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In Deo Veritas.

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Cdte. Jadie Ignita
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04/04/1014 ETU 22:38
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« Il y eut le Fléau.
Poisseux et suppurant, s’écoulant jaunâtre des aisselles gonflées, le Fléau pua. Et dans les villes, les corps les rues jonchèrent. Et des corps ses vapeurs vertes émanèrent. Et dans les rues, et dans les immeubles, et les tours, et les maisons et les bunkers, ses vapeurs vertes laissa. Et ses vapeurs vertes des corps émanèrent. Et de ses vapeurs vertes le Fléau de nouveau issit et chez tous se répandit. Et les hommes agonisaient nombreux au sol, qui étaient craints et fuis ; car ils étaient laids et boursouflés, et ils vomissaient, et ils suppuraient et exhalaient l’odeur de la corruption.
[…]
Il y eut la Mort.
Et la Mort frappa tous ceux qui portaient le Fléau. Et son règne advint ; et nul ne fut sauvé, car elle ne distingue pas celui qui est faible de celui qui est puissant, ni celui qui est vieux de celui qui vient de naître, ni l’homme de la femme. Et ceux qui échappaient fuirent partout, qui propageaient Fléau et Mort par tous lieux qui restaient quiets. Et les épargnés furent frappés du Fléau, et le Fléau leur porta la Mort, car la Mort était toute-puissante. Grande fut la destruction, grande fut la gloire de la Mort ces jours-là. Malheur aux millions d’âmes qu’elle prit selon ce qui était la volonté de Dieu !
[…]
Il y eut le Désespoir.
Car l’Orgueil avait quitté les Nations, et ceux qui étaient maudits étaient légions ; et ceux qui étaient puissants s’enfermèrent, et ceux qui étaient pauvres ne surent pas où se réfugier. Car le secours aux hommes n’étaient permis, car ils avaient oublié Dieu. Et le Désespoir plus encore que le Fléau et la Mort ravagea les Nations, car il était dans les cœurs et à la folie les hommes poussait. Et ils dévoraient d’autres hommes, car Dieu avait été témoin de leur dépravation ; et Dieu avait fait descendre Son Châtiment sur eux.
[…]
Malheur à ceux qui avaient oublié Dieu ! Ceux-là furent précipités dans des feux qui ne s’éteignent jamais. Louons Dieu d’avoir fait le tri parmi ceux qui Lui étaient fidèles et ceux qui ne l’étaient pas ! Louons l’Église et ses servantes d’avoir été un phare pour les âmes perdues !
Gloire ! Gloire en L’excellent Dieu ! […] »
Extrait des Sacrae Chronica, Livre Troisième — « De Plaga » (De la Peste).
« Les fidèles s’étaient dirigés vers l’Église et priaient pour le salut de leur âme, et celle de ceux qui étaient damnés ; car ceux-là, Dieu les avait oubliés et voués au Feu. Et l’Église les secourait et les ramenaient à Dieu, le Créateur Tout-Puissant, qui a pour les hommes un amour sans bornes. Et les Justes ne mouraient pas, car ils étaient protégés par la bénédiction de Son Église ; car Dieu avait permis à Ses servants de combler Ses brebis égarées de mille secours afin qu’elles lui revinssent. Nombreux furent ceux qui parmi les humbles rejoignirent le Seigneur ! Nombreux furent ceux qui purent être sauvés ! Que ne furent-ils pas imités par ceux parmi les puissants ; mais ceux-là s’enlisaient dans la corruption, car ils avaient endurci leur cœur.
Ceux qui demeuraient dans l’iniquité et la corruption devaient brûler pour Sa Gloire Éternelle.
[…]
Grandes furent celles qui se levèrent pour balayer l’iniquité de Terra !
Grande furent ces femmes menées par la seule Foi, pure, zélée ! Grand fut l’Ordo Ignis Sancti quand il décida que la folie de certains ne devrait plus guider le destin de tous hors de Dieu ! Lors Dieu les appela et leur dit :
“Vous êtes les Sœurs de la Flamme et vous porterez le Feu sur ceux qui sont impies ; aussi vrai que Je suis L’Éternel, leur iniquité ne sera pas inchâtiée.”
Lors elles se levèrent en armes, et par les balles et par le feu les iniques purgèrent ; et achevèrent de brûler ce que le Fléau avait laissé d’inique sur Terra. Grands furent les bûchers ! Nombreux furent les hérétiques qui, voyant le Châtiment de Dieu s’abattre sur leur front, s’empressèrent de jurer leur innocence et celle de leurs fils ! Mais seuls existent différents niveaux de culpabilité. Aucun ne fut épargné parmi ceux qui furent jugés hérétiques, car les Sœurs tenaient tribunal pour ceux qui étaient pris ; et le Jugement Rédempteur que portaient les Sœurs de la Flamme était infaillible et sans pitié pour ceux qui étaient restés dans l’impiété.
Gloire ! Gloire à la Flamme qui purge l’hérétique !  […] »
Extrait des Sacrae Chronica, Livre Troisième — « De haereticorum Purgatio » (De la Purge des hérétiques).
Cdte. Jadie Ignita
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06/04/1014 ETU 21:06
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IN NOMINE DEI VINDICIS
☠♗SANCTA INQUISITIO♗☠
Compte-rendu du jugement No 1875B46-0E4.
Composition du Tribunal Inquisitorial :
*Inquisitor : Monseigeur Archangelus Magnus ;
*Notaria : Diacresse Anastasia Krovojadnya ;
*Scriba Generalis : Sœur Archiviste Rose Derosa ;
*Info-Consignator : Techno-Sœur Loreleï Schwarz.
Accusés : MM. Kerd’ü et Aeun (SNP) ; Mlle Judith Canther ; les époux Ianus et Magdalena Martellus ; MM. les frères Loth, Nec, Rugh, Arkhon, Zigh, Er et Dülmo (SNP).
Ce 10-Ⅳ-1014 Anno Domini.
Au nom de Dieu, Omniscient et Punisseur des méchants ;
Le procès s’est ouvert le 3-Ⅳ-1014 sur l’activation des systèmes d’enregistrement visuel de la salle d’audience et la lecture de la prière Deus Castigat Haereticos.
Les accusés sont accusés d’avoir négligé d’activer leur réseau d’Audio-Litanies durant leur sommeil. L’enquête a révélé que chacun possédait un habitat et un réseau d’Audio-Litanies installé et opérationnel en celui-ci. Après leur avoir annoncé les chefs d’accusations, Monseigneur l’Inquisitor Archangelus Magnus s’est en premier lieu enquis des raisons qu’invoquaient les avoués pour ainsi négliger les devoirs de piété qui incombaient à chaque bon Croyant, eu égard à leur possession, pour chacun, d’un habitat et d’un système d’Audio-Litanies installé et opérationnel en celui-ci ; nous, Rose Derosa, Sœur Archiviste, Scriba Generalis, avons pris note de cela (cf. Annexe Ⅰ, § 30), et Loreleï Schwarz, Techno-Sœur, Info-Consignator, a enregistré cela (Annexe audiovisuelle Ⅰ, 00:14:01).
Tous ont répondu qu’ils ne savaient pas qu’écouter les Saintes Litanies durant leur sommeil était prescrit aux Croyants, et qu’ils demeuraient dans leur cœur de vrais croyants. MM. Ker’dü et Aeun ont spécifiquement répondu : « Shfvbdjd ceunfzzs nzefosqf enf ! (sic) », ce qui est dans leur langue alien une excuse formelle intraduisible. Tous ce sont jetés à genoux ce disant ; nous, Rose Derosa, Sœur Archiviste, Scriba Generalis, avons pris note de cela (cf. Annexe Ⅰ, § 31 sq.), et Loreleï Schwarz, Techno-Sœur, Info-Consignator, a enregistré cela (Annexe audiovisuelle Ⅰ, 00:34:20 sq.).
Par cela, ils se sont reconnus coupables d’ignorance.
Monseigneur l’Inquisitor Archangelus Magnus a récité la Maxime du Codex Inquisitoris : Ignorantia nihil excusat (l’ignorance n’excuse rien). L’Épreuve de vérité a été décrétée pour une semaine entière, selon la méthode No 50 du Codex Inquisitoris (électro-flagellation) pour les accusés hommes, et selon la méthode No 24 (isolement conscient en chambre de stase) pour les accusées femmes. De l’Épreuve de vérité a découlé la reconnaissance par chacun de sa culpabilité, et la pureté en la Foi des époux Ianus et Magdalena Martellus ; nous, Rose Derosa, Sœur Archiviste, Scriba Generalis, avons pris note de cela (cf. Annexe Ⅱ, § 20 sq.), et Loreleï Schwarz, Techno-Sœur, Info-Consignator, a enregistré cela (Annexe audiovisuelle Ⅱ, 00:40:23).
Les accusés ont donc été reconnus coupables d’hérésie mineure, selon l’Article 646 du Codex Legis Divini « De haeresis minora ». Ils ont plaidé coupable et ont supplié.
En conséquences, Monseigneur l’Inquisitor Archangelus Magnus voue :
*à l’excommunication et à la Purge par le feu en place publique : MM. Kerd’ü et Aeun (SNP) ; Mlle Judith Canther ; MM. les frères Loth, Nec, Rugh, Arkhon, Zigh, Er et Dülmo (SNP), ainsi que les enfants et les femmes de ces derniers (selon le principe de culpabilité par association de l’Article 50 du Codex Legis Divini « De culpa partita »).
*à la Repentance en Machine d’Expiation : les époux Ianus et Magdalena Martellus ;
Selon ce qui est la volonté de Dieu.
SOLI DEO GLORIA
Cdte. Jadie Ignita
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28/04/1014 ETU 14:54
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(Thème musical tiercement conseillé : https://www.youtube.com/watch?v=ZnM_5gKvF_E)
Le silence l’assourdissait.
Elle ne trouvait pas la réplique originale. Déjà la trouvait-elle dans les plus vieilles archives auxquelles l’Ordo Conservator avait accès. Mais c’était tellement révélateur de l’étouffement, de l’oppression sans pareille qu’elle ressentait sur l’heure. D’ailleurs laquelle... une heure neuf du matin. Bon sang. Foutue horloge holographique. Ça faisait deux semaines qu’elle lui affichait des heures incroyables chaque fois qu’elle posait ses yeux dessus ! La nervosité se mit à la gagner et elle laissa son regard se mit à se promener dans la pièce. Histoire de se calmer.
Les murs de métal, d’abord, aussi noirs que du charbon et couvert de petits parchemins — des litanies qu’elle connaissait par cœur. Puis l’autel sacré qu’elle avait érigé, sur lequel brillaient en permanence — quand elle était présente — treize cierges. Un crâne posé dessus, qu’on appelait le Memento Mori — de ce nom, sa fonction évidente — ; une croix qui le transperçait, impitoyablement, comme une épée terrible. Elle passa sur la niche en ogive creusée dans la face devant elle. C’était comme une fenêtre de cathédrale, vitraux en moins, et dedans il y avait la statue d’un Martyr. Sur le socle, il y avait inscrit ces mots sacrés : « FIDEM BELLVM FAVIT » La guerre favorise la Foi. Autant d’objets morbides, sombres et terribles, qui la rassuraient... d’ordinaire. Elle se sentait étrangement plus nerveuse à mesure qu’elle les observait. Surprenant. Inquiétant. Effrayant. Énervant.
Elle s’arracha brutalement à la contemplation de la statue qui, posée sur un genou, son mitrailleur béni dans la main gauche et vêtue de son armure, relevait la tête et la main droite vers le ciel dans une attitude de prière. Elle préféra observer sa table de nuit. Une Bible de la Vraie Foi, son chapelet, une lampe à suspenseurs anti-grav. Une dizaine de seringues pleines dans leur sachet stérile, éparpillées. À l’intérieur, le mélange qui, depuis deux semaines, l’aidaient à dormir. Elle en avait besoin, affreusement besoin. Elle tendit mollement la main vers l’une d’entre elles... dormir, juste dormir, et dissiper ce malaise qui la gagnait et lui donnait envie de trucider quelqu’un...
« Est-ce que je suis si FAIBLE ?! Ne t’avise pas de toucher à ça, CHIENNE ! »
Elle jeta ses couvertures et se mit à tourner en rond dans la pièce comme un animal en cage. Bon sang, mais qu’est-ce qui lui arrivait ? Des lustres qu’elle n’était pas rentrée chez elle sur Sancta Terra, au Couvent. Enfin un peu de repos après une Croisade de longue haleine — qui avait étendu en un un temps record les frontières de la Théocratie au-delà de ses propres espérances ! —, ENFIN un moment où elle pouvait s’adonner à autre chose que la Purge... Mais il y avait cette chose qui la faisait tourner comme un animal en cage, qui rendait ses journées pourtant bien remplies amères et frustrantes. Un manque. Elle se rendit compte d’une odeur, d’un goût, d’un contact qui l’imprégnait tout entière — et qui pourtant n’était rien. Ce n’était pas vraiment là. Et pourtant cette chose chaude, épaisse, enivrante... et qui lui manquait terriblement... oui, c’était le manque de cette chose-là qui la rendait nerveuse et insomniaque. Aucun doute là-dessus. Mais qu’est-ce que—
« Sœur Supérieure, le Collegium Superius Sanctum se réunit en urgence. Votre présence y est requise. Doit-on leur transmettre que vous dormez ? »
Jadie regarda son horloge : trois heures du matin — pourquoi par Dieu le Patriarche, l’Inquisitio et les Archicardinaux se réunissaient-ils en pleine nuit ? Elle avait passé une heure cinquante et une à délibérer rageusement. Elle soupira en enfilant sa bure écarlate et en nouant ses cheveux.
« J’arrive, ma Sœur. Attendez-moi. »
Un œil sur son miroir ; elle était affreuse. Des cernes violettes lui donnaient l’air d’avoir été battue. Elle sortit et claqua la porte derrière elle.
Jadie rentra dans sa cellule en trombe et claqua violemment la porte derrière elle. Sa bure, son chignon, tous ses vêtements volèrent au pied du lit, et elle sauta sur le matelas. Elle repassa dans sa tête la séance qui venait de s’achever — une petite demi-heure avait suffi — en souriant tant et plus.
Un système entier rebelle contre ses précédents maîtres.
Plein d’hérétiques et de brigands.
À purger.
Elle n’avait pas attendu pour donner ses ordres. Un ost DEVAIT être levé pendant la nuit et tout devait être prêt pour la journée : ils partiraient le soir pour devancer ceux qui se mettraient en tête de conquérir l’endroit avant elle. Ils arriveraient trois jours plus tard et commenceraient une Purge sanglante contre les ennemis de la Foi. Le souvenir de l’odeur du feu emplissait ses narines tandis qu’elle fermait les yeux et se lovait, à la manière d’un chat repu, contre son oreiller. À cet instant elle se sentit une femme comblée.
Elle sentit de nouveau cette chose chaude et épaisse sur sa langue, cette douce hallucination. Et elle sut ce que c’était, car bientôt elle en serait abreuvée.
Le sang du combat.
Cdte. Jadie Ignita
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03/05/1014 ETU 03:23
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« […] Et je me plais à penser que la religion que prône la Sainte Église est seule véritable & supérieure en regard des autres, en ce que toute religion qui n’adore pas Dieu n’est qu’un crime impardonnable qui ne mérite que le bûcher, & que les autres dévient de la Vraie Doctrine.
En effet, les Commandements Sacrés de notre Seigneur proviennent, selon des sources qui nous viennent des travaux de nos plus éminents chercheurs en archéologie théologique, directement de la Religion Première du berceau de l’Humanité. Certains émettent même l’hypothèse que cette version des Commandements, qui existe dans les textes sacrés de l’Église depuis sa fondation il y a de ça plusieurs siècles, est en réalité la version originale qui aurait traversé les millénaires ! Que cela s’avère juste ou non, il est évident & indiscutable qu’elle est la seule véritable, acceptable & conforme aux Volontés de Dieu par rapport à toutes les autres actuellement en circulation dans la Galaxie.
Je les retranscris ici tels qu’ils ont été transmis par Dieu au premier Patriarche de l’Église & couchés dans la Biblia Vera Fidei :
“Ego sum Aeternale, Omnipotens, Omniscium, Omnipraesens, omnis Ira & Misericordia ; ante alteri deos Ego sum Deus tuus.
Non adorabis idola, nec haeresiam sufferes.
Non invocabor ab te vane.
Non dehonorabis magistros tuos.
Non committes impuritates.
Non mentieris.
Non necabis.
Non clepes.
Non ages.
Deum tuum honora & adora, quia Vitam dedit & reprehendere potest.”
Et, ci-dessous, la traduction de l’Église, en vigueur depuis que la langue écclésiastique fut traduite à l’usage du vulgaire :
“Je suis l’Éternel, l’Omnipotent, l’Omniscient, l’Omniprésent, entier Colère & Miséricorde ; Je suis ton Dieu avant tous les autres.
Tu n’adoreras pas les idoles, ni ne souffriras l’hérésie.
Tu n’invoqueras pas Mon Nom en vain.
Tu respecteras tes supérieurs.
Tu ne commettras pas de choses impures.
Tu ne t’adonneras point au mensonge.
Tu ne tueras point.
Tu ne voleras point.
Tu ne feras point.
Honore & adore ton Dieu, car Il t’a donné la Vie & te la peut reprendre.”
Le Premier Commandement est la réaffirmation du caractère unique & prévalant de Dieu, & l’énoncé de Ses Caractères Primordiaux : Dieu Est, Dieu Peut, Dieu Sait. Le rappel est donné sur Sa capacité à juger toute chose, par Son Courroux ou Sa Grâce.
Mais il possède aussi & surtout un rôle introductif en vue du Second Commandement qui interdit expressément toute adoration d’“idoles” — de faux-dieux, d’autres dieux que le Seul Dieu qui est notre Seigneur. Le mot concernant l’hérésie est un ajout de notre Patriarche actuel, Innocentius XIII, après que le Seigneur le lui ait communiqué en songe ; il est ainsi suffisamment clair que le Fidèle ne doit pas accepter l’hérésie, qu’il doit la détruire partout où il la trouvera sans chercher à s’interroger d’aucune façon.
Le Troisième Commandement se pose résolument contre tout blasphème, mais aussi établit tout serment effectué sur Son Nom comme inviolable en stigmatisant la “vanité” de l’invocation de Son Nom.
Le Quatrième Commandement est, à mon sens, le plus clair d’entre tous, & ne souffre aucun autre éclaircissement(1).
Le Cinquième Commandement peut paraître obscur pour qui n’a pas lu la Biblia Vera Fidei. Je ne pourrai malheureusement détailler tout ce que réprouve Dieu ; la liste serait par trop longue & nous ferait dévier de notre sujet : le doute est impur, la désobéissance est impure, mettre ses doigts dans son nez est impur, &c. Il n’y a de toute façon qu’une chose simple à savoir : ce qui est impur est ce que proscrivent les Lois de l’Église & celles de notre Sainte Théocratie, qui sont ajustées selon ce qui est la Volonté de Dieu(2).
Les trois Commandements qui suivent portent successivement sur le mensonge, le fait de tuer, le vol. Ils portent cependant une nuance subtile que le lecteur ignorant ne saura distinguer, & qui le fera blasphémer en taxant l’Église de dévier de Ses Commandements en purgeant les hérétiques, en s’appropriant leurs biens, en utilisant des pièges pour les confondre. Cette nuance est rendue, dans la traduction, par l’adverbe “point" : là où le “pas” désigne une négation absolue, le “point” n’en est qu’une temporaire ou relative. L’hérésie ne pouvant souffrir nul traitement de faveur, le Seigneur a ainsi choisi de nous mettre à l’épreuve en nous faisant distinguer ce qui est Bon de ce qui est mauvais, ce qui relève du crime & ce qui relève du Juste Châtiment.
Le Neuvième Commandement est l’aboutissement de ceux qui précèdent : cette simple injonction, encore une fois porteuse d’une négation à relativiser, nous dit non pas de nous abstenir de tout, mais de nous abstenir de tout ce qui est mauvais. C’est-à-dire de tout.
Enfin, l’Ultime Commandement s’achève en cycle : le Premier débute par Dieu & l’affirmation de Son Unicité, le Dernier achève par Dieu, notre devoir d’adoration envers Lui, & l’avertissement intrinsèque qu’Il a placé dans la Vie : la Mort peut fondre sur nous d’un claquement de Ses Divins Doigts. On notera le passage à l’impératif, à l’injonction directe qui... [...]
(1)Louons le Seigneur de nous avoir parlé en des termes aussi intelligibles ! Nul ne peut ainsi douter que le supérieur doit être par-dessus tout respecté. L’Obéissance n’est-elle pas une des Cinq Vertus de la Vraie Doctrine de Dieu ? N’est-elle pas parfaite, ne plaît-elle pas davantage à Dieu que lorsqu’elle est aveugle & ne souffre aucun questionnement ?
(2)Je tiens à dissiper cette légende ridicule qui veut que l’Église proscrive la chair. Personne ne trouvera nulle part de proscription ou de mise en impureté de quoi que ce soit qui touche aux plaisirs de la chair, hormis les choses qui entrent en conflit avec les Commandements Sacrés, dans les Textes. Je ne vois là qu’une tentative de diabolisation aussi grotesque que blasphématoire de notre Sainte Église. D’autant que, le bon sens commun nous avertissant que ces choses-là rendent sourd, donnent des maladies, font perdre la Foi, celle-ci n’a de toute manière pas besoin de les proscrire pour que nous sachions qu’elles sont mauvaises. »
Extrait de l’ Étude sur les Textes Sacrés de la Vraie Doctrine de Dieu du Frère Archiviste Theophilius Amadeus, Chapitre Ⅲ — « De Sacra Commendationes. »
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13/05/1014 ETU 04:20
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IN NOMINE DEI VINDICIS
☠♗SANCTA INQUISITIO♗☠
SECRETUM DOCUMENTUM
Rapport de l’enquête No 2201Z54-1F2.
Inquisitor chargé de l’enquête :
Frère Friedriech Gottlieb.
Objet de l’enquête :
Suspicion d’hérésie majeure en Système 13 sur tout ou partie des planètes.
Rappel des faits :
Moi, l’Inquisitor Friedriech Gottlieb, ai reçu l’autorité des mains de Dieu et de l’Inquisitor-Magnus Martellus, à la demande de la Soror Superior de l’Ordo Ignis Sancti Jadie Ignita et indépendamment de la volonté de Sa Sainteté le Patriarcha de l’Église Innocentius XIII, pour mener l’enquête en les Systèmes Nul, 8, 9, 10 et 12, théâtres d’une hérésie insurrectionnelle le 9-Ⅴ-1014 Anno Domini. Les hérétiques ayant causé les insurrections ont été soumis à la Question, et il est apparu que cette hérésie avait des racines bien plus profondes que ce que nous soupçonnions au départ. Mes investigations m’ont conduit au Système 13 pour une nouvelle enquête (cf. rapport No 6256X45-0R7).
Ce 13-Ⅴ-1014 Anno Domini.
Au nom de Dieu, l'Omniscient à Qui rien n’échappe ;
Il s’avère en réalité que les hérétiques des Systèmes Nul, 8, 9, 10 et 12 ont été, à l’origine, contactés par un mystérieux culte en Système 13 nommé Il-Qaballa. Il-Qaballa les a formés, armés, et leur a « révélé ce qu’est la vraie liberté, celle qu[’ils] n’aur[ont] jamais dans cette société fanatisée » (sic). Pour ce blasphème contre l’Église et la Sainte Théocratie de Dieu, le tenant de ces propos a vu sa bouche lavée au savon, puis au plomb fondu.
Deux de mes agents ont infiltré ce culte et ont réussi à passer plusieurs de ses membres à la Question. Ils m’ont rapporté que :
*ces gens sont nombreux et fermement implantés sur chaque planète, dans chaque ville, du Système ;
*ces gens vouent un culte à Iblis, le Démon, en place de Dieu, qu’ils adorent comme « Porteur de Lumière » et à qui ils vouent d’immondes sacrifices, orgies, messes noires (cf. Annexe Ⅰ) ;
*ces gens n’ont jamais mené quelque activité que ce soit avant les insurrections du 9-Ⅴ-1014 Anno Domini, mais ont commencé à galvaniser les populations nouvellement sujettes de la Sainte Théocratie par des discours tentateurs, depuis que leurs anciens propriétaires nous ont cédé les planètes ;
*ces gens sont obsédés par le sang au point d’appeler les batailles de leurs vœux afin d’assouvir leur soif meurtrière ;
Moi, le Frère Friedrich Gottlieb, Inquisitor de Dieu, ai personnellement assisté à ces Questions et atteste de leur bonne tenue et de leurs résultats.
Il apparaît clairement que leur but est de miner la Sainte Théocratie de l’intérieur et de la faire tomber. Fait plus grave encore : plusieurs membres de ce culte sont des prêtres de notre Église, ceux-là même qui mènent directement l’opération de sanctification du Système en vue d’en faire un Système-Temple voué à Dieu — comme le projettent nos dirigeants à l’instigation de la Sœur Supérieure Jadie Ignita. Plusieurs d’entre eux ont d’ores et déjà fait bâtir des églises. L’Archiprêtre de la Basilique Systémique, destinée à recevoir des Reiques en son sein, est l’un d’eux. Le Chevalier-Archevêque en charge de la Planète-tour de garde du Système de même. La Chanoinesse du Couvent Systémique aussi. Ce dernier élément est catastrophique puisque les jeunes recrues envoyées là-bas afin d’être formées risquent de se voir infectées par les germes de l’hérésie.
Une enquête doit urgemment être menée pour déterminer si la corruption s’est étendue plus avant dans nos propres rangs.
Rien n’a pu être tiré quant à l’identité du chef d’Il-Qabballa, pas même une appellation, si ce n’est qu’il demeure quelque part en Système 13.
Sachant donc que :
*ce culte est une hérésie majeure sans précédent qui menace directement et concrètement la Sainte Théocratie, comme les événements du 9-Ⅴ-1014 l’ont montré ;
*ces gens sont extrêmement dangereux ;
*les racines en sont implantées très profondément, au point qu’il apparaît impossible ou presque de les arracher sans brûler le Système ;
*nous ne pourrons plus procéder à la sanctification du Système 13 en vue d’en faire un Système-Temple, ses mondes ayant été irrémédiablement souillés par la tare de la corruption ;
Je recommande donc à leurs Seigneuries l’Inquisitor-Magnus Martellus et la Soror Superior Jadie Ignita :
*de juger ces mondes et leurs habitants Haeretici Maximi, de déchoir le Système de son statut de Sacrum Systema pour le juger Systema Maledictum, et que chaque planète du Système soit faite Planeta Maledicta afin de ne laisser aucun échappatoire aux hérétiques ;
*de décréter la Purgatio Maxima de tout le Système XIII afin de purger l’Univers de toute trace de cette souillure adressée à Dieu par le Feu ;
*d’exécuter ces résolutions dans le plus grand secret afin d’éviter d’alerter les personnes suivantes sur cette affaire gravissime : les membre de l’Il-Qabballa ; les habitants du Système 13 ; nos propres troupes présentes ou non en Système XIII ; l’Église ; les sujets de la Théocratie ; nos co-sectoriels ; la Galaxie ;
*de mener une enquête plus approfondie ;
Selon ce qui est la Volonté de Dieu.
SOLI DEO GLORIA
Cdte. Jadie Ignita
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14/05/1014 ETU 03:19
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(Ce RP post est la suite du post juste au-dessus. Je le dis pour pas se perdre. Ce post précède, chronologiquement, la déclaration de la Charte du Secteur XIII située ici : http://www.apocalypsis.org/assemblee/viewtopic?c_topic=5695&c_forum_page=1
Et le thème musical conseillé : https://www.youtube.com/watch?v=STij8KmsgcI ; bonne lecture et j’espère que cela plaira~)
Médusée. Le rapport l’avait laissée médusée. Le rapport de l’Inquisiteur Friedriech Gottlieb était formel. Le Système 13, son magnifique Système-Temple, était gangrené par la plus noire des corruption. Des adorateurs d’Iblis ! Des adorateurs du Diable ! C’était la plus infâme pourriture à laquelle elle avait été confrontée et elle n’avait aucune raison de douter : l’Inquisition, son Inquisition, ne se trompait jamais sur ces choses-là. Assise sur le fauteuil de la grande salle sombre aux décorations gothiques, elle méditait. Martellus, le chef de l’Inquisition, leur Inquisition, était en face d’elle. Il avait cet air calme et ce petit sourire en coin qu’il arborait tout le temps et partout. Oui, il avait l’air si sûr de lui, ce blond qu’elle aimait à dire ignoble et pourtant si élégant dans sa soutane noire arborant une croix, surmontée d’un œil, frappée d’un crâne ; par-dessus tout si efficace dans son travail.
« Jadie, Jadie, tu sais aussi bien que moi ce qu’il faut faire. Décrète la Purgatio Maxima. Sa Sainteté le Patriarche ne le fera jamais lui-même. Trop timorée. Tout repose entre nos mains ici, et dans ce cas, entre les tiennes. »
Elle se leva et tourna en rond en se rongeant les ongles.
« Mon Système-Temple… mon magnifique Système-Temple… c’est… INHUMAIN ! Ces salauds ne possèdent pas de cœur ! Et tous ces gens, en bas… ces pauvres gens que… tu sais combien il y en a ? Non tu ne sais pas. Je les ai comptés. Oh…
— Des hérétiques. Des nombres. Tu perds du temps. Chaque seconde qui passe voit l’hérésie resserrer son emprise là-bas. Bientôt, toutes les églises, toutes les cathédrales, tous les monastères, les couvents, les chapelles, tous les saints édifices voués à notre Seigneur deviendront des repaires du Mal, et…
— ÇA SUFFIT ! Arrête… »
Le ton était plaintif et il n’osa pas voir son visage. Ça ne lui ressemblait pas. Il décida de lui obéir et reporta son regard sur les holo-torches posées sur les murs noirs en acier, sur les statues de Martyrs en prière, sur l’immense tableau surmontant la cheminée. Les angelots difformes, voletant au-dessus d’une Martyre en armes et à genoux, les croix et les roues d’où pendaient des cadavres d’hérétiques, la lumière crue et blafarde qui descendait sur elle sans caresser les morts, tout cela… l’inspirait. Et le sombre éclairage de la pièce, assuré seulement par les torches et les vitraux… noire et atmosphère propice à l’adoration de Dieu, le Vengeur des Justes, le Tout-Haine. Délicieuse Foi qui plaçait la Mort et la Mortification en tout ce qu’elle concevait…
Pas à dire. Son bureau, se disait-il, était quand même fichtrement bien décoré. Il en devenait poétique.
« Laisse-moi seule, Martellus. »
Ses yeux glissèrent lentement sur Jadie. Elle s’était rassise, prostrée sur la grande table ronde. Jadie l’Enflammée, prostrée… Elle avait vraiment, vraiment besoin d’être seule. Il se leva doucement, se retourna, et marcha d’un pas lent qui faisait résonner le marbre du carrelage en damier noir et blanc ; il ouvrit la lourde porte en bois, sortit sans se retourner et sans un mot, referma. Jadie fut seule.
« Deux cents milliards trente-six millions sept cent quatre-vingt dix-neuf mille huit cent cinquante personnes. Je devrais tuer tout ça. Assassiner tout ça. »
C’était là les âmes qu’elle devait décider de vouer au Feu. Oui, devait ; car c’était son devoir. L’Inquisiteur avait été formel. Ces planètes ne pouvaient être récupérées. Ces pauvres gens étaient, peut-être, déjà tous corrompus. Un devoir et un service qu’elle allait leur rendre. Elle songea à la magnifique planète-tour de garde, au Couvent et à la Basilique Systémiques qu’elle avait elle-même inaugurés dans ce qui avait été déclaré « Système Saint » par Sa Sainteté en personne. Cela devait être un Temple de Foi et d’Adoration qui devait rayonner à travers toute la Galaxie. Son rêve était de voir les pèlerins de tout l’Univers se rendre dans ce lieu sacré, s’émerveiller devant les sombres cathédrales dont les spires s’élevaient si fièrement vers les Cieux obscurcis ; ou encore les immenses statues de Martyrs tout en granit ou en marbre noir ; ou bien les places où flamboyaient quotidiennement de grands bûchers ardents et où, à la tribune, un individu lambda pouvait appeler les passants à se repentir ; ou les rues où allaient de grandes processions congrégatiques… ou même les immeubles d’habitations. Oui ! même cela était artistiquement travaillé dans le plus pur des styles gothiques, en Théocratie ! Et ils auraient admiré les sujets de Dieu qui marchaient humblement dans Sa crainte, tête basse, mine furtive. Rien n’était plus beau que la crainte pieuse du Tout-Miséricorde. Chaque planète aurait eu son Temple dédié à un élément de la Vraie Doctrine de Dieu.
Il-Qabballa avait balayé toutes ces merveilles.
Elle crut entendre une paroi de verre se briser. Un feu se mit à monter en elle-même et la faisait serrer les poings. Oh, elle les haïssait, les haïssait… que ne donnerait-elle pas pour pouvoir les brûler vifs, un par un, et se délecter de leurs hurlements de souffrance, se régaler de leur sang ! LEUR SANG ! Et tous ces sujets de Dieu qui s’étaient laissés abuser ! VOLONTAIREMENT ! Non, aucun innocent. L’innocence n’existe pas. Ils sont tous coupables. Deux cents milliards trente-six millions sept cent quatre-vingt dix-neuf mille huit cent cinquante coupables. Ils doivent mourir. Ils doivent être purifiés pour avoir détruit la sainteté du rêve théocratique. Le sol même doit être purgé. Purgé. BRÛLÉ JUSQU’AU NOYAU ! Elle haïssait ces planètes adorées. Elle haïssait ces gens d’un grand incendie de haine pure et délicieuse, sacrée !
Elle renversa la table dans un accès de fureur et sortit en trombe de la pièce. Ah les petits… HÉRÉTIQUES ! Ils allaient voir ! Le Patriarche dans sa main, la Théocratie dans celle de l’Ordo, RIEN ni PERSONNE ne pourrait s’opposer à la Purgatio Maxima. Elle courut à travers les étages, à travers les rues bondées de la capitale de Sancta Terra où les sujets de Dieu s’agenouillaient devant les statues des Martyrs, arriva en trombe Centre de Commandement du Couvent Supérieur de l’Ordo Ignis Sancti après un dix minutes de course frénétique. Son épée était brandie, son armure rayonnante, ses yeux flamboyants. Elle n’avait jamais été aussi terrible.
« ENVOYEZ UNE FLOTTE BRÛLER LE SYSTÈME TREIZE ! TOUT LE SYSTÈME TREIZE ! »
Cdte. Jadie Ignita
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25/05/1014 ETU 01:14
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« Ce 24-Ⅴ-1014 A. D.
In nomine Dei Omnis Irae.
Cher Journal,
Aujourd’hui je lance mes troupes pour une énième Croisade. Peut-être la sixième depuis que nous nous sommes éveillés aux étoiles. J’en soupirerais presque… non pas que je sois lassée. J’ai besoin du combat. Le combat est quelque chose… d’essentiel. De magique, de magnifique. Le combat est un art. On se perd dans les charmes d’un champ de bataille. Lorsque l’adrénaline afflue en moi je me sens comme renaître, je la ressens se répandre dans chacun de mes vaisseaux sanguins et rien ne peut m’arrêter. RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN RIEN saucisse. MORTIS ANGELUS SUM !
Mon épée est une extension de moi-même. Je répandrai le sang des hérétiques sur l’Autel sacré de la Divinité. Amen.
Je reviens à ma pensée. Lorsque je sens la chaleur du sang sur mon visage, dans mes cheveux, sur ma peau, j’en… frissonne. Le sang est une chause délicieuse, une des plus belles inventions de Dieu. Chose, pas chause, pourquoi ai-je écrit chause… Et ce sentiment profond, ineffable, sublime qu’on est en train de servir Dieu en lui offrant le sacrifice de sa vie, en frappant de Son courroux les méchants… Bref, je ne pourrais jamais me lasser des Croisades, et je prie pour que Dieu ne mette jamais fin à la bataille contre les impies que par ma mort. Et je veux qu’elle soit grandiose. GRANDIOSE !
Mais si je soupire, c’est parce que pour la deuxième fois la Sainte Théocratie a subi une vague d’insurrections. Si je me remémore bien le chiffre, vingt-cinq planètes ont fait défection. Elles seront reprises demain, toutes à la fois. PAR LA FORCE DU FEU ET DE LA PURGE !
LA PURGE !
Cette fois ce ne sont plus des séparatistes corrompus. Ce sont des populations entières qui ont manifesté et tué des prêtres. Je pourrais décréter la Purgatio Maxima de ces mondes, mais le sang des Deux cents milliards trente-six millions sept cent quatre-vingt dix-neuf mille huit cent cinquante pauvres gens que j’ai sur les mains me donne encore envie de vomir. Ma pénitence n’y a rien changé. Je sais que j’ai eu pertinemment raison ; ce… culte, a été détruit, étouffé dans l’œuf. Mais pourquoi, pourquoi… bref. Je ne déclarerai pas la Purgatio Maxima. Ils ne savent pas ce que ça fait, à l’Inquisition. Ce n’est pas en leur pouvoir de décréter une telle chose. C’est le mien et moi seul. Je ne veux pas porter un tel fardeau une seconde fois… l’autre fois, j’étais comme folle. Je me suis effrayée moi-même une fois que je me suis calmée. Peut-être que je devrais vraiment faire quelque chose par rapport à ça… est-ce bien normal de se mettre en colère à ce point ? D’aimer le sang au point de trouver délicieuse la caresse d’une goutte écarlate qui roule sur ma peau chair-de-poulée ?
DEUM MAGNIOR EST
Mais s’ils étaient innocents… pourquoi… je hais le doute… pourquoi alors auraient-ils nui à la Saint Théocratie ? Pourquoi auraient-ils placardé sur les murs des ÉGLISES des slogans antireligieux, des mots d’ordres démocrates ? N’est-il pas merveilleux d’être un sujet de Dieu, soumis à Sa Toute-Puissante Volonté ? Dieu est grand, par l’Enfer ! GRAND ! Ces sales petits ingrats… AUCUN d’eux ne serait là si le Seigneur ne les avait pas créés ! AUCUN ! C’est une honte d’oublier ainsi le sentiment de reconnaissance. Inhumain. Ces gens ne sont pas humains. Pas humains, monstrueux. Monstrueux, impies, hérétiques, mauvais, méchants, blasphémateurs, mécréants, démoniaques, diaboliques. Dieu les hait. Je suis le bras armé de Dieu. Je châtierai pour Lui ceux qu’Il juge dans Sa Colère. Et les monstres du Système 13 ont mérité ma colère. Ils ont mérité ce qui leur arrive. Mérité mérité mérité. Chaque homme, femme, enfant, vieillard, humain, alien, animal, végétal et minéral est souillé et corrompu. Le nettoyage par le Feu est le plus efficace ! Oh, la magnificence complexe, parfaite d’une flamme… Dieu a créé le feu pour que Ses fidèles ressentent les délices de la Purge des hérétiques. Le Feu et le sang sont les plus belles choses qui existent dans la nature, après le Seigneur lui-même.
À qui peut-on attribuer LA FAUTE de ces événements ? Une nouvelle secte ? Celle sur qui nous avons déclenché la Purgatio Maxima ? L’Inquisition m’a bien pointée du doigt certains éléments douteux parmi notre Clergé… mais je soupçonne un mal plus grand encore. Je ne devrais pas. Je ne dois pas. Mais… il faut que je les livre pour en être délivrée. Je les livre ici : je soupçonne le plus haut niveau de l’État. Cette marionnette d’Innocentius XIII.
PLUS JAMAIS ! NE DIS PLUS JAMAIS ÇA, SALE VERMINE, OU JE NE ME CONTENTERAI PAS DE TE FOUETTER LE DOS POUR EXPIER TON BLASPHÈME !
Sa Sainteté Innocentius XIII, donc. Il laisse tout reposer entre mes mains et ce depuis toujours. Jamais initiative. Toujours ce regard morne et vide… que je perçois furtif, parfois. Comme s’il me scrutait. Je lui dois obéissance absolue, je ne dérogerai pas à mon devoir ; sa personne est sacrée et sainte. Je respecterai à jamais et par-dessus tout sa personne. Mes soupçons sont tellement futiles !
Mais Martellus est le seul en qui j’aie pleinement confiance. Martellus… doux ami, mes pensées les plus agréables vont vers toi après Dieu. Tu ne m’as jamais fait défaut. Il faudra que je te sollicite.
Le futur ne me dit rien qui vaille. La Théocratie… es-tu menacé, ô Royaume de l’Éternel ? Je ne l’accepterai pas, même de la part de Sa Sainteté le Patriarche. Je veux tirer cette affaire au clair. Oui, je te ferai appeler demain, mon Martellus.
Pigeon.
Je n’en peux plus d’attendre demain. Quand je descendrai du vaisseau je m’armerai du Lance-Flammes. Je m’emplirai les narines du parfum de bacon de la chair brûlée, les poumons des fumées de choses carbonisées, les oreilles des hurlements voluptueux de mes ennemis. Je saignerai ceux qui se dresseront devant mon épée jusqu’à ce que je sois innondée du liquide écarlate de la vie.
BEAU SPECTACLE EN PERSPECTIVE ! HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA brumoptère.
Soli Deo Gloria.
Jadie I.
P.S. : Je trouve que j’ai fait des progrès dans ma rédaction. Il y a un peu moins d’éléments… bizarres. Je dois continuer mes efforts.
P.P.S. : Il va falloir que je change cette plume. Je l’ai encore tordue en m’énervant sur ma page. »
Cdt. Carole
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01/06/1014 ETU 16:27
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Cela faisait de nombreuses heures que Carole était caché dans la soute d'un VME en route vers le secteur 23, il avait profité d'une livraison de kamikazes pour se dissimuler à l'intérieur de l'un d'eux. Enfin, il allait pouvoir la rencontrer, enfin son rêve allait devenir réalité.
Le "De profundis" était en vue, et Carole avait du mal à contenir son excitation, le vaisseau était immense et la trouver ne serait pas chose aisée mais qu'importe, il avait traversé la galaxie pour la rejoindre, il l'avait manqué de peu en Saint-Secteur et cette fois, il touchait au but.
L'arrimage s'était déroulé sans encombre, après tout, la quasi-totalité de la livraison était attendue, la seule exception étant Carole lui-même qui désirait faire une surprise à l'élue de son cœur.
"Elle va être super contente !"
Ambiance suggéré : https://www.youtube.com/watch?v=TMETa77dUrg
A peine eut-il l'occasion de pénétrer dans le "De profundis" qu'il se mit à courir comme un fou, traversant les immenses couloirs sombres à l'aspect métallique, longeant les vitraux écarlates, il ne s'arrêtait de cavaler que pour reprendre son souffle, affichant sa langue pendante et pointue qu'il ne prenait même plus la peine de dissimuler dans l'effort.
Il changea cent fois de direction sans avoir l'impression de se rapprocher de son but, croisa de multiples statues qu'il observait en toute hâte, dont une femme, dont l'armure était semblable à celle que portait Jadie, agenouillée la main sur une épée dans une posture suggérant la dévotion. Cette vision lui redonna de l'entrain et il se remit à détaler dans les couloirs, avançant au hasard, la langue toujours ballante tandis qu'il bavait sans même s'en apercevoir.
Dans une alcôve, il vit une petite cathédrale et eut une idée, il s'agenouilla alors devant l'autel, et se mit à prier : "Jadie montre-moi la voie !"
A peine ces parole furent-elles prononcées qu'il entendit du bruit en provenance du couloir juste derrière lui, il y vit une femme, reliée par tout un tas de câbles rigolos qui lui évoquait tout un tas d'idées rigolotes, portant ce qui aurait pu être une robe pas très jolie.
"Et toi ! Elle est où Jadie ? C'est joli ici, Jadie sait vraiment choisir sa décoration, ça en jette à mort, mais elle où Jadie ? Hein, elle est où Jadie ? C'est joli Jadie ! Elle est où ici ?"
La techno-sœur le fixait longuement de ses yeux de métal qui émettaient une vive lueur rouge, tandis que Carole trépignait d'impatience en sautillant sur place. Après une attente qui lui parut interminable, elle lui répondit d'une voix d'outre-tombe :
"La Sœur Supérieure est dans le Centrum, où elle assemble les légions de Dieu pour juger en Son mille fois sanctifié Nom les impies et les damnés.
- Cool ! C'est vers ?"
La Sœur pointa un panneau de son doigt décharné.
"Merci M'dame !" Et Carole se remit à caracoler.
Enfin arrivé à destination, il aperçut Jadie, plongée dans l'étude d'une carte holographique, elle enchaînait les ordres et les invectives de sa voix douce dans ce qui devait être le centrum, une pièce gigantesque, bardée de colonnes de métal effilées et menaçantes, fourmillant de délicats angles aigus.
Elle semblait ne pas l'avoir remarqué tandis qu'il se ruait sur elle, avant de se jeter littéralement à son cou, franchissant les derniers mètres d'un bondissement délicat en hurlant :
"JADIIIIIE!"
Cdte. Jadie Ignita
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03/06/1014 ETU 04:23
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(Premier thème musical conseillé : https://www.youtube.com/watch?v=exBYWsI9334&list=PL5E0CBDF186EF4AD8&index=3)
Vaisseau cathédral De Profundis de la flotte de l’Ordo Ignis Sancti, Ier-Ⅵ-1014 Anno Domini. Secteur XXIII. Jadie était dans le Centre de commandement de l’appareil… et sa flamme intérieure était rongée par l’amertume. Elle se tenait devant la table holographique qui projetait les cartes stellaires du Secteur. Ses lèvres étaient pincées. Ses yeux froncés. Son nez retroussé. Ses poings gantés d’acier serrés à lui faire mal. Elle dévorait l’intérieur de ses joues à grands coups de molaires.
« Alors, c’est le début de la fin ? »
Elle en rirait presque. Elle savait que tout allait se terminer. Elle savait où, quand, comment. Elle était prise au piège, mise en cage, et pourtant voyait sa cage. Déjà on lui annonçait une nouvelle insurrection. Vingt-et-une planètes qui se déclaraient « libres et indépendantes du joug tyrannique de l’Église ». Oui, ça avait commencé. Il avait suffi au Patriarche de l’éloigner en Secteur XXIII porter la Croisade contre des ennemis qui n’étaient pas les siens. Elle s’était étonnée ; d’où venait qu’Innocentius XIII lui donnât des ordres, lui qui ne s’était jamais politiquement manifesté ? Lui qui lui avait toujours laissé, à elle, à son Ordo et à l’Inquisition, toute la réalité du pouvoir — qu’ils avaient évidemment su saisir lorsque la conquête de Sancta Terra au nom de l’Église avait été achevée par elle et ses Sœurs du Saint-Feu —, lui qui n’était qu’une marionnette entre ses mains, elle en venait à croire qu’il se laissait faire…
Avec tous les soupçons coupables qu’elle nourrissait à son égard, avec toutes les preuves que son cher Martellus amassait, qui démontraient la corruption galopante de l’Église… elle avait pourtant été forcée d’obéir. « Mon honneur s’appelle Loyauté. » Son honneur… sa cage. Le schéma était simple. Innocentius XIII était la tête de l’Église. Donc une figure sacrée en plus d’être son supérieur théorique. Son esprit se révoltait à l’idée de douter de lui, même si les preuves de ses machinations étaient devenues évidentes. Désobéir aux ordres d’un supérieur sacré… elle n’en était tout simplement pas capable. C’était un crime contre la Foi, contre Dieu lui-même. Si Sa Sainteté voulait lui tendre un piège, ainsi serait-il : elle ne désobéirait pas à ses ordres tant qu’il serait à la tête de l’Église. Son seul réconfort résidait dans sa destruction, soit par lui-même, soit par des forces extérieures. Dans tous les cas elle n’irait pas seule à la Mort, et ce ne serait pas elle qui brûlerait dans les Feux éternels de la Géhenne.
Ainsi, alors que la plupart des Ordines se rangeaient aux côtés du Patriarche traître et embrassaient le culte d’Iblis, elle savait que le seul Ordo sur lequel elle pouvait compter était le sien propre. Et l’Inquisition. Martellus lui était fidèle. Martellus était son ami… peut-être même plus que son ami, pensa-t-elle dans une fraction de seconde d’abandon. Elle l’avait fait venir en hâte en Secteur XXIII, lui et toutes les forces spéciales de l’Inquisition. Et toutes ses Sœurs du Saint-Feu, toute la flotte de l’Ordo Ignis Sancti. La jonction serait bientôt faite ; ils attendraient leur sort de pied ferme. Oui, plus qu’à attendre la Mort, la glorieuse Mort qu’ils bénissaient tant, tués par leurs propres frères qui s’étaient écartés de la Voie de Dieu.
D’un coup, elle explosa dans un sursaut de colère, de révolte. Si fin il y avait, alors elle serait FLAMBOYANTE !
« VOUS PENSEZ QUE NOUS ALLONS FINIR COMME ÇA ⁈ Nous sommes le BRAS ARMÉ de Dieu, par l’Enfer ! Les traîtres hérétiques vont venir nous cueillir comme des roses, hein ? MES SŒURS ! Nous allons leur montrer QUE LES ROSES DE DIEU ONT DES ÉPINES ! »
Et elle se mit à donner des ordres comme une furie. Il fallait atterrir et installer une base dans le Système du Secteur XXIII où ils se trouvaient. Il fallait que leurs attaquants s’opposassent à une forteresse, à un mur de feu. Prévenir Martellus. Apprêter toutes les armes, tous les vaisseaux, toutes les unités au sol. Honorer Dieu et prier. Dresser une église en Son Nom. Tomber, mais tomber dignement. Elle tempêtait, et tempêtait, et tempêtait comme une furie…
(Coupez la musique, changez et… riez ! https://www.youtube.com/watch?v=xCzOvDWccPs)
« JADIIIIIE ! »
QUELQUE CHOSE LUI SAUTA AU COU ! Hurlement de surprise jadiesque. Grand coup de poing ganteletté dans la mâchoire de la chose qui l’attaquait. Qui s’effondra à terre mais chargea de nouveau pour s’accrocher comme une sangsue. Cette voix, ce delirium… oh non, pas lui !
« CAROLE ! MONSTRE ! VIOLEUR ! PERVERS ! LÂCHEZ-MOI PAR L’ENFER ! QUE QUELQ’UN LE FASSE LÂCHER ! »
Quatre Sœurs soldates se mirent sur les deux êtres antagonistes pour les séparer, causant un chahut terrible. La situation était au comble du ridicule. Tous deux lançaient des imprécations délirantes, l’un fou d’amour, l’autre folle de rage ; et les mots doux de Carole se mêlaient aux insultes de Jadie.
« Maîtresse Jadie !
— LÂCHEZ-MOI SALE MONSTRE !
— Tes réprimandes sont comme des milliers de cailloux…
— ALLEZ À IBLIS !
— … brûlants !
— DÉGÉNÉRÉ !
— Soyons liés pour l’éternité !
— JAMAIS !
— Le contact de…
— … LÂCHEZ-MOI OU…
— … votre douce peau…
— … JE VOUS BRÛLE !
— … me remplit d’émoi !
— VADE RETRO, PERVERTUS !
— Ne me soumets pas à la pâmoison et délivre-Moi ta tendre étreinte.
— NOOOOOOOOOOOON ! AIDEZ-MOI BON SANG ! »
Et enfin, les quatre Sœurs parvinrent à faire lâcher Carole — force obligeant, ils allèrent s’écraser dans une pile de caisse qui s’effondra sur eux. L’équipage se retenait de sombrer dans un fou rire : la situation était abominablement drôle, mais Jadie avait une épée à la main et n’avait jamais été aussi furieuse. Celle-ci restait interdite, tremblante et rouge comme une tomate, l’œil injecté de sang, les dents serrées au point de grincer, les poins cramponnés à son épée et un grondement sourd émanant de sa gorge. À tout instant elle pouvait exploser, elle allait exploser ; elle explosa.
« SORTEZ-MOI CE TRUC ! Coupez-le EN MORCEAUX ! BRÛLEZ-LE ! Jetez-le DANS L’ESPACE ! Faites-en ce que vous voulez mais JE NE VEUX PLUS LE VOIR ! »
Et tandis que les gardes raccompagnaient Carole à son transporteur — le pauvre tendait d’ailleurs les bras vers elle en poussant des gémissements éplorés —, Jadie mettait le Centre de commandement à feu et à sang, abattant son épée sur les ordinateurs de bord au grand dam des Techno-Sœurs qui tentaient de la retenir, hurlant, vociférant, braillant au point de s’égosiller. Au bout d’une demi-heure de tempête elle tomba d’épuisement, cracha une glaire ensanglantée de s’être râpée la gorge.
Elle ne lui dirait probablement jamais — peut-être qu’elle ne le savait pas elle-même —, mais Carole avait au moins eu le mérite, avant ce qui serait sans doute sa dernière bataille, de la distraire un moment de sa fatalité.

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