"Créer l'illusion...

... les faire souffrir."

Ci-git la cathédrale des ombres perdues avec en son sein un œil noir qui, seul juge, dénonce les méfaits des nombreux ingénus ayant succombé instamment à la purge. Un bruit de pas femelle retentit sur les dalles mattes d'un onyx qui sied trop a l'ambiance, tel témoin angélique venu en la capitale pour terminer ce qui semble être la dernière des danses. Son manteau de nuit la couvre entièrement, elle qui fut la dernière à pourvoir la Galaxie d'Unité sinon d'un avertissement, au moins d'un maigre soupçon d'espoir. Les bêtes et cauchemars l'accueillent comme amie, ce qui ne fait que confirmer l'incroyable : elle qui se croyait opposée à la nuit, la voila s'invitant d'elle même à sa table.

"Elle me semblait plus grande en holo-vision." se fend-elle pour unique commentaire. Emplie d'une profonde déception, elle avance toutefois, résolue, fière.

Passe la masse de chancre que fut autrefois Tarba, elle hésite à cracher, se sachant sans témoin. Sa salive trop précieuse, son ennemi bien trop bas, après un temps d’arrêt finalement se retient. Son talon vient pourtant écraser une viscère, ou est ce un doigt ? C'est à n'y rien savoir tant se répand maintenant cette chair, confondue avec les coloris du soir.

L'Assemblée Galactique, le centre des vices, ou chacun crut un jour briller par la gloire, aujourd'hui n’était plus qu'une relique des supplices de commandants qui bientôt s’effaceraient de l'Histoire.

Un rire nerveux la prend. Tout semble aujourd'hui vain. Le Conseil, Niflheim : à présent de tout cela il ne reste plus rien.

*********************************************************

L'Hémicycle. Un dépotoir de fils débranchés et d'holo-com aujourd'hui abandonnés, avec encore ça et là les quelques signaux de ceux croyant encore en une fin heureuse. Elle contemple le sien, celui qu'elle utilisait depuis Monte Vesuvio. Et le débranche. La lumière bleutée indiquant la veille faiblit pour ne plus jamais luire. Une bonne chose de faite. Elle contemple l’œil d'un air satisfait, comme si celui ci pouvait juger de l'acte. L’œil de la sorcière  se tourne vers cet holo-com précis, vers lequel Tarba puisait tout ses espoirs. L'odeur entourant le réceptacle oscille entre l'immonde et l'inacceptable : il ne reste du pirate qu'une masse de vêtements humides d'un ichor trop infâme pour être décrit.

Click. La batterie tombe de l'holo-com avec un bruit sec, le signal d'Alderak s'evanouissant dans le néant.

Dans cette salle condamnée, avec pour seuls témoins un œil maléfique et une statue désormais mutique, elle rejoint l'estrade et embrasse la glorieuse Assemblée Galactique une dernière fois.