Et la baronne Yulia Ulan-Sternberg, appelée Khatan par les siens, apparue pour la première fois à l'Assemblée, drapée de ses vêtements rituels, les yeux animés d'une lueur dévote. Elle était debout, droite au sommet d'une immense structure pyramidale qui devait lui servir de palais, entourée d'oriflammes colorés et de braseros. Khatan, bras repliés en croix sur la poitrine, s'inclina lentement.

« Ô assemblée galactique, Ô commandants d'Odyssée. Je m'adresse à vous pour la première fois, entendez mes paroles. »

Elle se redressa. La flamme qui brûlait entre ses deux yeux, comme gravée dans sa chair, brillait d'une lueur orange.

« Le secteur Écarlate, septième sur les cartes communes, est en guerre. Une guerre qui si elle ne saurait sans doute vous intéresser, aurait fini par arriver à votre intention, à l'inverse de toutes les autres que nous avons traversés. Les sacrifiés et martyrs de ce conflit auront droit à la gloire de la postérité, contrairement à leurs pairs morts par le passé, car cette guerre est celle qui marquera le destin du secteur.

Puis, Ô commandants, vint la guerre contre l'Oyabun Akira Matsumoto, dont le comportement seul lui aliéna chaque peuple du secteur et s'étant rendu coupable d'envahir plusieurs mondes dûment conquis par d'autres. Novoyevsk n'a pas été battue à mort pour qu'un commandant, quel qu'il soit, prenne sa relève. Puisque l'Oyabun envahissait ce qui n'était pas sien, insultait l'honneur et le peuple de chaque nation, il a été jugé coupable, condamné. Voyant que la guerre était perdue et refusant l'emprisonnement, l'Oyabun est mort. Ô commandants, voyez comme nous nous sommes battus, voyez comme le secteur a souffert : voyez notre détermination. Nous resterons libres. »

Elle ferma brièvement les yeux et joignit les mains devant son visage, comme en une courte prière. Peut-être honorait-elle ses guerriers morts, ou peut-être aussi ceux de l'Oyabun.

« La guerre, désormais, oppose les peuples du secteur Écarlate au chef Kubaloukanakos. Le Clown infâme, putride. L’Impérialisme fait mauvaise blague.

Kubaloukanakos s'est rendu coupable de bloquer le commerce. De dévorer tout ce qu'il pouvait dévorer sans rien laisser derrière lui. De menacer, d'insulter, de refuser tout bon-sens.

Ô peuple d'Odyssée. Ô Assemblée Galactique : ainsi j'ai parlé, Khatan, Yulia Ulan-Sternberg faite acier, au nom des commandants de mon secteur. Ainsi commence la guerre pour le destin de nombreux peuples. Mes mots sont soutenus par le poids de mes armes et ce soir même, l'ensemble de l'espace aérien Urghan a été libéré de l'occupation foraine. La Contrebande a été prise. La capitale foraine est tombée. Reste au clown ses flottes d'occupation, partout où nous n'avons pas encore pu les chasser, ainsi qu'une unique flotte, massive, regroupant l'ensemble de ses troupes et qui, lorsqu'elle tombera, signera le désarmement total du chef. Nous sommes nombreux, nos flottes sont mobiles, notre détermination sans faille et notre courage immense. Qu'Il nous vienne en aide, que l'Impérialisme s'effondre, que la guerre apporte la gloire aux vainqueurs, que ses participants soient honorables et forts. Ils connaitront le nom du Roi. »

« Je prends bonne note de votre offre, Baliberne : elle est appréciée. Et rien de ce que nous exigeons n'est incompressible. Cette guerre peut se terminer sur une entente si Kubaloukanakos entend nos demandes, s'il accepte de relâcher son étreinte, de nous donner l'assurance technique et matérielle qu'il ne recommencera pas.

Donc, pour le moment, ce n'est pas une option. Mais je reste ouverte à toute proposition si la situation venait à évoluer. Elles seront retransmises au secteur si nécessaire. »