Personne n'avait encore le recul nécessaire pour analyser l'évènement, alors que des rapports fragmentaires commençaient tout juste à circuler. A 01h32, le réseau satellitaire de la Capitale Sectorielle avait été soudainement oblitéré, plongeant la défense planétaire dans une brève période de confusion tandis que les forces coalisées du SIDA entamaient les frappes préparatoires. Les quelques milliers de civils encore dehors à cette heure assuraient que la nuit avait été chassée par l'éclat des échanges de tirs, les rafales de la DCA répondant au bombardement orbital massif des vaisseaux de soutien. Plusieurs pièces d'artillerie au sol avaient craché leurs munitions jusqu'à ce que leurs canons fondent.

Mais la flotte commune d'Earp et de l'Aplacophore était tout simplement trop massive. Deux heures après la prise de contrôle de l'orbite d'Ashpit, le débarquement avait commencé. Pour chaque barge qui explosait en vol, victime d'un défaut de son bouclier thermique ou des batteries encore actives à la surface, deux touchaient le sol. A peine remis du choc malgré les systèmes anti-G, des dizaines de millions de soldats s'étaient jetés sur les défenseurs Tibloïdes. Des centaines de batailles avaient éclaté dans les dédales sur-urbanisés de la ville-monde, prélevant leur tribut de fer et de sang en prélude au changement d'allégeance.

Caramba Von Chacoula, Premier secrétaire du SIDA et Amiral de la flotte, était arrivé peu après la prise du Palais Impérial pour la première réunion d’État-major consécutive au débarquement. Il écouta les rapports de ses généraux pendant une vingtaine de minutes avant de s'adresser à son officier en charge des communications :

Le Premier secrétaire sentit une goutte de transpiration couler sur sa tempe alors que l'holo-transmetteur émettait le son caractéristique du début de la communication. Sa nervosité avait davantage à voir avec l'heure matinale qu'avec les combats qui faisaient encore rage autour de certaines poches de résistance... et la scène transmise par l'appareil ne fit rien pour apaiser ses craintes.

Leurs Majestés étaient encore au lit. Bouffie de sommeil, c'est Anna l'Aplacophore qui se releva la première, après un long et disgracieux bâillement. Elle tira sur sa poitrine une partie des draps et l'enroula autour de sa taille pour cacher sa nudité, avant de lâcher, glaciale :

Ces mots attirèrent l'attention d'Elaine, qui émergea du grand lit à son tour, manifestement moins soucieuse qu'Anna de ce qu'elle laissait voir.

Dès qu'il était question de sujets militaires, elle récupérait ses automatismes d'officier de carrière. Le Premier secrétaire s'exécuta donc, avec la concision qu'elle appréciait.

L'Aplacophore ne put réprimer un nouveau bâillement.

L'environnement virtuel disparut et le Premier secrétaire se retrouva seul dans la pièce de l'holo-vision. Il ne put retenir un sourire de dérision en pensant à la manière dont les deux femmes devaient sûrement mettre ce réveil matinal à profit, en lui laissant les tâches plus déplaisantes.

Il fit signe à l'opérateur de basculer sur le canal de l'Assemblée galactique et se composa un visage neutre, trop conscient de la gravité des paroles qu'il allait prononcer.

Von Chacoula laissa passer quelques secondes pour laisser le dégoût pénétrer l'Assemblée, avant de reprendre :

Caramba Von Chacoula écoutait avec attention le commandant Smash.

L'enthousiasme féroce de Von Chacoula fit sourire Elaine, qui écoutait jusqu'alors sans intervenir. Elle enclencha la transmission pour compléter les propos du Premier secrétaire du Syndicat.

Elle ajouta, à destination du petit homme bizarrement vêtu qui avait pris la parole en dernier :