"Se laisser mourir ? Pensez-vous ainsi que le capitaine doive impérativement mourir avec son navire ?"

La fréquence réservée au Grand État Urghan peuple habituellement silencieux, inutilisée, en fait, depuis des dizaines et des dizaines de cycles à l'exception d'un petit pique moqueur qui avait salué la disparition du gouvernement galactique, s'était activée d'un coup. Une femme en habits raffinés venait ainsi d'apparaitre. Elle ne ressemblait cependant ni à une nomade Urghan, ni à une fanatique du roi écarlate. Une peau pâle, des cheveux sombres, coupés en carré, un visage issu de générations d'eugénisme et de chirurgies. Elle tenait plutôt de la suzeraine.

"Ce que je veux dire, sauf votre respect, c'est qu'en restant ici vous prenez le risque de survivre. De survivre là où... Où..." Un frisson. "Là où vous serez seuls. Parfaitement seuls. Où il n'y aura plus rien pour qui que ce soit, sinon la mort et l'empoisonnement aux radiations." La femme ferma les yeux et, lentement, se força à sourire.

"Bien entendu, il y a aussi la probabilité plus forte encore que vous mourriez. Si vous décidez de rester, c'est le mieux que je puisse vous souhaiter, vraiment. Mais croyez moi il n'y a aucune gloire. Ni dans la mort, ni dans le reste. Mieux vaut partir."

Elle aurait aimée ajouter quelque-chose, mais fut brutalement poussé hors de l'image par la Khatan en personne. Yulia Ulan-Sternberg, son visage resplendissant du fanatisme sanglant de ses premiers jours, bras écarté comme lors d'une prêche columbienne. Elle semblait ravis.

"Chantent, chantent les éons !

Ils courent ! Priez le Roi !"

Un bref instant de pur silence, puis.

"Ô Discordia ! Ô ODYSSEE SUPRÊME ! QU'IL ENGLOUTISSE JUSQU'A VOS ÂMES ! Repentez-vous ! L'heure est enfin venue ! Repentez-vous ! Attrapez la main qui secoue le monde, celle qui vous est tendue ! Acceptez le don, celui qui vous est fait ! Prenez la coupe, buvez jusqu'à plus soif, délestez-vous de vos succès comme de vos échecs !

Tous ses enfants seront les bienvenues. Tous. Seront. Sauvés."