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Le crépuscule des dieux

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Cdt. Linelion
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21/10/1014 ETU 13:56
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Du néant, tout retournera au néant,
Des tréfonds, seul restera les cris lancinants.
Terre des beautés, terre de blancheur et d’argenter, terre des Protecteurs et terre des mystères, terre de la raison et terre mythique, ainsi est Aglaé, favorite des dieux. Tant de choses restent inexplicables sur ce monde mais si réelles qu’elles s’imposent aux plus grands sceptiques qui ne peuvent que fermer les yeux pour n’y perdre leur raison. Et parmi toutes ces mythiques énigmes, il y en a une qui, toujours, a guidé les grands du peuple astère. Le chant des cinq muses jamais ne cesse, telle est l’impossible réalité des puissants.
http://www.youtube.com/watch?v=mvvFnR0kJFw
Dans les hauts lieux de pouvoir, dans les plus belles œuvres, lors des évènements les plus marquants, apparaît l’étrange clairière, toujours la même, toujours aussi attirante qu’un chant de sirène. À l’état sauvage, il y pousse des buissons de roses blanches et rouges, la lavande imprègne les lieux de son odeur douce et les coquelicots côtoient de délicates ancolies. Au centre de ce jardin naturellement si beau, un escalier en colimaçon s’enfonce dans la terre, entouré de cinq hautes colonnes blanches parsemées de plantes grimpantes. Un bruissement sort toujours, sans discontinuer, des profondeurs et appel à descendre. Alors, l’on s’enfonce, sans réfléchir, dans ce lieu mystique et l’on commence la longue descente. Alors que la lueur du soleil disparaît et se fait remplacer par des figures féminines portant, au creux de leurs mains, une flamme bienveillante, le chant des muses devient de plus en plus clair, aussi doux qu’une caresse, enivrant et délicat telle l’odeur subtile d’une rose que l’on porte à son nez. Peu à peu, il envahit l’espace tout entier, il semble faire partie de cet escalier sans fin, être inscrit en ses parois et ses marches.
Puis, les feux cessent et l’escalier poursuit sa descente dans le noir le plus intense, une obscurité qu’aucune lumière ne peut éclairer. Mais, aussi claire que l’eau d’une source, le chant décrit chaque anfractuosité de ces pénombres et attire tout être à s’enfoncer encore plus. Les minutes s’enchainent et deviennent des heures et les heures semblent se muer en seconde dans ce noir profond. Mais, enfin, la lumière reprend ses droits. Elle est là, juste quelques marches plus hautes. Sans comprendre, l’on remarque que l’on ne descend plus, mais que l’on monte. Alors, enfin, les rayons d’un soleil aussi doux que le chant incessant illuminent une sortie débouchant sur une clairière similaire à celle par laquelle l’on est entré, mais comme étendue à l’infinie. Mais l’on n’a guère le temps de s’attarder sur ce détail, car, en face, un lac ponctué de quatre îlots entourant un dernier et portant les mêmes colonnes qu’à l’entrée de l’escalier en colimaçon, à l’eau si claire qu’on la boirait où des pierres blanches dépassent pour mener à l’ilot central attire inexorablement l’œil. Sur chaque ilot, une astèrienne d’une beauté surnaturelle -svelte, légère, comme l’image de la perfection-, se tenant les jambes allongées dans l’herbe se montre comme l’origine du chant angélique omniprésent et immortel. Chacune est habillée d’une robe légère, s’inscrivant parfaitement dans ce milieu naturel, d’une couleur différente : au nord, le blanc pur, à l’est, le vert d’émeraude, au sud, l’or délicat, à l’ouest, le roux mélancolique des feuilles mortes et au centre, le bleu du ciel se fondant dans la mer.
Aux plus grands parmi les grands, la muse centrale susurre une chanson à lumière de prophétie dans le haut-astère, langage doux et chantant. La prophétie ne résonne qu’une unique fois dans ce paradis étrange, après quoi reprend l’éternel chant des muses, sans jamais ne s’arrêter. Après des heures à écouter et contempler cette beauté idyllique, l’on finit alors par reprendre l’escalier derrière soi et par refaire le même chemin en sens inverse. En ressortant dans la première clairière, on la contemple, de peur de voire une telle magnificence disparaitre mais celle-ci reste au même endroit, semblable à elle-même, tant que vive l’être de la prophétie. Lorsque celui-ci lâche son dernier souffle, le chant langoureux des muses envahit l’espace et appel au deuil du monde entier et, comme si jamais elle n’avait existé, la clairière disparaît.
*** http://www.youtube.com/watch?v=efHjdSM3nHo
Dans son armure finement sculptée, sa longue cape le suivant, Linélion approchait de cette clairière. Cela faisait des décennies qu’elle était apparue et nombre d’astèriens avait entrepris le pèlerinage de ses marches dans l’espoir d’être le grand de la prophétie Haut-roi compris-. Mais cette fois, c’était différent, le léger bruissement qui sortait des tréfonds avait quelque chose de nouveau, quelque chose d’inquiétant. Linelion savait qu’il devait descendre, il savait que cet appel était pour lui.
Alors, il s’enfonça dans l’interminable escalier. Les chants d’habitude si doux avaient mué. Douleur, peine, peur se faisaient ressentir. Les muses mouraient, les muses chantaient leur propre requiem. Pas après pas, incapable de se presser, ne faisant comme seul bruit que le choc du métal avec le marbre, envouté et affolé, le Haut roi avançait toujours. Alors qu’il arrivait, guidé par le chant, dans la noirceur, il sentit un déchirement puissant, une tempête violente. Il semblait voir des éclairs traverser ses yeux, du feu jaillir de leur impact, des explosions à l’odeur de soufre. Et, tandis qu’il remontait vers les muses, ce ne fut pas la lueur du soleil qui l’éclaira. Non, la lueur était tantôt rouge, tantôt bleutée, voire même, parfois, réussissant étrangement noire.
Linelion ne put s’empêcher de terminer son ascension en courant. Alors, il se retrouva devant cet affreux spectacle de désolation. L’infinie clairière était en feu, parsemée d’éclaire, le sol se séparait, se fissurait, s’envolant ou se faisant dévorer par des ténèbres sans nom. Le vent cinglait, emportait tout, chaque déflagration se faisait sentir comme un coup d’épée en plein cœur. Et les muses, lançant toujours leur complainte, s’accrochaient aux colonnes blanches qui s’effondraient, l’eau du lac bouillait alors que les ilots se brisaient. Le ciel ne laissait transparaitre que d’épais nuages aussi sombres que le néant, uniquement transpercé de boules enflammées et d’éclaire inquiétants. Alors, tandis que Linelion restait pétrifié par ce déchirant spectacle, la muse centrale plongea son regard dans le sien. Et, pour la première fois dans l’histoire astère, un être put lire la peur, la terreur viscérale et la peine infinie dans les yeux d’une muse, d’où des larmes telles des perles coulaient. Puis, tout s’éteignit et, dans un sursaut, le haut roi ouvrit les yeux dans le noir.
-Monseigneur… Pardonnez-moi, mais le Concile vous fait mander.
*** http://www.youtube.com/watch?v=UFRY6fzEQqw
Suivi de deux gardes du phénix, dans leur armure d’or, portant leur longue hallebarde, le Haut roi se présenta à la faille dans la montagne. Le soleil ne s’était toujours pas levé, c’était l’heure la plus sombre de la nuit, celle qui précède l’arrivée du soleil. Enfilant en hâte son armure avec l’aide de ses serviteurs, le Haut roi avait tenu à se rendre ici au plus vite, quitte à faire attendre le Concile s’il le fallait. D’un bâtiment de garde placé à côté de la faille dans la roche, un militaire dont les décorations de l’armure prouvaient un certain grade s’avança vers son seigneur.
-Mon roi, je ne comprends pas… Rien n’a changé, sinon je vous aurais fait appeler, conformément à vos ordres… Nous n’avons toujours pas réussi à amener du matériel fonctionnel jusqu’à la clairière des muses, tous tombent en panne ou s’arrête en traversant la pénombre, même une simple torche enflammée s’éteint. En bref, toujours rien.
-Je veux en avoir le cœur net, surveillez l’entrée et gardez les sens en alerte.
Sans plus un mot, le haut roi entra dans la grotte éclairée par des lampes fonctionnelles. Mais celle-ci ne tardait point à devenir inutile, car, par on ne sait quel miracle, après quelques mètres, l’on débouchait sur la fameuse clairière d’entrée, entourée de roches et pourtant à l’aire libre, comme si la montagne au-dessus d’elle n’existait plus. Linélion entreprit la descente avec hâte, la peur lui entourant progressivement le ventre. Pourtant, c’était toujours le chant doux et mélodieux qui régnait dans le lieu, comme à son habitude. L’infini portrait naturel à la sortie des marches était, lui aussi pareil à lui-même.
Mais, alors que le cœur du haut roi -battant en un rapide concert avec son katismanima sur un rythme à quatre temps- se calmait, les cinq muses plongèrent leur regard de la même couleur que leur robe dans le sien. Et, pendant que les quatre autres poursuivaient leur chant, la cinquième, comme dans un murmure langoureux qui, pourtant, envahissait tout l’espace, prononça sa prophétie.
Les ailes de la vie se déploient de nouveau,
Le cœur du printemps s’éveille sous sa musique,
Les étoiles chantent d’un éclat unique,
Néant et lumière dansent ensemble sans repos.
L’ange du temps tisse dans la grâce sa toile,
Les cinq contemplent leur œuvre dans leur cœur,
Mais les cycles s’achèvent avec les pleurs,
De la première enfant levant son voile.
Le feu de la douleur brisera les cieux,
Du néant, tout retournera au néant,
Des tréfonds, seul restera les cris lancinants,
Alors sera le crépuscule des dieux.
Cdt. Linelion
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28/10/1014 ETU 13:07
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-Quatre ! Il devrait y en avoir quatre, et un cinquième verset à la mort !
Mitelor faisait les cent pas nerveusement en travers de la grande salle circulaire. C’était un bon roi, un gestionnaire avisé et un travailleur forcené mais Linelion, comme quasiment tout le monde, savait qu’il avait une certaine tendance à la jalousie –ce qui lui avait certainement valu la place de Haut-roi, abaissant fortement sa popularité-. Mais il n’avait pas tort, les légendes sur les muses étaient formelles, toujours, elles avaient chanté quatre versets en guise de prophétie, ajoutant un cinquième à la mort. Restant de marbre sur son siège sculpté à l’effigie d’un phénix, Linelion reprit.
-Je sais, Protecteur des Berges d’émeraude… Mais pas cette fois. Que puis-je vous dire d’autre ? Je n’ai pas la moindre idée de ce qui motive ces… Entités. Aucune information complémentaire ?
-Pas la moindre. Les muses et leur jardin restent un trou noir.
C’était l’une des premières fois que s’avouait vaincu le tenace sir Annibas, Protecteur de l’île flottante. Il avait une présence mélangeant l’effroi et l’encouragement dans des proportions parfaites pour pousser son gouvernement à agir exactement comme il le souhaitait. Autant dire que le défaitisme n’était pas son genre, mais la session du concile durait bientôt depuis une quinzaine d’heures, les esprits et les corps étaient à vif, et les enjeux, terrifiants. Les muses chantent juste, comme l’on dit couramment sur Aglaé.
-La première enfant… Peut-être font-elles référence à la déesse ? Le cœur du printemps, la vie, le renouveau… Quelque chose pourrait se produire avec la venue du printemps.
Calaed, protecteur du Panthéon, était certainement celui que préférait le Haut-roi, il avait une nature posée et réfléchie, c’était un fin penseur qui savait quand agir et quand prendre le temps d’analyser ce qu’il recevait. Depuis des heures, il n’avait pas prononcé de mot et semblait absorbé dans la contemplation des jardins de l’Élysée se dépouillant progressivement de ses feuilles avec l’avancée de l’automne.
-Pourquoi trois alors ? Et pourquoi maintenant seulement ? Quelque chose ne va pas dans cette histoire, quelque chose d’anormal.
-Et si les muses n’avaient pas chanté le dernier verset pour la simple raison qu’il n’était pas destiné à notre haut-roi ?
Il y eut un silence au son cristallin de la seule voix féminine de la salle. Pour une société relativement machiste ne commençant à peine à changer de standard, la présence de la Protectrice de la Forêt des âmes au concile, la charmante dame Sélène, était, d’une certaine façon, gênante et l’on avait tendance à la laisser de côté dans les discussions. Pourtant, Linelion avait appris que son élection n’était pas fortuite, bien que taciturne, l’astèrienne s’avérait avoir de l’esprit.
-Impossible. De tous les mondes que nous avons colonisés, de tous les autres auxquels nous avons pris connaissance, jamais une légende ne s’est apparentée avec nos muses. Si elles voulaient s’adresser à autrui, elles l’auraient déjà fait. Et jamais elles n’ont chanté à deux personnes dans l’histoire.
-Mais les temps changent, il y a quelque chose de diffèrent dans l’air, les règles ne sont plus les mêmes qu’avant.
Un nouveau silence s’imposa. Tous savaient qu’elle n’avait pas tort, mais personne ne voulait l’avouer. Les Protecteurs perdaient leur pouvoir, leur influence, les choses échappaient lentement du contrôle du corps dirigeant et cela avait quelque chose d’effrayant. Changeant de sujet en se retournant, Calaed brisa ce pesant mutisme.
-Que peut bien être ce crépuscule des dieux à votre avis . Parlent-elles du Stellaris ?
-Une ancienne légende… Ce n’est pas pour rien que l’on dit que nul ne peut survivre à sa vision. Les dieux ne sont que des images allégoriques des facettes des personnalités, les seuls témoignages que nous ayons sont des délires d’astèrien sombrant dans la folie.
-Les muses aussi sont des légendes, n’est-ce pas ?
-Mais des légendes sacrément plus réelles que le Stellaris.
-On tourne en rond… Pourquoi écouterions-nous les élucubrations de choses ne devant même pas exister ?
-Vous avez raison, sir Annibas, il est temps de clore la séance.
-Et pour Alba ? Sept disparitions en sept jours… Et la garde civile n’a pas l’ombre d’une piste.
Linelion se leva. L’histoire était fâcheuse, à ni rien comprendre même. Aucun lien entre les victimes, si ce n’était le lieu de disparition. Alba était une grande ville située sur une imposante ile en position centrale dans l’océan intérieur, atteignant plusieurs centaines de millions d’habitants et les disparitions n’avaient pas la moindre cohérence temporelle ou spatiale dans cette métropole. Bien entendu, les médias s’étaient emparés de l’histoire avant que le gouvernement n’ait le temps de l’entériner, ce qui constituait le problème majeur. Pire encore, l’on ne pouvait continuer comme cela avec l’ouverture sectorielle en approche, que l’affaire s’ébruite et l’image astèrienne risquait d’en prendre un coup.
-Que l’on envoie les ombres. Dites-leur qu’ils disposent de tous les moyens que peut fournir l’alliance Astèrienne. L’échec n’est pas envisageable, pas maintenant que tous les yeux astèr sont tournés ici.
-Êtes-vous certain ?
-A-t-on réellement le choix ?
Cdt. Linelion
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01/11/1014 ETU 15:04
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Ethis alla s’allonger sur son lit à peine rentré. Alors que les journées rapetissaient, il avait l’impression de le voir s’allonger à l’infini. Les récents évènements à Alba avaient provoqué une recrudescence de fréquentation de son grand sanctuaire et Ethis, son prêtre de l’observateur, ne savait plus où donner de la tête. A ceci, l’on devait rajouter les préparatifs de la célébration de l’arrivée de l’hiver et aucun effectif supplémentaire –l’on se dit souvent croyant plus par esprit de tradition que par véritable conviction sur Aglaé- pour plonger l’astèrien dans un état de fatigue qu’il n’avait jamais connu. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, il s’inquiétait de plus en plus de sa santé. Depuis quelques jours, Ethis se sentait mal à l’aise, il y avait comme quelque chose de gênant quelque part autour de lui, comme lorsque l’on marche la nuit dans une ruelle inquiétante et il arrivait de plus en plus fréquemment qu’il entende des chuchotements lointains. C’était une première dans ses deux siècles d’existence, tout comme ces histoires de disparition, mais le prêtre n’avait guère le temps d’aller voir un spécialiste.
En cette soirée, l’astèrien n’en pouvait tout simplement plus. Son crâne tambourinait, et maintenir ses yeux ouverts lui demandait un effort incroyable. Tant pis pour aujourd’hui, il s’occuperait de tout demain se dit-il. Alors, il laissa son esprit vagabonder à un repos bien mérité…
***http://www.youtube.com/watch?v=2m-Crq_pWxc&index=11&list=PL9B731B698647B049
Les étoiles brillaient autour d’Ethis, illuminant ses pas aussi bien qu’un soleil d’été. Au loin, montant dans le ciel, il apercevait le lumineux palais qu’il avait toujours décrit. C’était la demeure des cinq, l’endroit duquel ils s’occupaient de l’harmonie du monde. Ce ne pouvait être que lui, même s’il n’y distinguait aucun détail, juste un immense bâtiment lumineux. Autour du prêtre, la plaine continuait à l’infini et se confondait avec les étoiles au loin. C’était si beau… L’herbe était telles à des émeraudes, des fleurs inconnues à la forme d’étoile et aussi translucide que des diamants, renvoyant la lumière tel le plus beau d’entre eux, parsemait le sol. Devant Ethis, un long chemin flanqué d’arbres dont les troncs s’enroulaient pour donner des formes d’astèrien et les feuillages étaient aussi colorés que des feuilles d’automne et étayés de fleurs tantôt roses, tantôt jaune et tantôt blanches, s’étalaient en direction du palais divin.
Alors, Ethis suivit le chemin, comme mue par une force surnaturelle. Le Stellaris… Ce ne pouvait être que ça. Il l’avait tant décrit, il l’Avait tant rêvé… Ces arbres autour de lui étaient tous les astériens défunts et les étoiles, les grands parmi les grands. Cette vision était incomparable, le prêtre avait beau se répéter que ce n’était qu’un rêve, il sentait que c’était bien plus réel que cela. Cet endroit était merveilleux, dans tous les sens du terme, mais si vrai, si juste… Il le sentait dans ses tripes. Et ce chant… Le chant éternel des dieux, il raisonnait toujours, doux comme le miel, aussi beau que cet endroit.
Ethis marchait toujours, sans fatiguer, sans discontinuer. Il arriva à un endroit où le long chemin d’arbre s’élargissait en un immense cercle à l’intérieur duquel des fontaines innombrables faisaient jaillir de l’eau à partir de formes astèr adultes dans des bassins où semblaient jouer des enfants. Là étaient les enfants morts et les nobles astériens. Mais le prêtre savait qu’il devait continuer son chemin. Il lui serait impossible d’expliquer pourquoi, il le savait, c’était tout. Après une seconde d’éternité, il arriva alors au premier sanctuaire.
***http://www.youtube.com/watch?v=3JW0zPFmJpc&index=12&list=PL9B731B698647B049
Les chants changèrent et des chuchotements apparurent, de plus en plus forts. Quelque chose n’allait pas, quelque chose que même les dieux semblaient redouter. Le premier sanctuaire était une sorte de grande pyramide tronquée de son sommet pour y placer l’observateur contemplant le ciel et dont les quatre coins étaient affublés à ‘un des autres dieux. Deux chevaux se cabrant soutenaient l’épaisse porte éternellement fermée de bois décoré menant à son intérieur. Les chuchotements s’intensifiaient tandis que le prêtre, interloqué, s’approchait. Sur l’une des blanches façades de la pyramide, une imperfection apparaissait, une chose qui ne devait pas être là.
Alors que l’endroit n’était ni chaud ni froid, juste à la température parfaite, un frisson glacial parcourut l’échine d’Ethis lorsqu’il s’approcha de cette faille dans le sanctuaire d’où sortait un noir diffus. Son souffle devint court, sa tête recommença à tambouriner. Il avait peur, terriblement, pourtant, il s’approcha encore, jusqu’à pouvoir toucher ce noir étrange, froid et mordant. Puis, il ne savait pourquoi, il entra dans cette plaie suintante. Ce qu’il y avait à l’intérieur était aussi étrange que terrifiant : au centre d’une grande salle se trouvait un objet à la forme d’un œuf, émettant une douce lumière, mais brisé et duquel jaillissait ces ténèbres froides.
Ethis voulut partir, mais il ne pouvait plus bouger. Il voulut se réveiller, il voulut que tout ceci cesse, et pourtant il était toujours là. Les ténèbres s’enroulaient autour de lui comme un serpent autour de sa proie, les chuchotements incompréhensibles se faisaient de plus en plus forts, emplissant son être entier jusqu’à ce qu’enfin il saisisse quelques mots : « Chantent les dieux jusqu’à la fin ; Pleure sous mes yeux car je suis la fin ». Alors, tout ne fut plus que ténèbres.
*** Hôpital psychiatrique Océane, Île de l’Aube, Alba.
Syia était la seule infirmière qui acceptait de s’occuper d’Eschyle, il terrifiait tous les autres. Il ne lui inspirait que pitié pourtant, et elle avait réussi, avec le temps, à lier une sorte de lien privilégié avec lui –il arrivait qu’il lui parlât dans ses moments de lucidité-. Ce pauvre astèrien avait été victime d’une chute aussi rapide que son ascension. Il avait mené des travaux archéologiques uniques sur cette ile et l’on disait que ses découvertes étaient révolutionnaires et lui mériterait un titre de noblesse. Cependant, avant toute publication, il fut trouvé délirant chez lui, criant des propos inintelligibles et s’arrachant des bouts de chaire avec un couteau. Ses travaux n’eurent pas de suite et il fut directement envoyé à l’hôpital. L’on dut lui administrer de hautes doses de sédatif, voire, parfois, même l’attacher pour le calmer. Et encore, il devenait parfois violant, sautant sur le personnel et tentant de le lacérer.
Lorsque Syia entra dans sa chambre avec un plateau-repas, le projecteur holographique émettait une chaine informative. « Certains habitants locaux commencent à parler d’une véritable malédiction avec la huitième disparition en huit jours à Alba. Cette fois-ci, il s’agit d’Ethis, le prêtre de l’observateur du grand sanctuaire, dont toute trace a été perdue depuis hier soir alors qu’il rentrait chez lui. La garde civile a refusé tout commentaire mais semble parfaitement incapable de gérer la situation. L’Élysée a cependant déclaré que toutes les dispositions avaient été prises pour résoudre cette affaire au plus vite et a déclaré que « le criminel ayant manigancé ceci mérite une sentence exemplaire, non seulement pour le mal qu’il a fait, mais aussi pour le climat de peur qu’il s’est échiné à créer au sein d’Alba ». Il est vraisemblable qu’elle ait envoyé les ombres avec tout ce que cela implique. Le Premier Citoyen d’Alba encourage ses concitoyens à rester le plus possible en groupe afin de dissuader le criminel de frapper. ».
Avant que Syia n’ait eu le temps de parler, Eschyl se tourna vers elle, les yeux totalement blancs en larmes.
-Nous avons oublié ce qui ne devait l’être, nous avons négligé notre devoir. Maintenant, il est trop tard. Le soleil descend et le crépuscule approche.
Cdt. Linelion
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16/12/1014 ETU 22:21
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https://www.youtube.com/watch?v=yuvX26LfjGg&list=PL9u7rbRjJmqD_qh-WXX7zSftvxOL5nUhI&index=62
-Hallebarde à quatre-vingt-dix !
Prenant la largeur d'une grande rue se séparant d’un large avenu dans un désordre faisant preuve d’un chaos sans nom en une formation serrée sur deux rangs, une cinquantaine d’astèriens dans des armures dorées aux casques à l’effigie d’un phénix et aux longues capes blanches baissèrent leurs hallebardes stylisées.
-Chargez le tir !
Entre les lames des armes élancées, des étincelles commencèrent à crépiter. Du même bleu que des flammes en combustion parfaites, elles prenaient de l’ampleur, finissant par tracer de fins éclairs entre les armes parallèles. Dans l’avenue, quelque chose de sombre évoluait parmi des corps épars démembrés au sol. C’était comme un épais nuage de noirceur pure qui se déplaçait à vive allure. À l'intérieur, l’on distinguait des yeux rouge sang et des membres sombres difformes bien vites enveloppé par le brouillard surnaturel. Le flot noir s’étalait sur des centaines de mètres et progressait toujours plus vers la rue en biais que défendaient les astèriens.
-Lâchez !
Dans un grondement puissant, des décharges telles des éclairs bleus jaillirent de chaque arme alors que le nuage n’était plus qu’à deux-cent mètres. Les éclaires heurtèrent avec fracas leurs cibles, peinant à illuminer la profonde noirceur qui l’entourait. Celle-ci sembla stoppée net tandis que l’on pouvait discerner des corps ravagés voler en éclats et se disperser. La situation sembla se maintenir pendant une poignée de secondes alors que les éclaires jaillissaient en continu des armes astèr. Puis, lentement, l’ombre reprit sa progression. L’air chargé sentait la chair grillée, des êtres inimaginables habitant ce brouillard noir se nimbaient de flamme ou se disloquaient sous la puissance astèr. Et pourtant, la marée noire avançait sans même se soucier des morts qu’elle amenait.
Le nuage de noceur avançait tant et si bien qu’il finit par dépasser les cent cinquante mètres, puis les cent, les soixante-dix… Une figure dont l’armure décorée faisait penser à un officier leva sa longue lame qui luisait d’une énergie bleutée.
-Compagnons, pour l’honneur et la gloire, chargez !
Sans autre bruit que celui des bottes de métal, la formation chargea comme un seul homme l’ombre mouvante alors que les éclaires cessaient. Le premier rang taillait dans la chaire qui se distinguait à peine alors que le second frappait d’estoc pour soutenir leurs camardes. Mais des griffes disproportionnées jaillissaient de l’ombre et frappaient, rencontrant une arme interposée ou s’enfonçant avec violence dans une armure dorée. Un à un, les soldats astèr mouraient sans ne jamais prononcer le moindre mot ou le moindre cri.
Soudain, le sol trembla et se souleva dans une pluie de feux, crachant ses entrailles dans le hurlement d’un dieu pour disloquer les ténèbres mouvantes. Alors, des dizaines d’astèr sortirent de la plaie béante et se jetèrent en un puissant cri de guerre sur les créatures sans nom perdues dans la lueur diffuse d’un soleil caché par des nuages sombres. Ceux-ci semblaient moins protégés, enveloppés dans des capes sombres leur offrant un capuchon pour se dissimuler. Alors que les dernières créatures se faisaient achevées, l’un d’entre eux traversa les rangs des soldats dorés pour rejoindre le Haut roi, au calme étonnant, entouré de quatre de ses gardes du phénix.
-Sir, vous devez nous suivre par les égouts, nous avons sécurisé un chemin vers le spatioport.
-Et le reste de la ville ?
-La garde civile a réussi à se regrouper, elle tient le spatioport et les routes sortant d’Alba. Nous diffusons un message d’alerte sur tous les systèmes de communication, dès que vous serez en sécurité, nous chercherons des survivants pour les évacuer.
-Une idée de ce que ça peut être ?
-Nous avons une piste, d’anciens textes oubliés et des légendes aussi vieilles que le monde. Nous pensons que les recherches d’Eschyle sont la clef. Ces choses ne sont sorties que dans cette ville, toutes les transmissions de l’île au reste de l’Alliance ont été brouillées pour éviter les mouvements de panique.
Mais comment en était-on arrivé là ? Les disparitions avaient cessé depuis celle du prêtre, à la place, l’on trouvait de plus en plus de cadavres démembrés. Pour rassurer la population, le Haut roi s’était déplacé personnellement pour les festivités de l’hiver. Tout se déroulait comme prévu, le défilé se trouvant sur l’avenue principale allait bon train, mais le ciel se couvrit soudainement. Puis, il y eut un long bruit envahissant toute la ville, comme celui d’un bâtiment qui s’effondre et ces bêtes sombres étaient sorties d’un coup du grand sanctuaire. Grandes d’approximativement deux mètres, elles avaient des bras épais trop long au bout desquelles trois immenses griffes faisaient office de main. Leur peau était sombre comme une nuit sans lune et veinée de sillon pourpre. Ils présentaient une gueule aux nombreux crocs aussi acérés que des épées et long comme le pouce au-dessous de leurs petits yeux rouges.
Des vieilles légendes… De celles que l’on se chuchote anxieusement dans les plus anciennes familles régnantes. L’on en lui avait transmis il y avait fort longtemps, durant son enfance et Linelion ne se souvenait que peu de choses d’elles. Quelque chose de puissant se tramait, et pas seulement sur Aglaé, il pouvait le sentir. Alors, comme porté par le vent, un chant se fit entendre.
La fin brisera ses liens et remarchera
Les étoiles cesseront leur longue chanson
La mort fauchera le monde et tous ploieront
Seul ce qui fut longtemps oublié nous sauvera.

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