Un petit garçon d’une dizaine d’années courut au balcon de sa maison donnant sur le jardin. Le jardin était simple, avec dans un coin, un potager. Le père de famille était en train d’y travailler : quelques pieds de vignes, des tomates, des pommes de terre et de la salade, sans oublier les framboisiers qui faisaient le plaisir des enfants. Il y avait là de quoi subvenir au besoin de la famille. A côté du potager se trouvaient un petit cabanon contre lequel étaient appuyés des outils de mineurs. De l’autre côté du jardin, sous un arbre une femme avait étendu une nappe à carreaux rouge et blanc. Elle s’y était installée pour lire, à l’abri du soleil. Elle leva les yeux lorsque son fils arriva. Penché sur la balustrade celui-ci héla à ses parents :

La mère posa son livre, se leva et s’épousseta le devant de la robe.

Le garçon retourna dans la maison et s’assit devant le poste de télévision, tremblant d’excitation. Ses partent arrivèrent et s’assirent sur le divan.

Fiston, viens t’assoir avec nous. Tu es trop près de la télé. Et pas besoin de faire le ronchon, c’est avec nous ou pas de télé du tout.

En deux temps trois mouvements l’enfant se retrouva entre ses parents. Ses yeux se mirent à pétiller.

Des images de la Commandante Celes apparurent à l’écran de nombreuses télévisions à travers tout le territoire Celeste. Elle était assise derrière son bureau, et affichait un sourire. Elle était vêtue et coiffée simplement, tout comme la décoration de la pièce. On ne pouvait apercevoir que le strict nécessaire, à l’exception d’une plante qui siégeait dans le coin droit de la pièce. Après les salutations habituelles, elle entra dans le vif du sujet.

Son sourire, et ses yeux quittèrent le vert qu’ils arboraient afin de prendre une couleur grise pâle.

Pendant que Celes continuait son discours, Darius pensait à quelle incroyable femme il avait pu rencontrer. Elle ne laissait rien transparaître de l’épreuve qu’elle avait affrontée quelques heures plus tôt. Un Commandant se devait de toujours maintenir le cap pour son peuple, quitte à sacrifier les premiers instants de bonheur qu’elle aurait dû passer avec sa toute nouvelle famille.

Mais bon, la réalité était là. Le peuple Celes partait en guerre.

La retransmission finie, Celes semblait sur le point de s’écrouler. Darius accouru à ses côtés, renvoya tout le personnel en place chez lui. Il décida donc de la porter jusqu’à la salle où leur fille dormait paisiblement.

Il sourit et se tourna vers Celes. Celle-ci avait l’air renfrogné.

Elle sourit à Darius. Le prenant pas le menton, elle le regarda dans les yeux.

Ne t’inquiète pas, te rencontrer et avoir décidé d’être à tes côtés n’en font pas parti.

Je ne sais pas. Je ne sais pas. Il l’embrassa sur le fond. Elle s’était assoupie.