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Cdte. Nyalnamar Veritas
Respect diplomatique : 129 17/11/1021 ETU 04:06 |
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Ça allait être très difficile, le Chevalier Commandant Merethe le savait pertinemment. Pendant des années c'était lui, qui chassait les traîtres. Traversait l'espace pour les trouver. Les traîner devant la justice. Les abattre s'ils résistaient. Lui qu'on avait appelé pour nettoyer les cellules de résistance sur Aristophane. Lui qui avait exterminé les derniers leaders des Fils et filles du Grand Brasseur. Lui. Lui. Lui. Il avait été l'outil ultime de la répression et de la conquête. Alors il le savait, cela ne faisait aucun doute dans son esprit, ils le retrouveraient. Ils le feraient payer. Il serait jugé. Jugé. Jugé pour quoi ; au juste ? Comment tourneraient-ils sa croisade ? Se fatigueraient-ils seulement à cacher la vérité ? Rien n'avait de sens du Sappho. Tout changeait du jour au lendemain. C'était une société schizophrène, malade. Comme une migraine constante. Qu'on pende un ami du peuple, du Totalisme, des Treize Labyrinthes, qu'on dise clairement l'avoir fait, et comment réagiraient-ils ? Sans doute en levant leurs verres, en disant « Vive la mort », et en en restant là. C'était des choses de la vie. Le système expurgeait ses excès. Parfois il dévorait ses enfants. Et donc ? Pendant des années il avait crié « Vive la mort ! » avec les autres. Il le faisait toujours, mais avait acquis la conviction que ses supérieurs, eux, n'y croyaient plus. En bref la machine ralentissait, pourrissait sur place, mais ses muscles, si flasques et répugnant, tressautaient encore. La bête immonde saurait le retrouver. Car il était inenvisageable que le Grand Conseil ne réagissent pas. S'il avait pu parcourir tout ce chemin en falsifiant des ordres de patrouille, profitant du sous-peuplement du corps officiers labyrinthique et de son statut si particulier, la suite vendrait la mèche. On ne dénonçait pas son gouvernement sans être étiqueté "ennemi à abattre". Merethe porta une main au col de son uniforme et tira machinalement dessus. Détourner un prototype de Croiseur Amiral. C'était combien d'années de martyr, selon la justice totaliste ? Il soupesa longuement la question. Aurait-il droit au lingchi pour la grandeur de ses faits d'armes, ou la bassesse de son crime ? Le maintiendrait-on vivant en retirant, un à un, tous ses organes ? Ferait-on de lui un cerveau, un cœur, un unique lobe de poumon, nus sur un plateau d'argent, insensible à la douleur, aux pleurs de ses proches ? Il avait observé le supplice des dizaines de fois dans sa carrière. Des suicides d'officiers et de membres du Grand Conseil, d'amis et de proches. Des exécutions de traîtres particulièrement vils. Des âmes perdues dans cette mort extatique qu'on réservait aux plus grands serviteurs des Labyrinthes et à ses plus grands adversaires. Cherchant à atteindre dans la déconstruction systématique de leur organisme, de leur vie, une forme de vérité glaçante qui échappait à la raison. Aurait-il lui aussi droit à l'illumination, avant de disparaître ? Il voulut poser la question à son second, mais le capitaine Kieslowski lui coupa l'herbe sous le pied, indiquant le grand affichage holographique représentant le système. – Là. Vous la voyez ? C'est celle-là, précisément. Des sphères colorées dansaient, suivant des lignes abstraites, des trajectoires changeantes, l'ordinateur compilait toutes les informations captées par les senseurs, disponibles via la régie aérospatiale locale, via les réseaux de renseignement labyrinthiques, et synthétisait l'ensemble en un amas codifié de points, de chiffres, de trajectoires et de tracés. Au centre de l'image trônait en reine la Contrebande. Un peu plus loin, quelques flottes rivales échangeant des tirs de semonce, séparées de plusieurs milliers de kilomètres. Enfin, orbitant autour de lunes, une série d'antiques structures hyper-com, auxquels les États du secteur avaient greffées leurs propres sondes, satellites, réseaux d'émetteurs et d'ansibles. Merethe acquiesça. – On peut en prendre le contrôle d'ici ? – C'est en cours. Kieslowski hésita mais se garda d'ajouter quoi que ce soit. Il avait soupesé le pour et le contre. S'approcher des ansibles pour y connecter l'appareil reviendrait à enfreindre une demi-douzaine de régulations dans une dizaine de pays différentes. Mieux valait retarder de quelques instants le moment où ils deviendraient tous des parias en hackant à distance raisonnable les communicateurs galactiques. De plus ils seraient moins exposés, et pourraient peut-être fuir. Avec un peu de chance. Le capitaine siffla entre ses dents et pivota vers son supérieur et ami. – Merethe ? – Je vous écoute. – Si ça ne donne rien… – La masse nous entendra. Le ton était absolu, ne laissait pas de place au doute. Nous allons rallumer la flamme de la révolte, mon vieux. – Ce n'est pas ce que j'allais dire. – Même si ça ne donne rien maintenant, ça jettera les bases de l'avenir. Qu'un héros de guerre dise ce que je vais dire, tout le régime va être secoué. De ses entrailles puantes au Grand Conseil. De la Nyalnamar aux fonctionnaires provinciaux. Et je vous l'assure, d'autres sortiront du rang. Quand un politicien parle depuis la couture de son portefeuille, ça ne touche personne. Quand un type qui a combattu pour le peuple le fait, par contre... Rappellez-vous. Le totalisme a commencé dans un bistrot. Le Grand Conseil dans une église clandestine. Kieslowski acquiesça, mais plus à défaut d'autre-chose. Un ingénieur, incrusté dans son module de contrôle, ouvrit les yeux – C'est quand vous voulez, Chevalier Commandant. … Le Chevalier Commandant Merethe apparut à l'assemblée. Allant vers les quarante ans, rasé, propre sur lui dans son uniforme impeccable de la marine Labyrinthique, la tête ornée d'une casquette blanche. Ses médailles ornaient sa poitrine. De l'homme de Vitruve décapité de l'ordre Acéphale aux Nœuds de Bravoure en passant par son Couronnement de Chevalier. Tout était là. Les marques d'une carrière brillante au sein de l'institution militaire. Il porta son index et son majeur, d’abord à son front, puis à sa bouche, et s'inclina brièvement en avant. – Peuple des Treize Labyrinthes ! C'est à toi que je m'adresse ! Galaxie, c'est à toi aussi que je parle ! Je suis le Chevalier Commandant Merethe, coupable d'avoir trop longtemps servi un régime corrompu, manipulateur, trahissant ses engagements et détruisant tout ce qu'il touche. Dirigeant cette émission vers le seul endroit dont je sais avec certitude qu'il la recevra sans faute. Qu'il pourra le diffuser. Ce message n'est pas voué à devenir une bouteille à la mer. Je sais très bien à qui je l'expédie : à tout le monde ! Il prit une grande inspiration. C'était le moment. Il s'imaginait, à des milliers de parsecs de là, ses anciens compagnons d'armes qui hurlaient des ordres, dirigeaient toute la force du Grand Conseil sur sa position. Plus de temps pour le doute. Il fallait y aller. Il y mit toute sa conviction. – La Première Oratrice n'est qu'une guenon dépravée ! Une frustrée sanguinaire ! Une dictatrice moralisante, prêchant à mots creux, qui a rejeté son âme, son rôle, qui trahit toutes les ambitions profondes de son peuple. Qui rejoint toutes les causes pour mieux les exploiter. Qui bave mensonges et fausses promesses. Elle est indigne du titre de Nalnyamar Veritas ! Indigne de guider les Treize Labyrinthes ! Indigne de votre confiance ! L'anti-peuple, c'est elle ! À ses pieds s'étend la corruption, un cancer qui dévore, pille, assèche et tue ! Elle jouit du sang qu'elle fait couler ! Quand elle ouvre la bouche pour sourire, elle bave les entrailles de ses victimes ! Peuple des Labyrinthes ! Au nom de quoi as-tu renoncé à ta liberté ? Au nom de quoi as-tu accepté de devenir esclave ? Regarde et vois ! L'Administration tourne en roue libre ! Fonctionne pour elle-même ! Ce n'était pas ça, l'Acéphale que l'on désirait ! La vérité n'a plus de sens, ils l'ont aboli ! Ne t'avait-on pas promis la liberté totale ? Les plaisirs les plus exquis ? La mort à tous les instants ? Ne t'avait-on pas promis l'amour du Roi en toute chose ? Et tu te retrouves asservis par une bouchère faite régente, une prostituée qui vend ton âme pour trois leems ! Qui pactise avec l'étranger pour son seul bénéfice ! C'est une création difforme, d'une biophilie obscène. Qui dévore en prétendant aimer. C'est une invalide sans splendeur. Une informe de l'esprit et de la nation. Elle ne trouve de plaisir qu'en cette caricature des Labyrinthes. Une image négative de ce qu'aurait dû donner notre lutte ! Elle détourne notre révolution permanente, veut la recréer à son image : mutilée, stérile, un tas de chair morte. Le Grand Conseil n'est plus légitime ! Il a mis cette chose au pouvoir. Il recommencera demain ! Le Grand Conseil s'est saisi de tout les pouvoirs et a décapité le peuple ! La vérité c'est qu'aujourd'hui, ce ne sont plus que les martyrs qui souffrent du lingchi, mais toute la nation ! Aujourd'hui on vous retire un bras, demain ce sera un poumon ! Ils vous voient comme autant de cobayes ! Vous désossent ! Vous démonte comme un jouet ! Un jouet ! C'est ce que vous êtes à leurs yeux ! Demain un poumon, et ensuite quoi ? Qu'est-ce qu'il nous restera compagnons ?! Regarde donc ! Au nom de quoi, de quelle promesse infâme, laisses-tu faire ces démons ? Ces faux-bergers ? La promesse du Roi était dans l'abolition de la Vie, dans l'abolition de la Réalité ! Dans l'abolition du temps ! On nous promet l'éternité, mais regarde donc ! Ce justicialisme que prône l'Oratrice est un prétexte pour t'anéantir ! Il n'y a aucune justice dans ce qu'elle crée. On nous a promis une modérée ? Ils nous ont donnés une invertie ! Son âme est retournée comme un gant, salope la nation de ses viscères, se répand en asticots, en muscles faisandés. Une dysenterie d'horreur qu'elle laisse dans son sillage, source d'un fleuve septique charriant des mondes morts ! Elle transforme les Labyrinthes, déconstruit le dédale ! Abat les murs pour faire entrer l'étranger ! Elle nous forme à l'image d'un couloir ! Refaçonne le rôle de Nyalnamar Veritas à son image, au lieu de s'y fondre ! Réveillez-vous ! Réveillez-vous ! Ne sentez-vous donc pas sa puanteur ? Et vous, étrangers, qui n'êtes ni des Labyrinthes, ni en mesure de les comprendre. Savez-vous seulement quel monstre marche à vos côtés ? Cette sangsue répugnante qui rampe, vous amadoue, caresse votre peau et déploie ses dents ? Une ogresse putride, un démon. Vous aussi, n'avez-vous pas conscience que ces yeux cachent une carcasse ? La communication fut brusquement interrompue, remplacée par l'image holographique d'un "Réveillez-vous, libérez-vous !" défilant le long d'un bandeau de Moebius. Une énigmatique composition musicale résonnait en lieu et place des invectives du charismatique chevalier commandant.
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Cdt. Zedéan
Respect diplomatique : 90 17/11/1021 ETU 11:24 |
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Deux Sloms se regardèrent et conversèrent entre eux ! ⎐⍜⎍⌇ ☊⍜⋏⋏⏃⟟⌇⌇⟒⋉ ⋏⊬⏃⌰⋏⏃⋔⏃⍀ ⎐⟒⍀⟟⏁⏃⌇ ⎐⍜⎍⌇ ? ⎅⎍ ⏁⍜⎍⏁ ! ⎅'⏃⏚⍜⍀⎅, ⍾⎍⟒ ⎐⟒⎍⏁ ⟟⌰ ⌿⍀é☊⟟⌇é⋔⟒⋏⏁ ? ⌇⏃⟟⏁ ⌿⏃⌇ ! ⏃⎍☊⎍⋏⟒ ⟟⎅é⟒ ! ⍀é⎐⍜⌰⏁⟒ ? ⏚⏃⊑ ! ⏃⌰⌰⟒⋉ ⌇⏃⎐⍜⟟⍀ ....! ! ⎅⏃⋏⌇ ☌⏃⌰⏃⌖⟟⟒ ⍾⎍⏃⋏⎅ ⋔ê⋔⟒ ⎅⍀ô⌰⟒⌇ ⌿⟒⍀⌇⍜⋏⋏⏃☌⟒⌇ ⟒⌖⟟⌇⏁⏃⋏⏁⌇ ! L'un deux fit non de la tête en levant les yeux au ciel puis les deux partirent vaquer à leurs occupations ......
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Cdte. Nyalnamar Veritas
Respect diplomatique : 129 27/11/1021 ETU 17:53 |
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Le Chevalier Commandant Merethe apparut à l'assemblée. Toujours aussi propre sur lui, impeccablement habillé, médaillé, rasé. S'il s'efforçait de conserver un air neutre, ses yeux brillaient d'un sentiment absent lors de sa dernière intervention : l'espoir. Ou peut-être, plus précisément, cette forme sentimentale floue qui animait les hommes apercevant une opportunité parfaite. Il exécuta l'habituel salut Labyrinthique, indexe et majeure sur les lèvres, puis sur le front, et s'inclinant brièvement. Quand le chevalier s'exprima, sa voix était pleine de joie. – Ici le Chevalier Mereth, de la Cellule d'Opposition au Justicialisme ! Peuple du Secteur 2, c'est à toi que je m'adresse ! Peuple de la Galaxie, c'est aussi à toi que je m'adresse ! Aujourd'hui les forces de la résistance se sont enfin organisée en la personne de grands et glorieux commandants que nous ne saurions que saluer encore et encore ! Les Églises, dans toute leur certitude morale, ont décelées le vrai du faux, balayées d'un geste les mensonges et les illusions ! Ont percées à jour la vérité suprême animant notre secteur ! La Dictature de l'actuelle Nyalnamar Veritas, le Poids moral, mortifère, monstrueux qu'elle fait peser sur l'ensemble des nations et, à terme, de la galaxie ! Nous remercions et saluons les compagnons Denior’back et Lurthamburg, nouveaux héros des peuples et des nations, dont la juste croisade ne pourra à terme que sauver l'âme du secteur 2, et assainir en profondeur les entrailles pourrissantes des Labyrinthes ! Nous espérons leurs alliés nombreux et leurs victoires multiples ! S'il me peine d'endosser maintenant le rôle du traitre, de l'ennemi à sa propre patrie, c'est qu'on ne m'en a pas laissé le choix ! J'envisage l'extermination de la Première Oratrice et de son mouvement justicialiste par des forces extérieures salvatrices, j'envisage que soutenir l'ennemi des Labyrinthes revient, en fait, à combattre les ennemis réels du Labyrinthe ! J'envisage que cette victoire sera celle de peuples sur un gouvernement, et que le gouvernement vaincu, les peuples pactiseront entre eux ! J'envisage qu'on laissera à Sappho toute son indépendance, une fois le Grand Conseil éliminé, et un nouveau Premier Orateur et Nylanamar Veritas nommé ! Labyrinthes, ne soyez pas paralysés par la peur ! Saisissez le moment ! Cette guerre n'est pas contre vous, cette guerre et contre les démons qui t'oppriment ! Il est temps, enfin, de les chasser ! Nous les accrocherons aux plus hautes branches des Arbres à Douleur, et la volonté populaire, enfin, sera faite ! Aujourd'hui, pour la première fois, j'envisage la victoire du bien et de la justice sur le mal et la stérilité de l'âme. Ce jour est triste, ce jour est cruel, mais il devait arriver : ce jour est nécessaire ! Tout comme notre victoire ! Et il frappa sa poitrine, faisant trembler ses médailles. – Vive la mort ! La communication prit fin, remplacée par l'image holographique d'un "Libérez-vous ! Tuez la bête !" défilant le long d'un bandeau de Moebius, accompagné d'une énigmatique composition musicale. |
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