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Josette

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Cdte. Joséphine
Respect diplomatique : 89

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07/12/1013 ETU 18:31
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Qui s'intéresserait à une impératrice qui, ayant gagné le plus gros lot à une loterie sectorielle, a acheté une planète, ses peuples et leurs potagers ? Tout le monde ? c'est un risque à prendre, dirais-je. Vous comprendrez donc pourquoi cette version de l'histoire ne peut qu'être inutilisable tant que j'en apporte une autre. De toutes façons, elle mérite que je dise ce qui peut vous faire changer d'avis. Pour ce qui est de ma personne, vous ne saurez peut être jamais qui je suis, Monsieur ; retenez donc que je trouve improbable qu'une femme si pauvre du côté de son éducation puisse se retrouver à la tête d'un peuple digne d'avoir les plus brillants dirigeants. Certes, sa politique est irréprochable au niveau de l'Interieur, et puisque l'Etat, c'est elle, et bien l'Etat des Cartes est diablement bien réfléchi et efficace.
Mais ce serait horrible que l'histoire soit aussi courte. Des gens comme moi se doivent de produire des récits qui font rêver, des récits courtisants, mais aussi des récits qui cultivent l'horreur de l'autorité que notre peuple possède, et se transmet de génération en génération.
Je vous prie, Monsieur l'éditeur, de bien vouloir lire cet extrait de La Bergère.
Joséphine, avant d'être Son Altesse l'Impératrice, était la fille de l'ambassadeur de Sélène sur Les Cartes, les sélénites étant un peuple millénaire qui, bien que sa réputation fût entachée par la médiocre qualité de leurs lasagnes, conserve une tradition commerciale d'une influence non négligeable sur les flux marchands universels. Aujourd'hui je dirais qu'elle est plutôt la femme qu'a engendrée l'ambassadeur Von Stanter. Fille, un mot bien réducteur pour l'étiquette qu'elle porte aujourd'hui.
Notre femme, donc, a choisi par obligation de son sage père, de faire des études dans les domaines du commerce et de la diplomatie universelle. L'un ne pouvant être séparé de l'autre, son père estimait bon qu'elle complète son éducation comptant 45 heures d'enseignement par semaine. Entre deux heures d'histoire des Quatre Factions, elle consacrait ainsi du temps pour écrire ses dissertations d'économie. Nous admettrons gentiment qu'elle est devenue impératrice par un transfert amical de souveraineté, il faut dire qu'elle était fort attirante. Admettez, voyons...
À l'instar d'Empereurs de la pré-histoire de nos temps, l'Imperatrice concentrait tous les pouvoirs tout en les faisant justifier par la volonté populaire. Tout homme né libre mûrit sujet. Les femmes, elles, murissaient femmes. Pensez ce que vous souhaitez, et sur ce point toute la planète est libre, ne dites ce que qu'elle veut entendre.
En 998 ETU, Joséphine accède au trône des Cartes en toute légitimité, la nouvelle impératrice prenant tout de suite son rôle au sérieux. Les Cartes deviennent rapidement un paradis fiscal sectoriel, ce qui eut pour effet de diminuer drastiquement le taux de Cartiens de sang noble, dans une popution qui passe en quelques années de 180 millions d'habitants à 400 millions. Ses premiers gestes en tant que dirigeante, on s'en souvient tous, ont été marqués par le vote démocratiquement admis à 800 voix contre et 13 pour, de la loi sur la servitude volontaire. Celle-ci inclue un service administratif et policier obligatoire de 4 ans pour 1 jeune homme ou femme sur 5, dans le lourd appareil de l'Etat, ainsi qu'un service militaire de 3 ans pour tous les jeunes de 20 à 22 ans. Les handicapés, faute de pouvoir effectuer ce dernier, remplisse doublement leur service administratif. Avec ce nouvel effectif de répression, les anti-Josette, comme on les appelle, se taisent bien vite. Si vous n'avez jamais entendus parler de ceux-ci, rappelez vous que vous vivez bien trop loin de la capitale. Ou bien vous n'ouvrez pas assez les yeux, mais en tous cas, ils ont bien lieu. Si vous n'y croyez pas, bigre! Imaginez!
Cdte. Joséphine
Respect diplomatique : 89

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16/12/1013 ETU 19:48
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Le convoi s'arrêta. Comme une grande chenille militarisée, les quatorze voitures s'étaient arrêtées l'une après l'autre, en ordre méthodiquement choisi, comme si l'arrêt était planifié. Mais Joséphine savait qu'il ne l'était pas. Dans son esprit bouillonnaient des dizaines de questions à propos de ce qui pourrait lui arriver. Elle savait que le protocole, ce géant de la sécurité dont personne ne connait le maître, le protocole lui interdisait tout mouvement. Sitôt le convoi arrêté, quatre hommes avaient entouré son véhicule à suspension magnétique pour assurer sa sécurité, ou bien pour veiller à ce que celle ci disparaisse. Peu de gens savaient ce qui se tramait alors. Mais le convoi en rase compagne allait bientôt continuer son chemin. Un daim, dont l'abdomen et les membres avaient été séparés, avait été planté dans deux piques d'acier, comme un messie rejoignant son éternel paradis. Bien qu'on ne vît pas son sourire, il devait certainement être heureux d'être, car il ne bougeait pas. Peut être était il mort. Il devait être mort, d'ailleurs. Ce daim placé là, sur le chemin du convoi impérial, n'annonçait rien de bon, mais autant dire qu'il n'annonçait rien de mal non plus. L'animal déplacé, la grande chenille put se réengager sur la voie magnétique.
Alors que je l'avais remarqué parce que je connais le passé, le présent et le futur de cet événement, personne ne s'est aperçu qu'il manquait une voiture au convoi.
Plus tard dans la journée, Joséphine se retrouvait dans son bureau avec son frère Charles, âgé de 29 ans et nommé Ministre de l'Intérieur par sa sœur, l'impératrice. Innocemment, la voix du Ministre, virevoltant entre les aigus et les graves, c'était là sa caractéristique, disait alors :
Ma sœur,
Je souhaitais vous faire part d'un rapport que le Ministère a produit à ma demande cet après-midi. L'événement du daim semble ne pas avoir été isolé.
À Car, à Soites-les-Rotelles, à Leodaquert et près de nombreuses autres grandes viles, des événements similaires ont été observés. Même modus operandi : des piques plantées dans le sol, avec, enfoncé à leur extrémité, un animal ; sur une grande voie, régulièrement empruntée par des personnalités politiques et inutilisée autrement. Un daim ou un quadrupède s'en rapprochant par la forme dans tous les cas. Ces voies sont pourtant surveillées par des patrouilles quasiment toute la journée. Nous ne pouvons vous apporter d'explications rationnelles sans douter nous même de la compétence du Ministère et de ma propre personne de Ministre et de votre frère.
Vous comprenez en quoi ces événements sont, néanmoins, isolés dans le temps et je ne pense pas qu'ils peuvent gâcher votre soirée.
Venez, nous la terminerons dehors.
L'Impératrice méditait sur la façon dont elle pouvait refuser cette invitation fraternelle. Elle abhorrait les manières de son frère qui se présumait toujours en dehors de toute cause des événements malencontreux qui se déroulait dans son Empire, le sien, à elle. Elle voulait le renvoyer chez lui, mais une discorde dans la famille impériale n'était jamais bien vue. En sus de quoi elle se devait d'apprendre à respecter les autres, surtout son frère, et a se retenir de faire tout commentaire à son égard, du moins tant qu'elle avait encore besoin de lui pour soigner sa propre image. Joséphine s'estimait bien meilleure que son frère et d'ailleurs, après moult affaires ratées de son frère, elle s'était résolue à faire réaliser une partie du travail d'elle même. Le regard pensif, toujours tourné vers la Lune presque nouvelle, elle sortir une cigarette de sa poche qui s'alluma toute seule. Puis elle se tourna, souffla un premier air, comme si elle revivait, sourit à son frère et avança. Dans sa tête elle courait, courait pour en finir avec cet homme déplaisant, son Ministre de frère.
Le palais était haut de plus de cinquante mètres, dans les couloirs principaux. Il en faisait 73, le chiffre préféré de l'Imperatrice, au dessus du hall impérial. Il avait du être réhabilité pour Sa Majesté lors de son arrivée au pouvoir. 69 mètres, ce n'était pas assez. Et puis comment dire innocemment que vos murs faisaient 69 mètres au dessus de vous à vos invités de prestige ? Joséphine avait un esprit qui s'ennuyait rapidement et sa parole était toujours mêlée à des allusions de nature diverses et qui rarement étaient comprises par ses interlocuteurs. De longues colones au style romain longeaient les murs et soutenaient l'édifice principal, telles des Atlas soutenant un ciel teint de peintures préhistoriques, de l'âge classique, précisément. La passion pour la préhistoire de l'Imperatrice se faisait grandement remarquer dans tout le palais où, çà et là, étaient disposés tantôt des bustes méconnaissables, tantôt des peintures romantiques, dont la célèbre toile de Caspar David Friedrich, Capucin au bord de la mer, agrandie copieusement pour être en mesure d'être exposée au dessus de la première porte intérieure du palais.
L'Impératrice, tout en finissant sa cigarette, arpentait les jardins du palais, rejointe par son frère.
Vous n'imaginez pas combien il me sied de vous accompagner dans votre balade nocturne. Je sais combien celle ci vous tient à cœur.
La jeune femme raffolait de l'air frais et l'humide que la capitale dispensait chaque soir. Elle eût sacrifié tout son empire si un jour on lui enlevait cet air.
Je suis votre frère, mais en tant que Ministre c'est encore un honneur de pouvoir tenir compagnie à Sa Majesté l'impératrice...
Elle savait qu'il allait continuer à ergoter sur le travail des autres ministres qui, eux, n'étaient pas compétents et ne faisaient rien de ce que l'Impératrice leur demandait, se disait-il. Elle diminua donc l'attention, et transféra celle-ci vers un rêve d'enfance. N'estimait-elle pas que le rêve est réel autant que son empire l'est ? Sans rêves, elle n'aurait jamais pu soutenir la croissance de son empire. Ce soir le rêve n'apportait rien à celui-ci, elle voulait se retrouver dans un chalet, au milieu d'un désert de glace, avec pour seule compagnie son amant imaginaire. Son frère continuait son chemin vers un autre espace du jardin.
Elle pensait intérieurement. A nous deux, nous serions les Dieux de la glace, du froid et du vent. Nous serions nous mêmes. Nous serions Ulysse retrouvant sa véritable maison après un long temps de voyage dans des contrées inconnues et dangereuses pour un esprit humain. Ô mon amant, combien donnerais-je pour te rencontrer et pour que tu m'emmènes la ou mon esprit rêve d'aller!
Sentimentalement, Joséphine se sentait égarée, depuis qu'elle avait perdu son copain de lycée. Elle en avait bien eu quelques uns plus tard, mais le premier était celui qui lui avait fait connaître l'amour, un amour véritable que jamais après elle n'avait retrouvé. Chaque amant lui avait fait détester encore plus l'homme. Peu importait aujourd'hui. Son empire, elle l'épousait entièrement. Jusqu'à ce qu'il lui fasse peur.
Devant elle, à dix mètres à peine, deux piques d'acier. Son sang ne fit qu'un tour. Ce qui y était planté, ce n'était pas un daim.
C'était son frère.

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