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Cdt. Jeremiah Raynes
Respect diplomatique : 271 
02/10/1019 ETU 02:56 |
Message édité -
Score : 14
Détails
Assis sur son trône de gloire et de puissance, alors que Destinée se dressait face à lui dans le plus simple appareil, Jeremiah Raynes s'ennuyait. Les rayons déclinant d'un soleil jaune cachant sa face indiquaient la fin d'une journée semblable aux autres : le réveil dans cette chambre de la Tour Obadiah s’était fait sans accroc, au son artificiel d'une forêt recouverte depuis longtemps par l'acier de la ville. Le petit déjeuner ponctué d'une lecture des rapports nocturnes n'avait rien changé à la quotidienne tâche du dirigeant du monde. La séance de sport s’était avérée identique à chaque jour : course sur tapis de 3 kilomètres, puis quelques push up afin de réveiller ce corps dans la force de l'âge. Après sa douche, une prise de Dovitox™ (une goutte dans chaque œil), du gel coiffant, trois pressions d'alcool parfumé, et l'habillage d'un costume identique aux trente autres dans sa garde-robe. Andersen, l'adjoint aux communications extérieures, l'attendait devant la porte de son appartement, à huit heures pétantes, comme chaque jour, tenant dans ses bras des liasses de documents, rapports, comptes-rendus et prévisions. La matinée n'avait ensuite été que meeting, consulting, previsioning, managing, marketing, engineering. Vers la troisième heure de l'après-midi la faim le rappela à sa condition mortelle : il siégea dans un grand salon rempli de plats artificiels destinés à décorer la table. Son cuisinier personnel lui apporta un ragout aux herbes du Sud. Après avoir ingurgité cette pilule-repas, il remercia l'office en un discours encourageant et retourna a ses tableaux de bords, non sans avoir repris une goutte de Dovitox™ (dans chaque œil) pour relancer son système. Lorsque Andersen lui rapporta les prémisses d'un conflit au delà de l'espace natal, il balaya l'information, ne la jugeant pas nécessaire. Andersen marqua un temps d'arrêt, et réajusta ses verres qui glissaient maladivement le long de son nez. Cinquième heure de l'après midi : Il reçut de Destinée un Com-X qui lui promettait une soirée lascive et fiévreuse. Il ne répondit pas, comme d'habitude, trop pris par les nouveaux rapport de cartographie sectorielle qui venait de tomber lors : Les espionnages avaient portés leurs fruits et dégageaient déjà des profils qui seraient porteur pour les cycles à venir. Septième heure du soir : Dernière réunion de la journée, et Jeremiah ressentait une certaine fatigue. Il attendit que le dernier collaborateur quitte la pièce pour reprendre du Dovitox™ (une goutte dans chaque œil). Il se sentit tout de suite mieux. Destinée entra alors dans son bureau, affichant une moue boudeuse. "Tu n'as pas répondu à mon message, Jay" Elle eu un soupir en guise de réponse : Jeremiah se demandait encore comment réussir à résoudre le problème des caravanes commerciales en proie aux attaques de brigands. Destinée avait l'habitude d’être ainsi ignorée, mais ça faisait toujours un peu mal. "Tu ne veux pas poser tes rapports, mon chéri ? Tu as l'air tendu..." Elle déboutonna son imper, révélant la nudité de sa si jeune garde-robe. Son corps baigné dans la lumière du soir lui donnait l'apparence d'une statue d'ambre. Ses lèvres, son regard de luxure et ses seins dressés envoyaient des signaux sans équivoque. S'approchant de Jeremiah, elle balaya d'un geste la pile de rapports qui s’éparpilla au sol. "Monsieur le Chef Exécutif des Opérations, j'ai un rapport à vous soumettre..." dit elle en s'agenouillant. Moins d'une minute plus tard, sa bouche était remplie d'amour. Jeremiah Raynes s'ennuyait. Il ressentait les vibrations de son corps alors que Destinée jouait la gymnaste buccale, mais cela n'apportait rien à sa monotonie : ses journées, auparavant ressenties comme tumultueuses et agitées, lui semblaient aujourd'hui vides. Il savait que ce mal l'atteignait depuis quelques temps. Dans un exercice mental ponctué de gémissement plus mécaniques que complices, il chercha le point d'origine de ce sentiment. Destinée émettait des sons vulgaires. Jeremiah sentait qu'elle voulait plus de lui, que sa vigueur mâle devait explorer son corps parfait en de multiples extases, mais son esprit était focalisé sur ce vide profond qui le tourmentait. Au bout de quelques minutes, il comprit enfin : l’Éveil Galactique, voila le facteur qui avait initié son trouble. Le fait de savoir que Camden n’était qu'une possibilité parmi des milliards dans l'espace, et que d'autres puissants évoluaient dans ce même univers, en quête des mêmes choses que lui. Comment diable pouvait il encore se soucier du seul destin de Camden alors que milles empereurs et reines avaient répondu comme lui à l’Éveil ? Excité par ce fourmillement de possibles, il se décida à répondre à l'appel de Destinée : empoignant fermement ses hanches, il plongea sa tête dans sa poitrine de déesse. Surprise par cette soudaine initiative, elle fut comblée de voir son Homme prendre la main. Le sourire ne la quitta pas alors que Jeremiah la plaqua contre la table de meeting pour lui faire ressentir fermement ses intentions. "Hhhh, tu te réveilles enfin... hhhh, Monsieur le Direc.. Haa..." Un coup de rein la fit taire subitement. Jeremiah était si fébrile qu'il aurait pu crier. Affichant désormais un large sourire, il défrichait le verger de son amante qui ne demandait que ça. Conquérant aujourd'hui, conquérant demain. Tandis que le soir prenait ses droits, les deux amants souriaient, chacun de leur coté, pour des raisons diamétralement opposées, aussi désunis dans l'âme qu'ils l'étaient par le corps.
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