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Cdt. Io
Respect diplomatique : 95 ![]() 16/05/1019 ETU 22:36 ![]() ![]() |
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Suite d'ici : lien — Est-ce que je vous ai déjà raconté l’histoire des Mondes Libres ? Enfin plutôt le maintenant. Non parce que cette histoire de Io, de l’Io, de Valeo, d’anciens personnages dont certains à trois yeux… Peut bien laisser quelques individus sur le bord de la route. Faut dire, pour me dédouaner, que ce qui est simple est souvent soit trompeur soit naïf. Mais bon, chaque commandant qui gère plusieurs milliards de personnes doit bien le savoir, revenons donc à ces moutons. — Les Mondes Libres sont un gloubiboulga. En tant que tels, ils n’existent que de façon hétérogène. Chaque noyau atmosphérique héberge depuis des millionaires d’années la vie, sous une forme ou une autre, si bien que plus de quatorze mille encyclopédies font référence dans le monde rien que botanique de la Galaxie. Vous imaginez aisément la probabilité de rencontrer, si vous avez la chance de voyager souvent dans l’espace — ce qui, je viens de m’en souvenir, est forcément le cas — des pignoufs à quatre oreilles ou d’autres sans nez. Voilà bien un extrait de ce qui se trouve dans la bibliothèque de paramètres des Mondes Libres. En ce sens d’abord biologique. Viennent en rythme les ethnies, les cultures, le système économique et politique, qui, là encore, perturbent toute symphonie unique. Tribus éparses et villes développées, races humanoïdes ou amphibiennes, société technologique ou chamanique, c’est le joyeuse sauce qui compose cette entité dont le nom est avant tout le symbole. L’Io l’avait bien compris : c’est lui qui en ferait la symbiose. C’est par lui, que ces peuples s’ambitionneraient à tramer à des échelles plus larges. Dès le départ, l’homogénéité progressive n’était pas le but, au contraire. Pourquoi me direz-vous ? Je ne chuchote pas à l’oreille de L’Io, je ne pourrais être exact. Mais je peux vous donner mon avis. Mon avis est que l’Io se cherche et apprend, encore. Oui, alors, récapitulons de là aussi : qu’est-ce que l’Io ? L’Io est partout où les peuples des Mondes Libres n’ont pas créer — ni peut-être eu besoin — d’interstice. L’entreprise de l’Io fut de fédérer par colonisation heureuse, non pas en un seul mais en une multitude. Les compagnies de l’Io créent les spatioports. Les convoyeurs de l’Io organisent les acheminements. La sécurité de l’Io veille à la paix intraplanétaire. Les agents de l’Io maillent le terrain du contre-espionnage. La culture, dans sa politique, n’a rien à voir avec l’Io. Alors bien sûr, bien sûr, il y a des décideurs de l’Io, qui, de manière opaque, organisent l’exploitation de la planète-peuple. Mais il est clair, pour en avoir sous le coude, que cette exploitation est durable. L’Io a érigé le sigle IO, en tout ce qu’il, à travers nous, possède. Nous avons chacun nos terminaux de contrôle IO qui permettent de dialoguer avec l’ensemble des Mondes Libres et de leurs alliés. Nous bénéficions de l’énergie et l’eau produites par les centrales et réserves IO. Nous avons l’accès commun au Savoir IO. Nous possédons tous vaisseaux griffés IO. Nous possédons communément ces armures blanches de sécurité gravée IO sur le torse. Il n’y a que très peu de personnes, dans les Mondes Libres, qui n’aient pas quelque part IO écrit chez lui. — Valeo surfe son doigt sur l’oreillette blanche discrète IO. Il fronce ses longs et fins traits de pinceaux sourcils. Rappelons que Valeo a le teint brun et les yeux verts. Il a la peau extrêmement luisante, si bien qu’on y discerne aucune plissure. Il écoute attentivement. Puis vient poser son regard sur l’écran aussitôt projeté devant lui. Il compare. Il calcule. Il analyse. Oui, Valeo est le Gouverneur officiel de l’Io. Il se tourne derrière lui, le moteur type qui est aussi boîte de contrôle de l’engin, se voit surimprimé des détails de la trajectoire en temps réelle. Effet visuel captivant. Valeo sait qu’il est bientôt arrivé. Il caresse tendrement, comme un baiser d’au revoir, telle une dernière fois, le petit bidule dans l’oreille. Il pousse sur ses jambes et se lève. Une cape noire colle son dos. Il va admirer l’entrée dans Ebelsan Vi, galactiquement dîte Havre-02. A cette distance, elle semble en fusion, bouillon de flammes pourpres. Il y a quelque chose dans son atmosphère qui fait cet effet-là, mais je suis narrateur, pas chimiste. Valeo remonte la trace d’un savoir que l’Io lui a demandé de filer. Et là, on atterrit enfin sur BekinCity. Et surtout, dans son marché. Le marché de BekinCity est une fourmilière de référence dans la Petite Région proche du système-noyau. Biomachineries, Technocrades, Cyberréalités : tout s’achète, tout se vend. A condition d’avoir un stand qui coûte désormais un paquet de Leems. Cela permet d’améliorer la qualité actuelle des marchands, c’est tout bénef. C’est donc une grande foire, au sens le moins noble du terme. La majeure partie des gens qui sont dans le lieu y passent leur vie, si bien que l’odeur a une épice caractéristique. Greffés, implantés, génétiquement modifiés s’y baladent, troquent, harcèlent, font les poches, achètent composés organiques, mécanismes, codes, affaires, magouilles et autres. Valeo ne se sent pas espionné. Il aurait du, sachant le nombre d’espions solitaires mais surtout, surtout, de barons de la « sécurité » qui gèrent les entrées et sorties du marché. L’Io l’a visiblement rassuré sur ce point. Il sait où il va. Il doit juste traverser des enfants sans yeux, une arachnéenne voyante, des touristes valvins bientôt arnaqués, un androïde ou robot, difficile à dire, au milieu de cette marée d’êtres. Et ça grouille intensément. Valeo est pressé. Il arrive bientôt au stand. Surprise, c’est une machine automatique, le genre de truc organisée en rayons, ordonnée de flacons semblables, reliée à un clavier sommaire. Il ne s’attendait pas à ça. Il ne s’attendait pas à devoir taper le mot que l’on lui avait donné. Il est quelque part rassuré. Bip bip. Une palette apparaît à l’écran et se rut vers un des flacons. L’extirpe. Le ramène en bas. Fait s’ouvrir la gueule de la machine. Sur le point de se voir enfin révéler de ce qu’il l’attend ; d’être tant persuadé qu’il peut, pour la première fois, apprendre quelque chose à l’Io, Valeo ne se pose pas la question : au milieu du marché, il dégoupille la fiole. Au creux de sa paume, il amène sa narine, et, d’une traite, inspire le tout. Ses yeux habituellement si aiguisés se tordent en rondeur. Ses pupilles se dilatent. Le Quasar. Le Dévoreur de Mondes.
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