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Cdte. Jessika Mengsk
Respect diplomatique : 84 ![]() 02/06/1015 ETU 16:48 |
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Le grincement de la lourde porte la tira à moitié de l'inconscience et des formes floues s'agitèrent devant ses yeux presque aveugles. Soudain, des mains puissantes la saisirent aux épaules et la forcèrent à se remettre vaguement debout, la maintenant un moment assise, le dos au mur, avant de la relâcher lentement, pour voir si elle resterait en place, ce qu'elle fit difficilement avec une grimace de douleur, secouée de tremblements musculaires. La lumière, comme toujours, l'aveuglait et elle ne voyait que des ombres se détacher des murs nus. Elle reconnut Rubin à sa voix, près de la porte et distingua les silhouettes massives des deux gardes, de chaque côté de lui. Mais près de Rubin, juste devant la porte, à genoux, à quelques pas d'elle en réalité, il y avait une autre forme... Jamais, depuis qu'elle se trouvait dans cet enfer, elle n'avait été dans une situation où il y avait eu d'autres personnes en sa présence que Rubin et les gardes, jamais... Cet événement seul suffit à lui faire réaliser le caractère particulier de cette ''séance''. Elle cligna des paupières, les yeux hagards, la bouche légèrement ouvert, ne distinguant qu'une silhouette au milieu du halo blanc qui était son quotidien. Puis elle entendit le voix de Rubin, traînante et mielleuse à la fois qui s'exprimait. Mais il ne lui parlait pas à elle... << Allez, dis quelque chose mon petit garçon. Tu vois bien qu'elle ne te voit pas. Il faut qu'elle te voit alors parle... >> Seul le silence fit écho à sa demande mais bientôt, un mouvement vif et violent et un bruit sourd. La silhouette à genoux chancela et l'un des gardes reprit sa place initiale. Elle se revit frappée, battue. Elle se sentit frappée, battue, humiliée, torturée et l'empathie, sentiment très fort chez les femmes, prit le dessus et la submergea l'espace d'un moment. Elle entrouvrit les lèvres et murmura, souffle éraillé et brisé... << Q.. Qu.. qui.. est... là...? >> Il y eut un autre instant de silence puis lui répondit comme un écho, une voix sifflante et faible, autant que la sienne. << 'essika... 'est moi... >> Une voix d'homme, à n'en pas douter. Une voix avez un accent librian fort mais élégant qui se discernait encore malgré la faiblesse du son. L'idée qu'un autre librian, comme elle, pouvait se trouver ici, avec elle lui rendit assez de force et elle réussit à puiser assez de courage en elle-même pour élever ses deux mains, et cacher un peu de la lumière pour lui permettre de voir. L'effort lui parût surhumain, impossible... Elle accoutuma sa vision un instant et celle-ci se précisa. Un homme agenouillé devant elle, hagard, aussi hagard qu'elle. Des cheveux blonds sales, qui avaient eus jadis tendance à boucler naturellement. Maintenant tels les siens, en touffes, blanchies ou peu s'en fallait. Un regard bleu... Un visage émaciée, des joueurs creusées par les dents absentes d'une bouche dix fois cassée. << 'essika.... 'ais, qu'es.. qu'ils... t'ont 'aits...>> Devant elle, mutilé, diminué, réduit au même état de déchéance dans lequel elle se trouvait, se tenait, agenouillé, Adrian Veidt, présent de StarCorp Inc. et porte-parole du gouvernement librian. Affecté à son gouvernement, elle l'avait envoyée, deux semaines avant la guerre, en secteur V pour parlementer avec la reine Gabryelle et ses co-sectoriels... Jadis, sans jamais se l'avouer ni le lui dire, elle l'avait aimée... Ses yeux se remplirent de larmes et elle fut prise de tremblements, incapable de quitter de son regard cet homme jadis beau, si beau... Rubin s'en rendit compte et s'accroupit près de Veidt en gardant ses yeux rivés sur Jessika. << Maintenant, ma petite fille, tu va me dire ce que je veux savoir. 15-Orange! Quel est ton code?! >> Ses larmes lui brouillaient la vue mais pas assez pour l'empêcher le voir le regard de Veidt dans le sien. Ses yeux la regardaient, écarquillés, bleus, si bleus... Comme jadis. Ils semblaient l'implorer... L'implorer, mais pas de parler, non, de se taire, de ne rien dire. Elle comprit que s'il était encore vivant lui aussi, c'était qu'il avait refusé de parler également. Il s'était tu et avait survécu en se raccrochant à ce qu'il était, qui il était. - Non, tu ne parle toujours pas petite librianne? Tu vas le regretter, crois-moi! Saul Rubin claqua des doigts et les deux gardes s'avancèrent, l'un sortit un couteau de sa poche alors que l'autre maintenait solidement Veidt au sol. Celui qui avait le couteau lui prit une main et l'éleva devant les yeux de Mengsk, à moins d'un mètre. Il saisit l'auriculaire et ce n'est qu'alors que Jessika s'aperçut qu'il manquait à Veidt plusieurs doigts, à chaque main... Elle comprit. << Nooonnnnn...... >> Un long râle, c'est tout ce qu'elle fut en mesure de pousser au milieu de ses sanglots. Rubin s'approcha d'un pas, éructant; << Quel est ce code! Quel est ce code sale chienne librianne! Quel est ce putain de code!! >> Le regard que Veidt lui renvoyait ne laissait entrevoir qu'un abattement total. Il n'avait plus la force de se battre. Mais par ce regard, il lui faisait comprendre de ne pas parler, de ne rien dire, elle le savait. Elle ferma solidement la bouche en signe de défi malgré les hurlements de Rubin, maintenant à quelques pouces de son visage éructant de colère. << Tu ne veux pas parler! Tu va le regretter! >> Il se retourna pour faire signe au garde de trancher quand soudain, une puissante explosion secoua la bâtiment. Rubin chancela et se raccrocha au mur. Les deux gardes regardèrent autour d'eux, hébétés. Quand à Veidt et Mengsk, ils restèrent prostrés, à quelques pas l'un de l'autre. De la poussière tomba du plafond et alors, dans un dernier grésillement, la puissante lumière s'éteignit. comme celles dans le couloir. Un instant passa puis des lumières de secours s'allumèrent. On entendit de nouvelles explosions et des cris de douleur. Des bruits d'armes automatiques et des hommes passèrent en courant dans le couloir. L'un d'eux entra dans la pièce. << Docteurr, il y a eu une explosion à la porte Est. De nombrrreux blessés. On ne sait pas ce qui se passe. Venez-vite! >> Rubin jura et fit signe aux hommes de le suivre. Ils sortirent et verrouillèrent la porte derrière eux. Dans la pénombre de la cellule, secoués par les secousses provoquées par les explosions qui agitaient la pièce, une minute passa. Puis Adrian Veidt trouva assez de force pour ramper vers Jessika Hildegarde Mengsk, toujours adossée au mur. Il se hissa à ses côtés et ils s’accotèrent l'un à l'autre, sans dire un mot, alors que de la poussière de plâtre tombait du plafond et que les murs étaient secoués par les explosions.
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