La Druidesse Azalée enserrait le tronc millénaire de ses bras et murmurait comme une litanie ses craintes et ses espoirs.

Des larmes coulaient sur ses joues.

Le silence du vieil arbre lui répondit, mais en même temps, la chaleur sous son écorce envahit le corps de la Druidesse. Elle ferma les yeux et ses larmes cessèrent.

La force du chêne lui avait fait du bien, comme toujours. Elle rentra dans ses quartiers et fit appeler sa confidente et amie, la Vestale Pivoine.

Azalée serra les dents et sentit monter en elle cette révolte salvatrice qui la rendait plus sereine.

La Druidesse ferma les yeux et soupira.

Pivoine, sur le point de sortir, se retourna :

Une fois seule, Azalée continua son monologue à voix haute.

Azalée avait quadrillé son secteur, encore fermé. Ses sondes lui rapportaient quotidiennement des informations qu'elle engrangeait patiemment : recoupements, états des lieux, changements minutés... rien ne lui échappait.

Elle trompait son ennui aussi positivement qu'elle pouvait.

Elle eut juste le temps de boire une tisane de verveine avant de voir son staff au garde à vous dans la pièce.

Tout le monde s'éparpilla en babillant.

Une taverne sectorielle allait être construite dans les plus brefs délais et les premières invitations allaient être lancées.

La Druidesse était pensive. Elle pianota sur son interface et s'aperçut que ses chercheurs lui permettaient enfin de correspondre avec tous les Dirigeants de la Galaxie.

Et le premier message qu'elle envoya fut pour l'Empereur Raken Eyser...

Le temps coulait lentement. La civilisation des « Arboricoles » s’installait.

La ville principale s’était installée sur la planète-mère, dans une vaste forêt. Au sol, rien ne paraissait, tout était suspendu : les maisons construites sur des branches fourchues comportaient souvent plusieurs étages et se confondaient avec les troncs centenaires ; les rues étaient de simples passerelles qui pouvaient être coupées en cas d’attaque ; même la taverne que la Druidesse avait demandé de construire se trouvait à mi-hauteur d’un très vieux chêne. Les laboratoires scientifiques, les plantations, les élevages, tout était suspendu entre ciel et terre.

D’en haut, rien ne semblait vivre sur la planète. De grands filets holographiques avaient été tendus, interdisant toute exploration des vies qui se trouvaient en dessous. Des leurres trompaient les éventuels observateurs qui pensaient la planète uniquement peuplée d’oiseaux, de rongeurs et d’insectes. Les mines n’étaient pas à ciel ouvert, l’astroport camouflé.

La tenue ordinaire de la Druidesse Azalée était, comme pour tout son peuple, une combinaison souple, terne et très près du corps, comme une seconde peau, permettant les ascensions rapides et les déplacements aisés entre les branchages. Sa distinction n’était faite que par les tatouages visibles de son ordre.

Il n’y avait que dans la taverne qu’elle se permettait de revêtir une tunique ample d’apparat, généralement de couleur blanche, et quelques bracelets d’or.

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Azalée courut s’enfermer dans son bureau pour ne pas faire attendre son interlocuteur et personne ne put connaître la teneur de leur discussion. Elle en ressortit le sourire aux lèvres.

Un certain temps était passé.

Le secteur de la Druidesse Azalée connaissait des chamboulements quotidiens et elle ne savait plus où donner de la tête. Des civilisations disparaissaient, d'autres émergeaient dont on ne savait d'où... ou presque.

Les planètes à prendre se faisaient rares.

Les conflits n'allaient pas tarder à éclater. Un secteur n'offraient que 400 planètes... et 28 nations, c'était beaucoup ! Surtout pour les "dents longues"...

Azalée était triste... Plusieurs nations n'avaient pas répondu à son invitation dans la taverne sectorielle qu'elle avait construite. Ces nations allaient s'éteindre, à coup sûr. Elles avaient déjà réduit leurs territoires à leurs seules planètes-mère. Leur génocide était tout proche.

La Druidesse était vraiment triste de cet état de fait. Mais elle n'y pouvait rien. Elle n'avait aucun pouvoir sur ce secteur, elle œuvrait simplement diplomatiquement pour alerter les plus sensibles des Dirigeants, mais elle se sentait vraiment impuissante.

La fête de l'automne approchait pour le peuple des arbres ; les feuilles commençaient à jaunir, le vent à les faire voler à terre. Oui, il était temps de célébrer la déesse dédiée aux stocks de nourriture.

La robe était rouge orangée comme les feuilles des érables. Azalée l'enfila puis se para de ses bijoux les plus fins.

Elle parut devant son peuple qui l’acclama tant ces fêtes étaient attendues et réjouissantes.

Telle était l'incantation des graines récoltées et semées au printemps prochain. Le ramassage des graines est un acte magique et doit commencer par quelques respirations profondes et une visualisation claire de l'idée que la vie contenue dans les graines et fleurira, portera ses fruits durant l'année à venir.

La Druidesse se prosterna devant un bol de graines et se releva devant la foule toujours adepte de ces cérémonies.

Quelques temps plus tard, la Druidesse fit un bilan de son secteur. Quel cauchemar !

Elle était étendue dans un grand fauteuil, les pieds repliés sous elle et les yeux au plafond. En face d'elle, sa suivante et amie l'écoutait patiemment.

La Druidesse Azalée se laissa emmener vers les thermes où elle allait subir massages et attentions particulières pour lui permettre de dormir.