Cdte. Lyra
Respect diplomatique : 459 12/06/1019 ETU 23:09 |
Score : 7
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Lyra avait fait semblant d'être plongée dans ses notes pour pouvoir garder le regard baissé et ne pas dévisager Ruby. Ca aurait été très malpoli, déjà, et ensuite la jeune femme l'impressionnait un peu et elle n'avait pas très envie d'entrer en confrontation directe avec elle. Autant Olorìn était mesurée, réfléchie et discrète, autant Ruby était flamboyante, impétueuse et démonstrative. Et elle avait fait sortir du feu de ses mains. Elle se contenta donc de la suivre du coin de l’œil, alors que Ruby venait les rejoindre pour s'asseoir à côté d'Olorìn. - Vous étiez en train de dire... Lyra s'était lancée, à voix basse. Ramener le sujet sur le décodage ferait peut-être plus rapidement oublier l’échec de Ruby sur la porte. Vous avez parlé de contes avec Lee ? - C'est ça. Le mot étrange, qu'il avait prononcé, était une déformation de "Sésame". - Comme dans "Sésame, ouvre toi" ? - Exactement, acquiesça Olorìn dans un sourire. - C'est plus qu'une déformation... c'est un anagramme... Tout en parlant, Lyra avait repris sa tablette et jeta un nouveau regard à la suite de lettre. - Déjà essayé, soupira la rouquine. Vous pensez bien, un anagramme... Mais si vous reprenez nos 6 lettres, avant le double point, ça ne donne pas grand chose de concluant. Lyra n'émit pour toute réponse qu'un grognement approbateur, fronçant des sourcils contrariés. Elle recommença à mâchouiller distraitement son stylet, fixant les lettres comme si elle espérait qu'elles se mettent à bouger toutes seules pour révéler enfin leur mystérieux message. Alors qu'un nouveau silence s'installait, Ruby se pencha sur la feuille d'Olorìn. - Vos deux points là, c'est un caractère brigand aussi ? Ou c'est une ponctuation ? - Ponctuation, à priori... murmura Olorìn, à nouveau concentrée. - Ah... donc on y touche pas, c'est ça ? Pendant une seconde, ou deux, il ne se passa rien. D'une oreille semi-attentive, Lyra avait entendu la question, apparemment naïve, de Ruby. Puis, elle se figea, et leva lentement les yeux vers la jeune femme. Et la dévisagea. - Quoi ? J'ai dit une connerie ? Un large sourire illumina le visage de Lyra qui peina à calmer son excitation. - Olorìn ! Mais bien sûr ! Pourquoi partir du principe que ces doubles points ne bougent pas ? Pourquoi seraient-ils à leur place définitive ? Les deux amies se dévisagèrent. Nous avons évacué la piste de l'anagramme, parce que nous nous sommes focalisées sur le déchiffrage des 6 lettres avant la ponctuation. Mais si on lui accorde le même traitement qu'aux autres lettres... - Alors nous avons peut-être à faire avec un anagramme qui porte sur toute la suite de caractères, acheva Olorìn. - C'est ça. Animée par un regain d'énergie, Lyra attrapa une feuille dans son sac et la découpa en 35 petits carrés, sur lesquels elle inscrivit chaque lettre. Son sourire ne la quittait plus. Elle étala enfin les petits carrés sur le sol. - C'est ça. C'est forcément ça. Il faut reformer les mots avec les lettres mélangées. - Mais ça peut prendre des lustres ! - Pas forcément. Lyra réfléchissait à toute vitesse. Elle désigna quelques lettres. On a un Y, deux H... un seul N, deux Q... ça devrait restreindre les possibilités. - Et le fait que le message soit gravé en quatre lignes sur la porte ? Lyra s'interrompit, leva les yeux vers la porte et réfléchit. - Ce n'est peut-être rien d'important... Ou alors il nous faut reformer des mots, ou des ensembles de mots qui reproduisent cette structure. Elle compta mentalement. Nous avons une ligne de 9 caractères, puis 10, puis à nouveau 9, et enfin 7. Elle haussa les épaules. Essayons, ça peut peut-être encore nous aider à restreindre nos possibilités. Cette nouvelle piste de recherche semblant pleine de promesses, les commandantes se penchèrent dessus avec une motivation redoublée. Pourtant, après quelques minutes seulement, elles se rendirent compte que quelque chose clochait. Même avec les lettres particulières, il restait une quantité impressionnante de combinaisons possibles. Lyra avait recomposé le mot "SYMBOLE", qui lui plaisait particulièrement dans le contexte, mais cela aurait aussi pu être "MYSTERE"... ou "DECRYPTER"... A plusieurs reprises, des ensembles de mots semblèrent se détacher, mais ces brefs regains d'espoir retombaient aussitôt comme des soufflets. Olorìn avait fini par créer ses propres petits morceaux de papier et elle cherchait de son côté. Lyra était maintenant allongée par terre, les lettres étalées devant elle. Elle formait et déformait des mots, intervertissait des lettres, en décalait une, puis une autre... Après de nouvelles heures de recherche, l'évidence s'imposa à elle. C'était trop long... Il y avait trop de combinaisons possibles. Elle se prit la tête entre les mains, et soupira. Les yeux fermés, elle continuait de voir les lettres qui dansaient devant ses yeux. Le message était là, devant elles... Il leur manquait quelque chose. Mais quoi ? Lyra sentit une vague de découragement la gagner quand à cet instant, un flash lumineux traversa la paume de ses mains et ses paupières fermées. La jeune femme se redressa, au moment où un grondement sourd envahissait l'espace autour d'eux. Elle tourna vers Olorìn des yeux arrondis de surprise et tout alla très vite. La salle se mit à trembler, renversant les objets et les quelques éléments de mobilier. Lyra plaqua ses mains sur ses oreilles mais son corps entier était comprimé par les ondes de choc de la détonation et elle se sentit comme pétrifiée sur place. Dans un état second, elle sentit qu'une main se refermait sur son bras et l'attirait vers l'arrière de la salle. Elle se retrouva plaquée contre le mur et se blottit dans les bras de son amie. Aussi brutalement que c'était arrivé, l'onde de choc se dissipa et le calme retomba sur les lieux. Lentement, des silhouettes se remirent en mouvement au milieu de la poussière, et des toussotements vinrent briser le silence. - Un impact de météorite, probablement, souffla Olorìn. Vous n'avez rien ? Lyra se détacha d'Olorìn, s'inspecta rapidement pour vérifier qu'elle n'était pas blessée. - Non, tout va bien, je crois... Elle posa son regard sur son amie, glissa vers Ruby, et les personnes autour d'elles, constatant avec soulagement que tout le monde semblait sain et sauf. Merci... Alors seulement, le regard de Lyra se posa sur la porte et elle remarqua avec stupeur que l'affichage des symboles clignotait étrangement, les lettres semblant se réarranger pour former de nouvelles combinaisons. Elle n'eut malheureusement pas le temps - ou la présence d'esprit de les noter, et l'affichage originel se remit en place. - Olorìn, vous avez vu ? - Quoi donc ? - Les lettres... elles ont bougé mais... " DSOIIVROILIPSTFERULE " " PORTE " Lyra tourna la tête vers la voix qui s'était élevée un peu plus loin. Elle chercha du regard son origine, plissant des yeux pour distinguer quelqu'un à travers le rideau de poussière qui tombait lentement. Médiagarde ! Le commandant fourmi avait réussi à relever le réarrangement des lettres et l'avait noté sur le tableau de Lee. Lyra aurait eu envie de le prendre dans ses bras, mais avec une fourmi c'était compliqué alors elle se contenta de lui adresser un sourire radieux. - Médiagarde, vous êtes formidable ! Lyra se tourna vers Olorìn. Elle sautillait sur place, l'épisode de la collision avec le corps céleste semblant déjà ensevelie par cette nouvelle découverte. - Regardez, les lettres qui étaient sur le haut de la porte se sont brièvement réarrangées dans un autre ordre. Le message ne voulait plus rien dire, mais c'était bien les mêmes lettres. Je suis sûre que nous sommes sur la bonne voie avec nos anagrammes. Mais nous avons essayé de reformer des mots au hasard : alors qu'il doit y avoir une façon dont les lettres sont réarrangées, une méthode de ré-assemblage que nous devons comprendre. - Lyra... il faudrait peut-être faire une pause, prendre l'air. Ce n'est pas bon toute cette poussière. Stoppée dans son élan, Lyra eut une moue de déception mais elle se ravisa rapidement. - Ok, vous avez raison. Sortons un peu, le temps que la poussière retombe. Mais j'emmène le message de Mediagarde avec nous, pour continuer d'y réfléchir. ⁂ ⁂ ⁂ Emballée par cette nouvelle piste, Lyra avait immédiatement ressorti le message transcris par Mediagarde pendant le "bug" de la porte. Elle s'installa sur un petit muret, sa tablette sur les genoux et c'est à peine si elle remarqua la présence d'Olorìn à ses côtés. Elles étaient ressorties du souterrain et une légère bise venait les rafraîchir, faisant danser les mèches de cheveux de Lyra. L'air frais lui faisait le plus grand bien, et elle eut l'impression que ses idées se mettaient en place plus facilement. - Bien. Nous avons donc "DSOIIVROILIPSTFERULE" et nous devons reformer "DISPOSITIF VERROUILLE". Au travail... Pendant de longues minutes, les deux commandantes cherchèrent en silence, tentant de trouver une éventuelle logique dans le mélange des lettres. Leur esprit échauffé par les longues heures de recherche préalables ne mit pas longtemps à éliminer les différentes possibilités et elles trouvèrent la clé quasiment en même temps. Lyra plaqua ses mains contre sa bouche et se leva d'un bond, manquant de faire tomber sa tablette par terre. Elle se tourna face à Olorìn, les yeux brillants. - Il faut retourner à la porte. C'est la bonne méthode, j'en suis sûre ! Elles refirent donc le trajet inverse, descendirent à nouveau dans le puits, longeant les couloirs, rameutant sur leur passage les commandants qu'elles croisaient sur leur passage. Lyra tenait à peine en place et peinait à calmer son pas, tant elle était pressée de vérifier leur méthode sur le message de la porte. Enfin, elle fut face à eux. Imposante, majestueuse et insolente, toujours impeccablement verrouillée. Fébrilement, Lyra s'adressa à ceux qui les avaient suivi. - Bien. Lors de l'impact, les symboles sur le haut de la porte se sont mélangés, pour former "DSOIIVROILIPSTFERULE". Nous sommes partis de l'idée que ce mélange ne s'était pas fait aléatoirement, mais selon une règle précise. Nous avons donc cherché une méthode pour réorganiser les lettres et former à nouveau "DISPOSITIF VERROUILLE". Lyra marqua une petite pause. Et il y en effectivement une. Si vous coupez la suite de lettre au milieu, vous formez deux ensembles de 10 lettres : "DSOIIVROIL" et "IPSTFERULE". Et maintenant... prenez la première lettre du premier ensemble (D), puis celle du deuxième ensemble (I), puis la deuxième (S), etc. Vous reformez ainsi DISP..O..SITIF... V...E...RROUILLE. Lyra retint son souffle, regarda Olorìn, puis baissa les yeux sur sa tablette, affichant la suite des 35 symboles de la porte. PRELQE:EHDCALORQIEOTBOUEMTOEHRYNEUS Bon. On coupe au milieu... première lettre de chaque ensemble... puis deuxième... A mesure que ses yeux faisaient des allers-retours, le premier mot se forma dans sa tête. P.O.R.T.E. Porte. Mon dieu... La suite ne leur prit que quelques secondes et enfin, après des heures de recherche, le message de la porte était décodé. Lyra leva un sourcil interrogateur et regarda un à un les commandants présents. - Charlyon ? Vous connaissez un Charlyon, vous ? |
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Cdt. Bébert Charlyon
Respect diplomatique : 19 13/06/1019 ETU 18:34 |
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Score : 6
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Robert Johnny Charlyon, dit Bébert, était artisan serrurier depuis toujours. A 4 ans, il crochetait sa première serrure, à 6, il avait répliqué une clef holographique, et à 12 ans, il remplaçait déjà son père sur les interventions. Observez ses mains, vous ne pourriez pas le deviner. De petits doigts boudinés que finissaient des ongles courts à l’extrême, des mains rudes de travailleur. Et pourtant, il avait des mains de chirurgien, des mains d’orfèvre, des mains d’une extrême minutie capable de ressentir la moindre aspérité d’un mécanisme. Cela faisait 20 ans que Bébert était à son compte. Il était intervenu dans toute la Galaxie, chez des gens puissants comme des monsieurs-tout-le-monde, des riches comme des pauvres. Il avait vu toute sorte de portes, améliorer et breveté quelques concepts lui-même, bref sa réputation n’était plus à faire. Pourtant, lorsqu’il découvrit la porte en arrivant dans la salle souterraine, sa réaction fut immédiate. Pviouuu, eh beh teh, j’mai vu d’porte dans l’genre moi… S’ti pas un bel ouvrage eh ? S’approchant, il en caressa la surface avec un amour à peine dissimulé, murmurant : C’toi l’bête que j’dois t’ouvrir eh ? On va faire ça tout’ en doucheur k’tu va chanté du mécanisme ma douc’ eh. Délicatement, il observa l’ouvrage, faisant courir ses doigts sur le métal froid, caressant les symboles affichés. Ruby venait de ramasser ses affaires au pied de la porte, se penchant délicatement dans un mouvement gracieux. Bébert renifla et se dit : Bah Cha… Ch’est comme c’te porte, c’est du bô matos un truc pareil ! J’aime bin les roukines moi eh. Heureusement, il avait marmonné ça suffisamment bas pour que personne ne l’entende, c’était tout de même un professionnel d’un certain standing. Il continuait l’inspection de la porte. Pas de trous de serrure, pas de digicode, de scanner rétinien ou biométrique d’une quelconque nature, pas de mécanisme apparent. Sortant un voltmètre de sa trousse à outils, il vérifia rapidement et compris. Se retournant vers celui qui l’avait fait venir : Eh beh.. Ch’est vous monsieur Agardé ? Medhi Agardé ? Ah bah ch’est du bô matos k’vous avez là c’est sûr eh… Ecoutez-mi… il se gratta la tête. Ch'est pas bin compiqué à vous y ouvrir c’te porte. Chuffit d’y faire... Il fut coupé net dans son explication par une étrange vibration de la porte. Le Voltmètre s'emballa... 100.000 volts, 100 millions de volts, 100 milliards de volts… avant qu'une petite fumée noire ne commence à s'élever de l'appareil. Ah... bah v'la ti pas aut chose... sal'té d'machinerie. Bah sembrait bin qu’finalment quequn a fini par y trouver. Y'a visiblement un chargement qu’est en cours là, maintenant suffit d'y balancer la purée à c’te porte, lâcha il avec un clin d'oeil à Lyra.
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