Le Pourpre siégeait à l’Assemblée Sectorielle, baillant devant les interventions de ses co-natifs tandis que ses vaisseaux parcourraient l’espace, le répandant dans toute la galaxie. Pris d’un besoin d’évasion, il se sépara d’une petite quantité de Matière Pourpre. Tout en suivant les débats sous sa forme humaine, la flaque pourpre zigzagua entre les pieds des ambassadeurs pour rejoindre l’embarcadère, bien décidé à explorer la planète bleue située sous la station orbitale. Il se maitrisait maintenant suffisamment pour contrôler sa soif d’assimilation : tout se passerait bien.

Les secousses de l’atterrissage passées, c’est un Pourpre sous une forme vaguement canine qui s’élança dans les rues animées de la cité, balayée par une brise marine causée par l’océan tout proche.

Furetant dans la rue commerçante, il savourait les différents effluves s’échappant des échoppes, autant d’explosions sensorielles exacerbées par son odorat animal, résultat d’anciennes assimilations.

À cette joie simple s’ajoutait le fait de côtoyer la vie sans pour autant la prendre. Le Pourpre était un danger pour toutes les autres espèces, mais il prouvait là qu’une cohabitation était possible avec les Enveloppes. Lui, des Fashans terrestres et des humains, dans un même lieu. Qui y aurait cru ?

Le Fashan posa la main sur la tête du Pourpre, geste innocent qui lui couta la vie. Sans pouvoir se refréner, Le Pourpre commença à recouvrir le malheureux, le canidé se répandant sur l’humanoïde.

L'assimilation fut moins rapide qu’à l’accoutumée : si l'architecture fashan n'étant pas trop différente de celles déjà rencontrées, l’analyse d’une capacité propre à cette race paralysa le parasite durant toute l’opération.

Le spectacle de ce corps pourpre parcouru de spasmes souleva quelques cœurs parmi les témoins de la scène. Quasiment maitre de ce nouveau corps, Le Pourpre se redressa en faisant craquer ses articulations, avant, finalement, de se retourner vers la foule ahurie.

Les murmures dans la foule enflèrent :

Déjà les sifflets des forces de l’ordre retentissaient. Elles ne tarderaient pas à arriver. Autant pour faire preuve de bonne volonté que pour terminer l’assimilation du Fashan, Le Pourpre attendit leur arrivée, assis en tailleur..

Au même moment à l’Assemblée Sectorielle Alpha, il apostropha la Commandante Zoa :

L'après-midi était ensoleillée sur le petit continent de Brek, les oiseaux étaient haut dans le ciel et la grande cité se remplissait du bruit des machines, des va-et-vient des citoyens fashans et ğwashans de la jeune République de Shalk. Les gens parlaient du temps, des rumeurs concernant des diplomates qui seraient arrivés sur une des planètes récemment annexée, ou encore de la réunion qui avait lieu actuellement au dessus de leur tête à l'Assemblée Sectorielle.

Puis, tout à coup, au milieu de la foule, un événement soudain se déroula sous les yeux des passants : un chien était en train de... comment dire... se répandre sur un citoyen fashan, comme si une matière molle se répandait sur lui et essayait de l'englober ou de le digérer. Le corps tomba alors lourdement sur le sol et la matière pourpre recouvra bientôt rapidement le corps, alors que ce dernier était parcouru de spasmes. La foule s'écarta, de nombreux fashans s'enfuirent, alors que d'autres alertaient les forces de sécurité. Peu de gens purent entendre les paroles de la chose, quelques temps après, lorsqu'elle se releva. Déjà des écrans publicitaires furent couper pour diffusèrent un message pré-établi :

La foule relativement disciplinée, en dehors de quelques ğwashans, quitta la place en direction du nord.

Les sifflets des forces de sécurité terminèrent de faire évacuer la place et un cordon fut installé dans le périmètre entourant le fashan infecté devenu pourpre qui s'était finalement assis sur la voie publique. Le quartier général fut prévenu et des discussions s'engagèrent pour savoir s'il était opportun d'interrompre la réunion à l'Assemblée galactique pour ce type d'incident...

Fashan d'interposition : « Le Pourpre, que faites-vous là ? Seule l'assemblée galactique est considérée comme zone neutre, telles les ambassades. Vous n'avez rien à faire ici. Vous êtes connu à travers toute la Galaxie. Sortez de ce corps et libérez notre frère de race immédiatement ! »

Des milliers de kilomètres plus haut, les débats à l'Assemblée Sectorielle s'éternisaient sur quelques points de détail. Mais dans l'ensemble, les interventions étaient faites à propos et les contacts entre commandants paraissaient détendues et bonne enfant, bien que certains paraissaient parfois s'assoupir un peu.

Quand tout à coup, le Commandant Le Pourpre, venu en personne, apostropha directement la Commandante Zoa :

La Fashan regarda le drôle de Commandant, avec une expression étrange :

Le Pourpre regardait la Commandante Zoa, un sourire déformant son visage.

- C’est-à-dire que… J’ai profité de mon séjour ici pour faire une petite visite en bas, dit-il en pointant le sol.

Sur Shalk, au même moment, Le Pourpre se redressa pour répondre au garde fashan.

Le Fashan le regardait, incrédule.

Sur l’orbite de Shalk, des bruits de pas empressés se firent entendre dans les couloirs de l’Assemblée.

La Commandante Zoa resta interdit un instant... puis se ressaisit

Les bruits de pas à l'Assemblée se firent plus pressant. Tout à coup, surgit un fashan dans une combinaison légère :

La commandante Zoa se retourna de nouveau vers le commandant Le Pourpre :

- Est-ce vrai commandant ? Si c'est le cas, je vous ordonne de relâcher immédiatement notre concitoyen. Pourquoi dites-vous qu'il n'est plus là ? Expliquez-vous !

Et je vous rappelle que vous êtes en présence des autres commandants de l'Assemblée Sectorielle.

Pendant ce temps sur Shalk :

Le Pourpre commença alors à répéter mots pour mots ce qu'il se disait à l'Assemblée.

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La Commandante le fusillait du regard, mais Le Pourpre ne pouvait rien faire pour améliorer la situation.

S’assaillant, il continua.

La Commandante Zoa se demande comment Le Pourpre pouvait bien savoir qu'elle était furieuse ? C'était en partie vrai, mais elle ne pensait pas l'avoir montré. Peut-être avait-il d'autres capacités inconnues ? Quel drôle d'être...

La Commandante Zoa essayait de réfléchir rapidement, surtout qu'ils étaient en présence de tous les autres commandants du secteur.

- Bien, Commandant Le Pourpre, afin de compenser votre erreur je vous ordonne de garder ce corps afin qu'il puisse vivre. Mais une navette va venir le chercher et l'amener à l'Assemblée. Vous repartirai chez vous avec ce corps. Considérez cela comme... un sujet d'étude et un cadeau -elle avait dit ce mot en l'appuyant un peu plus que les autres- de notre peuple.

Sur Shalk, la quarantaine n'avait pas été annulée et les prélèvements ainsi que les examens de bases commençaient à être pratiqués sur la foule ayant assisté à la 'possession'.

Une navette fut dépêchée sur les lieux pour emporter le fashan pourpre jusqu'à la station orbitale.

Le Pourpre ricana :

Se calmant, il reprit à l'adresse de Zoa.

Zoa restait comme impassible suite aux propos de l'être pourpre