alors, en quelque sorte, ma folie. Mais ce n’est plus le cas. Du moins, c’est ce qu’il me semble.
Un silence.
C’est ce qu’il me faut à présent découvrir. Il semble qu’elle ait changé, et je ne suis pas sûre de savoir en quoi. Elle n’est plus celle que je connaissais. 
Ah... vous aussi... 
Pardon ? 
Non, rien, je... Lyra s'interrompit, et soupira. Ça lui avait échappé.
Elle n'avait pas spécialement prévu d'aborder le sujet, mais Olorìn l'encouragea du regard.
C'est simplement que ça me parle, ce que vous dites. Moi aussi, j'ai parfois l'impression de ne plus reconnaître celui qui partage ma vie. J'ai la sensation... de courir après un mirage. Plus j'essaie de le rejoindre, plus je le vois s'éloigner. 
Lyra eut un frisson et s'enfonça un peu plus dans l'eau chaude de la source. Elle n'ajouta rien, le regard perdu dans la brume qui montait du bassin. Olorìn n'avait rien dit. Il n'y avait rien à dire.
Qu'est-ce que vous comptez faire, pour Ruby ? 
Olorìn sembla hésiter un moment.
Dans ma quête pour tenter de comprendre qui elle est devenue, j’ai compulsé les archives enregistrées du temps où j’étais en stase, et pendant laquelle elle était aux commandes. Je suis tombée sur une invitation d’Alexia, qui n’a jamais été suivie. Je suppose donc que Ruby lui a répondu, qu’elles se sont rencontrées et qu’elles ont discuté. Je me dis que là-bas se trouvent peut-être des archives qui me permettraient de mieux la cerner. J’ai donc mis en place une expédition qui doit s'y rendre... 
La commandante leva les yeux vers Lyra et la contempla un moment en silence. Puis elle se décida.
D'ailleurs, est-ce qu'éventuellement... vous voudriez m’accompagner...? 
Lyra ne répondit pas tout de suite. Partir loin des siens, loin d'Alen... c'était compliqué, et peut-être pas une si bonne idée. D'un autre coté, un voyage avait toujours quelque chose d'excitant. Et avec Olorìn, en plus : Lyra avait encore tellement de questions à lui poser, elle avait tant de choses à apprendre d'une commandante qui avait vécu plusieurs vies - quand elle même avait l'impression de galérer avec la sienne. L'accompagner dans cette expédition pourrait être l'occasion de poursuivre cette conversation. Et qui sait, peut-être qu'en aidant Olorìn à retrouver Ruby, ça l'aiderait elle-même à comprendre des choses, et à retrouver Alen...
Pourquoi pas... finit-elle par répondre dans un sourire. Laissez-moi un peu de temps pour y réfléchir, mais pourquoi pas... 
Cet échange, même s'il avait soulevé des points sensibles chez les deux jeunes femmes, avait eu le mérite d'effacer le moment de gêne qui s'était produit un peu plus tôt. Leur conversation dura encore un long moment, évoluant de plus en plus naturellement entre des sujets légers, et des sujets plus intimes. Lyra se surprit même à rire, ce qui ne lui était plus arrivé depuis longtemps. Profitant pleinement de l'instant présent, elle avait oublié toute notion du temps, et ce n'est finalement que lorsqu'elle sentit un engourdissement la gagner qu'elle réalisa l'heure tardive.
Lyra s'étira longuement.
Bon... c'est à regret, mais je crois qu'il va falloir songer à rentrer, si on ne veut pas finir calcifiées ici.  
Elle finit par se lever à contrecœur et sortit de l'eau pour rejoindre le ponton en bois. Maintenant que la nuit était bien avancée, la température avait chuté - à en juger par la buée que produisait sa respiration. Mais dans l'immédiat, après ce long séjour dans les eaux chaudes du bassin, Lyra ne ressentait pas la morsure du froid. C'était au contraire une sensation très agréable, l'impression d'irradier littéralement de l'intérieur.
Elle savait pourtant que ça ne durerait pas longtemps, et il fallait qu'elle se rhabille sans trop traîner. Elle extirpa sa serviette de son sac et s'enroula dedans, alors qu'Olorìn la rejoignait sur le ponton.
Lyra lui jeta un coup d’œil en biais. Olorìn lui avait dit ne pas ressentir le froid, mais c'était tout de même perturbant de la laisser comme ça, nue et trempée dans l'air glacial de la nuit.
Lyra se mordilla la lèvre inférieure puis se retourna vers Olorìn en souriant.
Hum... Si vous voulez... ma serviette devrait être assez grande pour nous deux...  
Elle sembla hésiter une seconde, puis finit par ajouter, un sourire taquin au coin des lèvres.
Enfin... si vous me promettez d'être sage...  
Cdt. Olorìn...
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16/05/1019 ETU 15:23
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Si vous me promettez d'être sage...
Les conditions étaient fixées, et les rapports entre elles établis. Olorìn devait rester sage. Elle pensa que cela ne devrait pas lui poser plus de problèmes que cela, c'est ce qu'elle s'était évertuée à faire tout au long de sa vie : rester sage, à sa place. Et pourtant, elle n'arrivait pas s'y résoudre. Elle avait mal, une douleur sourde au creux du ventre. Légèrement plus intense même que lorsque Lyra lui avait parlé de celui avec qui elle semblait partager sa vie. Rejetée, d’une certaine manière, même si elle savait que tel n’était pas le cas.
Mais dans le cas présent, ses actes ne lui appartenaient plus. Et si elle voulait conserver l'esprit de ce moment intime, il fallait qu'elle fasse bonne figure.
A moins...
« Je serai sage, je vous le promets. Je ne ferai rien pouvant compromettre votre vertu... »
Voilà. Elle avait promis, elle s'en tiendrait donc à sa promesse.
Elle avait parlé vite, pour s'empêcher de trop réfléchir, et surtout de trouver une alternative qui lui permettrait de passer outre. Et elle se retrouvait maintenant liée à son serment. Une bonne chose.
La rouquine s'avança donc vers Lyra, cette dernière ouvrit un pan de sa serviette, et la magicienne vint s'y blottir, prenant bien soin de garder ses mains autour de ses genoux une fois assise. Il y eut un nouveau moment de silence, et ce fut Lyra qui le rompit cette fois.
« Votre installation dans mon secteur se passe-t-elle bien ?
- C'est parfait, mon amie. Je vous en remercie encore. Mes vaisseaux s'étendent et mon peuple prend possession petit à petit de ses nouvelle terres. Un nouvel espoir renaît en eux. C'est une bonne chose. Et cela, je vous le dois.
- Vous ne me devez rien, je n'ai fait que ce qui me paraissait juste. Je regrette juste de ne pas l'avoir fait plus tôt.
- Cependant, il y a une question qui me trotte dans la tête... »
Olorìn se mordit la lèvre inférieure, n'osant continuer.
« Oui ?...
- J'ai pu voir que de nombreuses planètes étaient en déclin dans votre secteur, et que celui d'Ylios était également en piteux état. Hors, il semblerait qu'Alen soit à l'origine de ce désastre écologique... Et comme vous semblez proches... Très proches même, d'après ce que j'en sais... Je me demandais... »
La rouquine ne savait pas comment terminer sa phrase. Elle attendit donc la réponse de la Reine. Et attendit encore. Lyra semblait attendre la suite, et Olorìn semblait ne savoir que dire de plus.
« ...Vous vous demandez ce que j’en pense ? »
Olorìn sourit, gênée.
- Quelque chose comme ça, oui. »
La reine eut une moue désabusée et pencha la tête vers le sol. Du bout du pied, elle remua la terre devant elle.
« Et… Sommes-nous vraiment obligées d’en parler maintenant ? »
La rouquine tourna la tête et essaya de trouver le regard de son amie. Sans succès.
« Lyra… Je ne vous force à rien. Si vous ne voulez pas me répondre, ne le faites pas. Mais… Disons que j’ai besoin de savoir. »
Un long silence s’ensuivit. La commandante finit même par croire qu’elle n’obtiendrait pas de réponse cette fois-ci et chercha un autre sujet pouvant alléger l’ambiance, plombée par ses soins. Elle s’injuriait intérieurement d’avoir amené sur le tapis ce sujet-là, à ce moment précis, lorsque la voix de Lyra rompit le silence de la nuit.
« Ça ira. Je m’attendais à ce que le sujet soit abordé entre nous à un moment ou à un autre. J’aurais juste préféré que ce soit plus tard. Pas ici. Pas maintenant. »
Olorìn eut une pointe au cœur. Mais la jeune reine se tourna vers elle et lui adressa un sourire amical.
« Mais après tout, autant crever l’abcès au plus tôt, n’est-ce pas ?
Donc, je sais l’apparence qu’a mon secteur, et je sais que c’est quelque chose qui a été remarqué. Mais, vous savez, le fait de partager ma vie avec Alen ne signifie pas forcément que je suis en accord avec tout ce qu’il fait. Ni avec ses méthodes. »
Une chose déjà était confirmée aux yeux de la rouquine : Lyra avait bien une liaison avec Alen. Son cœur se serra un peu plus.
« Ma civilisation a toujours pris grand soin des mondes qu'elle exploite, et nous sommes conscients que notre survie dépend de notre capacité à préserver nos ressources. Mais dans mon secteur, nous avons eu des voisins moins sensibles à la question, qui n'ont pas hésité à gaspiller ces ressources. Les Passeurs ont hérité de certaines planètes déjà bien abîmées, et si elles sont devenues inexploitables, ce n'est pas de leur fait.
- Lyra, une planète ne passe pas en déclin toute seule. Et si elles sont exploitées de manière durable, il n’y a aucune chance pour qu’elle le devienne. Même très abîmées.
- Ne me parlez pas comme à une enfant. Je sais très bien cela. Mais si une planète est suffisamment abîmée, deux ou trois cycles seulement en intermédiaire peuvent les faire basculer. Il suffit juste de ne pas pouvoir s’occuper des modifications administratives concernant l’intensité d’exploitation après un transfert. Et deux cycles après, vous vous retrouvez avec une planète en déclin dans votre civilisation. La même chose est arrivée à d'autres commandants dont je sais qu'ils prennent habituellement soin de leurs possessions. »
La rouquine rosit. Il n’y avait rien à ajouter à cela. Cela lui était arrivée à elle-même alors qu’elle prenait grand soin de ses planètes. Les deux commandantes étaient côte à côte sous la serviette, et ce fut une bonne chose pour Olorìn à ce moment précis. Elle n’avait ainsi pas à affronter le regard de Lyra. Elle s’en voulait d’avoir semblé la sermonner, même si telle n’était pas son intention initiale. La tête penchée elle aussi, le regard scrutant ses pieds dépassant de la serviette, elle relança la conversation. Maintenant qu’elle avait commencé, il fallait qu’elle aille jusqu’au bout.
« Et pour le secteur d’Ylios ? »
Ce fut au tour de la jeune Reine de bénir l’obscurité. Et le fait de ne pas être l’une en face de l’autre.
« Concernant le secteur d’Ylios… Le problème est différent.
Ils sont entrés en conflit, et tout aurait pu finir très mal. Comprenez-moi bien, je ne cautionne pas cette situation, et je reste même choquée par ce qui s'est passé, dans un secteur natif... Dans le secteur d'un ami, qui plus est. Même si je sais les raisons qui ont poussé Alen à agir comme ça, j'ai beaucoup de mal à l'accepter.  Je ne l'ai jamais accepté, en fait. »
Puis la Reine se tut. La rouquine aurait bien ajouté que rien, pas même une guerre, ne justifiait à ses yeux le fait de détruire volontairement l’éco-système d’une planète, mais elle jugea que ce n’était ni le lieu, ni le moment. Elle n’était pas en Assemblée mais avec une amie, et elle avait les réponses dont elle avait besoin. Il n’y avait donc rien à ajouter. Surtout avec la disparition récente d’Ylios.
La rouquine sentit les épaules de son amie tressauter, et comprit la peine de la jeune femme. Elle dégagea un bras, hésita une seconde puis se dit qu’elle pouvait agir sans mettre en cause la promesse qu’elle avait faite. Une amie qui en console une autre. Rien de plus. Elle prit donc Lyra dans ses bras et la serra doucement. La jeune femme se blottit contre elle et laissa couler ses larmes en silence.
« Je… Je suis désolée, Lyra. Ylios était un homme bien. Et droit. »
Les deux femmes restèrent l’une contre l’autre durant un long moment, la rouquine tenant son amie, toutes deux les yeux tournés vers les étoiles, silencieuses.
Puis dans le lointain, l’une d’elle brilla un peu plus fort, et sa lumière attira le regard d’Olorìn. Après un regard appuyé, la rouquine enleva son bras des épaules de son amie et se redressa, le regard rivé vers le ciel étoilé, sur l’une d’elles en particulier. Cette dernière sembla grossir un peu, tandis qu’une lueur verdâtre commençait à l’auréoler. Doucement, d’abord, puis de manière plus soutenue.
Lyra remarqua également le phénomène, et un sourire se dessina sur son visage, ses yeux s’illuminèrent.
Puis la rouquine se leva d’un coup, se dégageant lestement de la serviette, ne se souciant plus nullement de sa nudité. Derrière elle, la voix de la jeune Reine s’éleva, interrogatrice.
« C’est magnifique ! C’est vous qui faites ça ? »
Mais Olorìn ne répondit pas tout de suite, et quand elle le fit, ce fut en ignorant complètement la question.
« Rhabillez-vous.
- Mais pourquoi ? Vous ne…
- Rhabillez-vous. Maintenant. »
Puis sans doute consciente de la dureté de sa voix, elle se tourna vers Lyra et lui adressa un pauvre sourire sans joie.
« S’il vous plaît. »
La jeune femme laissa tomber sa serviette, s’apprêta à protester, sentit la tension dans le regard de la rouquine et tous ses sens furent d’un coup en éveil.
« Que se passe-t-il ? Dites-le moi. »
Puis devant le silence de son amie, elle haussa le ton.
« J’ai le droit de savoir ! »
Olorìn la regarda dans les yeux, l’embrassa du regard, admira sa stature, sa détermination. Elle semblait farouche. Debout, nue, le corps nimbé de la seule lueur des étoiles et des lampions improvisés, elle ressemblait aux amazones de jadis. Olorìn eut un élan de désir pour elle, mais elle le réprima et cacha ses sentiments sous sa frange, tandis qu’elle-même récupérait sa robe et se rhabillait d’un coup d’épaule.
« Rallumez votre pad. Vous devriez avoir toutes les réponses aux questions que vous vous posez concernant ceci. »
Un léger coup de menton désigna l’étoile devenue verte.
Tandis qu’Olorìn scrutait le ciel, Lyra passa son tee-shirt et attrapa son sac. Elle en sortit son appareil de communication, et l’activa. Elle eut le temps de passer le reste de ses vêtements pendant le redémarrage des différents services. Puis ce fut une apocalypse de bips annonçant l’arrivée de dizaines de messages. La jeune femme y jeta un rapide coup d’œil et devint livide. Elle en parcourut quelques-uns, puis ses yeux se posèrent sur la rouquine. Elle ne savait quelle était la bonne question. Olorìn prit l’initiative de la parole.
« Des ADM, n’est-ce pas ? »
Un hochement de tête en guise de réponse.
« Quel secteur ?
- Le zéro. »
La rouquine se retourna et son regard se troubla, cherchant en pensée un sens à ces informations nouvelles.
Le zéro ? Cela n’avait aucun sens. Pourquoi Alderak se bombarderait-il lui-même ?…
Olorìn secoua la tête brièvement, faisant voler ses réflexions. Elle aurait tout le temps de penser à tout ça pendant le vol qui l’amènerait à son QG. Pour le moment, il était temps d’y aller. Elle se retourna vivement, et se retrouva face à son amie qui s’était approchée silencieusement, le regard rivé sur l’étoile et le spectacle qu’elle offrait, un air indéchiffrable sur le visage. Elle paraissait incroyablement sérieuse, tout d’un coup. Puis les yeux verts de Lyra tombèrent des cieux dans ceux de la rouquine, et son expression s’adoucit. Et Olorìn ressentit à nouveau une bouffée de désir pour la jeune Reine. Sentant ses joues rosir dans l’obscurité, la rouquine baissa légèrement la tête.
« Je vous remercie pour cette nuit, ma douce amie, sachez que j’ai savouré chacune de ces secondes passées en votre compagnie. Mais nous ne devrions plus traîner ici. »
Puis elle se dirigea vers le sentier qui devait les emmener en bas, dans la plaine.
La magicienne passa à pas pressés près de son amie. Cette dernière tendit le bras et attrapa celui de la rouquine. D’un geste tendre et mesuré. Olorìn se stoppa net, jeta un œil fugace sur les doigts graciles qui la retenait, avant de remonter vers le visage fin de la reine de Galathée. Et son cœur tomba une nouvelle fois dans sa poitrine. Lyra se rapprocha d’un coup et l’enlaça, la serrant fortement contre elle.
Une boule vint se bloquer dans la gorge de la rouquine, et elle dut déglutir plusieurs fois pour la faire passer. Et les mots qu’elle s’était promis de ne pas prononcer passèrent la barrière de ses lèvres, pour se blottir doucement au creux de l'oreille de Lyra.
« Je suppose qu’à présent vous n’ignorez rien de mes sentiments pour vous. »
Olorìn sentit Lyra se raidir, mais les chuchotements à son oreille continuèrent.
« Je ne vous demande rien. Ni maintenant, ni jamais. J’ai compris que cela était impossible pour vous, et je respecte cela. Sachez seulement qu’ils ne changeront jamais. Si un jour, ou une nuit, vous pensez être capable de ne m’accorder qu’une miette de ces sentiments que je désire de vous, dans cette galaxie ou dans une autre, au ciel ou en enfer, venez à moi. Je ne ferai plus ce premier pas, et ne vous ennuierai plus. Mais...
Jusqu’à votre dernier souffle, je vous attendrai, mon amour... »
*    *
*
Elle n’avait obtenu qu’un sourire en guise de réponse, ce soir-là. Mais ce sourire restait dans le cœur de la rouquine. Il voulait dire que son message avait été entendu. Et si rien ne laissait présager qu’un jour elle pourrait caresser l’espoir de se voir aimée en retour par Lyra, rien ne prouvait le contraire non plus. Il lui restait donc l’espoir.
Et en ces heures sombres de cette traque sans merci, après les châtiments et les humiliations, Olorìn se raccrochait à la moindre parcelle de lumière pour ne pas sombrer. Et cet espoir était l’une d’elles.
Elle resta donc là un moment à contempler cette plaine qu’elles avaient toutes deux quitté il y avait si longtemps, une éternité lui semblait-il, les deux galets noircis et froids à la main.
Puis elle finit par se lever, jeta un des galets éteints, regarda l’autre. Puis l’emporta avec elle à sa navette, pensant distraitement au galet disparu.
Peut-être entretenait-il sa flamme en un meilleur endroit…

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