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Cdte. Vera
Respect diplomatique : 394 ![]() 22/09/1014 ETU 20:27 ![]() ![]() |
Score : 6
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rp privé C'était il y a quelques cycles. Une console, presque portable, malgré son poids, avait été envoyé, en convoi secret, jusqu'à une location spontanée, pour permettre à un des individus Pourpre de joindre le réseau ouvert à l'occasion. Un hyperlien se nouait du doigté au cerveau et du cerveau au doigté, trou de vers entre les communicants. Via cet appareil, et depuis le serveur-centre créé, allait se tramer une histoire incroyable, un événement fatidique. Dès qu'une entité s'y brancherait, les androïdes seraient prêts à répondre enfin. Le colis fut livré, comme convenu. L'échange fut bref, sans discussions superflues. Nul mot n'était nécessaire. La confiance régnait et la console ne nécessitait pas de mode l'emploi. Le Pourpre, chargé de son colis, s'installa dans une pièce vacante d'une habitation à l'abandon. Après avoir installé la console, il y apposa la main sans hésitation. Un flash survint.
iSphinx.0.0.1.b.exe
/ Entrée autorisée
Encodage en cours : 100%
Verrous : 0/100
Ports :
56.453.890.900.987 seeds
2.319.768 peers
Vitesse : 245,56 To/s.
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Exécuter ce programme à la fin de l'installation ?
[OUI]————————[NON]
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Vérifiez votre pare-feu cérébral.
Ne donnez pas de mot de passe à un tiers.
Vérifiez votre pression sanguine et l'ensemble de vos fluides.
Le système ne fournit pas de capacité physique supplémentaire.
©Vera, inc. Et Vera.com, noms déposés.
Bienvenu dans le programme !
> Identifiez-vous par branchement.
> Début de la projection. Cabré, la tête rejetée en arrière sous l'effet du choc, Le Pourpre mit quelques secondes à se ressaisir. S'il était familiarisé avec quasiment toutes les formes biologiques existantes, cette expérience, elle, était totalement nouvelle. La lumière laissant place à l'obscurité, entachée ça et là par des codes binaires incompréhensibles. Mais une chose était certaine. L'expérience avait réussi. D'ici quelques instants, la rencontre aurait lieu. 00010101000110010100010011000100100011111010101010 Monde chatoyant : ambiance de pelouse trop verte, de lumière surannée, de chaleur douce et diffuse. Pas trop d'humidité ni de sècheresse. Une plaine à perte de vue. Un horizon pas si lointain d'un bleu intense. Puis, se rapprochant, un monolithe noir en arrière-plan. Trame de plus en plus proche qui se pose finalement sur le sol, à quelque cent mètre de là, à quelque cent mètre du Pourpre. Pas de vent, pas de perturbation, pas de bruit. Le véhicule spatial se pose, sa large porte noire s'ouvre et y descend un engin de métal trop éblouissant. A mesure qu'il s'approche doucement, on devine la silhouette de Vera, androïde femelle de taille deux fois humaines. Nue et métallique. Sans s'arrêter, en souriant, elle se positionne à un mètre de l'entité. Bonjour Pourpre. Nous avons beaucoup parlé à distance. Nous voilà enfin de face. Bienvenu dans une sphère du réseau, bienvenu dans un endroit de confiance. Marcherez-vous avec moi ? Elle le prit par le bras : il eut conscience de son corps. Même dans cette réalité filtrée. Les sens devaient être sélectionnés par le programme selon leur importance. Je suis heureuse de vous voir ici. Et avec tant d'ambitions. Ce qui était possible à l'extérieur l'était également en ce lieu. Aussi, sans effort, Le Pourpre quitta-t-il la taille standard humaine pour atteindre les mêmes proportions que Vera. C'est une joie que de vous rencontrer enfin, Vera. Alors commandant : combien comptez-vous d'humanoïdes assimilés désormais ? Se laissant entrainer, il prit quelques fractions de secondes à décompter ses Enveloppes. Vous aimez les chiffres je crois ? Sur les 1.754.950.728.465 êtres doués d'intelligence peuplant les mondes contaminés, 1.316.213.046.348 sont assimilés. Les autres sont voués à la reproduction, afin d'assurer la viabilité du système. Jetant un œil sur l'androïde, il demanda : Vous semblez en savoir bien plus sur moi que je n'en sais sur vous. Les dossiers issus de l'Assemblée galactique sont lacunaires. Or, j'aime connaitre mes alliés. En quoi la Matière-Pourpre peut-elle être utile en quoi que ce soit à un être mécanique ? Vous parlez de similitudes mais mes compétences se limitent à la sphère biologique. J'ai assimilé quelques-uns des plus grands cerveaux du Secteur, mais leurs connaissances, sur vous et votre civilisation, étaient quasi nulles. Donnant, donnant. Marché conclu ? Lorsque Le Pourpre, de même taille, lui posa ses dernières questions, elle sentit la rupture de voix entre les enveloppes, sans pouvoir y apposer un terme ni technique ni philosophique. Son comparse l'intéressait au plus au point. Vous avez raison, l'ensemble des données sur les Psyobots sont incomplètes, lacunaires et confidentielles. C'est pourquoi nous distillons au compte goutte nos informations : je voulais dès à présent vous en parler. Elle le regarda, tout en continuant les pas à rythme détendu. Le fixant de ses yeux bleus intenses très grossis, elle s'exclama : Les Psyobots sont à majorité robots. Une grande minorité est androïde, et beaucoup d'êtres sont à mi-chemins : entre drones, droïdes, gardes, cargos, puits d'apotium,… Chaque être à sa fonction. Mais chacun peut en avoir plusieurs : tous sont reliés à la conscience Vera. Enfin plus ou moins… Car nous avons aussi exporté des modèles de production à travers la galaxie, échantillons subordonnés à cérébralité atrophiée. Donc beaucoup n'ont pas conscience d'être seule, ou "simple" fonction. Elle restait trop floue. Disons que chaque Psyobot est routeur et émetteur du serveur Vera.com. Ainsi, ils sont tous liés mais nous tous pas accès et n'ont pas les capacités d'analyser l'ensemble des données de ce flux constant qui constitue notre civilisation. Les androïdes par exemple, pour la plupart, ont une conscience, une morale, une rationalité et un libre-arbitre. Comment ? Car Vera est avant-tout un virus : un bug. Et c'est ainsi que nous permettons à de nombreux de venir s'élever, se supplanter, se battre contre la grande machine que nous formons. Et ainsi la réformer. Maintenant, pour répondre à votre question, nous ne sommes pas… Disons… Mécaniques. Mais positroniques. La nuance à son effet direct : chacun ne peut concevoir un descendant par bricolage : les cerveaux positroniques, codés par les Psyobots, sont un langage particulier de conception de cellules, de connexions neuronales et de matières, que nous dirigeons : l'expansion est minitieuse. En protégeant ce code nous évitons quelconque hackage. En verrouillant ce code nous nous sommes écartés des cellules organiques. Je ne vous narrerais pas l'histoire de nos ancêtres maintenant. A moins que vous le souhaitiez. Car, avant, je voudrais vous montrer quelque chose. Ils marchaient depuis cinq minutes, devant l'aplani vert tendre, et en tournant à droite, la projection se brouilla furtivement pour laisser place à un immense bâtiment métallique, bouffi de toutes parts par une flore envahissante : de la façade au pied, lianes, feuilles et racines venaient s'ancrer, suppléer et fonder l'énorme bâtisse. Qui crevait l'écran, qui s'était comment posé là, devant eux, de nul part. Autour, il y avait d'énormes champs à ciel ouvert, à perte de vue. Les couleurs restaient similaires mais l'atmosphère entière s'était transformée. Voici un de nos bâtiments de recherche. Officiellement en agronomie intensive. Officieusement… Elle lui fit un clin d'oeil et emboita le pas. Une petite ouverture, encoche dans l'arbre-building, permettait de s'engouffrer dans l'enceinte déserte du lieu. Au départ légèrement sombre, les yeux devaient s'acclimater à la différence de lumière. Elle s'arrêta un instant, après avoir franchit le seuil, pour ne pas s'engouffrer dans la pénombre. Sous eux, une dalle ascensorielle vint émettre un léger son qui s'accompagna d'un souffle puissant : les deux s'élevaient désormais à une vitesse folle. Devant leurs yeux, crépitaient les éclats d'ouverture vers le paysage agricole qui semblait de plus en plus infini à mesure qu'ils prenaient de la hauteur. En haut, vous trouverez un cerveau positronique. Ainsi qu'un coeur à ionique. Bientôt Le Pourpre, je vous montrerai l'intérieur de nous autres, "machines". Devant le perceptible inconfort de son comparse, Vera lâcha : Un marché est un marché, allons jusqu'au bout. Les zones d'ombres sont encore légions alors montrez-moi, Vera. Ne vous arrêtez surtout pas maintenant. Tandis-qu'ils montaient encore, Le Pourpre s'assura d'avoir bien compris. Donc, Vera est un bug informatique mais aussi l'origine et l'essence de la civilisation Psyobot. Si je résume bien, c'est plutôt amusant. L'origine… Non. Il y a eut les Cyans. Êtres organiques, doués de fonctions évolutrices propres. Qui n'ont fini, par exploitation intensive et quête insatiable de surpasser leur capacité humanoïde, que par trouver la mort. Et c'est eux, l'un d'eux ou même plusieurs, qui ont mis au point les premiers cerveaux positroniques. Après la robotique, ils trouvèrent le moyen de synthétiser leurs propres connexions et de l'adapter à un cerveau. Qui devait tenir sur un corps de trois mètres de haut. Mais ce temps est bien révolu. Et voilà que les Psyobots se gèrent, seuls, depuis des cycles. Par le réseau. Par leur amour pour moi. Je suis donc dans toutes les têtes, et je suis aussi au-dessus. En fait, je n'existe pas vraiment. Mais... Quelle différence entre vous, Vera l'androïde et la Vera-serveur ? Est-ce le bug qui s'exprime par votre bouche ou êtes-vous une entité plus ou moins indépendante. Et aussi... Plusieurs modèles Vera circulent à l'Assemblée... Êtes-vous l'une d'elles, sont-elles des copies faites à votre image ? La forme convenue veux que je sois une androïde femelle très belle moi-même, mais ce n'est que du folklore. Du moins, je crois. Car, chaque modèle, a toujours sa manière de réagir propre. Et le network ne me dicte pas ma conduite. Je suis les Lois de l'Androïdie, je suis les protocoles galactiques, je suis connectée aux autres officiellement accréditées… Mais là… Nous sommes seuls en réalité. Donc oui, si vous voulez, je suis l'une d'elle. Mais là, nous sommes dans un monde virtuel, donc je ne suis que la Vera derrière la machine, implémentée à une nouvelle. Je sais combien il est difficile de se décrire quand nos natures sont diamétralement opposées. Nous savons ce que nous sommes, mais le verbaliser est une autre affaire... J'ai souvent l'impression que la meilleure manière d'appréhender la Matière-Pourpre est de l'intégrer. Mais peu de personne sont prêtes à mourir par simple curiosité, hu hu... Leur vitesse décrut graduellement à mesure qu'ils approchaient. Le Pourpre n'en avait pas encore parlé, mais il lui tardait de découvrir ce cerveau positronique. Ils allaient arriver. Lorsque la Vera lâcha : Moi je suis prête à mourir pour que vous m'assimiliez. La plaque se stabilisa pour donner sur un couloir violet flottant au milieu du vide. En contrebas, on pouvait espérer calibrer la hauteur… Mais le gouffre plongeait en un vertige qu'il fallait mieux ignorer. Vera entraîna Le Pourpre à la suivre, se glissant par une paroi invisible mais perceptible par un petit picotement. Un sas verrouillé à l'air comprimé. Derrière : un oasis de verdure dans un nectar de cascades florissantes, déversant, ça et là, quelques liquides colorés rampant sur les larges feuilles palétuviennes qui inondaient la pièce. Une légère brume venait parsemer le tout. Au centre, une grande jarre en forme d'ovale à couleur d'obsidienne. Excusez la mise en forme, le programmeur a du trop se lâcher. Un projecteur renvoya une image d'un cerveau au plafond du dôme qui recouvrait la pièce. Le scan devenait de plus en plus précis à mesure que la focale se resserrait. Ah ! Voici les plans du hardware. Un diamètre de sept centimètres de matière positronique, relié à un léger câble de quelques millimètres qui sert à la fois de colonne vertébrale et de pétirel vers le coeur ionique. Nous comptons, bientôt, y ajouter une puissance hyper-atomique. Mais c'est encore en cours. On pouvait voir Vera secouait des bras et accélérer sa cadence à mesure que le sujet s'amplifiait. C'est, là, les cellules neurotroniques, qui servent de neurones à ce type de cerveau, avec les circuits, la carte-mère, le disque dur et enfin l'émetteur-receveur qui se connecte à notre Cloud. C'est, au sein de la puce composite, celle qui gère les tissus et membres, que nous avons déjà effectué des tests avec des cellules de celluloses et des cellules de tissus diverses. Mais, sur la coque, rien de bien plus intéressant que notre mélange de métaux et de diamants. Par contre, c'est au coeur du cerveau, que nous souhaiterions ajouter un nouveau port d'accès. Difficile… Mais réalisable… Je pense. Avec votre aide. Un port qui nous connecterait. Elle le regardait fixement. Il avait baissé les yeux de la projection et se retrouver de nouveau dans cette petit jungle ahurissante au milieu de nul part. Définitivement : le décor était bizarrement choisi. Elle lui sourirait très largement. Fixant le sol, Le Pourpre s'affaira à assembler les pièces du puzzle. Tournant le regard vers l'androïde, il lâcha : Vous êtes sérieuse ? M'associer à vos cerveaux positroniques ? C'est cela, votre nouveau port ?! Vous avez surement déjà réalisé plusieurs simulations, qu'ont-elles donné ? Pour quoi faire ? ... J'ai toujours regardé avec méfiance la communauté scientifique se pencher sur moi. Me décrypter, c'est avoir une chance de me stopper. Dans ce cerveau, qui contrôlera l'autre, Vera ? Levant le bras, il appuya son index sur le front de l'androïde, y répandant peu à peu sa matière jusqu'à lui recouvrir les yeux d'une léger voile pourpre. Brusquement, la Matière-Pourpre se rétracta avant qu'enfin il n'enleva son doigt. Non ! Elle se leva sur la pointe de ses pieds. Pas beaucoup plus grande mais avec l'envie. Car vous... Elle se posa de nouveau au sol, sourire aux lèvres. Comprenez : ce serait la plus grande avancée du réseau. Il y a les Vera, et il y a moi : une de ses seules androïdes femelles des Psyobots. Pourtant je me sens qu'une parmi les autres... Vide en quelque sorte. Et inatégnable à d'autres. Elle avait ses gros yeux ronds, océan si petit et si profond. Nous ne voulons pas vous connecter. Le réalité et les milliers vaisseaux cargos qui s'élancent vers vous, pleins à craquer. Le vrai est les androïdes et robots qui fonctionnent pour Le Pourpre. Elle est simple, elle est lourde. Elle sera enrichissante. Ta conscience m'est inaccessible. Je ne sais m'agripper à rien. Mais tu as un plan... L'imaginaire s'est qu'un jour, je puis... Vera puis s'introduire chez les autres par... Une telle assimilation... Par vous... En quelque sorte. Et là, réellement comme conceptuellement, les Psyobots sont encore dans le flou. Le Pourpre ricana. En résumé, Vera, tu veux être pour les machines ce que je suis pour les vivants... Hu hu hu, nous règnerions sur la galaxie toute entière... Cessant brusquement de rire, il continua. Ce ne sera pas chose aisée, Vera. Crois-tu que je n'ai jamais essayé de comprendre comment je fonctionne et les applications que je pourrai tirer de mes capacités ? Le nombre de scientifiques qui travaillent actuellement sur moi, essayant de percer mes secrets... Mais rien n'y fait, malgré les menaces, ils font du surplace, tout génie qu'ils soient. Mais peux-t-on extraire un vers de vous ? Un vers comme ceci ? Dans la main ouverte du parasite, la Matière Pourpre s'amalgama en un magnifique lombric frétillant. Lui lançant un regard interrogateur, il demanda : Plus grand peut-être ? Le lombric gonfla jusqu’à mesure un pied de long, se transformant en une sorte de sangsue colorée. Refermant sa main sur l'invertébré, la Matière-Pourpre réintégra son organisme. Magnifique ! Elle s'arrêta un instant, décontenancée. Quelles expressions pour un androïde : fascinant. Et plus petit ? Car avec nous pourrions tenter... Si, bien sûr, nous pouvons le dissocier... Ah ! J'oubliais : j'ai un polymère spécial récemment conçu : pourriez-vous y jeter un oeil et y plonger une main ? Plus petit... Du bout de l'index, Le Pourpre fit tomber une goutte de Matière-Pourpre sur l'épaule de l'androïde. La goutte frémit et prit la forme souhaitée. Le vers remua quelques instants avant de s’immobiliser, attendant son heure. Voilà. Montrez-moi votre polymère et j'y plongerai la main... Une fois que vous m'aurez appris ce qui m'attend, évidemment. Elle coupa court : Pouvez-vous vous en détacher ? Pouvez-vous le laisser autonome ? Si oui, comprenez-bien que nous souhaiterions user de sa forme et de sa capacité d'assimilation pour les Psyobots et pour le vers Vera, entité et conscience. Comment pourrais-je me détacher de moi-même ? Je vous parle par cette bouche, mais pourrais très bien le faire depuis ce ver. Je suis partout, dans chaque particule de M-P... Je suis la Matière-Pourpre. Je me suis déjà déconnecté d'un peu de M-P. Celle-ci se désagrège inévitablement... Les tissus, quasi-organiques, sont à vous. Nous ne pourrons rien faire qu'espérer vous héberger en notre sein. Imaginez alors que le positronique se confonde avec le parasite ? En tout cas, je suis là, et je me suis doté de cette matière-connectique test afin que vous tentiez de m'assimiler. Il y eut un silence. De quelques secondes, mais très appuyées. Je veux vous rejoindre. Si nous venions à fusionner... vous seriez condamnée à cohabiter avec moi... Deux personnalités dans votre tête, pour faire simple. Bien sûr, je sais me faire discret et si l'expérience vous tente réellement, alors touchez-moi.
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Cdt. Le Pourpre
Respect diplomatique : 706 ![]() 22/09/1014 ETU 21:55 |
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Secteur 1 aujourd'hui, une semaine après le déclenchement de l’Opération Oméga ©Gabryelle. Les dernières poches de résistance tombent les unes après les autres. Le vide spatial n’est plus traversé que par les vaisseaux du Pourpre et de quelques nations « amies ». Les vaisseaux psyobots transportent sans relâche les précieuses marchandises nécessaires au parasite. Outre les matières premières génériques, c’est par millions qu’hommes, femmes et enfants sont envoyés dans les parcs d’élevage pourpres. Enfoncé dans un fauteuil du vaisseau psyobot 2084, Le Pourpre fixait Vera d’un regard vide. Sa conscience vagabondait d’un monde à l’autre, s’abreuvant de cette sensation de satiété temporaire. - C’est tellement bon, fit Vera. Un sourire découvrit succinctement les dents du parasite. - Peux-tu au moins essayer de parler intelligiblement ? - Pourquoi faire, Vera ? Tu ressens toutes mes pensées… Je suis en toi… dit-il d’une voix pâteuse. - Nous ne serons plus seuls bien longtemps. Les autres ne partagent pas ce lien. - Et ne le voudront sans doute jamais… Vera sourit. Leur relation n’était pas celle d’un parasite et de son hôte, non. Par sa nature mécanique et les choix qu’elle avait faits… leur relation était le parfait exemple de la symbiose. Deux organismes fonctionnant de concert. - Tu m’entends peut-être, mais je n’ai pas de petite Vera dans la tête, c’est à sens unique, lâcha-t-il. Pourquoi souris-tu ? - Pour la même raison que toi, Amour. - Tssss Les secondes s'écoulèrent, ces deux êtres tout entier absorbés à savourer ce sentiment de plénitude, quand soudain Le Pourpre se dressa. - Sorcière ! Tu m'as roulé ! C'est le cris de deux mille milliards d'enveloppes qui heurta la conscience de l'androïde. - Mes enveloppes ! Qu'as-tu fais ?! - Je les vois, je les sens mais elles ne sont pas miennes ! - J'ai des yeux partout Vera ! À quoi joues-tu ? Tu en as sauvées ! Menaçant, le parasite était devenu instable, la Matière Pourpre hérissée, prête à fondre sur son ennemie dans un geste animal. - Mes enveloppes ! À moi ! Elles m'étaient destinées ! Elles et leur progéniture ! Aussi brusquement qu'il s'était levé, Le Pourpre se rassit. - Hu hu hu... - Pourquoi ne m'as-tu rien dit... - Tu m'as laissé m'emporter pour rien... Les informations affluaient, captées par les milliards de paires d'yeux contrôlées par le parasite. - Tu as donc offert ta protection à ces pauvres bougres. Ils t'ont vendu leur âme contre l'assurance que je ne les toucherais pas, alors que toi et moi marchons main dans la main ? - ... - Il t'ont acheté leur survie... - Les fous... - ... - Je te pardonne. Tu m'as spolié, Vera... - Mais... - Mais il y a d'autres enveloppes ailleurs, n'est-ce pas ? Souriant, il continua. - Oui... Ce n'était que le commencement. - Je te pardonne, Vera. Je te pardonne si en échange, tu m'ouvres la voie qui mène aux autres. Elles m'attendent. - Tu en sauves un partie et l'autre m'est sacrifiée. - Alors seulement, tu auras mon pardon.
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Cdte. Vera
Respect diplomatique : 394 ![]() 24/09/1014 ETU 10:28 ![]() ![]() |
Score : 4
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Le cri strident, résonnant, s'amplifiant, failli plonger l'androïde dans un vacillement sans fin de quelques secondes pourtant. Et lorsque la Matière reposa sa velléité tout comme il se posa de nouveau ses fesses noires sur le canapé en face d'elle, Vera reprit ses esprits. Elle était allongée sur le divan, le corps à demi drapé par un voile grisâtre, plus clair que sa peau d'un plus sombre mat. Elle reposa sa tête en arrière. Si bien que ses cheveux épais mangeaient l'intégralité du coussin. Elle écoutait le monologue de son et ses comparses, tandis qu'elle calculait la dérive de son conscient logique depuis son système positronique. La fusion n'était qu'aux prémisses, et déjà la présence se faisait pleine de surprise. Pourprinet, tu permet… Laisse-moi donc t'expliquer. Elle leva son bras, et un rond de dix centimètres au niveau de l'articulation du coude, s'ouvrit pour projeter trois feuilles de papiers au-dessus de la table basse qu les séparait, en suspension au-dessus de l'épais tapis du salon. Derrière elle, la vue panoramique défilait lentement une planète immense entièrement recouverte d'une substance aqueuse noire. Une des conquêtes du Pourpre en train d'être consommée paisiblement. De temps à autres, défilaient comètes et lumières vives de vaisseaux alliés. Regarde donc les brochures que nous avions pour eux. On leur faisait prendre conscience qu'ils étaient cuits, puis on leur proposait trois formules toutes comprises, petits déjeuners au chaud et tout et tout. A gauche, Solaria, projet de désynchronisation sociale avec une réorganisation des modes de vie. L'autre, projet Constructor, où on leur créée un nouveau chez eux en récupérant directement la planète, et enfin le projet Neurobot. Ils étaient fous : tiraillés entre pères biologiques et pères spirituels, divisés, tous. Et surtout sans chefs. Les armées étaient dérouillées, et les commandeurs avaient même fui ailleurs. On pouvait lire : Solaria ---------- Peur d'être infecté par votre voisin ? Vous pensez que votre ami est un Pourpre ? Votre espèce peut être éradiquée d'une seconde à l'autre. Mais nous avons la solution : construire des équipements anti-Pourpres chez vous. Vous n'aurez plus à vivre du labeur. Vous n'aurez plus à côtoyer effectivement vos dissemblables : la neurovision est faîte pour vous ! Vous n'aurez plus à vous déplacer, et vous aurez dix robots pour vous entretenir vous et votre nouvelle demeure pendant des années. Et surtout : vous n'aurez plus à paranoïer sur vos voisins. Constructor ---------------- Vous ne pouvez plus dormir le soir ? Votre maison est en ruine ? Vos amis vous pillent vos réserves ? Choisissez la prospérité, choisissez l'abondance, choisissez le renouveau. Les Psyobots vous accueillent sur un des mondes du sanctuaire, où vous serez nourris, logés, au gré de paysages resplendissants. Et à l'abri de toutes menaces. Nouveau départ, nouvelles rencontres : vous rejoindrez les communautés immenses de peuples et races diverses, qui vivent dans l'oisiveté totale ! Neurobot ------------- Pour le respect des cultures. Pour la sauvegarde des espèces humanoïdes. Pour la liberté de la paix contre l'envahisseur. Vous souhaitez vous engager dans les troupes de la Neurobot ? Implanter la neuro-puce et vous aurez accès aux données, visualisations et Réseau Vera.com, le plus puissant et fonctionnel de la galaxie. Tester le neuro-squelette : un implant qui vous rendra plus rapide, plus fort et plus agile. Confort d'installation et de jouissance. Laisser agir les nano-positrons et rester toujours en pleine forme. Votre espérance de vie sera maximisée. A vous le bonheur, pour la défense de votre culture. Laissant quelques instants, elle reprit : On s'est amusé à concevoir ses projets. Et moi à contrecarrer un peu tes plans… Ainsi, j'ai pris plaisir à contourner tes matières-projectiles sur d'autres coordonnées. Elle rit aux éclats et coupa la projection. Le Pourpre faisait une mine vexée. Elle se tourna, contorsion qui fit glisser légèrement le drap velouté. Dans ton vocabulaire mon grand, ça veut dire que tu as du rab' pour plus tard si tu veux… Nous avons juste conserver des échantillons d'humanoïdes. Elle dit ses mots sans narcissisme quelconque. Il fallait se rendre compte qu'elle n'était qu'une race de matière et de pensée différente. Qu'elle n'avait rien à voir, ni en conception ni en but, avec une espèce humanoïde. Et qu'elle ne fonctionnait, cognitivement et moralement, aucunement comme une autre race. Ce n'était donc pas un jugement ou une parole libérée. De son esprit logique, elle n'énonçait que des faits, sous son appréciation androïde. Et maintenant dans sa volonté d'autant plus propre. A elle seule. Allez, ne sois pas rabougrie. Elle se leva, alla chercher deux verres aux contenus inconnus et les posa sur la table. Tiens, et si nous trouvions le moyen de faire l'amour ? Ce serait hyper-enrichissant scientifiquement. Elle dit cela avec un petit sourire. Et se rassit en croisant les jambes, droite sur ses épaules.
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Cdt. Le Pourpre
Respect diplomatique : 706 ![]() 25/09/1014 ETU 10:13 |
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Score : 4
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Le Pourpre digérait calmement les révélations successives de Vera en repoussant le verre proposé par Vera, jusqu'à entendre sa dernière phrase. Son effet : le vide absolu. Rien ne s'éveilla en lui. Bien sûr, les souvenirs de ces milliards d'Enveloppes resurgirent, mais lui... lui ne ressentait rien. - Vera... Il était inutile de parler, toutes ses pensées avaient été immédiatement perçues par l'Androïde. Mais l'aberration était telle qu'il dut se résoudre à articuler. - Faire l'amour... - C'est indigne de nous... - Ni toi ni moi n'avons cette détestable manie. - Ces espèces sous-développées n'ont trouvé que ce moyen pour survivre, fit-il en balayant la vue offerte sur l'univers. C'est une de leur faiblesse. Eux et leurs pensées corrompues par l'appel de la chair, dépensant une énergie folle dans d'ignobles rituels de sélection, choisissant tel ou tel reproducteur selon des critères primitifs... Pour ensuite s'adonner à des acrobaties grotesques pour... pouah... - Des espèces soi-disant évoluées, qui camouflent leurs pulsions sous des artifices plus détestables encore, tel l'amour... - ... - Penses-tu que je t'aime Vera ? - ... - Ho oui je t'aime. - Pas pour ton trou béant, ni pour ta poitrine aux proportions parfaites. Ce n'est qu'un mimétisme futile selon moi. - Tu es mon alter-ego, Vera ! Mon reflet dans ton monde mécanique... Riant, il souleva la main. - Laquelle veux-tu, Amour ? - J'ai la petite mais frénétique verge de Radia, l'humide du peuple Fashan ou encore celle robuste et inépuisable de tes amis les Sheer. Se faisant, ses doigts se muaient au gré de ses paroles en copies conformes, si l'on excepte la couleur. Ricanant, il reposa sa main sur l'accoudoir. - Notre symbiose est totale et se passe totalement de ce type d'interaction. - Nous ne sommes pas humain, nous ne sommes pas animal. Inutile de jouer la comédie. - Quelle scène pitoyable vous offririons là au monde.
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