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Cdt. Dielli
Respect diplomatique : 33 10/08/1022 ETU 02:16 |
Score : 9
Détails
Par les fenêtres l'herbe jaune d'un paysage écorché. Par le soupirail, la clameur d'un soleil gorgé. Brillant, brûlant, son brasier ébranlait et brunissait les bringuebalantes baraques. Celleux qui vénèrent Di, le soleil d'un certain secteur à qui iels attribue une conscience cosmique, n'ont qu'une seule préoccupation : vivre plus longtemps afin de vénérer Di plus longtemps. Le reste n'était que frivolités. C'est pourquoi l'on avait confié à Dielli la lourde tâche de faire vénérer Di dans l'ensemble du système. Lors d'une cérémonie de printemps, iels avaient incanté : Ô Di, à ta Gloire que Dielli s'y dévoue. Pieuse, iel chantera les louanges de ta chaleur chatoyante nuit et jour, et ce par delà les horizons et les quatre saisons. Et iel ne se voyait pas refuser cet honneur, bien qu'iel ne s'en sentait pas digne. Bien qu'on ellui ait laissé le choix, iel savait que nul autre n'était disposé à s'indisposer de la sorte car iel était pieuse mais pas trop. Iel préférait voyager, c'était son envie. Ce n'était le cas de personne d'autre. Iels aimaient trop Di, ellui avait-on dit. C'était la première fois qu'iel se retrouvait face à une console d'une Vaisselle Marchande Élite. Iel y avait beaucoup trop de boutons sur le panneau et trop nombreux étaient ceux qui faisaient entonner un cantique aux haut-parleurs de la centrale de commandement. Trop rares étaient ceux qui permettaient de piloter la vaisselle. Dielli se disait qu'iel était miraculeux qu'un peuple dense de dévots comme le sien ait un di été capable de se dévouer à l'élaboration de navires marchandes. Dielli jeta un regard au travers de l'immense baie vitrée de la Vaisselle Marchande. L'espace était une magnifique toile clairsemée d'étoiles. Plus belle que toutes les autres, la splendeur de Di illuminait le centre de commandement. Dielli poussa un soupir de contentement, se laissa choir dans un fauteuil de velours vair aux reflets vert verre avant de se verser un verre de verveine : qu'elle veine avait-iel de pouvoir avoir un si beau spectacle ! L'heure était à la détente, se disait-iel. Diaoul, dit-iel, peux-tu prévenir ly communicatrice de bien vouloir transmettre nos coordonnées à nos voisines sectorielles ? Dielli, dis-ellui toi-même par Grâce ! J'en suis seulement à ma dixième doxologie, pardieu ! Tu me verras damné.e de devoir doubler mes demandes à Di, donc à Diane adresse toi sans moi. Dielli ellui tira la langue avant de prendre la poudre d'escampette pour rejoindre Diane à la centrale de communication. Celle-ci se trouvait deux étages plus bas et la voie pour y arriver était en principe simple à trouver, cela n'empêcha pas Dielli de s'y perdre. Lorsqu'iel retrouva finalement son chemin, près d'une heure s'était écoulée et Diane s'était entre-temps rendue au centre de commandement pour y chercher Dielli. Ce vaisseau n'avait ni queue-ni-tête se disait-iel. Peut-être aurait-iel mieux fait de rester cloîtré au cloître, à chanter, plutôt que de chercher à circuler dans la secteur, mais c'était bien trop chiant ! Les deux individus finirent par se retrouver quelques minutes plus tard et iels conclurent qu'il était de la plus haute importance de passer une annonce aux voisines de secteur. Ielles enclenchèrent l'holocommunicatrice et disposèrent leur image dans un recoin de l'hémicycle. Timides dans un premier temps, iels laissèrent défiler quelques allocutions toutes aussi longues qu'inutiles avant d'oser prendre la parole. Par Di, Je suis Dielli et voici Diane, ici sise. Nous sommes en cette heure au quatrième secteur et cherchons des voisines sectorielles qui voudraient bien troquer tout objet contre toute somme, en somme. Nous sommes des marchandes et pouvons fournir quiconque le désire les biens mal acquis par les contrebandiers. Nous sommes aussi des vénératrices de Di, pardi et par Di nous voulons répandre sa divine parole, ma parole ! À très vite. Iels coupèrent la communication. Bien que leur prestation eut été pitoyable, iels en étaient satisfaites. Bienheureuses soient les ignorantes, sur un mauvais ton avait-on un jour dit à Dielli.
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