Un million.

C'était le nombre de personnes mobilisées pour cette mission.

Un énorme croiseur de la fédération impériale d'Ornald, le Regulus Aurum, approchait.

Excaela était en vue.

Des lueurs écarlates, partout sur la planète, étaient visibles depuis l'espace. Les officiers à bord les observaient d'un air effaré.

A peine une semaine s'était écoulée, et ce monde était déjà tombé.

Tout avait été très rapide. Une attaque généralisée de brigands avait paralysé les défenses de la planète, et les communications avaient été coupées.

Une semaine plus tard, la contre-attaque arrivait, mais en terrain inconnu.

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L'Amiral entra dans la pièce. La lumière tamisée suffisait à offrir une vision correcte.

Kensei, fameux Bushi d'Ornald, était attaché et suspendu dans un champs de force. Il ne pouvait faire aucun mouvement. Un casque recouvrait l'intégralité de sa tête.

Il parla, sa voix allant résonner dans la salle toute entière.

Kensei afficha un sourire narquois. La raison de son enfermement était simple: Avoir lutté contre la mise en place d'un projet fou, créer une créature mi-organique mi-synthétique douée de conscience capable de prendre le contrôle d'une planète.

Il tenta de saboter le projet.

Accusé de terrorisme, il fut enfermé durant plusieurs années. Son amitié avec l'Empereur Ardanius lui évita la peine de mort.

Il n'était pas particulièrement heureux que ses prédictions se soient révélées exactes, mais l'ironie de la chose avait eu pour effet de l'amuser.

Kensei était à la fois un cyborg et un bushi, un combattant au sabre. Le marché était simple, libérer la planète, et être gracié.

Des soldats entrèrent dans la salle. Le champs de force se désactiva et Kensei tomba au sol. Les armes furent pointées sur lui. Une combinaison de combat lui fut donnée, il l'enfila rapidement.

Il fut escorté jusqu'au hangar du croiseur, là où un petit vaisseau rouge et noir attendait, un kamikaze. Le cockpit s'ouvrit, et l'amiral le regarda.

Kensei entra dans l'appareil et s'assit, tandis que le cockpit se referma. Le peu d'espace laissait juste la possibilité de s'asseoir ou de s'allonger. Son sabre et plusieurs armes étaient à côté de lui.

Le kamikaze décolla et partit du croiseur, en même temps que des milliers d'autres, venant de différents vaisseaux qui composaient la flotte en orbite autours d'Excaella.

Le million d'unités kamikazes formait un essaim dans l'espace et se rapprochait de la planète, petit à petit.

Kensei s'allongea et ferma les yeux, en profitant pour méditer, avant que les anges de fer ne viennent à s'écraser sur le jardin d'Eden.

Le kamikaze entrait dans l'atmosphère. Kensei pouvait déjà discerner les villes. La vitesse de l'appareil était ahurissante. Vu d'en bas, ce devait être une boule de flamme.

Quand il fut à distance adéquate du sol, une petite alarme retentit et le cockpit se décrocha. Il se mit à chuter, mais moins rapidement que le reste du vaisseau.

Celui-ci vint s'écraser sur le centre de recherches, causant un certain nombre de dégâts. Kensei sentit sa nacelle chuter, et deux minutes plus tard elle s'écrasa au sol, amortie par un réacteur à gravité inversée.

Quand elle s'ouvrit, il descendit lentement, récupéra son sabre et les diverses armes dont il disposait. Il enfila son casque. Son regard se porta autour de lui.

Le centre de recherche était légèrement isolé, bordé de forêts, et l'on pouvait voir d'immenses paysages urbains à plusieurs kilomètres. Des tours géantes se distinguaient notamment.

Des milliers de points apparurent dans le ciel et le déluge de feu s’abattit dans toutes les directions comme l'explosion d'un millier de soleil.

Kensei se retourna et observa le centre de recherches. Les défenses avaient été neutralisées, du moins celles de l’extérieur.

Partout sur la planète, des soldats devaient déjà se battre contre les défenses automatisées, ce qu'il restait des brigands, ou protéger ce qu'il restait de la population. Il devait faire vite.

Quand il pénétra dans le complexe, la lumière lui permettait à peine une vision correcte. Il tenta de faire le moins de bruit possible. Son armure camouflait la chaleur qu'il produisait, mais il n'était pas invisible.

Il progressa, n'entendant d'autre bruit que celui des ordinateurs encore en marche et de quelques alarmes.

Il arriva à un couloir. En le traversant, les bruits cessèrent peu à peu. Bientôt, il n'entendit plus que le bruit de ses pas.

Sa vision s'était adaptée au noir. Il vit mieux.

Kensei ouvrit sa main droite. Un cercle dans celle-ci créa un champs gravitationnel, ce qui eut pour effet de dévier les projectiles. Les trois androïdes de défense devant lui continuèrent de tirer pendant qu'il approchait en courant. Il en trancha un en deux, coupa les jambes du deuxième se mit à couvert. Il dégaina une arme de poing automatique et mitrailla le dernier avant que celui-ci ne fasse quoi que ce soit. Enfin, il s'approcha lentement et tira dans la tête de l'androïde au sol.

Lançant un regard tout autours de lui, il décida de continuer.

Il avança en marchant vers la salle principale et pénétra dans celle-ci.

La lumière s'alluma petit à petit, laissant voir une pièce de plusieurs centaines de mètres de haut, et de large.

Une voix féminine résonna dans toute la salle.

C'est exact. Au vu de ce qu'il s'est passé sur cette planète, je pense que mon opinion n'était pas si infondée.

Il chargea rapidement, évitant des tirs de tourelles de sécurité grâce au disque dans sa main droite. Il se cacha derrière des conteneurs et réapparu pour tirer sur les deux tourelles, qui se désactivèrent.

Il approcha rapidement de la machine, et la vit. Excaella.

Un énorme ordinateur. Il tira dessus.

Kensei activa une vision infrarouge et fit en sorte de voir l'unité centrale de la machine. Il planta son sabre à l'endroit précis de la carte mère.

Une explosion survint, mais Kensei resta accroché au manche de son sabre. Il sentit de l'énergie venir en lui.

Il se sentit absorbé, des nanomachines... Il sentit son corps changer au plus profond de lui-même.

Quand il sortit du complexe, il avait changé. Son corps était devenu mi-synthétique, mi-organique. Contrairement à Excaella, il était né "naturellement", mais à présent, il ne savait plus trop ce qu'il était.

Il observa les alentours de ses yeux, devenus écarlates et parcourus de milliers d'éléments mécaniques.

La plupart des bâtiments fumaient. Les paysages étaient dévastés. Mais contrairement à quand il était arrivé sur la planète, plus aucun bruit n'était. Le silence régnait.

Il resta là, pendant quelques minutes, jusqu'à ce qu'une escouade n'arrive, avec à sa tête Zuu, l'élève de Kensei.

Il se tourna vers elle, et la fixa droit dans les yeux. Interloquées, elle ne fit aucun commentaire.

La discussion avait été longue, intense, mais claire.

Kensei alla à un balcon, et observa l'horizon, avant que Zuu ne le rejoigne.

Kensei et Zuu levèrent leurs yeux vers le ciel, vers les centaines de vaisseaux de transport qui affluaient déjà vers Excaella, puis vers les tours en reconstruction. L'Empire du Soleil Rouge était né.

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Et l'Homme dit "que la lumière soit" et peu à peu, le premier des mondes devint enveloppé de chaleur, de magnétisme, puis au final de radiations.

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L'immense station spatiale offrait un spectacle lumineux et assombrissant dans plusieurs milliers de kilomètres aux alentours. Achevée depuis quelques cycles, elle abritait déjà des milliards d'âmes, et devenait progressivement un centre névralgique pour le secteur IV.

Comme une machine gigantesque, tout s'était mis en place et fonctionnait à présent, du moins, dans cette partie de l'espace intersidéral.

Un énorme vaisseau venait de s'amarrer, revenant de Téthys, une planète aride gigantesque dans le secteur IV, où des milliers de ruines énormes étaient visibles sur cette planète presque sans vie. Une civilisation technologiquement extrêmement avancée mais n'ayant paradoxalement pas développé les voyages spatiaux y avait probablement prospéré des millénaires plus tôt, mais elle avait disparu, ce qui provoquait depuis de nombreux cycles un engouement majeur pour l'archéologie.

Plusieurs équipes débarquèrent et furent acheminées dans d'immenses véhicules jusqu'à la partie numéro trois de la station, le centre de commandement.

Les responsables de l'Empire du Soleil Rouge ainsi que l'empereur Kensei lui-même regardèrent arriver trois archéologues, qui déposèrent un enregistrement au centre de la pièce, l'air grave.

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Des milliards de véhicules à roue, probablement des chars, avançaient en même temps vers une gigantesque masse métallique, une ville cybernétique. A chaque fois que les véhicules se heurtaient aux machines, une explosion incommensurable avait lieu. Les alentours semblaient verdoyants, mais ravagés par le conflit.

Des centaines d'aéronefs avançaient, tiraient, et se faisaient systématiquement détruire par les tourelles laser de la ville-machine. Il s'agissait là probablement d'une singularité technologique effectuée par des êtres organiques.

Le plan changea, on vit alors des villes entières détruites par une colonisation intensive d'infrastructures cybernétiques.

Le plan changea encore, il s'agissait cette fois d'une réunion diplomatique ou politique. Il semblait que plusieurs nations discutant, bien que la langue et l'écriture furent incompréhensibles quelles qu'elles soient, même aux anthropologues les plus qualifiés. Un homme annonça quelque chose et des milliers d'autres se levèrent, applaudissant, un sourire enjoué aux lèvres.

Des hangars de plusieurs kilomètres s'ouvrirent, dans une région visible éloignée. D'immenses bombardiers d'une technologie inconnue s'élevèrent alors en sortant de ceux-ci, et parcoururent le ciel dans un bruit sourd.

Un enregistrement fait visiblement par un amateur les montrait survoler une immense cité et, des centaines de kilomètres plus loin, larguer des bombes de taille inimaginable, ravageant le paysage dans un bruit sourd et terrifiant.

Les bombardiers s'écrasant lourdement aux quatre coins de ce qu'il semblait rester de la planète. Des hôpitaux bondés de milliers de personnes agonisantes. Des centaines de camps de réfugiés où les machines n'avaient même plus à s'occuper des survivants, qui revenaient à la barbarie. Un monde dont toutes les ressources avaient été épuisées pour la guerre, et dont le sol avait été rendu stérile par les bombes. Des silos hyperatomiques qui s'ouvraient, et qui larguaient les bombes non-pas dans l'espace mais sur la planète elle-même.

Au final, le dernier enregistrement montra un homme marchant dans un désert sans fin et couvert de ruines. Il se filmait lui-même, dans un état cadavérique, et tenait un étrange objet dans la main, prononça quelques mots incompréhensibles, s'approcha d'un bâtiment énorme, et éteignit l'enregistrement.

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Dans l'immense salle, un silence morbide régnait durant quelques secondes, avant que des murmures ne soient audibles.

Kensei avait les yeux fermés. Quand il les ouvrit, ses iris écarlates se posèrent sur l'archéologue. Il parla d'une voix calme mais ferme.