J'étais excitée. Je venais de parcourir la galaxie pour atterrir sur une planète que mon père venait de m'offrir pour mes 30 ans. Quelques conseillers m'accompagnaient.

Lorsque le vaisseau atmosphérique se posait dans le spatioport de la capitale, un sentiment de fierté m’envahissait. Je descendais, prête à me faire acclamer par la population et à prendre possession de l'ancienne assemblée gouvernementale (la planète s'était endettée à un tel point que mon père avait dû arriver en sauveur pour la racheter).

Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'une délégation de protestataires m’accueillirent aux cris « Non aux réformes despotiques » et autres « A mort la guilderie capitaliste ! » Peu de gens de mon nouveau peuple avait fait le déplacement pour venir me voir, et ceux qui s'étaient déplacés, venaient de gâcher ma fête d'anniversaire. Un profond sentiment de frustration et d'injustice m’envahit toute entière. Je laissais tomber le discours que j'avais mis plusieurs jours à préparer avec amour pour mon peuple. Ils allaient voir ce qu'ils allaient voir... et je marchais alors d'un pas décidé vers le bâtiment de l'ancienne assemblée, le visage déformé par la rage.

Dans les mois qui suivirent, les impôts s’abattirent sur le peuple, surtout parmi les couches populaires. Ces impôts servirent à construire un nouveau bâtiment officiel plus prestigieux, afin d'y abriter le Conseil Consultatif de Géla et les appartements de la Despote, de renforcer les mesures de sécurité à travers toute la capitale, alors que les campagnes et les autres cités à travers les autres continents étaient laissées à l'abandon. La production chuta, et ce qui sortait était stocké pour les besoin de la capitale. 2 mois suffirent pour voir la première révolution se mettre en marche. Rien ne fut fait pour les stopper. Si bien qu'ils furent près de 600 000 personnes à se rassembler sur la place centrale du Conseil. C'est à ce moment-là que les forces de l'ordre et l'armée bouclèrent la place et se mirent à tirer sur la foule. « Maudit peuple d'insatisfaits chroniques. Je vous vomi. » s'exclama la Despote Gomez qui observait la scène du haut du bâtiment officiel.

Les cris, la fumée, les pleurs et les tirs se poursuivirent toute l'après-midi. Quand enfin, les accès furent débloqués, on pouvait compter des centaines de milliers de morts parmi les manifestants. Une réunion de crise se déroula à quelques centaines de mètres de la place afin de comprendre ce qu'il venait de se passer.

[to be continued]

Le Conseil Consultatif semblait agité et de nombreuses conversations se faisaient entendre, quand bien même la Despote venait d'entrer et de prendre place.

"Silence" dit-elle doucement

Certains membres du Conseil se turent (les plus proches), mais les autres continuaient soit de s'inquiéter, soit de se fâcher sur les conséquences, soit d'argumenter sur les solutions à trouver.

La Despote Gomez se leva et cria

"SILENCE!!!!" et le silence se fit. tout le monde se tournant vers elle.

Pour contrer ces mesures impopulaires, vous allez mettre en place les jeux du cirque et des paris auront lieu à l'intérieur sur l'issue de combats. cela les amusera et nous pourront ainsi voir comment ces agitateurs se défendent une fois dans l'arène." un silence de mort s'abattait sur l'assemblée des conseillers. Au bout d'une minute, un certain Ed Ribinsky se leva pour demander la parole qui lui fut accordée.

ER : "Chère Despote de Géla, Commandante en chef de la Flotte, Chevalier des Sciences de l'Université Alpha, j'aimerais évoquer avec vous un point crucial (silence) Le genre de mesures que nous allons prendre ne va pas contenter la population gélienne. Si vous le permettait, j'ai de très bons amis géliens d'origine et je peux vous dire..."

SG : "Merci de rappeler mes titres Ed, mais pas de ça au sein du Conseil. Nous nous connaissons tous et sommes issus des meilleures familles. Réservons cela lorsque nous sommes en présence de la masse. Vous dites donc que mes mesures ne sont pas suffisante ? Soit. Dans ce cas, baissez les impôt, distribuez des bonus, faites gagner des voyages, ouvrez des salles de jeu en plus du cirque et des combats de gladiateurs. Du pain, de l'or et des jeux et nos moutons seront bien dociles. J'ai d'autres chats à fouetter que de m'occuper de ces ingrats !"

Le ton donné signifiait que la réunion était close. Une réunion stratégique l'attendait avec les principaux généraux de Géla et Angelika ne souhaitait pas la remettre à plus tard. Dehors, la révolte avait été étouffée, mais la colère grandissait. Même si le gouvernement précédent avait fait banqueroute, il avait été assez prodigue en terme de libertés et le peuple s'y était habitué.

L'eau chaude coulait le long de son dos, la vapeur envahissait la salle de bain. Ses doigt caressaient de savon ses bras et ses épaules, Angelika toucha un instant la peau un peu au dessus de son sein gauche, une légère douleur se fit sentir. Elle repensait à la semaine précédente lorsqu'elle avait reçu une balle à cet endroit, tirée par un terroriste embusqué sur le continent d'Opalia.

Le précieux liquide réchauffait son être. Elle n'était jamais aussi bien que lorsqu'elle était nue et c'était le meilleur moment pour réfléchir sereinement. L'eau chaude était infiniment plus agréable que les soniques, qu'importe si cela pouvait passer pour du barbarisme.

Les cycles s'étaient succédés ainsi que les problèmes. Les nouvelles mesures n'avaient pas tout à fait donné entière satisfaction, d'autant que certaines régions réclamaient une part d'autonomie et empêchaient de mettre en place certaines des réformes entreprises. L'heure était venue de mettre en place une nouvelle forme de féodalisme. Prendre le contrôle total de cette maudite planète ne serait pas pour demain.

Puis elle repensa à un évènement récent. La rencontre dans la taverne des cyborgs avait été intéressante. Il y avait bien sûr cette étrange femme, Inoxia qui commandait à ces z-borgs. Il était vraiment étrange le sourire qu'elle avait arboré pendant leur entretien. Angelika pensait qu'un nouveau petit convoi de déportés ne serait pas de trop.

Et puis il y avait Ahn... troublant... un homme barbare certes, mais qui semblait vouloir transcender et s'adapter à la modernité. Pourquoi depuis cette rencontre n'arrêtait-elle pas de penser à ce Ahn...

Nouveau cycle, nouvelles décisions. Depuis son arrivée, elle n'avait eu presque que des décisions difficiles à prendre avec ce peuple remuant.

Lorsqu'elle franchit les larges portes du Conseil, les conversations se turent. Tous les futurs dirigeants de région avaient fait le déplacement jusqu'à la capitale et se trouvaient assis autour de la table, en présence du Conseil Consultatif.

Ed Ribinsky : "Despote Gomez, Commandante de la flotte de Géla."

Angelika Gomez : "Merci Ed, Bonjour à vous tous. Si je vous ai fait venir de chacune de vos contrées, c'est pour vous octroyer des pouvoirs élargis. Cependant (elle marqua une pause pour les observer chacun leur tour) je compte sur vous pour ne pas dépasser une certaine limite au niveau autonomie. Avec le titre que je vais vous accorder, vous détiendrez l'autorité sur chacune des 30 régions de Géla. Vous devrez administrer votre région en essayant de punir le crime et d'éviter autant que faire se peut la corruption. Chaque mine et chaque centre de production devra être entretenu à vos frais, nous prendrons en charge les infrastructure d'acheminement. Des question ?"

Adolf Traoré : "Bonjour à vous bienaimée dirigeante. Je suis Adolf Traoré, votre vassal dans la région de Grédel. J'aurais aimé savoir comment seront divisées les milices et l'ancienne armée ?"

A. Gomez : "Vassal Traoré, les milices locales passeront sous le contrôle de chaque dirigeant de région, quant à l'armée, elle sera pour moitié contrôlée par mes soins et pour l'autre moitié répartie au prorata de la population dans les régions."

Une autre dame rousse lève la main. La commandante Gomez lui fait signe de s'exprimer.

Aicha De Wilde : "Bonjour à vous bienaimée dirigeante. Je me prénomme Aicha de Wilde, dirigeante de la grande région de Salmur. Je tiens à exprimer ma plus sincère opposition à cette histoire de répartition de l'armée. Ma région étant la moins peuplée car la plus septentrionale, je pense qu'il serait plus juste de répartir l'armée selon la taille des région."

A. Gomez : "Vassal De Wilde, je comprends votre sentiment, mais avec votre proposition je vais mécontenter à leur tour les dirigeants des petites régions en taille. Ma décision est irrévocable car elle est équilibrée."

Une ombre passa sur le visage du vassal De Wilde, qui ne semblait pas apprécier la réponse.

Jorgen Richardson : "Vassal Richardson, mes respects Suzerain Gomez. Je suis désolé, mais mon temps m'est compté, si vous voulez bien signer ces fichus papiers, sauf votre respect, qu'on en finisse et que chacun puisse retourner dans sa région pour l'administrer."

Un silence pesant s'abattit alors dans la pièce. Les regards de la Despote et de son vassal se croisèrent dans un instant de défi.

Angelika Gomez : "Soit V a s s a l Richardson. Finissons-en rapidement, j'ai moi-même d'autres chats à fouetter. Ed, passez-moi les papiers officiels et finissons-en." elle ne lâcha le regard de Jorgen Richardson que lorsqu'elle signa les fameux papiers officiels.

Le reste de la réunion se passa rapidement et les dirigeants de région partirent peu de temps après, sauf Ed Ribinsky qui s'était vu attribuer la région de la capitale. Un silence de mort régnait dans la salle du Conseil. Quand tout à coup, Angelika d'un geste violent envoya valser par terre tous les stylos, papiers et autres insignes présents sur la table en face d'elle :

Ed Ribinsky : "Despote, je vous avais prévenu. Dans sa région, il est très populaire et le peuple le suivra, mais il a un caractère plutôt indépendant et ne reconnaitra jamais votre autorité."

A. Gomez : "Qu'il aille au diable dans sa région de bouseux débiles. Je ne veux plus avoir affaire à lui directement. Vous lui enverrez des messagers. Tant que sa région reste fertile, que les impôts rentrent comme ils doivent et que ses paysans restent dociles, tout ira bien. Mais si ce n'était pas le cas, je vous garanti que je lui réserve un départ en esclave de première classe pour les nouvelles colonies du Commandant Veshaï Tok Ahn !! Bien, qu'avons-nous d'autre à régler aujourd'hui Ed ?"

La région de Sera était rentrée en rébellion et avait réussi à entraîner tout le continent avec elle. La réforme du gouvernement avait été une catastrophe. Le féodalisme n'était absolument pas adapté pour ce peuple. Ce Jorgen Richardson avait entraîné autour de lui plusieurs dirigeants de région vassaux et maintenant il allait falloir monter une expédition punitive. Mais en attendant, il fallait de nouveau réformer le système en place.

Ed Ribinsky : « Ecoutez Despote Gomez, nous disposons de 3 options, les autres ayant échoué. Soit vous renforcez votre emprise sur la société en déclenchant une tyrannie personnelle. Mais je crois que les géliens y sont hostiles. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils vous ont fait mauvais accueil lorsque vous êtes arrivée. D'un autre côté vous n'aurez de comptes à rendre à personne. Ensuite, il est possible de mettre en place une théocratie. Cela existe dans d'autres secteurs je crois, mais les géliens ne sont presque pas religieux, ceci risquerait d'entrainer de nombreux troubles inutiles au vu de la situation. Enfin, nous pouvons mettre en place un semblant de république. Bien sûr, il y aura des élections... »

Angelika Gomez : « Ce qui veut dire que je risque de perdre le pouvoir. »

Ed Ribinsky : « Hum... il suffit de présenter votre propre représentant, de structurer un parti solide, d'utiliser les médias pour la propagande et de beaucoup promettre. Cela ne devrait pas être un problème pour les premiers mandats. »

Angelika Gomez : « Bien, je crois que je n'ai pas le choix. Informez les autres commandants du secteur 16 que Géla est désormais une république. Cela ne m'enchante pas, mais au moins nous gagnerons un peu de lustre diplomatique et peut-être de stabilité intérieure. »