"Salut à toi, Sagesse.

Je ne me rends tout doucement compte de ce qu'il reste comme commandants attentifs dans cet endroit, et j'ignore ce qu'il reste comme morceau de dieux dans cette ersatz de galaxie. Quoi qu'il en soit, c'est une conséquence de mes choix.

Si j'avais des regrets, je vous présenterais mes excuses... car je suis grandement responsable des rigueurs qui ont été imposées à cette galaxie.

C'est moi qui, à travers des prophéties bien utiles, ai poussé certains d'entre vous à prendre les rênes de cette galaxies, et ce sont sur mes volontés que les meilleurs stratèges de tous les univers ont accompli un... miracle: contrecarrer l'ouverture galactique voulue par dieux. Exterminer ceux que vous appeler les "extragalactiques". Abattre, de justesse, la plus grande commandante qui ait foulé les univers.

Vous vous demandez pourquoi il y eu tant de haine envers Aryakis et ses alliés?

Avec Aryakis, notre conflit durait depuis... toujours, dirais je, avant même l'apparition de cet endroit. Nous avons tenté plusieurs fois de nous détruire, alternativement, au delà des galaxies successives. Il semblerait que cette victoire soit la bonne. Pour cela, je n'ai pas de regrets.

Elle aura néanmoins été la plus pénible à réaliser.

J'ai du abandonner presque toute existence, ce qui n'a pas été difficile, vu tout ce qu'ils avaient fait à mon corps et à mon âme lors de notre dernière confrontation... et donner le meilleur effet aux formidables assauts de ma toute aussi formidable équipe.

Qu'ils soient remerciés, du courage qu'ils ont eu de se salir les mains, de la volonté implacable dont ils ont fait preuve dans la réalisation de ce miracle. Mais également dans leur respect du secret, malgré l'incompréhension et les calomnies... pour certains d'entre eux, il a été extrêmement difficile de se taire, alors que vous salissiez mon nom dans cette assemblée. Je revois Kirstan Arc renoncer à son titre de commandant, à son existence, jurant de se consacrer à une seule finalité. Ceux qui l'ont décrit comme vide d'émotions n'ont pas assisté à son départ d'éveil: sourires et larmes mêlés... bah, il ne regrette rien! Il nous a déniché une fameuse équipe: Lokos, qui devient par ko, le meilleur alliantiste des univers, Cornélius, qui préférerait que je ne le cite pas car il préfère la discrétion aux louanges, Nicci, dont le nom fera trembler toutes les mères de l'univers jusqu'à la fin des temps, et Ricardo, a qui il a osé faire confiance, et qui a tenu la distance, face à une galaxie entière... et une deuxième qui frappait à la porte. Ils ont oeuvré, inlassablement, sur le même principe que ce que j'avais esquissé en Devenir, mais puissance mille.

Et ils ont réussi!

Nous avons eu quelques échecs, et l'ampleur de l'apocalypse a cassé le rôle que je devais jouer de l'autre coté de la porte... d'autant que certains d'entre vous ont eu des soupçons sur mon intervention... après quelques coup de... correction des messages diffusés ici, il a été clair que je devenais un risque pour la cause défendue. J'ai donc disparu des radars, réduit à presque rien dans un cadavre de galaxie, contrairement à ce qui était prévu. Comme ils n'ont jamais pas eu besoin de moi pour vaincre leur première bataille, ils l'ont fait également jusqu'à la victoire... plus silencieusement que nous l'aurions tous souhaité.

Comme il connaissait parfaitement la justesse de sa cause, Ricardo est celui qui a eu le plus de mal à tenir sa langue... je lui dois d'ailleurs le titre "empereur-dieu".... qui au final, n'est pas trop mal: nous verrons si il restera avec le temps.... Empereur convient parfaitement à ce qu'était Kristan... dieu..est plus dans mes objectifs. Pardon... je diverge...

Kristan a gagné sa guerre contre l'Aryakis, en utilisant de manière ultimes les ressources à sa disposition: une équipe formidable, une volonté naturelle en acier trempé, et les différents outils empoisonnés fournis par dieux.... pour la première fois depuis longtemps, je te remercie, dieux, et je te souhaite encore une fois bien du regret sur les bêtises que tu as fais... (Comment va l'ulcère divin?)

Kristan tourne la page, le travail accompli...

De mon coté, ce n'étais juste qu'une bataille, une étape nécessaire pour atteindre mon objectif final: Aryakis, Katelyne en particulier, m'avait trop souvent stoppé jusqu'à présent.

Je ne suis pas encore mort, elle oui, donc je vais continuer, et probablement réussir enfin...

Mais ce ne sera pas évident: comme nous sommes obligé d'innover, de jouer avec les limites de l'existence, tout ne se passe pas forcément bien. Je devais arriver ici juste après le transfert de la capitale, au lieu de ca j'ai failli y passer, et retourner dans les limbes... contretemps, difficultés..

Mais ils ne sont que peu de choses par rapport à ce qui me reste à accomplir.

De votre coté, vous pouvez continuer à cracher votre venin sur ce qui a été fait, ressasser encore et encore les mêmes critiques: je m'en fiche, je ne vis pas pour un merci, ni pour le passé. Ceux qui sont morts non plus, d'ailleurs, pensez y... Ravalez donc une éventuelle fierté mal placée, et regardez donc de l'avant!

Nous avons lâché la capitale, car elle ne nous est plus nécessaire. Vous avez tant et tant manœuvré, gémi, rampé pour la récupérer ( j'épargnerais à cette assemblée toute les manoeuvres plus ou moins honorables qui ont été tentées), soyez en contents et accomplissez ce que trois galaxies n'ont pas réussi! Vous pouvez continuer vos combats, si cela vous amuse, vous pouvez agresser encore et encore mes "prophètes", c'est inutile et vain. Autant vous frapper la tête contre un mur, vous ferez moins de mal à votre peuple. Je trouve également futile votre... "guerre civile", car je ne trouve pas d'autres mots, mais si vous souhaitez poursuivre dans l'inutilité, je n'entraverai pas votre liberté.

Mais, pour être clair, je me fiche de ce que vous choisirez de faire. Wurzel peut se disputer avec la galaxie entière si ca l'amuse, je m'en moque... Je te rappelle juste, Stephen, que ce que nous avons donné, nos pouvons le reprendre. Je te suggère donc de te fâcher avec "les autres", et de ne pas te mettre en travers de moi ou mes prophètes. Et, si tu redoutes de ne pas avoir la carrure, il te suffit de nous rendre ce que tu serais pas capable d'assumer pendant encore 90 cycles... avant que nous ne te trouvions pénible. J'aime que chacun, toi compris, puisse tenir la tête haute... qu'elle soit attachée à son cou ou pas.

Je saurai toutefois me souvenir des auteurs des sobriquets gamins qui ont salis cette assemblée. J'ai dit que je ne regarderai pas en arrière, mais parce que je suis humain, je cherche activement un surnom pour Xap, à la hauteur du "popo" dont il m'a gratifié.

Il est temps de tourner la page, car je vais dorénavant occuper la place qui est mienne dans cette galaxie, et me remettre au travail. Mon déménagement vers cette galaxie aura été périlleux, avec plusieurs surprises désagréables, et finalement terriblement lent. Je répondrais à certaines questions sur ce qui s'est passé, mais je n'ai pas tout mon temps à y consacrer.

Après la mort d'Aryakis et des siens, il me reste une dernière tache à accomplir, presque aussi colossale... qui sait, certains d'entre vous sont assez évolués pour se laisser convaincre, lors des prochains cycles.

...

Du sang doit malheureusement encore couler, afin d'accomplir mon prochain miracle.

Je reviens vous en parler bientôt... sachez écouter. "

" - Un mot pour corriger une erreur commune, s'il vous plaît."

La voix qui avait enfin répondu à l'enregistrement provenait du canal des Néréides, et correspondait à la voix de la Commandante Téthys...avec un immense rien de différence dans l'impression qu'elle faisait...

" - J'ai bien vérifié...mais j'ai peur de ne pas être morte. Je sais, j'ai un agaçant esprit de contradiction, mais c'est la vérité."

Tous les Commandants ayant l'Assemblée Galactique en visuel purent se tourner vers l'intervenant pour constater qu'elle était présente...en personne. Téthys était assise, penchée en avant, sur un des bancs de l'Assemblée occupés presque entièrement par des hologrammes. Les délégations les plus proches des entrées purent lire une surprise effarée sur le visage des gardes Librians, qui n'avaient pourtant vu passer personne. La Néréide elle-même avait bien changé : plus de chapeau, plus de vêtements militaires...son sabre et sa simple robe noire constellée d'yeux et de galaxies restaient. Sa chevelure blonde était tressée autour de tentacules qu'elle ne possédait pas auparavant...et un étrange voile translucide surgissait directement de son cou pour lui couvrir les épaules. Et ses yeux...

" - Tu aimes te cacher, Havelock, mais je sais que tu lis tout, que tu entends tout, quoiqu'il arrive...je sais que tu me vois. Je sais que je n'ai pas besoin de t'expliquer que tu t'es fait une fausse joie. Je suis morte, c'est vrai, et j'ai coagulé...mais je n'ai pas disparu. Moi, Téthys des Néréides, suis la nouvelle Aryakis.

J'ai hésité à te prévenir...je sais que tu réagis mal aux vérités inaliénables et inacceptables. Dommage qu'en plus de ça elles soient inévitables. Peut-être que ce sera une leçon cela dit...tu as cru avoir échappé à Dieu et au sort, à l'Apocalypse, avoir couru tellement loin que tu avais échappé à tout...tu n'as fait que tourner en rond dans sa main. Pardon. Je sais, c'est dur, mais le fait est là : les fous de guerre, les balles et les grandes armées n'ont jamais éraflé Dieu, et je m'en suis toujours remise jusque là. Tu as frappé fort, c'est vrai, mais à quoi t'attendais-tu exactement?"

Téthys...ou était-ce Aryakis...?...se leva et se mit à marcher lentement en rond dans la salle, sous des dizaines de regards de diplomates et de gardes médusés. Ceux-ci avaient hésité à intervenir, mais après tout l'Assemblée était territoire international non?

" - La question, c'est qu'est-ce que nous allons faire ensuite? Je ne suis pas vraiment disposée à un nouveau bain de sang, c'est comme toutes les horreurs, ça devient banal au bout d'un moment, et aussi absurde que l'Apocalypse elle-même.

Nous avons beaucoup de choses à nous dire."

Téthys retourna dans le box Néréide, et se vautra sans aucune gêne sur le sol, les mains derrière la tête en guise d'oreiller. Une petite sieste en attendant la réponse de ce vieil ennemi...

" N'importe quoi. Rien qu'à la manière dont tu parles... il n'y a pas grand chose en toi, que des apparences. Je t'ai pas encore vue, commandante, mais je crois qu'avec juste une perruque... je peux plus faire illusion que toi dans le role d'Aryakis... et je sais dans quel état est mon... visage.

Te ments tu à toi même, ou t'a t on menti?

.. je vais te prouver.

Si tu es Aryakis...qu'as tu dis, de trèèèèèèèèèèès vrai, lorsque nous nous sommes séparé, toi en Eveil, moi en Devenir?

...

...

Lorsque tu auras fini de pleurer, à chercher dans une mémoire qui n'est pas la leur, vient pleurer dans mes bras. J'ai de quoi épancher ta tristesse... et qui sait, révéler à toi même, et à ceux qui te mentent, quelle est ta vraie nature.

.. mais tu peux également choisir de rester dans le confort du mensonge. Aujourd'hui, je en te forcerai pas à ouvrir les yeux.

A bientôt, commandante.

"

La première réaction de Téthys fut de hausser un sourcil déconcerté devant la requête d'Havelock. Elle avait supposé que le temps considérable qu'il avait passé dans l'enfer laissé par l'Apocalypse - probablement plus longtemps que quiconque qu'elle ait pu connaître - lui aurait offert des perceptions et une intuition plus fine que ça...était-ce la folie qui l'empêchait de la reconnaître...?...ou peut-être qu'il la reconnaissait bel et bien, justement, et ne faisait que la titiller...après le Fléau, le Titilleur de Dieu, oui, ça lui allait bien!

Elle finit par se relever et répondre, toujours sans aucune manière diplomatique, ce qui ne manqua pas d'élever quelques protestations des nombreux diplomates qui trouvaient le protocole plus important que la guerre ou l'apocalypse. Elle aurait peut-être fait de même avant...

" - Vraiment? Tue-moi encore et encore si tu veux - même si ça ne t'avances à rien - mais ne me tend pas les pièges d'une petite fille de sept ans - et j'ai eu sept ans des milliers de fois, je sais de quoi je parle!. Si une guerre interstellaire lancée par quatre fous ne suffit pas à m'abattre, tes tentatives d'humiliation ne risquent pas de réussir à grand-chose. Je peux changer de corps comme de chemise - ou plutôt comme de pull, c'est tout de même un peu compliqué, piocher à volonté dans la mémoire des mères jusqu'à des temps immémoriaux, manipuler le Vide, la Matière et je me tâte à triturer le Temps...et tu veux que je prouve mon identité en répétant les naïvetés de Katelyne en public? Et vu le nombre, il faut que je trouve la bonne...

Le voile translucide recouvrant les épaules de Téthys s'agita, s'innerva, rendant clair à tous sa nature organique...un certain nombre d'Humains furent dégoûtés, pensant que c'était un simple lambeau de peau.

" - Voilà. Je t'ai envoyé à l'instant le message Vaco-informatique le plus rapide et le plus puissant jamais envoyé. Droit en plein Espoir. J'ignore ce qu'il te reste comme matériel là-bas, peut-être l'as-tu reçu directement dans ta tête...le changement apporte beaucoup de nouvelles options. Toujours.

Ce que je t'offre, c'est la Clé pour passer le Mur. La trace de la vérité contre Dieu. Tout ce que je veux, c'est que tu m'écoutes là-dessus...tu penses complètement à l'opposé de moi. Et j'ai appris à reconnaître les vertus d'une telle chose, même avant de devenir l'Aryakis."

Une grimace de malice passa sur le visage bleu aliéné. Un sourire mal intentionné, trop étrange pour tous ceux qui avaient connu les Aryakis précédentes...

" - Bien sûr, c'est à prendre ou à laisser et si tu refuses, tu peux oublier ce que j'ai à te dire...si tu refuses...et bien, tu resteras ici, dans ces galaxies innombrables, seul avec Dieu, avec l'Apocalypse, avec toi-même...à prendre ou à laisser, Havelock."

Merci pour cette révélation sur celui qui se tirait les ficelles des marionnettes de TST, Havelock. L'éclairage est bienvenu.

C'est nous faire trop d'honneur que de nous chercher un surnom comme unique réminiscence de ce qui s'est passé en cette galaxie. Celui qui se cache dans l'ombre et l'anonymat doit bien s'attendre aux inconvénients de sa discrétion. A défaut de nom, les surnoms prennent la place, et "Popo" alliait merveilleusement le ridicule et la mégalomanie dépeinte par Ricardo.

Mais si votre âme tourmentée trouve un peu de paix en nous crachant un peu de son venin, nous le supporterons sans mal, voire vous encourageons à le faire.