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L'épopée onirique

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Cdt. Carole
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23/06/1014 ETU 15:07
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Ambiance conseillée : https://www.youtube.com/watch?v=z1YYzQ66je4
Je fus happé par le sommeil, cerné par les limbes, je nageais dans l'obscurité d'une agréable quiétude. Mais le changement était tout près, et bien que le temps semblait ne pas avoir cours ici, l'avenir arrivait, inéluctablement, sereinement, il me provoquait car je ne pouvais le fuir. On me condamnait déjà à partir.
Elle me prit par surprise, une gigantesque main plongea sur moi, déchirant la pénombre, elle m'emporta vers les cieux et tandis que je tentais vainement de me débattre, elle resserra sa prise et mes côtes se broyèrent dans un craquement. En quelques instants aveuglé, endolori, assourdi par le bruit de ma souffrance, j'étais emporté toujours plus haut, incapable de lutter, incapable de choisir, arraché à mon royaume par la plus abjecte des aberrations.
Les paysages se mirent à défiler, grotesques changeants se pâmant de leurs différences mais obéissants aux mêmes lois sans même s'en soucier, celles-là mêmes qui me condamnaient, me maudissaient et m’emportaient.
Le monde-machine s'offrait à moi, avec ses régularités routinières, ses mécanismes rutilants, ses lumières aveuglantes et ses teintes ocres et grises.
La vie se remplissait d'automates, pantins que le désir avait substitué à l'âme, mais je les connaissais déjà.
La canopée lui succéda et avec elle un autre vacarme, celui de la verdure, de la vie mue par une insouciance coupable, et je jalousais cette inconscience sereine qui dédaignait mon tourment.
Je montais toujours.
J'oubliais peu à peu cette main qui m'enserrait, habitué à respirer par mes poumons perforés, je continuais d'avancer sur ce chemin qui m'était imposé, à la recherche d'autre chose à haïr. Ce fût un train qui m'offrit la réponse à une question que je ne me posais pas.
« Si tu cherches ailleurs, il te suffit d'y partir »
Il m'invitait à prendre place à son bord et m'installait près d'une vitre alors que le paysage s'enfuyait derrière moi à vive allure, mon voyage se poursuivait, suivant la monotone impression de la découverte.
Durant un moment qui aurait pût durer une éternité, un massif cheval de colère côtoyait ma route. Colère noire, bouillonnante, lancée au galop, elle hennit, qu'importe la direction. Écrasante, réduit en bouillit ce qui peut l'être, crachant par ses nasaux un souffle chaud sur tout ce qui se trouve face à elle. Le temps ne passe plus, elle va plus vite. La colère se meut, la douleur la nourrit, elle ne la sent plus, elle crée, formant une boucle s'accélérant sans cesse. Elle ne s'arrêtera pas. Ceux qui tenteront de la stopper sont déjà derrière, piétinés et agonisants, quand à ceux encore devant, ils ont oublié leur tâche, figés d'effrois.
Elle continue, écrase, et chaque instant la rend plus forte, plus rapide. Elle court vers le bout du monde en se rependant sur le chemin, elle espère y tomber. S'arrêter, impossible. L'arrêter, inconscient. Il ne reste plus qu'à attendre qu'elle tombe ou s'oublie.
Elle me dépasse bientôt et je reprends ma contemplation des scènes qui se déroulent sans que je puisse intervenir, sans que je n'y ai ma place. J'aperçois alors un être, dans un improbable escalier, perdu dans une chute sans fin, il rit de son inextricable mésaventure, conscient du burlesque de situation et je partage son hilarité, le rire était tout ce qui lui restait et il trouvait ça drôle.
Je me rapprochais peu à peu de ma destination provisoire, les paysages inconnus se faisaient de plus en plus familiers, et je tombai brutalement sur le sol, le train avait disparu, et s'enfuyait vers l'horizon dans un cliquetis régulier.
J'arpentais alors de vastes landes, pressé de découvrir ce que je faisais en ce lieu, car le temps, encore lui, m'était conté, et avec lui ses règles, ses impératifs de changement, de déclin, de disparition, de renouveau... Étrange que ma raison, par peur de l'échéance, m'impose l'empressement car seuls les plaisirs les plus fugaces s'en trouvait permis. J'avais enfin trouvé un nom à la main qui me manipulait, mais l'introspection était une perte de temps et l'immense trotteuse qui résonnait dans le ciel m'obligeait à continuer.
Le lieu où je me trouvais semblait être celui de la couleur, de nombreux buissons aux fleurs multicolores m'indiquait la voie de leurs manières affables, les plantes carnivores me saluaient, immobiles, de leurs sourires dentelés, et je faisais bientôt face à un immense visage de granit, déversant de sa mâchoire entrebâillée des torrents d'encres colorées, se diluant sans se mélanger, magnifiques volutes aqueux.
Je demeurais longtemps accroupis là, dans le loisir de la contemplation placide, et les éclaboussures coloraient mes vêtements, me marquant à jamais de cette atmosphère qu'il m'était dorénavant défendu d'oublier.
Mais l'avenir se rappela à moi, lorsque la trotteuse céleste s'arrêta le glas résonna. Immédiatement, l'environnement s'enfuit, se condensant, rapetissant, et disparaissant en une lointaine tête d'épingle, me laissant seul, être de couleurs dans la grisaille environnante.
Je me sentis envahit d'un sentiment de factice, tout ce qui m'entourait semblait n'avoir aucune substance. Jusqu'aux informations sensorielles, qui me renvoyaient la sensation nouvelle que l'univers avait perdu sa saveur sans pour autant que cela sembla inhabituel, paraissant de l'ordre d'un simple état de fait. Le toucher était empoussiéré, la douleur étrangement lointaine, je ressentais un appétit insatiable d'extase des sens, ou espérait leur contentement qui faisait défaut, rien d'agréable ne sublimait. La contingence de l'absolu avait prit corps depuis des temps immémoriaux, mais seul mon regard, alors ressenti comme neuf et limpide me faisait voir cette vérité intemporelle et malgré tout désagréable de façon strictement temporaire, j'aurai simplement « oublié » « plus tard » la vérité immuable de maintenant. Tout cela est ridicule sous tous rapports tandis que la pesanteur de ma peau m'était intolérable, je me sentais paradoxalement souillé par ma propre existence.
Je désirais exploser la matières avec des couleurs, écraser la pensée avec des émotions, transcender l'univers avec des créations, qu'il ne reste plus à questionner que la grandiloquence de l'âme.
Je me mis à errer sans but dans cet océan de brume, maudissant l'uniformité et la régularité, maudissant ma propre faiblesse me contraignant tantôt à cette piètre condition, tantôt à ne pouvoir m'en satisfaire. Je marchais pendant des cycles, questionnant l'univers, insultant le sable, maugréant bêtement, et les maigres bêtes de la bruie m'observaient, leurs corps difformes et flasques dissimulés par la moiteur de l'air.
Je faisais bientôt face à un édifice élancé cerclé de tours effilées, et celles-ci ondulaient tel des algues floues dans l'atmosphère épaisse.
La fin du périple, des mots résonnèrent faisant trembler l'air et voler le sol.
Coa. Lucidité
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23/06/1014 ETU 15:36
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La Lucidité parle au nom de la Lucidité.
Sois le bienvenu
Tu serviras mes desseins mais les nôtres ne seront pas toujours liés
Car la connaissance est le prix de la Lucidité, tu y paiera ton tribut
Tu poursuivras tes buts et la Lucidité poursuivra les siens
Car la Lucidité se veut jonction, vérité stochastique
Car ce n'est qu'ainsi qu'elle jouera son rôle
La Lucidité accumule la connaissance
Car la connaissance sert la Lucidité
La Lucidité partage la connaissance
Car la connaissance est le bien de tous
La Lucidité se répand
Car la Lucidité est utile à tous
La Lucidité respecte les lois des hommes
Car les hommes et les lois sont changeants
La Lucidité n'impose rien
Car le choix délibéré est le devoir du lucide
Va porter ma parole toi qui a été choisi
Dis-leur que la Lucidité accueille, nourrit, conseille
Dis-leur qui je suis. Car la Lucidité Est.
Hâte-toi car le temps a filé durant ton périple.

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