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6/10 Les recoins de l'âme

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Cdte. Jessika Mengsk
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02/06/1015 ETU 17:11
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Couchée sur le sol de métal de sa cellule, Jessika Hildegarde Mengsk n'était plus que l'ombre d'elle-même. Depuis combien de temps était-elle là, dans cette pièce, dans cet endroit... Cela faisait-il des semaines, des mois, des années... Elle avait déjà aperçue son reflet, quelques instants seulement, alors qu'on la changeait de cellule pour nettoyer celle-ci. Avant, elle se rappelait avoir été une belle jeune femme, une éternité plus tôt semblait-il...
Mais quand elle s'était vue... À cet instant, elle avait d'abord cru être face à une vitre derrière laquelle une autre femme la regardait, une femme mourante. Puis elle avait réalisée que c'était bien elle qu'elle voyait... Mais qu'était-elle devenue? Sa peau jadis lisse et sans défaut était maintenant sale et terne, tendue sur des os saillants et comme prête à se percer là où il pointaient.
Elle avait perdu du poids. Beaucoup. Ils la nourrissaient assez pour qu'elle ne meure pas mais tout juste. Les confédérés étaient passés maîtres dans l'art de torturer les gens des années durant et avec elle, elle qui représentait l'ennemi même de leur race, ils avaient redoublés d'efforts.
Ses cheveux avaient blanchis et par endroits, étaient tombés, laissant des portions de son crâne, chauves. Parfois, elle se touchait la tête et sentait sa peau, crasseuse et douloureuse, au milieu de cheveux épars, si fins, si secs...
Son visage, elle avait tenté de l'oublier après qu'elle l'eût vu la première fois. Ses yeux étaient exorbités et sans expression, la peau de ses joues et de son front si mince et tendue qu'on aurait dit un simple crâne... Elle était voûtée aussi. De ne pas se tenir debout depuis si longtemps l'avait laissée comme une femme de cent ans, incapable de bouger, de se relever, de marcher seule.
Mais ils ne la tuaient pas, et ne voulaient pas qu'elle meure, pas encore... Pas encore... Mais quand? Quand cela s'achèverait-il?
Le grésillement des lampes faiblit et le bruit de la serrure de la lourde porte en métal se fit entendre. Celle-ci pivota sur ses gonds, laissant passer deux gardes et le docteur Rubin qui, son odieux sourire sur le visage, s'approcha d'elle comme il le faisait toujours et la contempla un moment avant de prendre la parole.
Il gardait souvent les mains dans ses poches, sauf pour la toucher, lui faire du mal, l'humilier, quand le cœur lui en disait...
<< Alors ma petite fille librianne... On a bien dormi? Non? Tant mieux... Et il éclata de rire, très fier de lui-même, ses dents pourries s'alignant plus ou moins également, deux rangées de chicots jaunâtres dépassant de ses lèvres lippues. >>
- Cela fait des semaines que je te pose la même question... L'ordre 15-Orange, tu te rappelle ma petite fille? Quel est le code qui permets d'activer cet ordre? Quel est ton code personnel ma petite fille librianne? Hmm? Cela fait des semaines que tu t'obstines à me le cacher... Mais c'est très mal cela. Aujourd'hui, je suis sur que tu vas me répondre. Alors?
Elle garda les yeux rivés sur le sol. Les lèvres résolument closes. Parfois, la douleur ou l'égarement lui faisait dire certaines choses, lui faisait avouer certains faits ou la forçait à mentir pour se voir épargner quelque supplice, ne serai-ce qu'un seul instant...
Et à d'autres, elle se murait dans un silence obstiné, consciente qu'elle ne devait pas parler, ne rien dire, ne rien concéder. Car même si elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, elle s'était rappelée, toujours, qui elle était. Inconsciente d'être entendue, elle marmonnait alors...
<< Je suis Jessika Hildegarde Mengsk, ministre des affaires étrangères de la république autoritaire librianne. Je suis née à Freiburg sur Libria en 30 A.A. J'ai été nommée ministre le 23 mai...
Un coup de botte dans le ventre la plia en deux de douleur et son monologue semi-conscient s'arrêta net. L'un des gardes recula d'un pas au signe du docteur Rubin.
- Ce n'est pas bien de parler si ce n'est pas pour répondre aux questions du docteur Rubin petite fille. Alors maintenant, réponds à la question si tu ne veux pas d'un second coup.
Tétanisée par la douleur, elle se mordit la langue jusqu'au sang, gardant les yeux fermés, focalisant ses pensées sur son nom: << Jessika Hildegarde Mengsk... Jessika Hildegarde Mengsk... Jessika Hil... >> Un second coup l'atteint dans les côtes et elle sentit l'une d'elle se briser sous le choc.
Au bord de l'inconscience, elle sentit le docteur Rubin soupirer...
- Pauvre petite fille librianne. Tu te fais du mal... Pourquoi te faire tant de mal? Ton peuple est mort. Ton peuple est parti et t'a abandonnée, lâchement. Comme les librians avaient l'habitude de faire avant que nous nous chargions d'eux.
Il s'agenouilla près d'elle et lui passa une main potelée sur le front, presque tendrement si ce n'était pour le sourire écœurant qu'il affichait en la regardant lutter contre l'évanouissement.
- Tu veux que je te dise un secret petite fille? Les librians sont très coriaces tu sais? Plus que nombre d'autres peuples dont je me suis occupés. Vous ne parlez pas facilement. Surtout vos hommes. Ahhh... Vos chers hommes de la garde librianne... Vous les avez bien entraînés ma petite fille, ça oui.. Wurzel, le petit chien librian... Il nous a donné beaucoup de fil à retordre avec eux... Mais tu sais quoi petite fille, à la fin, une fois qu'il n'en reste que la peau et les os et que j'ai fini de les découper, tous, ils me demandent de les laisser mourir. Ils me le demandent en suppliant. Alors Rubin le leur accorde... Car mon peuple est le peuple le plus moral du monde, le savais-tu?
Il lui sourit alors d'autant plus et soudain, d'un mouvement vif, lui attrapa les cheveux et tira dessus violemment. Elle sentit quelques poignées s'arracher douloureusement à son crâne alors qu'il se penchait vers elle.
- Mais toi, toi je ne te laisserai pas mourir, tu resteras ici avec Rubin, éternellement. Et tu vas souffrir, petit conne librianne. Je te le promets.
Il la repoussa violemment contre le mur, se releva comme si de rien n'était, tourna les talons et quitta la pièce dont la porte se referma avec force, la laissant seule avec le grésillement de la lumière et sa douleur, insupportable.
Alors elle pleura, longtemps...

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