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Cdte. Magicka
Respect diplomatique : 75 15/03/1020 ETU 17:52 |
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Chiedi alla strega. "Demande à la sorcière" Proverbe Montevesuvien. Se dit lorsque l'on vit une situation aux finalités inconnues. Qu'est ce que le faste quand la galaxie voit son heure poindre ? Que sont les hautes murailles, les palais, les gardes en armure Acyntek, quand le dernier soleil s'en va mourir sous l'horizon ? Des ombres, et rien de plus. ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Monte Vesuvio, planète volcanique, 17h27 ETU La masure ne brillait pas par la haute renommée de sa résidente. Un voyageur passant sur ce chemin caillouteux qui menait au plus haut volcan de la planète n'aurait su porter attention à cet amas de bois et de cailloux sommairement assemblés pour simuler une bâtisse. Il faut dire que la bicoque, mi-cabane, mi-grotte, donnait plus en apparence du trou d'animal que de l'habitation de la plus puissance entité de ce monde. Et pourtant. Algorab, le familier corbeau aux yeux de jade, veillait sur l'antre, embrassant du regard les cheminées naturelles exhalant poisons et vapeurs méphitiques sur la pente noire cendre de la montagne. Tel Hugin et Munin, il sondait les alentours, et les alentours alentour pour informer sa maitresse des nouvelles allant et venant sur Monte Vesuvio et au delà. Etait-il fatigué de tenir sa garde ce jour, ou avait-il senti le murmure soyeux qui venait tendre la trame des possibles en une seule et unique issue ? Impossible de le savoir, mais toujours est-il qu'il quitta son arbre mort pour voleter jusqu'à la cabane, profitant d'une fenêtre ouverte pour se faufiler dans la pénombre de la bâtisse. La masure en son intérieur était tant le reflet de la négligence que l'incarnation spartiate de la vie sur un volcan : on y trouvait une vaisselle sommaire, abandonnée dans un bac ou quelques scolopendres de lave venait grignoter les dernières chairs pourries non consommées. La poussière avait envahi les lieux, et les meubles de pierre mal taillée abritaient un amoncellement d'alambics et de fioles crasseuses que dissimulaient une dense poussière noire issue des cendres. Une cendre qui avait fait corps avec les murs, avalant toute lumière extérieure pour proclamer la suprématie des ombres. Algorab se posa au chevet de sa maîtresse, et avec une délicatesse peu commune, plongea sa tête au creux d'une main endormie. La sensation des plumes soyeuses sur sa paume éveilla Magicka de son sommeil mélancolique. Elle ne portait qu'un chemisier de soie qui venait faire corps avec ses ombres, laissant voir des formes qu'aucun être, homme ou femme, n'avait eu la chance d'explorer. Elle ouvrit un œil terne qu'elle posa sur son familier : celui ci voulait qu'elle se lève. "Laisse moi Algorab." La réponse du volatile se fit rapidement sentir. "Aïe ! Sale piaf tu vas voir !" Un oreiller rata sa cible, retombant mollement sur le sol, mélangeant la cendre à la poussière. Algorab se posa à nouveau près du visage de Magicka qui était désormais parfaitement éveillée. Elle plongea une dernière fois sa face dans l'oreiller, comme pour se convaincre à nouveau de son sommeil, pour finalement se retourner, contemplant ainsi le plafond noir de sa baraque. Elle leva la main pour caresser les ombres, contemplant ses doigts noirs de nuit que la malédiction n'avaient pas non plus épargnés. "Tout ça n'a plus d'importance..." Un croassement de désapprobation retentit dans le noir. "Tu ne veux décidément pas comprendre : le fléau, la malédiction, la chute du gouvernement, tout nos espoirs. C'est fini, ils ont gagné." IL, cet adversaire invisible et sans nom qui tourmentait Unité depuis les ombres. Ce fléau responsable de sa malédiction. Magicka n'avait pas toujours été comme cela : elle était auparavant une femme belle et redoutée, connue au delà du volcan et des plaines de cendre, jusque dans les lointaines côtes océaniques ou le sable était blanc et ou une herbe impétueuse parvenait à pousser. Elle était la sorcière, la strega des proverbes et des contes montevesuviens. Souvent les jeunes étaient venus par aventure jusqu'à sa masure pour demander de l'aide ou simplement pour prouver leur valeur. Parfois c’étaient des filles non mariées, trop jeunes pour être mère, qui demandaient à ce que leur soit retirées la graine fleurissant dans leur ventre. Souvent ce furent les maris volages qui devinrent les victimes de puissants sortilèges d'impuissance ou d’altérations physiques abjectes, et ce à la demande d'une femme qui nourrissait une vengeance amère. Plus rarement ce furent des politiciens trop superstitieux qui dans une peur paranoïde du futur, demandaient aux astres ce que la roue du Destin avait en réserve pour eux. Chaque fois Magicka s’exécutait, sans jugement, avec pour seul prix une chose qui paraissait sur le moment insignifiante : un fragment d'essence vitale provenant de leur cœur, pour que perdure la légende et l'adoration de la magicienne à travers les âges. Le temps passa, et d'autres temps passèrent avec lui, apportant toujours leurs lots de curieux, d'aventuriers, et de désespérées. Un jour, une délégation officielle vint sur le volcan. Magicka s'en souvint bien car ils étaient venus en dizaine, tous arborant un magnifique costume d'apparat blanc qui, le temps de monter jusqu’à la masure de la sorcière, avait viré au gris le plus sale, comme si la montagne elle même n'avait pas souhaité que la pureté ne vienne salir son dominion. Ils apportaient avec eux des cadeaux, un concept aberrant pour une sorcière qui sait que chaque don doit se payer d'un contre-donc pour respecter l'équilibre naturel. Cet étrange cortège souhaitait que Magicka se rende en leur compagnie au sein de la Capitale planétaire, car les temps avaient suffisamment évolués pour que les être de Monte Vesuvio se rendent compte qu'ils appartenaient a la même race et qu'il était plus avantageux de s'unir en un seul que de se confronter dans la multitude. Magicka ne le savait pas, mais son travail de plusieurs siècles, payé avec le fragment de cœur de ses clients, avait lentement transformé la légende de la sorcière de la montagne en une adoration iconique de sa personne. Les multitudes de génération, altérées par le prix de la sorcière faisait aujourd'hui que la strega était devenu le choix de l'évidence quand fut posée la question de la souveraineté de Monte Vesuvio. Magicka la sorcière du volcan était devenue par la force des choses, Magicka la dirigeante de Monte Vesuvio. ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Algorab lissait ses plumes, son long bec glissant sur ses ailes couleur d'onyx. Magicka profita de cette inattention, se relevant de son lit pour saisir le volatile d'un geste furtif. "Vengeance !" dit elle d'un air mutin. Un craquement d'os se fit entendre dans la pièce. Le cou de l'oiseau faisait désormais un angle improbable avec le reste de son corps, et la lueur de jade avait quitté son regard. Magicka prit le cadavre du volatile et le jeta dans une marmite qui bouillonnait négligemment dans un âtre. "Voila ce qui se passe quand on s'oppose à Magicka." pensa-t-elle à voix haute. Le liquide contenu dans la marmite changea de couleur, et une vision des étoiles apparut dans celui-ci. "Montre le moi encore." Le liquide tourbillonna, assemblant le pouvoir du corbeau pour afficher un secteur ou se tenait l'objet de son désir. Un corbeau arriva par la fenêtre et se posa sur l'épaule de la sorcière. "Tu te plains de ma paresse, mais tu as la réincarnation de plus en plus molle, mon vieil ami." Algorab, ou sa nouvelle incarnation du moins, exprima son orgueil en picorant l'épaule de sa maîtresse. Tout ceci fut vite oublié quand elle prit un scolopendre pour le lui offrir en repas. Ensemble, ils contemplèrent le disque de métal argenté qui se reflétait dans le bouillon infâme. "Il est cruel que tant de choses reposent sur une si petite pièce de métal..." Le bouillon assembla a nouveau sa forme pour montrer le détenteur de la relique : un canard humanoïde, que l'âge avait marqué de rides et de plumes ébouriffées. "Te voilà, Balthazar..." |
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Cdte. Magicka
Respect diplomatique : 75 19/03/1020 ETU 03:46 |
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Score : 3
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... Mais quelque chose clochait dans la vision reflétée par les pouvoirs du familier. La nemesis ne portait pas les couleurs habituelles qui avaient fait sa renommée, et aucun sourire bravache ne venait déformer son visage : au contraire, c’était un Balthazar aux yeux clos, allongé sur un lit de soie rouge et dévétu de sa redingote couleur sang qui apparaissait dans le liquide divinatoire. Le teint de Balthazar avait la couleur verdâtre d'un... "Non..." Le corbeau émit un croassement en guide de sentence. Magicka recula d'un pas, comme si quitter un instant la vision du richissime canard avait pu éviter l’inéluctabilité de son état. L'air lui manqua soudainement, et sa main toucha vainement sa poitrine en recherche d'un oxygène qui peinait à réinvestir ses poumons. L'espace d'un instant la pièce vacilla, tant qu'elle cru en défaillir. Se tenant au coin de pierre de l’évier proche, elle retrouva peu à peu souffle et contenance. Algorab n'avait pas bougé, et fixait de ses yeux verts et impassibles sa maîtresse submergée par le désespoir profond. Balthazar était mort. Et ce n’était pas de son fait. Colère, frustration, jalousie envers le félon, dieu ou homme, qui avait osé lui ôter sa vengeance éternelle ! Il n'y aurai pas assez des neufs Enfers pour désemplir sa souffrance, et aucun démon de l'Elysion, aucun Archange déchu du Pandémonium ne pourrait jamais plus stopper les Erynies de son âme brulée par le deuil. Balthazar lui appartenait, il était le fruit d'une guerre commencée dans d'autres vies, dans d'autres lieux, dans d'autres dimensions. Balthazar était à elle, et elle avait patiemment attendu que son Secteur ouvre pour déverser les torrents magiques qui coulaient dans ses noires veines, pour poursuivre une fois de plus le cycle éternel de son avidité. Il fallait en effet que Magicka récupère l'objet précieux du plus grand des guildiens pour se libérer d'une malédiction qu'elle avait jetée sur elle et le richissime canard, il y a de cela dix millénaires. Alors seulement, une fois la malédiction brisée, elle pourrait changer son destin en quelque chose d'autre. Elle avait déjà commencé en supportant le gouvernement d'Unité. Une simple mort, un simple objet qui, à eux seuls, pouvaient enfin modifier son Destin. Balthazar était mort. Elle regarda à nouveau le liquide présenter l'ennemi défait par un mal inconnu : celui-ci était dans un cercueil, évidemment, et les premiers signes du retour à la terre étaient visibles sur son corps. Mûe par l’obsédante volonté de trouver un coupable, elle analysa le moindre signe, la moindre cicatrice, ausculta chaque escarre, espérant trouver dans chacune d'elle les indices d'un crime et, plus avant, d'un coupable. Le soleil se couchait sur son échec, approuvé par les cris de son familier, quand elle en vint à la terrible conclusion. "Béhémoth..." Balthazar était mort de maladie, le virus ayant eu raison de lui. Un flot de pensées confuses traversèrent l'esprit de la sorcière : passé et présent se mélangèrent, conséquence de trop nombreuses vies passées à pourchasser l'adversaire : Qui était-elle au final ? Une simple sorcière du Mont Vésuve ourdissant des plans à l'encontre du canard le plus riche de la terre ? Une dirigeante établie sur Monte Vesuvio suite aux nombreux sortilèges lancés sur sa population au fil des siècles ? Et pourquoi un sou fétiche serait à même de briser une malédiction ? Picsou (une pointe de douleur traversa son esprit à l'évocation de son nom) n’était évidemment pas le guildien le plus riche d'Unité, alors à quoi bon lui courir après ? Et ce corbeau, cet Algorab, depuis combien de temps l'avait-elle ? Pourquoi son croassement semblait actuellement se confondre avec le douloureux rire d'un sombre seigneur ? "Le Secteur... Je.. dois... l'ouvrir... m'enfuir..." "Ouvre donc douloureusement ce cruel Secteur..." Les yeux d'Algorab étaient devenus deux puits miroitant un rouge sans nom, et sa voix avait pris la couleur terrifiante de l'Apocalypse. Non. Il ne s'appelait pas Algorab. Le corbeau s'envola par la fenêtre : Dehors un orage volcanique semblait annoncer la fin des temps. Le ciel n’était que nuages noirs et éclairs rouge sang, mais on pouvait voir se dessiner dans les >>pyrocumulus<< les formes distinctes de vaisseaux Freggers en descente sur la planète. Quelques instants plus tard, et le Monte Vesuvio, le plus haut volcan de sa planète éponyme, faisait face à une flotte de mort destinée à le réduire à néant. Magicka, toujours vêtue de son chemisier, drapée dans ses nuits maudites qui lui donnait cette apparence de ténèbres, se tenait devant la mort volante et impérieuse qu'incarnaient les immenses vaisseaux de la Fédération. Une lumière intense sortit d'un canon de mort pointé sur la masure. Magicka ferma les yeux. Elle jura entendre un rire diabolique lorsque le feu l'atteignit pour s'emparer d'elle définitivement... ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ Monte Vesuvio, planète volcanique, 17h27 ETU Magicka ouvrit les yeux : Algorab avait glissé sa tête dans sa paume pour la réveiller, comme à son habitude. Elle resta là, paralysée, le cœur tambourinant encore dans sa poitrine, finalement peu sûre de se trouver réellement là. Elle se trouvait dans l'une des chambres de son palais personnel, ici, sur Monte Vesuvio. Elle pouvait entendre les bots jardiniers tailler les haies sous son balcon, suivit du ruissellement des fluides hydroponiques irriguant ceux-ci. Des oiseaux se chantaient la sérénade, loin des peurs de ce qui n’était apparemment qu'un rêve. Sa biométrie ayant indiqué le reveil de la dirigeante, l'holotransmetteur s'activa, affichant les dernières nouvelles d'Unité et les flots de rapports quotidiens suivirent bientôt. Tout semblait normal. Tout. Semblait. Normal. |
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