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Cdt. Io
Respect diplomatique : 95 ![]() 13/04/1019 ETU 14:50 ![]() ![]() |
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Jon gara sa corvette au dessus du complexe sur l’emplacement du parking d’urgence. Il ne verrouilla pas ses portes avec son bracelet. Il était trop pressé. Il mit trop de sa force pour pousser l’entrée qui lui rendit assez bien. En dévalant les escaliers, il se sentait mériter cette contracture à l’épaule. Trois étages plus bas, se trouve le bureau d’Ector. Il n’est pas là. J’ai besoin de toi toute suite. Question de vie ou de mort. Cocasse que dans l’esprit d’Ector se signale se brouille : qu’il crève, encore une fausse alerte, c’est ma dévitalisation qu’il veut achever. Rattrappé par la mauvaise habitude et la bonne curiosité, Ector se met en route. Il s’exécute en passant à un rasoir barbant. Il ne souhaite surtout pas que Jon touche à ses affaires. Et puis il pourra récupérer son casque. Mais ce n’est vraiment pas le bon moment ! Tout le temps le pire timing. Ector a besoin de se rassurer constamment que Jon n’est pas que ce qu’il pense de lui. Une fois de plus, il espère être surprit. Jon s’affale dans le sofa de son hôte. Il regarde avec attention l’ensemble des fioles, éprouvettes, conserves et autres curiosités qui amoncellent le bureau du scientifique. Jon est à la fois conquis et dégouté. Les savants sont fous et crades. Jon s’arrête sur un grogwaw vert qui flotte dans le formol. Ses yeux sont aussi vides que ceux d’Ector. C’est sûr, avec des animaux à leur image, les chercheurs ont un soucis narcissique. Parfois, Jon rêve d’user telle cruauté sur Ector et ses collègues. Juste pour voir leur tête. Ne t’assois pas sur ce siège. Où voulais-tu que je m’assieds ? C’est le bordel là-dedans. Je... Ector secoue la tête, il veut déjà accélérer cette conversation. Qu’est-ce qu’il se passe ? Je n’ai pas reçu d’Appel. J’étais en pleine expérience... Stooop ! Je ne veux surtout pas entendre vos cachotteries de blouses blanches. C’est ton domaine, on respecte les territoires de chacun. Dit-il en enlevant ses chaussures. Je ne veux rien savoir. Et puis je dors mal la nuit en ce moment. Tu viens me voir pour des somnifères ? Je ne suis pas ton épicier. Je ne te ferais pas confiance, empoisonneur ! Ector souffla. Quelques secondes. Crache. Jon mima. Ector refusa cette blague en silence. Bon, il m’est arrivé une histoire horrible. Je suis parti ce matin me balader dans les steppes d’Arilias sur Semecol. Tout fier : J’avais le petit kit de camping pour une mise au vert. Et puis le matériel de pêches et de chasse, tu connais mes talents. Jon invita au oui. Ector fit non de la tête. À 200km du lac d’Evio, en pilote automatique, paf ! Il tapa des mains violemment. J’ai percuté un ptérodactyle ambré. Alors tu vois j’ai mis du temps à réaliser, j’avais peur. Je tremblais. Regard interrogatif d’Ector, de plus en plus circonspect. Et je suis retourné sur mon lieu du crime ! Perdu l’Ector. Pourquoi il écoute ça ? Et là la pauvre bête, toute mignonne, lâchait des petits cris. Je la percute à 320 km et la bestiole couine seulement. Ça ne veut rien dire. De toute évidence la remarque avait de la portée. Donc je la prends à bord, je l’enveloppe dans mon duvet, je lui sers du lait de hyène - mes réserves personnelles. Je déchire ma chemise et je lui fait un premier garrot. Mais la pauvre a de multiples fractures et j’ai pas pris d’affaires de rechange. Enfin si, trois caleçons. Et même si c’était mes préférés, je les ai déchiré eux aussi. Ector ne comprends pas ce suspense soudain : ça y est, c’est fini ? Elle est dans mon bolide, sur le toit. Noooon, las. Elle a besoin de toi. Pause. C’est une femelle. Clin d’œil. Mais qu’est-ce que tu veux de moi ?! Va voir un vétérinaire, un biologiste, jette la par-dessus bord au fin fond de la campagne, découpe-la en morceaux et cuisine-la sans les ailes, et avale ses petits os derrières les côtes pour t'étouffer avec ! Ector devenait rouge à chaque fin d’histoire de Jon, comme un réflexe. Et, pour Jon, il apparaissait dans sa forme la plus répugnante. Mais enfin, tu sais bien que cette espèce est hautement protégée. Quelle allure j’aurais en temps que premier représentant de l’Io à mâcher cet animal comme un vulgaire bout d’alligatortue de salon ?! T’es pas bien toi, tu mesures jamais les responsabilités. Je... Viens voir, je veux savoir si y’a un peu de compassion dans ce crâne de psychopathe. Ector ferma ses trois yeux. Il allait encore perdre son déjeuner. Peut-être même sa sieste avec ces conneries. Oui, conneries, le jugement définitif venait d’être prononcé par sa conscience. Derrière le capot, l’aîlé en lambeaux de sous-vêtements faisait la gueule. Ector remarqua des trous béants dans ses ailes, comblés ça et là par des fils et bouts de tissus. Je t’avoue que je suis pas le plus doué en puzzle. Et puis dans la précipitation je n’ai pas ramassé tout ce qu’il lui appartenait pas terre. Tu peux lui faire quelque chose ? Ça dépend de ce que tu veux en garder... Ce genre de phrase lâchée par Ector signifie toujours qu’il rentre dans une imagination où le sujet devient cobaye, imagination sans limite. Je veux la sauver, bon sang ! C’est peut-être une reine de son espèce, la première d’une nouvelle génération plus évoluée, qui sait ? Ector mangea sa mâchoire pour montrer qu’il savait. Jon la rejeta. Rafistole-la. Et je te négocie deux mois de vacances. Tu ne peux pas faire ça. Ok... alors je te dois un service. Ector paru satisfait tout d’un coup. C’était un très bon coup. Échec et... Il fallut plus de temps pour descendre la carcasse dans l’escalier, à travers les services, notamment parce que Jon était resté pieds nus, que la machine de restructuration musculaire pour faire enfin souffler la pauvre bête. Je ne m’y ferais jamais à ces trucs. Ça tombe bien : je refuse que tu l’utilises un jour. Marché conclu ! Soudain leurs bippers s’excitèrent. Ils se regardèrent tous deux. Jon releva le menton, fier d’une nouvelle mission dont il est une nouvelle fois le héros. Ector se mordit la lèvre de rater définitivement sa sieste. À bientôt ma petite Linda, fit Jon à l’oiseau. Ce dernier sortit les crocs. Sûrement une première marque d’affection. Tous deux rejoignèrent désormais le centre général de là où il se passe tout. Au plus profond étage que l’ascenseur puissent les amener, ils virent Donna les bras croisés postée devant la porte. Ils sursautèrent en chœur. Dans une sorte d’immense cave sombre et à priori humide, il n’y avait qu’un néon au-dessus d’une table et ses chaises. Les trois s’asseyèrent autour de l’appareil posé là, au centre de l’immensité macabre. L’ordinateur ressemblait à une pièce de collection de l’ère Préspatiale. Cadrans à led, boutons ronds et durs, câblages épais. À une sorte de top tacite entre les trois énergumènes, ils décrochèrent simultanément trois combinés tentacules de la boîte. L’Io s’adressait maintenant à eux. Entendait-il la même chose ? Cette question leur avait tous traversé l’esprit. Reste que l’Io ne se questionne pas, du moins pas vraiment. Ils écoutèrent attentivement et ne dirent mot.
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Cdt. Io
Respect diplomatique : 95 ![]() 24/04/1019 ETU 23:36 ![]() ![]() |
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Jon avait les yeux rivés sur terminal de l’Io. Il ne faisait aucun bruit. Il était figé. Jon avait peur, soudain. Peur du changement. Jon n’a jamais compris, dans le fond, pourquoi il est assis là. A attendre l’appel. Il faut dire que les Mondes Libres ont bien changé. Accords politiques ou économiques à tour de bras pour passer la main de milliards d’êtres. Des dizaines de planètes qui grouillent d’une économie intenses, reliées à des axes de communication gigantesques. C’était l’objectif, depuis le début. Non, non… Ce n’est pas ça qui le troublait. Le vide des yeux de Jon reflétait le néant de l’espace intersectorielle. L’inconnu d’un voyage d’une ambition quasie irréelle. Jon ne pensait pas vivre cela de son vivant. Jon est le sentimental du groupe. Nous n’avons jamais attendu le coup de fil. Jamais. Ector croisa les bras, chiffonnant son visage ratatiné. Nous ne sommes plus dans le hangar nauséeux que le temps effacera certainement. L’interface de l’Io est désormais au sommet d’une tour, au coeur du spatioport surement le mieux gardé de la galaxie. Les trois s’y été rendu en un déplacement instantané de portail de téléportation bien pratique. Donna regardait par la vitre, plongée dans un brouillard épais. Sa réflexion l’amena ici : L’avenir est flou. Si l’Io est le temps, peut être devons-nous, comme Lui, attendre… Attendre quoi ? Rétorqua Jon, shakesperien, tournant violemment son cou vers Donna. L’oeil du haut d’Ector regarda en haut à gauche. Celui de gauche vers le bas, et tous tournèrent en décadence. Jon appelait cette figure le fax. Il en ratait une belle. 120 983 scientifiques, 487 524 diplomates, 785 266 référents commerciaux, 34 287 experts financiers, 4 526 espions, 192 452 techniciens, 126 hackers, Change de sujet. 432 946 890 tonnes de produits alimentaires, 6 020 468 013 km3 d’eau, 4 511 2… Stop ! Il y a peut-être un problème. Un problème dans l’Io. Donna se leva brusquement, et se repoussa de la chaise. Dans l’Io ? De l’Io ? Avec l’Io ? Jon était amusé de sa petite blague dans le fond bien vraie. Ector ferma ses trois paupières. Et Jon n’était plus amusé. Jon refusait l’information. Jon était contrarié. Jon reprit peur. Ector les rouvrit, il était bien inquiet également. Quelque part, dans le vide intercosmos. Le capitaine du Kalizo, vaisseau-cargo de classe hyperstructure IO, Valeo, tenait bien fermement la barre au-dessus des ordinateurs de contrôle. Il dominait ainsi tout l’équipage d’élite alpha sous sa direction. A ses petites affaires. Aux petits oignons. Chacun baignait dans son jus. Celui de la Via, boisson des voyageurs galactiques, par un petit trou dans la nuque. Les écrans clignotaient lentement, l’effet gravitionnel… Et de la drogue. Le rythme était calme. Le bouton de communication de son pc s’enclencha. Kalizo crut tout de suite à une hallucination. Mais non, le bouton rouge était bien rouge, et il n’était pas vraiment sensé l’être. Il appuya avec désinvolture. Déshinibé : Allo ? L’Io s’adressait maintenant à lui.
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