Pages : 1
Cdt. Jeremiah Raynes
Respect diplomatique : 271 05/11/1019 ETU 14:40 |
Message édité -
Score : 10
Détails
"Ou est Jeremiah?" La question avait fait l'effet d'une bombe dans le bureau 807 de la Tour Obadiah, faisant voler en éclat le fragile équilibre que s’efforçait de maintenir Allen Andersen. Cela faisait désormais 10 cycles que Jeremiah n'avait pas donné signe de vie. Face à Andersen, les membres du Conseil d'Administration, qui tel un tribunal populaire, le toisaient dans l'attente d'une réponse satisfaisante. Il y avait les deux nouveaux récemment nommés co-amiraux des finances par Jeremiah : Astrid M'Bani et Jordan Greeves. Ideccus Gohn, directeur des opérations stratégiques de son état, vieux briscard débauché de l'armée régulière tenu de s'assurer de la compétitivité de Raynes Corp. Lui, Allen Andersen, qui avait été nommé par Raynes comme coordinateur global. Et celle que tous ici surnommaient la Panthère tant elle était redoutée, et qui avait posé cette question avec un air si froid que l'Apocalypse même n'aurait pu masquer la tempête dissimulée derrière ce rouge à lèvres. Andersen tenta une timide incursion : "Il... Il est parti en invoquant un important devoir diplomatique, Madame : il m'a avoué que c’était de la plus haute importance et que... - Je ne vous demande pas un historique détaillé des activités de mon fils. J'ai posé une question simple, elle nécessite une réponse simple, aussi vais-je réitérer : Ou. Est. Jeremiah ?" -Je... je ne sais pas, Madame Raynes..." Si Elizabeth Raynes sembla troublée, elle n'en afficha rien. Elle récupéra un document posé face à elle et en parcourut rapidement le détail : "Ideccus, vous n'avez pas la moindre idée d’où se trouve mon fils en ce moment même, j'imagine." dit-elle sans lever les yeux du document. Gohn, qui avait connu la guerre civile et qui avait à son actif plus de 80 OPEX (pour Opérations Extérieures) dans les territoires du Sud, donnait l'impression d'être un rat pris dans une tapette à souris, les couinements en moins. Il bredouilla une inintelligible excuse, aussitôt balayée d'un geste de la main par la femme. Le regard de la Panthère se posa alors sur le jeune couple : "Quant à vous deux, je ne sais pas ce qui est passé dans la tête de Jeremiah pour nommer des gamins à ce titre, qui plus est en poste double. Je révoque cette décision, sur le champ." Elle griffonna le document, signant là le procès des Data "ex-co-Amiraux des finances" Outlaws. "Madame, si je puis me permettre..." - Vous ne pouvez pas Allen : j'ignore ce qui pousse mon unique enfant à se voir accompagner d'un incapable tel que vous, surtout à un poste qui ne lui convient guère. Qu’étiez vous avant que Jeremiah ne vous sorte de la rue : garçon de ferme à Briden Hall, à ramasser le crottin ? Cette vie ne vous manque-t-elle pas ? Nous pouvons vous y ramener sur simple demande, comme ça." Elle claqua des doigts en guise d'exemple. Allen doutait des propos de la Panthère : Jeremiah avait bien stipulé que c’était à lui et lui seul de prendre en charge Camden ainsi que tout ce qui se rattachait à Raynes Corp et Elizabeth Raynes, toute aussi puissante et impitoyable qu'elle était du haut de son statut de membre fondateur, ne pouvait contrevenir à une décision aussi importante. C’était injuste pour M'Bani et Greeves, mais Andersen avait lui les moyens de survivre aux crocs de la bête. "J’étais 2e de l'Académie de la Guilde, Madame, promotion Mac Polar. Juste derrière votre fils. J'ai rédigé une thèse sur les projections économiques à l'ère extra-planetaire qui sert de base à toute notre économie. J'ai participé aux opérations de rachat de Camden et à la structuration des différents pôles de la Tour Obadiah. Si je suis responsable des relations externes, c’était avant tout pour permettre à Jeremiah de se focaliser sur les avancées scientifiques qui nous ont mené à l'énonciation de la théorie des particules divines qui à fait grand bruit en Assemblée Galactique. Et si je vous ai réunis ici ce jour, ce n'est pas pour vous voir faire tomber des têtes par simple caprice de maman frustré de ne pouvoir sermonner son fils. Madame." Le bureau 807 sembla tout à coup manquer d'oxygène. La Panthère regardait Andersen comme un prédateur en quête d'un futur repas. Un voile de violence passa sur le regard de Raynes mère, contrastant avec le combo maquillage-manucure-tailleur de luxe qui lui donnait un look agressif, mais mesuré. La traque n’eut cependant pas lieu. Au lieu de cela, Elizabeth esquissa un sourire, très similaire à celui de son fils : "En voila enfin un qui se laisse pousser des couilles, c'est rassurant. Je m’inquiétais que ce Conseil ne soit qu'un ramassis d'eunuques. Sans vouloir vous offenser, dit elle en regardant Astrid. Vous avez mon attention pour cinq minutes, Allen." Dissimulant le tremblement de ses mains en les joignant dans son dos, Allen commença son exposé : "Hé bien voila : nous avons tous reçu l'information que le Secteur 2 venait d'ouvrir ses portes et ce, malgré les mises en garde énoncées par la théorie Raynes. Or, nos récents calculs laissent entendre que l'ouverture du Secteur 1 ne générerait pas suffisamment d'énergie pour constituer un danger vis à vis de l'activation du mécanisme d'Ouragan. Il est donc tout à fait envisageable que le Secteur 1 ouvre ses portes sans craindre quoi que ce soit. Je propose donc une action de lobby sur l'actuel détenteur de la Contrebande afin de permettre cette ouverture sectorielle. Nous ne pouvons attendre le retour de Jeremiah pour décider de cette opération. Cette action est irréversible et impose une stratégie long-termiste afin de positionner Raynes Corp comme un acteur majeur de l'économie globale. Ideccus, qu'en est il de la 1ere flotte VME ? Gohn retrouva instantanément sa contenance et frappa sa poitrine du poing : - Elle attend impatiemment de faire ses preuves sur le terrain ! - Bien. Effectuez les contrôles pré-convois, nous devons nous tenir prêt à chaque instant. Quant à vous M'Bani, Greeves, j'ai constaté une baisse majeure de notre production ces derniers cycles : vous opérez des assauts contre les brigands j'imagine ? Greeves prit la balle au bond : - C'est exact, nos simulations indiquent que la puissance brigande a besoin d'être minorée en prévision d'une ouverture sectorielle, car nous ne savons pas quelles potentielles forces de l'Organisation Renégate pourraient venir renforcer celles actuellement en présence. Astrid récupéra le relais : - Les analyses indiquent que la Contrebande subit des opérations très agressives en ce moment, au point que tout les stocks sont vidés de leurs ressources. Nous ne sommes pas les seuls sur la brèche : quelqu'un d'autre se prépare, et tout laisse à croire que cet AMPIRE qui nous a contacté récemment serait instigateur de ces mouvements massifs. -Bon boulot, jeunes gens. Continuez le data mining et confirmez moi qui est ce pilleur de Contrebande." Allen lança un regard sur une Elizabeth imperturbable. Il lui en fallait plus pour l'impressionner, évidemment. "Dernière chose, des rapports inconnus émanant d'un secteur lointain font état d'une puissance militaire colossale en passe de s'approprier un secteur entier. Je n'ai que très peu d'informations là dessus, car nos radars portent encore très mal jusqu’à ces distances, mais il est fait mention d'un Commandant Adrek, ou Adrak qui..." "C'est Alderak." Stupeur dans la salle. "Monsieur..." "Jay !" Jeremiah se tenait devant la porte, l'air visiblement fatigué. "Son nom est Alderak, et j'ai des informations sur lui." |
||
Cdt. Jeremiah Raynes
Respect diplomatique : 271 10/11/1019 ETU 20:47 |
Message édité -
Score : 8
Détails
Bureau 807, le même jour, quelques instants plus tard. "... afin de conclure, j'aimerais vous dire que les cycles à venir vont être rudes, et que le bateau va tanguer comme il n'a peut être jamais balancé naguère. J'ai besoin de votre entière confiance. Sommes nous d'accord sur la future marche à suivre ? Un hochement de tête généralisé scella la réunion. Bien, je lève cette séance. Vous pouvez partir." Gohn, Andersen, les Data Outlaw et la Panthère se levèrent pour mettre en place les préparatifs du plan du CEO de Camden. Alors qu'Elizabeth se dirigeait vers la sortie, son fils la retint : "Ta venue ici est surprenante, tu ne viens jamais aux réunions du Conseil d'habitude. Raynes mère se retourna et jugea sévèrement son enfant du regard : - Il fallait bien qu'un Raynes s'assure que la maison tourne, je ne pouvais pas regarder Obadiah se déliter pendant que tu t'amusais à faire le singe sur Floston Paradise. Le sourire du fils vint croiser le mépris de la mère : - Aspen est un ami, et je ne suis revenu que très récemment de cette mission diplomatique qui m'a pris corps et âme. Tu me rassures, je pensais avoir oublié de payer la pension de ton mouroir de Briden Hall. Il marqua un temps d'arrêt, savourant la teneur de son propos, puis reprit : Je suis de retour, et je ne te laisserais pas poser tes faux ongles sur mes décisions : M'Bani et Greeves vont rester à l'Amirauté des Finances, que ce soit bien clair. La Panthère passa par tout le spectre des émotions, oscillant entre l'amour maternel et le désir infanticide. Elle retint une menace dans sa gorge, sachant son fils hors de portée de ses griffes : - Soit, tu feras comme tu voudras, comme tu l'as toujours fait. Je te prierai juste de ne pas faire n'importe quoi. Ton pauvre père ne s'en.. - Ose invoquer Père dans le débat et je te jure que... Elizabeth posa sa main sur le costume de son fils en guise de soumission : - Stop, je ne veux pas de ça. Tu es de retour, et cette société peut enfin tourner rond, c'est tout ce qui compte pour moi. N’empêche, quelle idée de confier les rênes à ce pantin d'Andersen... - Andersen possède des qualités cachées qui pourraient te surprendre. Mais ta navette t'attends, je ne te retiens pas plus longtemps. La Panthère sortit du bureau, et s'éloigna de Jeremiah qui observa son départ. Elle ne put s'empêcher de se retourner une dernière fois avant de lâcher une ultime mise en garde : - Prends garde à cette femme ou elle te perdra. C'est dans notre nature biblique. Puis elle s'évanouit dans les étages d'Obadiah Tower. Jeremiah retourna à son bureau, trop conscient du travail qu'il avait à abattre avant que les premières retombées de son invasion de la Contrebande ne se fassent ressentir. Assis à son bureau, il ressentit instantanément la satisfaction de se savoir de nouveau à la maison. En reprenant ses notes, un reflet inattendu vint attirer son attention. Juste sur la table, au milieu de la montagne de documents, un petit bijou d'argent venait contredire la masse de contrats qui dormaient là : c’était une gourmette, sur laquelle on avait gravé un nom. Celui de Aurelius Raynes. Une date venait accompagner le nom : le 34 Vierrus. Se perdant dans l'or de ce souvenir, Jeremiah pensa dans un fugace instant à rattraper sa mère pour... Puis il se ravisa, se contentant de cet énigmatique sourire, marque de fabrique de la famille Raynes, un sourire qui soulevait l'Univers en d'incommensurables possibles que le futur n'allait pas tarder à révéler. "Je le sais bien, Mère, pensa-t-il Je le sais bien." Bien plus bas, à l'embarcadère, une femme âgée eu un dernier regard sur l'immense tour d'Obadiah Tower, siège du Lord Commandant Jeremiah Raynes. Puis elle monta dans la navette, sans mot dire. |
Pages : 1