Tel était le message que répétait inlassablement le chef de troupe à chaque fois que le moral flanchait. C'est à dire qu'ils n'étaient déjà plus bien nombreux, et à chaque abandon d'un des leurs, tous étaient dans état catatonique. Et chaque déplacement était synonyme d'abandon.

Sur > Cette planète <, il n'y avait pas de place pour la faiblesse.

C'est le signal qui clôture le silence pesant. Tous espéraient pouvoir se reposer plus longtemps. Ceux qui en ont la force se lèvent. Certains tentent, puis abdiquent, bien conscient qu'ils ne feront que ralentir la troupe, avant d'être abandonné sur le chemin. Pour finir carbonisé au levé du soleil. Ou pire : tomber sur ces choses.

Cet élan d'optimisme du chef sert aussi à mettre un terme au débat pesant, surtout intérieur, qui se pose à chaque fois qu'ils laissent une partie des leurs derrière. Ils se mettent en marche, sortant de leur caverne sous un ciel n'étant ni qualifiable de nuit ou de jour, étant un mélange des deux avec la forte luminosité que reflète l'atmosphère, donnant un ciel rougeâtre.

Durant leur marche, tous observent anxieusement le ciel, car c'est de là que vient la mort. La vie sur cette planète n'était déjà pas facile, mais depuis que ces choses y rôdent, elle est devenue infernale. Ils sont partout, croisez-en un, et soyez assuré qu'une multitude d'autres rappliqueront. C'est comme si elles étaient toutes liées entre elles, chacune d'elles ayant l'air parfaitement au courant de ce que leurs paires voient ou font.

C'est l'un d'eux. La troupe s'est réfugiée dans un renfoncement, espérant ne pas être vue. Pour la troupe, cela dépassait l'entendement. D'abord le son bien caractéristique que ces choses émettaient. Mais surtout leur capacité à voler si haut dans le ciel, pourtant mortellement chargé en gaz toxiques. Il s'avère même que ces choses soient capables de se déplacer en plein jour, malgré la fournaise ambiante. Certainement grâce à leur carapace, qui est vraisemblablement adaptée à tous les milieux.

La créature s'éloigne, elle ne semble pas avoir les avoir vu. La colonie vivra. Du moins pour l'instant. Ils reprennent leur marche, toujours en cherchant à rester le plus discret possible. Idéalement, ils devraient trouver une autre grotte reliée à une poche d'eau, comme en disposait leur dernière colonie. Mais ils savent qu'ils sont en permanence en concurrence avec ces bestioles. Pire, dès qu'elles tombent sur une de ces rares et donc précieuses poches d'eau, celle-ci est totalement asséchée en quelque heure.

Encore l'une d'entre elles. Ils se dissimulent cette fois-ci derrière un grand talus rocailleux. Tous observent silencieusement la créature.

Elle reste dans les parages, ne semblant pas vouloir partir. Le soleil va bientôt se lever, alors une décision est prise. La troupe se scinde en deux. Quelques-uns des plus extenués se rangent d'eux même dans le groupe qui partira dans la direction d'où ils venaient. Ils tâcheront ensuite de se faire remarquer à bonne distance. Leur sacrifice permet à la troupe de reprendre sa marche, maintenant que la créature et une multitude de ses semblables fondent sur ceux parties en arrière.

Ils approchent de l'entrée d'une caverne. Ils n'en sont plus très loin.

Ils s'apprêtent par réflexe à encore à se dissimuler, sauf que cette fois-ci, il en est autrement.

L'instinct du chef ne se trompe jamais. La troupe fonce vers la caverne. Alors que les premiers s'y engouffrent, des dizaines de petits points noirs parsèment maintenant le ciel. Ils convergent vers eux. Il l'avait bien senti : ils ont été vu. Les options sont limitées, mais ils auront peut-être une chance sous terre, plutôt qu'à l'extérieur. Alors que le dernier du groupe rentre, les premières de ces choses se posent déjà à l'entrée.

C'est la dernière chose que dira le chef avant qu'elles n'arrivent. Ils verront alors aussi quelque chose de caractéristique chez ces créatures, et pour le moins terrifiant : elles n'ont pas de visage. Du moins, pas un comme le leur. C'est la dernière chose qu'ils verront, le résultat de la confrontation est sans issu, ils n'ont même pas l'ombre d'une chance : cette colonie n'a pas survécu.

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Le soldat en > combinaison intégrale < retransmet l'ordre à ses subordonnées en activant sa radio. S'ensuivent alors plusieurs coups de feu qui font écho dans la caverne. Puis un des insectoïdes un peu amoché est trainé à l'extérieur. Il émet quelques crissements.

L'insectoïde est saisi par deux soldats. Ce sera dans cette triste circonstance qu'il connaîtra pour la dernière fois le plaisir d'être dans les cieux, alors que les jet-packs incorporés aux combinaisons sont activés. Depuis que ces choses étaient arrivées sur leur planète, plus aucun des leurs ne déployait ses ailes. Car ils ne doivent pas être vu : les colonies doivent survivre.