. . . . . D'où viens-je ?

. . . . . . . . . . Où vais-je ?

. . . . . . . . . . . . . . . Et pourquoi ?

Trois questions qu'en tout temps l'humanité s'est posée. Théologiens et scientifiques s’attellent à y trouver des réponses, mais le doute subsiste toujours.

"Pour annexer toujours plus de mondes" répondent certains… Oui, mais dans quel but ?

"Pour amasser toujours plus de £eems" répondent d'autres… Oui, mais après ?

"Pour engranger toujours plus de connaissances" répondent d'autres encore… Oui, mais pour quelle finalité ?

Depuis que la Matière-Pourpre avait atteint le seuil de la conscience, elle partageait elle aussi ces interrogations.

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La guerre avait fait rage quelque temps, mais le parasite s'en était rapidement détourné. Ses vaisseaux flambaient tandis que ses mondes tombaient. Ses prises repassaient rapidement sous le giron ennemi… et il s'en moquait.

Puis soudain.

La planète orque envahie était sur le point de tomber, les Orks venaient récupérer leur bien. Les vaisseaux pourpres étaient poussés dans leurs derniers retranchements, simplement pour gagner du temps. Des flashs orangés pigmentaient parfois le ciel obscurci par toutes ces machines de guerre. Des explosions lointaines qui, du sol, semblaient l'œuvre de quelque aquarelliste inspiré.

Partout des corps mutilés s'entassaient, la matière-pourpre suintant de ces enveloppes hors d'usage dans une seule et unique direction.

Dans un canyon de terre ocre, la Matière-Pourpre s'accumulait devant l'entrée d'une grotte.

Un VME psyobot atterrit dans la gorge, juste devant la caverne. Le sol vibrait alentour tandis que le parasite se déversait dans la cavité pour en extraire l'artéfact. Enfin, le liquide animé ressortit, formant une sphère au centre de laquelle les envoyés psyobots entrevirent une ombre.

Sans attendre, la sphère roula dans la soute du VME, qui, sans demander son reste, quitta la zone de front. Le vaisseau rejoignit le convoi psyobot, escorté par quelques corvettes pourpres. D'autres restèrent en retrait, coupant la route à d'éventuels poursuivant.

Quand le convoi disparut dans l'hyper-espace, les derniers vaisseaux de guerre s'immobilisèrent, avant d'être rapidement descendus par l'ennemi.

La flotte réapparut au-dessus de l'atmosphère de Pourpre, la Capitale du parasite en Secteur Unique. Le VME se détacha de la flotte et amorça sa descente.

Les ingénieurs Psyobots préparaient la salle d'examen, indiquant à une masse de Pourpres où installer tel instrument, tel ordinateur tandis que d'autres déblayaient les restes d'humains en putréfaction.

Côte à côte, Vera et le parasite attendaient que l'installation soit opérationnelle.

Un hochement de tête et tout était fin prêt.

Les deux êtres s'approchèrent du centre la salle où trônait une masse recouverte d'un voile épais.

Vera fit choir le voile et toute la pièce disparut, inondée d'une lumière pourpre aveuglante.

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Peu à peu, l'intensité lumineuse décrut pour finir par n'irradier que par intermittence, tel un cœur éblouissant.

- Un cristal, murmura l'androïde.

Le Pourpre avança, comme hypnotisé et plaça sa main contre la surface du minéral.

Immédiatement, son corps s'arqua, le visage figé dans une moue extatique. Les appareils psyobots qui ne grillèrent pas tout de suite affichèrent des données incompréhensibles, semant le désarroi parmi les ingénieurs.

Les Pourpres de la salle regardèrent Vera :

Après une seconde d'hésitation, elle posa la main sur la surface lisse de la pierre mystérieuse. Puis ce fut le noir complet.

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Vera ne pesait plus rien, ne sentait plus rien, si ce n'est une douce chaleur diffuse tout autour d'elle. Le noir était complet, juste rompu par un léger halo pourpre, quasi fantomatique.

Le halo vibra avant qu'une voix apaisante ne se fasse entendre.

La chaleur augmenta encore, comme si l'entité face à eux les entourait d'un amour infini.

- Vais-je… mourir ? demanda Le Pourpre, sans la moindre appréhension.

Avant qu'aucun des deux amants ne puissent poser la moindre question, la voix reprit.

Quelques paires d'yeux inquiets observaient les deux êtres inconscients collés au cristal. Les ingénieurs, sans matériel, ne pouvaient expliquer le phénomène qui frappait leur Vera.

Les Pourpres présents, d'abord immobiles, se mirent soudain à courir dans toutes les directions, s'affairant à de mystérieux préparatifs. Certains se liquéfiaient, recouvrant le sol de l'épais liquide corrosif.

Partout dans l'univers, les flottes furent amarrées et l'activité arrêtée net.

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Quelques Pourpres arrivèrent dans la salle d'examen chargés d'une sphère transparente qu'ils déposèrent aux pieds des deux amants, toujours inanimés, l'esprit encore prisonnier du cristal.

À l'intérieur de l'objet, quelques gouttes de Matière-Pourpre lévitaient, prisonnières d'un champ de confinement hermétique.

Leur tâche accomplie, les corps se fondirent dans l'épais manteau pourpre qui recouvrait maintenant presque l'entière surface de la planète. Avant de disparaitre, une tête conseilla aux Psyobots de quitter les lieux le plus rapidement possible.

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- Que va-t-il lui arriver ? dit-elle.

La chaleur qui l'avait entourée jusqu'ici disparut subitement. Tandis qu'elle se sentait tomber, le noir laissa place à une lumière aveuglante. Réintégrer son corps la fit choir sur le sol enduit de Pourpres.

Le liquide s'agença sous elle, la soulevant pour la remettre d’aplomb en même temps que de légères vaguelettes poussaient le container de verre à ses pieds.

L'Androïde se baissa pour ramasser la sphère, puis, après un dernier regard vers le corps du Pourpre encore figé contre le cristal, partit rejoindre son appareil.

Une fois en l'air, la Matière-Pourpre recouvrit les traces vierges laissées par le train d'atterrissage. Ici comme sur près de 200 autres mondes, tout était lisse et silencieux.

Cristal et corps fondirent, se mêlant au liquide recouvrant déjà le sol.

Comme son corps, Le Pourpre fondait peu à peu, submergé par ses vies antérieures, son esprit mis en charpie.

Les lambeaux de sa conscience flottaient dans le vide, des voiles blanchâtres tourbillonnant dans le noir le plus absolu.

Puis, au cœur du tourbillon, la lumière. De cette lueur émergèrent d'autres fragments, issus de ses vies passées.

Les fragments tournaient de plus en plus vite, fusionnant en une sphère parfaite.

Comme les atomes dans la matière, les différentes existences passées s'agencèrent de manière parfaite. Tel un volcan en éruption, l'âme jaillit du cyclone.

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La Matière-Pourpre frémit. Son nouveau locataire était là. L'âme prit possession du corps et celui-ci lui obéit.

Partout dans l'Univers le liquide pourpre se hérissa, avant de se figer, cristallisé.